lundi 21 novembre 2016

Stilgar Ben Fifrawi (10141-10228)



Stilgar Ben Fifrawi (10141-10228)
  Plus généralement appelé le « Fremen », Stilgar ou le naib Stilgar, mais dans sa jeunesse il était un wali du sietch Umbu, connu sous son nom de naissance, Tuan. Il faut attendre 10153, quand il devint un cavalier des sables et qu’il accompagne un groupe de jeunes gens dans un raid contre un village Harkonnen, là il acquit le nom par lequel il fut connu. (Son nom de troupe, utilisé uniquement par ses camarades du sietch Umbu, semble avoir été Sahkan – le nom fremen d’un type de buse du désert – mais ce point est difficile à vérifier. Les éléments de preuves trouvés jusqu’ici se composent d’une allusion faite par un homme de ce sietch qui accompagna Stilgar dans le jihad).
  Stilgar quitta Umbu en 10157, quand Pardo Kynes demanda que de la main-d’œuvre l’accompagne dans les récentes palmeraies pour l’aider à planter des herbes pour maintenir les dunes. Le jeune fremen démontra une capacité à gérer un groupe  de travailleurs et Kynes lui délégua autant de travail qu’il pouvait gérer. Kynes fut tellement impressionné par ce nouveau travailleur qu’il prit sur lui de rentrer au sietch Tabr avec lui comme assistant, lorsqu’il revint en 10158.
  Stilgar se fondit rapidement dans la structure sociale de son nouveau sietch, il ne fut remis en question qu’une seule fois par une tête brûlée qui voyait sa proximité avec l’Umma Kynes comme une menace possible à sa propre réputation. Après la victoire de Stilgar contre Forad, qu’il tua – le naib et chef du sietch – il fut accueilli dans la tribu en ayant montré à tous les autres prétendus combattants que le nouveau venu avait prouvé son droit de se joindre à eux. La place de Stilgar au sietch Tabr avait, en outre, été ancré lorsque Pardot Kynes s’arrangea pour créer une fraternité de sang entre Stilgar et le jeune Liet-Kynes, un an plus tard.
  Durant ses premières dix-sept années à Tabr, Stilgar suivit le schéma habituel des hommes fremen : il travailla dans les plantations, combattit les Harkonnen et leurs alliés, et il rencontra les autres hommes du sietch en combat au couteau où ils pouvaient se comparer et être évalués par leurs pairs.
  Il rencontra souvent de bons amis lors de la pratique de ces combats, Stilgar ne trouvait rien d’incongru en cela, comme aucun autre fremen. La burda (direction) d’un sietch passait d’un homme à l’autre par le défi et un combat à mort, alors il était préférable de savoir comment ses amis se battaient. La pratique avait le double but d’instruire les prétendants dans la façon de gagner et de convaincre les improbables prétendants à ne pas proposer de défi, tout en gardant les jeunes affutés pour conserver leurs compétences au corps à corps.
  Stilgar se maria deux fois au cours de cette période, en 10160 avec Misra, et en 10168 avec Tharthar, deux femmes du sietch Tabr. Son premier fils, Alir, naquit en 10165 ; Misra eut aussi une fille (mort-née) en 10169, tandis que Tharthar donna naissance en 10170 à une fille vivante, Kala.
  En 10175, la positon de Stilgar changea. La mort de Pardot Kynes, dans l’effondrement du Bassin de Plâtre, laissa Liet-Kynes, âgé de 19 ans, prendre en charge la direction des tribus. Cet accident fut le signa pour plusieurs sietchs – Tabr parmi eux – de réexaminer leurs dirigeants. Les plus vieux naibs comme Forad, furent considérés comme des reliques de l’époque d’avant Kynes, avantageusement remplacés par des hommes plus jeunes, chez qui les rêves et les idéaux de l’umma avaient été inculqué depuis la naissance. Stilgar vint à bout de Forad sans surprise, quelques semaines après la mort de Pardot Kynes, il avait déjà prouvé à plusieurs reprises qu’il était le meilleur combattant de son groupe. Personne au sietch Tabr ne fut surpris de la victoire de Stilgar contre un homme vieux et lent.
  Ce qui surpris la communauté fremen arriva en temps voulu et sans préavis, de Liet-Kynes, lorsqu’il chevaucha le ver des sables, seulement quelques minutes après que les rumeurs emportent le corps de Forad. Misra, qui enroulait un pansement autour de la plaie de Stilgar, qui avait reçut un coup au côté droit lors du combat, suspendit son geste, et le sietch retint collectivement son souffle, en attendant de voir si Liet Kynes allait alors désavouer son frère de sang.*
*Une telle contestation aurait pu être faite pat Liet Kynes s’il avait pu prouver que Stilgar avait causé un préjudice intentionnel à sa tribu en tuant Forad.
  Le nouveau naib, encore vidé par l’effort du combat, était attendu. Alors qu’il n’avait en rien trahi ses sentiments, Stilgar décrivit plus tard l’instant comme « plus redoutable que face à une légion d’autres hommes seuls… J’étais terrifié que mon frère ne m’appelle, le ne sais pas si c’était la peur de tuer ou d’être tué ».[1]
  L’agonie fut heureusement brève, se terminant lorsque Liet Kynes se précipita sur la zone du combat et embrassa le nouveau leader. Après avoir félicité Stilgar pour sa victoire et s’être ssuré qu’il pouvait tenir la barre, Liet Kynes demanda la permission de s’adresser à la troupe. Cela lui fut immédiatement accordé, et il expliqua à l’assemblée réunie qu’il avait obtenue le poste de son père comme planétologiste Impérial et que le travail que Pardot Kynes avait commencé dans les palmeraies se poursuivrait.
  Le discours fut court mais efficace : Liet Kynes indiqua clairement, en termes fremen qui pouvait être acceptés, qu’il reprenait le rôle de son père comme leur chef ; que la direction individuelle des sietchs restait identique, telle qu’elle l’avait été sous le plus âgé des Kynes ; et que la transformation écologique ne serait pas interrompue par la mort de quiconque, même de son auteur. 
  Le sietch Tabr prospéra sous la direction du nouveau naib. Stilgar mena une douzaine de raids réussi contre les Harkonnen durant sa première année comme chef, tous avec des pertes minimes. Plus prévoyant que son prédécesseur, il fit des plans pour un agrandissement progressif de la grotte tribale, en ajoutant une plus grande usine de tissage, des salles de classe supplémentaires, à cause du nombre croissant des enfants du sietch (avec de nouveaux pièges à vent et un bassin plus grand, comme l’exigeait l’ensemble de la population).
  En 10176, Liet Kynes retourna à Tabr pour une visite de plusieurs mois. C’est à cette époque qu’il épousa Falra, une femme de Tabr avec qui il avait grandi, selon le rite fremen et avec Stilgar comme officiant. Vers la fin de l’année suivante, lorsque Chani, la fille du couple naquit, Stilgar et Misra furent choisit comme parrain et marraine de l’enfant, ils s’engagèrent à l’élever comme leur propre enfant au cas où ses parents seraient dans l’incapacité de le faire.
  Cette responsabilité leur incomba brusquement en 10180 lorsque Falra fut blessée dans un éboulement et mourut avant que les secours puissent lui venir en aide. Liet Kynes n’étant que rarement au sietch, et parce qu’il était indispensable au plan des fremen que ses liens avec eux n’attirent pas l’attention, la jeune Chani entra dans le ménage de Stilgar. Misra et Tharthar adoptèrent immédiatement l’enfant et l’élevèrent avec leurs propres enfants – à l’instar de la troisième épouse de Stilgar, Kalifi, qu’il épousa en 10185 (après avoir défendu sa burda contre son plus ancien compagnon, Jesal, en 10184.
  Comme le reste de son peuple, Stilgar salua le transfert du fief d’Arrakis à la Maison Atréides (10190) avec un optimisme prudent. Certes, les nouveaux dirigeants étaient des hors-monde, comme les bêtes Harkonnen, mais des histoires réconfortantes sur le caractère de la Maison avaient précédé leur arrivée. Le fremen décida d’attendre pour voir si les contes étaient réels, avant de juger les nouveaux arrivants.
  En ce qui concerne Stilgar, la première preuve vint en la personne de Duncan Idaho, la Maître d’arme du Duc Leto Atréides. Idaho fut envoyé au sietch Tabr comme représentant de Leto, il était chargé d’entrer en contact avec les fremen et devait s’assurer que les abus qu’ils avaient subis pendant le règne des Harkonnen soient désormais levés. Au cours de son séjour au sietch, Idaho adopta les coutumes fremen sans interrogation et il se comporta honorablement. Après son départ pour retourner auprès de son Duc, le fremen entendit parler d’un complot visant à envoyer des mercenaires Harkonnen, déguisés comme le peuple du désert, contre les At2ides ; à cause de l’impression favorable qu’Idaho avait laissé, Stilgar envoya un courrier avec un avertissement, suivit, peu de temps après, par un groupe d’hommes désireux de voir à quel niveau se situaient les nouveaux guerriers.
  Le courrier fut intercepté en cours de route par les pseudo-fremen et fut grièvement blessé. Les Harkonnen attaquèrent Idaho et ses hommes, mais furent repoussés, beaucoup furent tués et les survivants furent fait prisonniers. Idaho trouva le courrier et l’emmena auprès du medic de sa Maison, mais l’homme mourut. Il emmena le corps au quartier général des Atréides avec l’intention de l’enterrer, mais il fut surpris que Stilgar et ses hommes – qui l’avaient rejoint sur la fin de la bataille – ne réclament pas que le cadavre (contenant l’eau appartenant à leur tribu) leur soit rendu.
  Les raisons de Stilgar, pour accompagner Idaho, étaient triples : il souhaitait apprendre comment avait fait l’homme pour qu’Idaho le serve aussi loyalement ; il était curieux de savoir comment l’Atréides traiterait le corps du courrier mort, Turok (les Harkonnen, cela était connu, ne montraient aucun respect pour les fremen morts, ils ne prenaient même pas leur eau) ; et, plus important, il était obligé de voir ce qu’Idaho ferait du kris de Turok, il avait surpris le fremen mourant en train de le jeter.
  Pour toutes les questions, le fremen fut satisfait. Après avoir interdit à Idaho de tirer le kris devant les autres hommes Atréides (et ainsi « profaner », aux yeux de Stilgar, une « lame honorable »), il constata que le Duc Leto, non seulement refusa d’être provoqué par cet empiètement sur son autorité, mais accéda à sa demande. Quand le Duc ajouta que les Atréides avaient coutume de toujours payer leurs dettes et qu’il demanda s’il y avait une autre façon d’honorer l’homme qui était mort à son service, Stilgar fut assez impressionner par le comportement du nouveau souverain pour lui accorder le fai ou l’hommage de l’eau : il cracha sur la table devant Leto. La réaction de colère des serviteurs Atréides – qui ne savaient pas combien Stilgar avait honoré Leto – fut détournée par Idaho qui leur rappela combien l’eau était précieuse pour les fremen, il remercia Stilgar pour son don et répéta le geste lui-même.
  Stilgar demanda ensuite qu’Idaho soit libéré du service du Duc et rejoigne sa tribu. Leto, qui avait désespérément besoin d’un émissaire auprès des gens du désert, offrit une double allégeance, que Stigar accepta. L’eau de Turaok serait l’eau des Atréides en échange équitable de l’eau de Duncan Idaho, et Stilgar laissa le cadavre avec les Atréides, assuré qu’il serait traité avec respect et son esprit libéré, puis il emmena Idaho dans le désert avec lui.
  En 10191, suite à l’attaque des Harkonnen/Sardaukar contre les Atréides, Stilgar reçut un ordre urgent de Liet Kynes. Le Duc était mort et sa concubine, Dame Jessica, s’était échappée avec leur fils Paul, dans le désert ; Duncan Idaho – qui était revenu vers son Duc dès les premiers signes de détresse, donna sa vie pour permettre cette évasion (la vie de Liet Kynes serait une autre part, bien que Stilgar n’ait pu le savoir à l’époque). Stilgar dû sortir avec un groupe du sietch Tabr pour les retrouver.
  En vrai fremen qu’il était, Liet Kynes ne pouvait exiger que Stilgar sauve la mère et le fils. Si l’un ou l’autre ne semblaient pas aptes à survivre parmi les fremen, il revenait à Stilgar le soin de prendre les mesures appropriées pour le bien de la tribu. Toutefois, la décision devait être prise après une tentative d’honorer la demande.
  De sa première rencontre avec Jessica et Paul, Stilgar se sentit tiré dans un monde plus grand que celui qu’il connaissait, un environnement où légende et réalité se mêlaient inextricablement – et comme les événements qui suivirent – l’acceptation des étrangers au sietch Tabr, les progrès incessants de Paul dans la divination, la formation des fedaykins, les commandos de la mort qui s’appelaient eux-même « les combattants de Muad’Dib – Stilgar sentit les anciennes manières fremen se déverser comme le sable, de plus en plus vite sous ses pieds.
  Un changement radical était inévitable. Il survint en 10193, lorsque les jeunes hommes, qui avaient effectués des raids contre les Harkonnen avec Muad’Dib, insistèrent pour qu’il défie Stilgar pour prendre sa burda. Cela donnait la mesure de la confiance qu’ils avaient en leur Mahdi (« celui qui nous conduira au Paradis »), les jeunes sangs étaient désireux de l’opposer à leur naib au pouvoir. Stilgar ne serait pas un homme facile pour n’importe quel challenger qui voudra le défier, comme l’indique une description de lui à cette période :

 « Stilgar était un homme grand, bien plus de deux mètres – il ressemblait à une tour par rapport à ses frères. Dans les histoires de ses succès au combat, certaines d’entre elles sont chères, comme en témoignent les cicatrices anciennes et nouvelles qui couvraient une grande partie de son corps. Il possédait, dans une large mesure, le tempérament mercuriel caractéristique des fremen : il pouvait tout à la fois consoler un enfant blessé aussi tendrement qu’une femme de son sietch, et être impitoyable pour faire couler le sang de l’ennemi avec son kris[2].

  Le jeune Atréides, Dame Jessica et Stilgar devinèrent dans l’instant qu’une telle rencontre serait forcée. En ce moment difficile pour Stilgar, Paul se proclama Duc d’Arrakis et demanda au naib – devant la foule de jeunes hommes soudainement agités – de lui jurer allégeance et de gouverner le sietch Tabr au nom de son Duc.
  Le plan du trio se déroula avec succès : le nouveau Duc eut une troupe unifiée et les services d’un commandant habile et expérimenté, et Stilgar conserva sa burda et sa fidélité à Muad’Dib. Ce fut une combinaison qui s’avéra, peu après, dévastatrice, quand les fremen rencontrèrent et battirent les Harkonnen et les troupes de Sardaukar, dans la bataille finale d’Arrakis qui aboutit à l’abdication de Shaddam IV.
  Une des premières actions du nouvel Empereur, fut de nommer Stilgar comme Gouverneur Planétaire d’Arrakis. Le titre modifia très peu les fonctions du naib, au moins en nature ; Stilgar quitta le gouvernement des sietchs qui avaient leurs propres naibs et continua à travailler avec Muad’Dib coimme seigneur de guerre et conseiller. A l’exception de ces moments où ses services étaient nécessaires à Arrakeen, Stlgar préférait rester au sietch Tabr avec ses épouses (alors au nombre de quatre, avec Harah, la servante de Muad’Dib lors de sa première année avec les fremen, elle se joignit ensuite au ménage du naib).
  Il y avait, bien sûr, certaines choses qui étaient exigées d’un serviteur impérial auxquelles Stilgar n’aurait jamais eu à faire face dans le désert. Les intrigues de Cour, la diplomatie interplanétaire et autres, occupaient une grande partie de son temps – plus ce qu’il prenait en charge – et ses tâches préférées étaient habituellement de nature militaire (l’Empereur l’envoyait parfois dans des endroits difficiles ou sensibles pour le Jihad). Bien qu’il ait eu des désirs simples occasionnels, Stilgar réussit à s’adapter à son nouveau rôle et assuma ses fonctions avec un minimum de traumatisme personnel durant les douze premières années du règne des Atréides.
  En 10209, le schéma que s’était fixé Stilgar vola en éclat. Après la naissance de Leto II et Ghanima, et la mort de Chani, Paul Muad’Dib Atréides – deux fois aveugle, d’abord à cause d’un brûle-pierre, puis à cause d’un changement de sa vision prémonitoire – alla dans le désert, laissant Stilgar comme tuteur des enfants, et Alia comme Régente. Selon les ordres de l’aba, le premier devoir d’un naib devait être d’exécuter le groupe de traîtres, qui avaient contribué à la chute de Muad’Dib, parmi eux : la Réverende Mère Gaius Helen Mohiam, la Diseuse de Vérité de l’Empereur Corrino.
  La décennie que passa Stilgar comme tuteur l’avait sévèrement vieilli. Misra mourut d’une fièvre soudaine en 10211, mettant fin à une vie commune qui avait durée plus d’un demi-siècle (lors de la cérémonie pour libérer son esprit, Stigar dit avoir « donné de l’eau aux morts », ce fut la seule fois dans toute sa vie que le vieux naib fut vu en train de pleurer). La Régence fut mouvementée, marquée par des révoltes majeures en mineures. Le pire de tout fut la transformation régulière de la Régente en Abomination ; Alia succomba au contrôle d’une personnalité ancestrale plus forte qu’elle.
  Tous les fils de l’écheveau furent rassemblés en 10219. Le jeune Leto était supposé mort, Ghanima et Irulan étaient en danger à cause de la possession d’Alia, et un élément inconnu comme un Prince Corrino formé par le Bene Gesserit entra en scène. Au milieu de tout cela, Stilgar se retrouva confronté au consort d’Alia, le ghola original de Duncan Idaho. Idaho le pressa de prendre Irulan et Ghanima, et de fuir dans le désert avec elles, faisant valoir que la condition d’Alia anihilait le serment de fidélité de Stilgar. Le naib écouta mais refusa de se rebeller contre la femme qu’il avait reconnu comme son liège légitime.
  Voyant que ses arguments ne réussiraient jamais face au tenace fremen, Idaho eut recours à des mesures désespérées : il provoqua Stilgar, le mettant dans une rage meurtrière, et se laissa tuer  sans esquisser un geste pour se défendre. Stilgar, après que sa colère se fut dissipée, réalisa l’énormité de ce qu’il avait fait ; il rassembla sa famille, tous les compagnons qu étaient disposés à le suivre dans son voyage, et les femmes Atréides qu’avait protégé Idaho, et parti dans le désert pour y être en sécurité.
  Alia envoya Buer Agarves négocier avec Stilgar, elle exigeait la restitution comme prix pour son pardon. Stilgar refusa, comme Alia avait prévu qu’il ferait, mais cela ne fit aucune différence ; la Régente avait également envoyé une troupe de soldats pour attaquer le camp de Stilgar, qui captura Irulan et Ghanima, et dispersa le reste de son peuple.
  Son piège fonctionna parfaitement. La seule satisfaction qu’eut Stilgar, lorsqu’il fut emmené dans le donjon du Temple d’Alia, fut qu’il avait réussi à tuer Agarves le traître. Mais même cette vengeance fut une maigre consolation lorsque le naib comprit qu’Alia avait choisi son émissaire en sachant quel destin l’attendait.
  Enchaîné et isolé, Stilgar ne fut pas témoin de la confrontation finale entre Leto II et sa tante – ni ne vit comment Muad’Dib, alors connu comme le Prêcheur, mourut. Il avait tout d’abord entrevu le nouvel ordre lorsque Leto l’avait libéré, avec Irulan, en arrachant la porte du donjon hors de ses gonds, et en arrachant leurs chaînes des murs. Ce fut un premier coup d’œil impressionnant.
  Dans les jours qui suivirent, Stilgar observa, avec les autres naibs, les compétences que pouvait avoir le nouvel Empereur. Les autres étaient intimidés, terrifiés et prompts à rendre hommage à leur nouveau souverain ; Stilgar, en revanche, pleurait pour le fils de Muad’Dib, pour l’honorer. Quelles horreurs pouvaient voir l’enfant dans ses visions divinatoires, pour accepter comme devoir une telle transformation terrible ?
  Il pleura aussi pour son peuple. Bien qu’il ne vive pas assez pour le voir, Stilgar avait entendu la description que Leto avait fait des modifications sur Arrakis, et il ne voulait pas faire partie de ce nouveau monde. Aucun ver ? Aucune épice ? Aucun désert sans fin contre lequel le corps et l’esprit pouvaient lutter, en sachant  qu’une telle bataille ne pouvait finalement qu’être déterminée par Shai-hulud ? L’ancienne vie, la vie des fremen, se terminait.
  Ce fut un naib discret et fatigué qui retourna au sietch Tabr. Dans une période moins terrible, un des hommes plus jeune du sietch aurait assurément défié Stilgar et gagné ; mais une grande partie du cœur du peuple du désert était partie et le défi ne vint jamais.
  Après la mort de Stilgar, en 10228, Leto interdit aux hommes des sietchs de tuer un autre homme pour sa burda. A la place il nomma un jeune homme docile, appelé Mirat, comme leader. Que les fremen l’accepte aurait prouvé au vieux naib que ses pires craintes étaient justifiées. C.W.

Autres références :
-          Atréides, Leto I ;
-          Atréides, Leto II ;
-          Atréides, Paul ;
-          Fremen.


[1] Stigar Ben Fifrawi, Les chroniques de Stilgar, trad. Mityau Gwulador, 5 Etudes d’Arrakis (Grumman : les mondes unis), p. 104.
[2] Princesse Irulan-Corrino, Conversations avec Muad’Dib, lib. Conf. Temp. Série 346, p. 149.

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