samedi 31 octobre 2015

Atréides-Corrino, Princesse Irulan (10165-10248)



Atréides-Corrino, Princesse Irulan (10165-10248)
  Fille aînée de l’Empereur Padishah Shaddam IV et d’Irulan Corrino ; épouse de l’Empereur Paul Muad’Dib Atréides ; auteur et éditeur de nombreux ouvrages historiques ; objet de vénération en tant que Sainte Irulan la Vierge. Irulan, comme fille de l’Empereur, fut formée dans les nuances et les obligations du commandement. Bene Gesserit, elle reçut une formation complémentaire aux techniques d’observation, de mémorisation et de maîtrise de soi. Toutefois, à cause de la pression de ses pairs et de ses propres insuffisances intellectuelles, elle n’excella jamais dans aucune de ses études Bene Gesserit.

  On sait peu de choses de l’enfance d’Irulan, mais une tendance se développa très tôt dans sa vie : son obsession pour l’écriture. Dès l’âge de cinq ans, elle tint un journal : plus tard, elle écrivit un journal intime dans lequel elle consigna ses pensées intimes. Lorsqu’elle commença sa formation Bene Gesserit, elle continua son journal intime et ses écrits ; son journal intime lui permit de développer ses capacités analytiques, en particulier en ce qui concernait le caractère humain ; et ses écrits lui permirent de préparer sa future carrière d’historien. Ses tendances journalistiques et son introspection furent renforcées par la formation Bee Gesserit qui mit l’accent sur l’observation et l’analyse.
  Les Révérendes Mères Bene Gesserit vinrent à considérer Irulan comme le maillon faible dans leur structure de pouvoir ; Irulan restait un penseur indépendant et, de plus, ce qu’elle pensait était une exception aux qualités qui étaient habituellement demandées aux membres de la Communauté des Sœurs. Dans un cadre qui favorisait le sacrifice de la personnalité à la structure politique, et le sacrifice de la loyauté de la famille au pouvoir, elle développa une admiration et une foi en l’humanité normale et en des vertus démodées comme l’amour et la dévotion.
  Les écrits d’Irulan comprennent très peu de choses sur Irulan, et il est clair que sa non-relation avec sa propre mère ne fit rien pour contrebalancer son attitude à l’égard de la maternité à laquelle elle était exposée. La maternité n’était pas une vertu développée par la Maison Royale ou le Bene Gesserit, dans les deux cas c’était simplement un rôle biologique à des fins toutes autres et plus grande que l’amour et l’éducation d’un enfant. Par conséquent, son père fut la figure dominante dans sa vie. Elle écrivit beaucoup sur l’importance de la paternité (dont elle fut l’enfant préférée) comme une source de sagesse intuitive, en plus de l’affection.
  La dégradation du rôle de la mère, une forte dévotion à une figure masculine, la capacité de trouver de la satisfaction dans l’écriture, sa formation royale pour le commandement – tout cela jeta les bases pour l’acceptation d’Irulan (avec seulement de petites poussées de rébellion), à sa position d’épouse vierge de Paul. Dans sa position de Reine Vierge de Paul, elle se tint comme la loi morale de la Communauté, une loi qui maintint l’ordre comme statut et continuité. Mais sa passivité dans l’acceptation de son rôle indiquait aussi un seuil de sexualité bas, ce qui confirma sa décision de rester seule après la mort de Paul. Ces qualités expliquaient aussi son acceptation ultérieure du rôle de protectrice des enfants de Paul. Entourée de prescience, qu’elle ne partageait pas – qui se trouvait en Alia, Leto et Ghanima – son rôle majeur devint celui d’étayage plutôt que d’actrice principale.
  Mais puisque ces « enfants », Leto et Ghanima, ne seraient jamais vraiment des enfants, cette période que consacra Irulan à leur éducation fut une période de repos pour elle. Debout à côté de Chani, et plus tard à côté des autres membres de la Cour Royale, elle contribua comme elle put aux lois dans l’intérêt de la Maison Atréides. Blonde, grande et belle, elle provoquait par son apparence, une certaine crainte des étrangers, crainte qui, à distance, ne cédait pas ; elle connaissait trop bien son rôle de pion royal. Sans chercher la puissance pour elle-même, elle pouvait avoir du respect pour les autres, mais tout le temps, elle l’employait soigneusement à l’observation et l’analyse.
  Lorsque Leto assuma la direction du programme de sélection du Bene Gesserit et les pouvoirs auxquels le Bene Gesserit renonça en conséquence, ils perdirent leurs raisons d’être secrets, et un nouvel ordre de la sorte, apparut dans l’Empire – un âge que, des siècles plus tard, les historiens appelleront « le siècle des lumières ». Irulan fut une force motrice pour cet âge, car elle commença à penser à fonder une Bibliothèque Impériale. Avec l’adhésion de Farad’n, dans la position du scribe Royal, elle trouva un allié puissant.
  Pour beaucoup de gens, la qualité de l’érudition d’Irulan resta un litige. Quand elle était enfant, son père lui avait donné accès à certains volumes rares des archives royales, mais personne, au cours de sa vie, ne s’intéressa suffisamment à son travail pour se rendre compte de la valeur de cette toile de fonds – même si elle avait copié certaines œuvres importantes pour la nouvelle bibliothèque. Après l’avènement de Leto II, elle continua ses propres écrits, mais édita également les œuvres des autres. Elle produisit des biographies, des recueils de dictons, des dictionnaires, des histoires, et des éditions. Parmi ces dernières, on trouve les notes privées du fremen Stlgar, et l’édition qu’elle en fit améliora grandement le style de leur auteur. Au fil des années, elle devint une enquêtrice qualifiée ; la sympathie de son expression inspira confiance, ce qui explique sans doute la franchise de ceux dont elle recueillaient les confidences. Trente ans après l’avènement de Leto II, elle revint sur Wallach IX où elle mourut dans l’obscurité.
  Irulan n’a jamais eu le sentiment d’être « soulée par trop de temps » ; connaissant trop bien les blagues grossières sur les anagrammes possibles inspirées par son nom, elle chercha refuge dans la dignité tranquille et le travail patient. De ses recherches, elle savait qu’« Irène » était un ancien mot grec signifiant la « paix », mais elle n’utilisa jamais aucun de ses titres royaux comme noms de plume, elle signa un grand nombre de ses œuvres su simple logo « IR ».
  Au cours de ses trente dernières années sur Arrakis, des rumeurs se répandirent sur des romances, tout d’abord avec Duncan Idaho (10235), et plus tard avec le fils de Ghanima et Farad’n ; mais elles étaient sans fondement. Irulan resta toujours la Reine Vierge. Une centaine d’années après sa mort, ses œuvres durent « découvertes » et quelque temps plus tard un mouvement de vénération pour Sainte Irulan la Vierge se développa parmi la populace. Qu’Irulan puisse contrer la tradition et rester virginale lui donna une importance particulière dans les années qui suivirent sa mort. Non seulement son érudition, mais aussi son indépendance d’esprit et sa transcendance des exigences physiques conduisirent à l’idéaliser. C’est à travers elle que les femmes en vinrent à se rendre compte que les normes de l’Impérium étaient chauvines et masculines ; même Dame Jessica, aussi austère qu’elle pouvait l’être la plupart du temps, fit une fois une remarque sur les amants d’Alia et parla des « cornes » de Duncan Idaho. Les rumeurs non fondées sur les amants présumés d’Irulan au cours de sa vie, contribuèrent à mettre l’accent sur la nécessité d’une pensée alternative et sur une union de femmes refusant d’acquiescer à l’asservissement de leur corps à la reproduction. Le culte de la Vierge qui se développa sous l’inspiration d’Irulan et avec Irulan comme modèle, cent ans après sa mort, fut une idée qui aurait dû apparaître plus tôt, comme s’accordent à dire les passionnés. Avec le déclin du Bene Gesserit et le développement des milices de femmes – les Truitesses- sous Leto II, un culte de la Vierge reçut beaucoup de soutien de jeunes femmes en tant qu’alternative aux rôles traditionnels approuvés par le gouvernement. Le nouveau culte approuva l’érudition, l’indépendance d’esprit, les vertus de la joie, la sérénité et la compassion – et resta une anomalie dans l’Imperium.

Irulan comme historienne
  Maintenant que les découvertes de Rakis ont restaurés l’ensemble de son travail, nous pouvons apprécier l’énorme production littéraire d’Irulan. Tous les travaux énumérés ci-dessous ont été identifiés et sont numérotés dans le Catalogue de Référence de Rakis. Beaucoup ont été publiés dans les Séries de la Bibliothèque de la Confraternité Temporaire, et d’autres ont été autorisés à être publiés. Comme le nombre de ces tavaux en impression augmente presque de jour en jour, les lecteurs passionnés devraient vérifier le titre qu’ils désirent sur la plus récente Mise à jour de la Confraternité, disponible dans chaque librairie.

Les analyses :
-          Le Livre de Dune d’Irulan, considéré par certains comme son œuvre la plus savante, une évaluation et un pronostic de la planète ;
-          La Voie Chakobsa, en grande partie tiré de conversations avec Ghanima ;
-          Le Rapport d’Irulan, contenant le chapitre très prisé, « Sainte-Alia du Couteau » ;
-          La Crise Arrakeen, une révision et une mise à jour du Livre de Dune ;
-          Les réflexions privées de Muad’Dib, principalement tiré des rapports de Chani ;
-          La Sagesse de Muad’Dib, s’inspire du respect profond d’Irulan pour Paul ;
-          Muad’Dib : Les questions religieuses, une enquête sur l’importance de la religion pour la population, et une tentative d’évaluer, sans condamnation, les problèmes du rôle de Messie ;
-          Cours à l’école militaire d’Arrakeen, son dernier travail d’analyse, un discours préparé pour répondre à la reconnaissance du collège, de son travail dans la fondation de la Bibliothèque Nationale.

Les biographies : ses titres révèlent ses préférences car, à l’exception du Comte Fenring et d’Alia, généralement elle admirait ses sujets biographiques. Les titres sont explicites :
-          Chani, fille de Liet ;
-          L’histoire de Muad’Dib enfant ;
-          Le Comte Fenring : un profil ;
-          L’humanité de Muad’Dib ;
-          Dans la maison de mon père (quelque peu autobiographique) ;
-          Le Trône du Lion (Leto, Paul et Leto II) ;
-          Muad’Dib, l’homme, préfacé par Stilgar.

Les recueils : parfois Irulan fut contrainte de procéder comme un folkloriste, enregistrant la connaissance du peuple. Certaines des maximes, des paragraphes et des chapitres de ces collections furent rattachés à un nom ; d’autres sont anonymes. Certaines sont tirées de dossiers judiciaires et autres inscriptions faites par le scribe officiel de l’Imperium :
-          Le Livre du Jugement, une procédure judiciaire rendue publiquement seulement avec le consentement spécial de l’Empereur ;
-          Les légendes recueillies de Muad’Dib, du folklore ;
-          Les paroles recueillies de Muad’Dib, certains sont authentifiés, d’autres non ;
-          Conversations avec Muad’Dib, tirés de journaux et de raports de plusieurs personnes ;
-          Le Livre de Dune, une encyclopédie annuelle ;
-          Les Sermons de Dune, compilation faite par les chefs religieux ;
-          Muad’Dib : Conversations, enregistré par 15 scribes amateurs ;
-          Muad’Dib à ses Fedaykins, rapports officiels fiables ;
-          Palimbasha, cours réels donnés par Paul Muad’Dib au sietch Tabr ;
-          Le Prêcheur en Arrakeen, écrit par les prêtres sur la place publique ;
-          Les proverbes de Muad’Dib, recueil folklorique ;
-          Les Mots de Muad’Dib, un recueil des discours publics de Paul.

Les textes édités : les titres suivants sont généralement évidents ; mais de nombreux chercheurs postérieurs au travail d’Irulan furent d’avis que ses meilleurs travaux furent ceux d’éditeur :
-          Les Commentaires d’Alia ;
-          Proverbes fremen antiques ;
-          L’Empereur Paul Muad’Dib (compilé avec un chapitre écrit par douze autres historiens) ;
-          La Chronique de Hayt ;
-          Muad’Dib : les quatre-vingt-dix-neuf Merveilles de l’Univers ;
-          La Chronique de Stilgar ;
-          Les Commentaires de Stilgar ;
-          Le Rapport de Stilgar au Landsraad ;
-          Un temps de réflexion par Paul Muad’Dib ;
-          Les Mots du mentat, (Duncan Idaho-10208).

Une autre œuvre :
-          Les Commentaires, était en deux parties, la première écrite par Alia et la seconde par Farad’n, éditée par Irulan.

Les belles lettres : les œuvres de fiction d’Irulan comprennent :
-          Muad’Dib, une île de contrôle de soi, une élégie à Paul et l’une des plus belle jamais écrite tant en gallach atréidéen qu’en fremen ;
-          Ornithopera, qu’Irulan avait l’intention d’écrire « ornith-opéra », un drame ;
-          Les ombres de Dune, un recueil de poésies d’Irulan.

Les histoires : ses histoires humaines, à la différence de ses biographies, révèlent la cause de ses fines perceptions et sa capacité à généraliser, avec clarté, un fonds de vastes détails. Le premier de ses ouvrages reste le plus populaire :
-          L’Eveil d’Arrakis, le développement de Dune, depuis Liet-Kynes jusqu’à l’avènement de Leto II ;
-          L’Histoire de Muad’Dib, écrite de manière objective à un lecteur pouvant oublier l’association personnelle d’Irulan et Paul. (Les érudits littéraires reconnaissent que cette œuvre fournit à Harq al-Harba une grande partie de son matériel source).

Conservation de Bibliothèque : Irulan – utilisa son accès spécial à la Bibliothèque Royale de Salusa Secundus et la connaissance qu’elle en avait, pour améliorer les recueils d’Arrakis. Elle copia un index des possessions royales, le mit à la disposition des étudiants d’Arrakeen et mit en place un système de prêt interbibliothèques. De plus elle élargit  la collection de bandes vocales, dont beaucoup provenaient des archives Bene Gesserit de Wallach IX. Elle rassembla, auprès de plusieurs sources de l’Imperium, tout ce qu’elle considérait comme des ouvrages de référence précieux et contribua, avec ses propres copies personnelles, au bien public. La Conservation de Bibliothèques incluait également de nombreuses petites brochures et des manuscrits d’une page, de personnes importantes, ainsi que divers matériaux folkloriques de classification incertaine – la culture populaire, les chansons fremen, agendas, épitaphes, rituels, lettres, pamphlets…, dont l’un des plus important est le Lamentation sur la Plaine d’Habbanya. Ce poème fut le favori de Dame Jessica, à cause de sa célébration de Caladan, où elle vivait avec son Duc bien-aimé. GWE

jeudi 29 octobre 2015

Atréides, Siona Ibn Fuad al-Seyefa (13698-13953)



Atréides, Siona Ibn Fuad al-Seyefa (13698-13953)
  Fille de Moneo Ibn Fuad al-Lichna Atréides, dernier majordome de Leto II, et partenaire dans son programme génétique à qui il ordonna une reproduction avec Seyefa Nycalle. Siona dirigea la rébellion qui se termina par la chute de l’Empereur-Dieu. Elle fut la fin de l’expérience millénaire de Leto II dans l’évolution humaine, et la première de la nouvelle lignée d’Atréides, capable de disparaître de la vision des prescients. Avec elle, Leto créa un nouveau moyen de survie pour l’humanité et engendra sa propre destruction. Seyefa quitta le commandement d’un service de Truitesses alors que Siona était âgée d’un an ; l’enfant resta avec ses parents dans les quartiers proches de la Citadelle de Leto, jusqu’à ce qu’elle ait 10 ans. Elle fut ensuite envoyée, sur ordre de Leto, dans les plus hautes écoles de Truitesses d’Onn. Le précieux contrôle parental, ainsi que l’éducation de Moneo et Seyefa, fournit à leur fille, servirent de base à l’éducation qu’elle reçut de ses professeurs à l’école de Truitesses et de Leto lui-même.
  Seyefa mourut un an après l’admission de Siona à l’école. Sa mort fut le premier événement pour lequel Siona tint l’Empereur-Dieu pour responsable ; des années plus tard, elle dit à son père que sa mère aurait survécu à la fièvre qui l’avait emporté, si elle avait eu quelqu’un pour prendre soin d’elle à la maison. Mais Leto avait monopolisé le temps de Moneo et avait ordonné à Siona de retourner à l’école ; la mort de sa mère était sa faute, Siona en était persuadée.
  Malgré son chagrin, Siona s’appliqua à l’école, ses professeurs refusaient d’accepter qu’elle soit mois que leur meilleure élève. Près d’un siècle plus tard elle écrivit :

« J’ai vu des élèves faire des erreurs dans les exercices les plus simples, avoir une légère réprimande ou les passer sous silence. Pour moi, à la moindre erreur – une cible manquée lors d’un exercice de tir – ils me faisaient reprendre l’exercice entièrement. Ce fut le premier indice qui me fit comprendre  que mes instructeurs avaient pour ordres d’avoir une attention toute particulière pour moi, et je détestais ça. »

  Les enseignantes Truitesses aussi avaient les mêmes ordres. Plus encore que n’importe quelle autre élève, Siona fut initiée à l’Histoire Orale et ses nombreuses contradictions de la version officielle « donnée » des événements. A la faculté d’Onn, alors que certains enseignements frôlaient l’hérésie, tous se  consolaient en se disant, qu’après tout, Siona était une Atréides et l’Empereur-Dieu décidait seul de ce qui était le mieux pour ses descendants.
  Siona passa neuf ans à l’école principale des Truitesses. Pendant tout ce temps, elle fut principalement sous le contrôle de ses professeurs et des élèves plus âgées ; elle continua à être influencée par son père… et par L’empereur-Dieu.
  Dans sa plus tendre enfance, avant que sa fureur d’avoir été envoyé à l’école, ne suscite son dégoût pour lui, Siona fut fascinée par Leto. Les notes dans les Mémoires de Leto indiquent que la petite fille accompagnait souvent Moneo lors des visites informelles, principalement sur la Route Royale. L’Empereur-Dieu détaille plusieurs de ces rencontres, décrivant avec beaucoup de détails l’amusement évident de Siona pour sa personne, et son ignorance évidente qu’elle était observée en retour.
  Alors que la curiosité et une certaine crainte religieuse avaient pu marquer ces rencontres enfantines, son humeur changea lorsque Siona entra dans l’adolescence. Elle devint de plus en plus cynique et critique, appelant les tâches de son père, le service du « Ver », comme elle insistant pour parler de Leto. Dans le document connu sous le nom du Fragment de Welbeck, il est décrit l’un des échanges entre Siona et Moneo, dans cet extrait, on peut ressentir l’ambiance globale :

Siona : Comment as-tu pu survivre aussi longtemps à ses côtés, père ? Il tue tous ceux
qui sont proches de lui. Tout le monde le sait.
Moneo : Non ! Tu te trompe. Il ne tue personne.
Siona : Tu n’as pas besoin de mentir pour lui

  Ce dialogue eu probablement lieu alors que Siona avait quinze ans. Moneo, alarmé par les rapports qui lui étaient parvenus sur la conduite de sa fille, s’était rendu secrètement auprès d’elle pour l’avertir que ses moqueries hérétiques pourraient conduire à sa destruction.
  Son refus de suivre les conseils de son père fut démontré en 13717, lorsqu’elle réuni un groupe de rebelles ayant des opinions similaires aux siennes. Après avoir été diplômée de l’école d’Onn, Siona reconnu l’inutilité de vouloir tromper ses collègues Truitesses ; au lieu de cela, pendant ses derniers mois d’école, elle noua des contacts avec des étrangers de divers horizons. Ceux qui répondirent à ses avances provisoires (toujours faites avec précaution, car elle ne pouvait être certaine que la personne qui était en face d’elle n’était pas au service de Leto) étaient principalement des descendants des fremen ou des érudits qui connaissaient bien l’histoire de ce peuple et qui étaient déçut par sa disparition.
  Pendant les trois premières années de son existence, Siona utilisa le réseau rebelle pour, principalement, collecter des informations. Avoir le majordome de Leto comme proche parent, était un grand avantage car Siona connaissait souvent le rang et la fonction des courtisans et pouvait conseiller ses amis sur la meilleure manière de les manipuler. Sa proximité avec le commandement des Truitesses lui permettait également d’exploiter d’autres sources.
  Moneo, en connaissant les activités de Siona, se trouvait dans une position des plus inconfortables. Ses avertissements furent dédaignés par sa fille, et traités avec amusement par son Maître, qui lui rappelait ses propres jours rebelles et insista sur ses propres plans concernant Siona. Leto comprit que son majordome devait encore se rendre compte que la lutte de Siona avec l’Empereur-Dieu était une affaire qui ne concernait en rien Moneo.
  L’approche de Leto, quant à la situation, différait de celle de Moneo. Plutôt que d’avertir Siona que le cours qu’elle suivant n’interférait en aucune façon avec ses actions, Leto intensifia ses observations. Comme il ne pouvait pas prévoir les actions de Siona, grâce à sa prescience, il dépendait un peu plus de ses yeux – des capteurs ixiens électroniques – et de ses informateurs. En 13720, il prit une précaution supplémentaire en introduisant un de ses agents au sein du groupe de Siona : une Truitesse nommée Nayla. Siona, ne sachant pas que cette nouvelle recrue était une espionne, l’accepta avec plaisir. Elle avait atteint le stade de considérer qu’une forme quelconque de violence était une nécessité et Nayla semblait être une personne solide et fiable sur ce qui les rebelles pouvaient compter.
 En 13723, lassée par l’inaction, Siona mena un raid sur la Citadelle de Leto dans le Sareer. Ce raid se solda par la mort de tous les membres qui en faisaient partie, sauf son leader (tous tués par les loups H de Leto), qui pu voler des Mémoires. Siona, bien qu’ébranlée par la perte de tant de compagnons de confiance, exulta d’avoir, non seulement volé une paire de livres qui semblaient importants pour Leto (qu’elle s’empressa d’expédier à la Guilde, au Bene Gesserit et aux Ixiens pour qu’ils tentent une traduction), mais également d’avoir volé les plans complets de la Citadelle. Enfin, du moins le croyait-elle, elle était en mesure de contrer le Ver.
  Leto croyait, lui aussi, être prêt, mais pour une raison différente. Après lui avoir laissé suffisamment de temps pour recevoir et lire les traductions de ses Mémoires, ordonna à Moneo qu’elle lui fut amenée pour l’épreuve qu’il avait fait subir à tous les futurs administrateurs. Moneo, craignant pour sa survie, ne tenta pas d’argumenter sur cet ordre spécial ; il savait, grâce à sa propre expérience, qu’il ne pourrait pas dissuader Leto.
  Siona s’attendait à une telle assignation. L’Histoire Orale en disait long sur le comportement de Leto envers ses descendants Atréides, et Moneo avait confirmé les récits. Elle reconnu alors que les « vacances » prolongées qu’elle avait eu depuis l’obtention de son diplôme de l’école d’Onn – le temps où elle avait organisé sa rébellion – en faisait partie. Leto avait toujours permit à son cheptel de reproducteurs de courir librement avant de les ramener dans son giron.
  Moneo lui avait dit peu de chose sur son propre test, affirmant que l’expérience était différente pour chaque individu et qu’il ne voulait pas la confondre avec ses propres perceptions. Il la posa simplement à la Petite Citadelle, retraite de Leto au centre de son Sareer, comme son Maître le lui avait ordonné. Ils furent accueillis par Leto. Moneo les quitta le lendemain, après avoir aidé Siona à enfiler un distille. Leto l’avait informé de son intension d’emmener Siona dans le Sareer et Moneo avait fait de son mieux pour assurer la sécurité de sa fille avant de retourner à Onn.
  Les préparatifs de Moneo n’avaient pas été suffisants, comme l’avait prévu Leto. Siona n’était pas de la génération qui avait été préparée à vivre dans le désert Arrakeen ; elle n’avait pas été élevée dans la discipline du distille comme l’avaient été ses ancêtres fremen. Le voyage dans le Sareer dura deux jours, et six autres jours furent consacrés à le traverser ; elle marcha dans les sables sans mettre le masque de son distille, permettant ainsi à l’humidité de son souffle de s’échapper dans l’air ; l’Empereur-Dieu lui parla de ses jours sur Dune et lui permit de l’appeler Leto. Il lui rappela seulement les termes de l’ancienne exhortation fremen aux enfants : « garde chaque souffle car il contient la chaleur et l’humidité de ta vie » ; là, elle mit son masque, mais ce ne fut pas avant le matin du troisième jour. Leto savait qu’avec la distance qui lui restait à parcourir, Siona ne pourrait jamais survivre sans un apport d’humidité supplémentaire. Et elle n’avait pas d’eau.
  Le cinquième jour, contrainte par la soif et la nécessité urgente de comprendre à qui elle s’opposait, Siona subit la deuxième phase de son test. Autorisée par Leto, elle caressa les bulles à la limite de son visage  qui sécrétèrent des gouttes d’essence d’épice à la surface de sa peau de truite. Puis elle lutta contre la peur qu’elle avait de l’effet que l’épice pouvait avoir sur elle, et but.
  Le mélange l’affecta en moins d’une minute, en l’envoyant dans une profonde transe d’épice. Elle tapota le segment en avant du corps vermiforme de Leto, l’obligeant à lui faire un hamac comme il l’avait fait lors de ses périodes de sommeil précédentes ; elle grimpa dedans et s’abandonna à la transe.
  Même si elle écrivit beaucoup, plus tard, sur cette période de l’histoire, Siona ne détailla jamais ce qu’elle vit durant ses heures de transe. Leto, dans ses Mémoires, indiqua seulement qu’elle vit plus sur l’horreur future des humains, que ne l’avait jamais fait aucun autre Atréides. Même la vue de ses horreurs ne l’avait pas convaincu qu’il avait eu raison de suivre le « Sentier d’Or ». Elle reprit conscience plus de dix heures plus tard.
  Même si elle n’afficha pas immédiatement sa loyauté à l’Empereur-Dieu, comme l’avait fait son père, Siona avait été sensibilisée au Sentier d’Or et avait survécu à l’épreuve, répondant ainsi à la demande de Leto. Tous deux terminèrent leur voyage en arrivant trois jours plus tard à la Citadelle. Siona reçut de nouveaux vêtements, des rafraîchissements et prit un repos bien mérité, avant de retourner à Onn avec Leto. A aucun moment, au cours de cette période de récupération, selon les Mémoires, elle ne parla à son compagnon.
  Sa sensibilité ne diminua pas son côté rebelle ; le peu qu’elle avait appris de sa vie personnelle l’avait rendue encore plus furieuse contre lui. Quand son père l’envoya au village de Tuono avec Nayla et Duncan Idaho, il avait eu l’intention de la garder aussi loin que possible du mariage de l’Empereur-Dieu, mais elle le quitta à contrecœur. Seulement, lorsqu’elle découvrit que l’emplacement de la cérémonie avait été changé de Tabr à Tuono, lui donnant ainsi une chance d’attaquer Leto, Siona se réjouit.
  La planification et l’exécution de l’attentat en 13724, furent soigneusement étudiées et répétées. Mais après les événements, Siona réalisa qu’elle se trouvait dans un nouvel univers – qui n’incluait pas Leto II – et elle découvrit qu’une rébellion réussie requerrait plus que le renversement d’un souverain, même si ce dernier était le plus grand Tyran qui put exister. Il fallait une réattribution des pouvoirs et la capacité de contrôler ces pouvoirs. Siona, à son grand regret, découvrit qu’elle ne pouvait pas canaliser seule les forces qu’elle avait libérées ; elle avait besoin d’aide.
  Duncan Idaho fournit cette aide. Leur partenariat prit une forme plus personnelle en 13728, quand ils se marièrent en utilisant l’ancien rituel de l’Histoire Orale. Au cours des vingt années suivantes, Siona mit au monde onze enfants (neuf filles et deux garçons) qui avaient tous la capacité de disparaître à la vue des prescients.
  Bien que l’histoire indique qu’Idaho apprit à aimer sa compagne, profondément, il refusa de suivre l’exemple de Siona qui ingéra de grandes quantités de mélange pour prolonger sa vie (on rapporte qu’il disait avoir déjà vécu beaucoup plus longtemps qu’il ne l’aurait du – sans aucun doute une référence à la longue lignée de Duncan Idaho gholas, dont l’Empereur-Dieu avait ordonné la production). Il mourut en 13791, coupant le dernier lien avec le cycle de l’époque de Paul Atréides ; un de ses premiers actes, après la mort de Leto, fut de détruire les cultures cellulaires à partir desquelles les gholas avaient été produits, s’assurant ainsi une mort définitive.
  Siona se retira de la vie publique après la mort d’Idaho et vécu tranquillement sur Arrakis en écrivant un seul livre, Les derniers Jours, faisant peu allusion à elle-même. Elle mourut à l’âge de 255 ans.

Autres références :
-          Atréides, Leto II ;
-          Atréides, moneo, Fouad ibn al-Lichna ;
-          Idaho, Duncan;
-          Nayla;
-          Les Mémoires Volés;
-          Siona Atréides, Les Derniers Jours, étude d’Arrakis 218 (Grumman: les mondes unis).