jeudi 17 novembre 2016

Guilde Spatiale, Fondation de la



Guilde Spatiale, Fondation de la
  L’histoire de la première Guilde Spatiale commence avec les réfugiés (komans) du jihad butlérien, amenés par Aurélius Venport et Norma Cevna, qui avaient atterri sur Tupile et fondé la société des Marins Mystiques et jeté les bases de ce qui deviendrait, plus tard, la Guilde.
  Le développement de la Guilde elle-même, commença peu après la disparition de Venport et la mort de Cevna. La société qu’ils avaient fondée permit aux tupiliens les plus doués de rejoindre leurs rangs, et l’un d’eux était Frelo Mason qui, plus que tout autre, fut responsable de la forme mature et des activités de la Guilde Spatiale. Mason (105 av.G-29 av.G) est décrit par ses contemporains comme étant basané, beau et rusé ; il lui manquait les caractéristiques tupiliennes de sédentarité. Lui et certains de ses compagnons possédaient une conscience plus aigüe de ce que l’univers avait à offrir et nourrissait des ambitions interstellaires égales à celles des exilés ixiens. Quand Aurélius Venport se perdit dans l’espace en 79 av. G, Mason assuma la direction de la société déclinante, la transformant principalement en une organisation tupilienne servant exclusivement les besoins de Tupile. Les ixiens restants, avec la diminution de leur importance, ne furent pa rejetés : ils contribuèrent à remplir des rôles précieux dans la société, ils jouissaient d’une autorité qu’ils avaient exercée auparavant (soumis au veto de Mason) et ils élevèrent le groupe avec leur idéalisme. Sous la direction de Mason, la société demeura une hiérarchie fermée aux exigences strictes des débuts ; ainsi, il préserva l’intégrité de la société, la discipline et la mystique. Mais son but ultime restait les « exilés ixiens » : un monopole de la navigation interstellaire se déplaçant rapidement et en toute sécurité à travers l’hyperespace. Au moment de sa mort, la Guilde était très loin d’atteindre cet objectif.
  La direction de la Guilde, devenue forte et bien organisée, passa en douceur entre les mains du fils, Frelo Jasta Mason (60 av. G – 31 ap. G) qui hérita de son père les capacités et les ambitions. Au cours des trois décennies suivantes, Jasta rassembla une flotte importante et réussit à résoudre les problèmes de navigation. Les pouvoirs de la Guilde dus au mélange étaient connus depuis l’époque de Venport ; on pense que cela était dû aux agissements clandestins du Bene Gesserit. On croit aussi probable qu’au cours de ces premières décennies, e directeur Jasta, quand il développa la flotte, fit de nombreux voyages interstellaires secrets, et la Guilde trouva la planète Arrakis, la source de l’épice, indispensable à la maîtrise de leur navigation. Ainsi, en 10 av. G, la Guilde était suffisamment sure dans ses capacités et ses ressources pour se révéler être en position de force.
  Les missions de reconnaissance devinrent plus nombreuses, et la Guilde étendit sa connaissance de l’évolution politique dans les mondes habités, puis étendit sa portée au-delà des frontières de l’espace connu. Mason avait senti que les Corrino tenaient absolument à convertir leur empire en un véritable Impérium, avec une base stable et de longue durée, apportées par les sardaukars. Il avait immédiatement vu le rôle central que pouvait avoir la Guilde dans cette transformation. Mais la première approche, soigneusement planifiée par Mason fut un désastre.
  Le premier agent de Mason, Zarv, fut envoyé au Gouverneur Impérial de Deneb pour recueillir discrètement la réponse à la proposition de la Guilde. L’agent offrit au gouverneur la possibilité d’un retour en voyage interstellaire pour pouvoir communiquer sa réponse directement, il fut suggéré au gouverneur de contacter ses supérieurs en vue d’une réunion avec les supérieurs de l’agent. Dans une crise d’avidité démente, le gouverneur soumis l’agent à plusieurs techniques brutales d’interrogatoire pour saisir l’opportunité de lui faire avouer certaines informations. Le gouverneur renouvela ses questions. L’agent, qui ne savait rien, avait été conditionné mentalement par la Guilde, cela devait se traduire par la mort de l’agent avant qu’il ne puisse révéler quoi que ce soit  qui aurait pu porter préjudice à la Guilde. L’agent décéda. Cet horrible échec envoya une onde de peur à l’administration de la Guilde, enfermée dans une lutte politique. Ils en avaient suffisamment appris sur les sardaukars pour que leurs scrupules à vouloir traiter directement avec la Maison Corrino soient compréhensibles – mais comment auraient-ils pu empêcher l’invasion de leur planète si son emplacement était révélé à cette impitoyable organisation militaire ? La Guilde ne pouvait se rapprocher du Landsraad pour des raisons similaires – comment aurait-elle pu empêcher les Grandes Maisons de se joindre à la Guilde et de l’utiliser contre l’Empereur ? Et que dire de leur utilisation du mélange – comment ce secret pouvait-il être protégé indéfiniment une fois que le commerce dans l’hyperespace aurait rapproché les mondes habités ?
  Autant de questions difficiles, mettant en cause la survie non seulement du monopole de la Guilde, mais de Tupile elle-même. Le débat se réduisait à deux choix : garder le secret ou essayer de négocier. La question, même mise au vote, se retrouva dans une impasse. En tant que président, Mason sortit de l’impasse par un discours qu’une historienne, Adelheyt Heyman, enregistra en demandant l’accès au procès-verbal de la réunion.

Zarv est mort de manière horrible, et nous sommes tous désolés pour cela, mais nous ne pouvons pas nous laisser intimider. Vous dites : « soyez surs ; soyez prudents », mais Zarv ne l’était-il pas ?
Norma Cevna ne l’avait-elle pas été lorsque l'épice tuait son cerveau cellule après cellule. Venport ne l’était-il pas quand sa flotte se perdit dans le vide. Si les Ixiens avait été sûrs et prudents, nous tous en ce moment serions assis autour d'un feu de camp vêtu de peaux.
Cette guilde peut nous grandir – je vous le dis, nous pouvons être les ailes de l’Imperium. Maintenant, ce moment, comme nous le soutenons, une nouvelle humanité est créée, et nous avons la chance de façonner l'enfant qui va naître. Hésiter maintenant, et la chance ne reviendra jamais. Comme l'Imperium se développe, cet enfant va grandir, et si nous nous cachons sur Tupile – pour combien de temps? Un siècle? Deux siècles? – Quand nous sortirons de nos terriers et nous le regarderons, et nous verrons qu'il peut voler, tout droit, mais ses ailes ne seront pas des vaisseaux de la Guilde.
Mais ils peuvent l’être : nous pouvons être ces ailes – si nous nous souvenons qui et ce que nous sommes et nous pouvons faire preuve d’audace.

  Son discours les fit bouger et un conseil d'administration, à l'unanimité, affirma sa politique. Les approches continueraient, mélangeant l'audace avec une prudence réservée fondée sur une évaluation réaliste de la politique actuelle. Ils envoyèrent un autre émissaire, cette fois au gouverneur de Nabatea, qui montra plus tempéré dans ses réactions. Même ainsi, le nabatéen ne se montra pas prêt à croire les revendications formulées par un agent qui n'avait jamais vu ses supérieurs (ayant obtenu ses instructions par radio), et le gouverneur demanda une démonstration. La Guilde transporta donc le gouverneur à la cour impériale en trois jours standard, un voyage durait généralement deux ans. (Initier une pratique qui devait survivre plus tard sans modification, un pilote de la Guilde amena le gouverneur en orbite et amarra le vaisseau à un long-courrier. Les Nabatéens furent confinés dans leur propre vaisseau pendant le voyage, et on ne permit jamais qu’ils aient même un aperçu du navire Guildien ou de son équipage.)
  L'empereur Saudir I fut alors impliqué dans les relations délicates avec le Landsraad sur la forme d'un gouvernement qui permettrait aux deux parties de prospérer. La révélation de la Guilde, dont les revendications étaient manifestement réelles, amena une pause dans les pourparlers Corrino-Landsraad tandis que Saudir intégrait le nouveau facteur puissant de la Guilde dans ses calculs politiques. Il vit trois alternatives : faire face à la Guilde sur la base d’un avantage mutuel ; prendre le contrôle de la Guilde pour lui-même ; ou de détruire la Guilde. Les Sardaukars faisaient partie de la dernière solution possible, mais les avantages potentiels offerts par un retour du commerce interstellaire rapide allaient contre cette dernière alternative. La détermination de la Guilde resta secrète et séparée du reste de la société, et les capacités qu'ils avaient présentées dans l'affaire Deneb, finirent de convaincre Saudir que la prise de contrôle serait très difficile. Enfin, Saudir dû prendre en considération la position du Landsraad, qui pourrait certainement voir les avantages de ce que la Guilde avait à offrir, mais craignait grandement, également, la menace de leur structure gouvernementale féodale dont le commerce interstellaire sans restriction était posée.
  Saudir, était un dirigeant sage et rusé, il choisit de faire face à ce problème complexe dans un grand Synode financier, réuni sur Aerarium IV en 10 av.G. Les émotions de ceux qui assistaient n’étaient pas, comparables à celles d'un lapin face à un serpent : c’était une combinaison presque insupportable de fascination et de peur. La Guilde, aussi, était venue sur Aerarium IV avec des émotions mitigées et intenses. Bien que les avantages de la renaissance du commerce interstellaire fussent clairs pour eux, les dangers de faire face à l'empereur et au Landsraad étaient aussi évidents. A la racine, le secret extraordinaire de la Guilde la mettait en grand danger. Leur capacité à guider les navires dans l'hyperespace interstellaire résidait non seulement dans l'apprentissage, mais aussi dans un secret. Certes, il fallait être un navigateur formé, mais l'essence de leurs capacités résidait dans la transe d’épice. Ainsi, à la différence des capacités acquises grâce à une longue période de formation, le pouvoir central de la Guilde pourrait être volé. Si l'on apprenait le secret de la transe d’épice, on apprenait ce que la Guilde savait.
  Une magistrale erreur sauva la Guilde. Comme des rois portant des cadeaux, la Guilde offrit du mélange, le présentant seulement comme un épice qui augmentait la longévité humaine. Les ambassadeurs de la Guilde avaient été isolés de l’exploration, du développement et de l’organisation des armées, ils pouvaient alors honnêtement affirmer l’ignorance de la source du mélange. Par cette manœuvre – audacieuse pour les Guildiens – ils espéraient apaiser tout soupçon que mélange avait d’autres effets. Le stratagème marcha pendant des siècles, jusqu'à ce que la dépendance de la Guilde à la préscience de l’épice fût discernée par Paul Atréides.
  Dans le même temps, les émissaires furent mis en garde contre les tentatives d'utiliser la Guilde à des fins autres que celles du négoce. Ils se référaient de manière détournée,  à un rapport d’un précédent débat au sein de la Cour Impériale sur la possibilité de trouver et de saisir la base planétaire de la Guilde. Les ambassadeurs furent avertis clairement que si une telle action était envisagée, la Guilde se retirerait dans le secret. Ils firent remarquer qu'aucune entité politique existante ne pouvait égaler la Guilde dans l'espace, et en outre, que la recherche de leur monde prendrait des années. Au cours de ces années, la Guilde, même si finalement elle était trouvée, aurait détruit son industrie de l’hyperespace. Personne ne bénéficierait d'un aventurisme téméraire, mais tout le monde trouverait son compte si la Guilde était autorisée à exercer sa modeste fonction. Ainsi, tous tombèrent d’accord.
  Les quelques années qui suivent la clôture du Synode en 5 av.G., qui avait donné lieu à la création de la CHOM et l'Imperium, Mason avait prévu de consacrer des séances de négociation dans lesquelles une foule de détails – zones commerciales, les droits sur les produits, l'échange monétaire, les tarifs, les horaires, les coûts et les priorités de transport – furent marchandé jusqu'à ce qu'un accord soit atteint. Ces sessions concernaient les directeurs de la CHOM nouvellement créés et le nombre croissant d'agents de la Guilde hors-monde.
  Jasta Mason mourut en 31 ap.G de causes naturelles, après une longue et brillante carrière. Il fut l'un des grands personnages de l'histoire du commerce humain, mais il mourut sans successeur comparable à sa stature et à son autorité. Pourtant, c’est grâce à ses mesures que la Guilde ne souffrit pas de son passage. L'organisation de Jasta, et de son père avant lui, était en partie héritée et en partie créée, et fonctionna grâce à un conseil d'administration. Les gens intelligents et capables, ne sont pas nécessairement des bâtisseurs d'empires ; leur but n’était pas créer mais de maintenir et d'affiner la Guilde Spatiale – le panache des ailes de l'Imperium. S.T.

Autres références :
-          Venport, Aurelius ;
-          Cevna, Norma ;
-          Guilde Satiale, les operations de la ;
-          Voyage interstellaire pré-guilde ;
-          Tupile;
-          Adelheyd Heyman, Kvelenbuk zur Reyksgishikls des Grosser Geldgishaftersynod, trad. T. H. Erussus (orig. pub. 753; rpt. Fides: Manx).

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire