samedi 28 novembre 2015

Bene Gesserit, La formation du



Bene Gesserit, La formation du
  L’essence de la philosophie de la formation Bene Gesserit semble être, si l’on peut se contrôler, ou « connais-toi toi-même », on peut en fin de compte contrôler l’univers. Son premier axiome est « mon esprit contrôle ma réalité ». La formation proprement dite est issue d’une série d’exercices progressifs, sur une durée d’environ 10 ans, ce qui aboutit, pour l’élève, à se contrôler mentalement, physiquement et psychologiquement, et à contrôler les autres. Ce contrôle est utilisé non pas pour se retirer dans un monde intérieur de fantaisie, mais plutôt pour observer et comprendre la réalité avec une objectivité individuelle. Ainsi, la formation prana-bindu doit commencer le plus tôt possible, en fait, au cours de la première année de vie, ce qui assure à l’élève cette maîtrise d’elle-même et la maîtrise de l’illusion, tant pour sa personne que pour d’autres. La plupart des informations disponibles concernant cette formation traditionnelle Bene Gesserit se trouvent dans les manuels d’analyses d’Irulan, des textes et des manuels trouvés à Dar-es-Balat. La Sororité moderne ne mettra pas à disposition son matériel pour qu’il soit utilisé par la recherche et elle retire les textes autrefois disponibles dans les collections ouvertes de la bibliothèque de Wallach IX. Mais même la lecture du matériel d’Irulan permet de comprendre pourquoi la Communauté avait acquis une réputation comme analystes passionnées, expertes « voyantes » et redoutables combattantes. « L’Art Etrange » vu par les étrangers est en fait le résultat d’un long processus d’autodiscipline qui développa la capacité d’analyser et de synthétiser l’information, non seulement dans un contexte de paix, mais aussi en situation de stress. Deux perceptions trouvées dans Amor Fati, La Clé de la Voie, de la Révérende Mère Darius Kate Clenhanan, qui montre cette philosophie. Le premier précepte montre la nécessité d’une discipline : « Pour utiliser la puissance brute, il faut vous rendre infiniment vulnérable à un plus grand pouvoir », et le second porte sur l’application pratique de la formation : « L’esprit peut aller dans les deux sens sous la contrainte – vers le positif ou vers le négatif : pensez-y comme un spectre dont les extrêmes sont l’inconscient à l’extrémité négative et l’hyper conscient à l’extrémité positive ». L’objectif de la formation est donc de s’assurer que la Sœur aura sa puissance sous contrôle, quelle que soit la situation. Clenhanan souligne aussi la faiblesse fatale inhérente à cette formation : la grande maîtrise peut conduire à la grande confiance, à l’excès de confiance et enfin à la perte d’objectivité – à la vanité et à la fierté. Donc les candidates étaient continuellement évaluées par rapport aux tâches qui leur étaient confiées et les gens plus qualifiés avec qui elles travaillaient. Le principe fondamental était : un plan d’exercices mentaux Bene Gesserit qui comprenait également des exercices spécialement conçu pour prévenir la vanité lorsque l’élève gagnait en puissance. Par exemple, la section de formation de troisième année s’ouvrait avec cette mise en garde : « Toutes les preuves conduisent inévitablement à des propositions qui n'ont aucune preuve. Toutes les choses sont connues parce que nous voulons croire en elles. »
  Il y avait une omission intéressante dans l’ensemble de la formation, c’était la philosophie éthique ou morale, ou la théologie. Le Bene Gesserit a toujours été connu publiquement comme un Ordre religieux, une « Sororité » mystique qui avait épousée une croyance dans le contrôle surnaturel de la Grande Mère. Aucune partie du matériel pédagogique disponible (et Irulan semble avoir conservé tous ses textes et manuels de formation de chaque section) ne se réfère encore à une force ou à un être suprême. En effet, dans le matériau Missionaria Protectiva, la religion est décrite comme « l’instruction tenace des masses ». Les textes décrivent des milliers de variations religio-mythique sur le thème du pouvoir suprême, non-humain, mais aucune preuve n’indique que la Communauté des Sœurs croyait en une puissance supérieure à celle de son propre but, le kwisatz haderach. La Grande Mère à cornes est plus utilisée comme mascotte que comme une divinité. L’histoire laisse entendre que cette tendance athée se développa quelques temps après le jihad butlérien, mais les preuves textuelles, tout aussi convaincantes, indiquent que la Sororité n’a jamais été une organisation religieuse.
  Un programme de formation en deux parties était poursuivi en même temps par une candidate : la formation de l’esprit et la formation du corps. Ainsi, une petite fille pouvait passer des heures à apprendre les nombreuses langues en usage dans sa culture, et plus tard, passer des heures assise sur un rocher à baisser sa température corporelle ou à ralentir son rythme cardiaque, déplacer les muscles de son corps, un à un comme elle avait appris à le faire d’après un modèle catalogué stimulus/réponse de son organisme. Le programme d’entraînement physique, d’après l’école prana-bindu, est peut-être la meilleure façon d’illustrer l’unification de ces deux branches principales de la formation.
  L’analyse la plus claire du système, à ce jour, est celle de la Révérende Mère Maxius Oaire Beeghler, Prana-Bindu : Contrôle de la Puissance, où elle compare les prémisses de la formation à celles trouvées dans une ancienne religion terrienne dans laquelle le chemin de la vérité s’appelait Sabda, et qui ressemblait beaucoup à ce qui est connu par le Bene Gesserit comme « La Manière ». Sabda permettait une prise de conscience interne de la vérité qui comparait le connaisseur avec une réalité immuable. La Manière Bene Gesserit comparait aussi le connaisseur avec la réalité, mais refusait l’immuabilité. Ainsi l’axiome Bene Gesserit dit : « L’argument vise à changer la nature de la vérité ». Les mêmes processus de conditionnement étaient utilisés pour atteindre Sabda que ceux utilisés dans la Manière. La clé réalise à la fois l’harmonie et la tranquillité en créant l’équilibre au sein de l’individu. Cet équilibre est atteint par le biais de Tapas (des schémas austères qui contrôlent et organisent les forces psychiques et physiques du corps et concentrent ses pouvoirs) et Upsana (la méditation qui permet d’aller au fond de soi pour trouver le lien entre les forces internes, sachant que ce lien est le point d’équilibre entre le corps et l’esprit).
  Le soi mental est formé par Nayana – une discipline qui contrôle le raisonnement. Nayana fait appel à la linguistique et à la logique pour que l’individu puisse faire la différence entre la langue et le sens. On enseigne constamment à l’étudiante qu’une phrase est plus que la signification des mots qui la compose, elle inclut l’activité physique qui accompagne l’acte à la parole. Par conséquent, l’observateur doit être capable de « lire » et « d’enregistrer » la méthode globale de l’orateur, il doit pouvoir comprendre les modèles linguistiques de pensées transmises par la langue immédiate et doit pouvoir synthétiser tous ces canaux immédiatement pour comprendre complètement ce qui est dit en réalité. Ainsi, dans le processus d’apprentissage, l’élève doit toujours complètement contrôler ses sources internes – son propre état physique, mental et émotionnel, au moment  de la synthèse – et totalement percevoir les sources externes – l’environnement de l’orateur, la méthode globale physique et psychique de l’orateur, les nuances culturelles de la langue et les réelles connotations des mots réels utilisés. En général, cette technique de collecte de données, de synthèse et de compréhension, fut parfaite après le jihad butlérien. L’objectif était de remplacer les machines pensantes par des gens qui étaient non seulement capables de calculs logiques instantanés, comme le faisaient les machines, mais qui pouvaient aussi assimiler des informations sensorielles et émotionnelles. Par un processus intuitif/raisonnable, de telles personnes en viendraient à des conclusions qui étaient humaines plutôt que mécanistes, et objectivement détachées plutôt qu’égoïstement biaisées.
  Plus précisément, la formation prana (le nerf) et bindu (le muscle), prépare à l’état de concentration nécessaire pour comprendre la réalité d’une situation (cet état de concentration est également essentiel pour le Bene Gesserit pour acquérir les compétences d’observation et les techniques des arts martiaux). Pour avoir la bonne attitude pour atteindre une concentration complète, on doit d’abord éliminer soi-même, mentalement sinon physiquement, toutes les distractions. Pour ce faire, il faut utiliser des techniques de relaxation qui élimine la distraction par des stimuli extérieurs. A ce stade de ses études, l’élève apprend aussi comment distinguer l’information principale des informations secondaires non essentielles – « pour voir les faits et renoncer au ghafla ». Une fois que l’on est détendu et que l’on commence à distinguer la bonne information, il faut apprendre à observer de près et clairement. Dans cet état d’observation, on assimile les données pertinentes de la situation actuelle et on rappelle toutes les données pertinentes dans la mémoire.
  Si possible, l’observatrice prend ensuite une posture physique de relaxation et de concentration. Lorsque le travail d’analyse est fait dans des conditions privées, tranquilles, la personne se détend dans une des trente-trois postures, chacune étant appropriée à un type spécifique de travail analytique. Dans les situations publiques, l’observatrice prend une position rituelle immédiate mais discrète qui remet en place les muscles et la vivacité d’esprit. En cas de grand stress ou d’immobilisation, on peut modifier cette posture en tenant compte des impératifs. Ensuite, on commence une respiration contrôlée qui permet la concentration, la relaxation et un apport d’oxygène suffisant pour soutenir une activité mentale accélérée. Enfin, la dernière étape, avant d’entrer en mode de concentration, on retire la conscience sensorielle et émotionnelle de toutes les zones internes de distraction. Dans la plupart des cas, la Sœur exécute un simple rituel d’apaisement, mais lors de grands dangers elle peut réciter la Litanie Contre la Peur, pour supprimer toute terreur instinctive primale, particulièrement celle induite par la mémoire raciale.

« La peur tue l’esprit. La peur est la petite mort qui conduit à l’oblitération totale. J’affronterais ma peur. Je lui permettrais de passer sur moi, au travers de moi. Et quand elle sera passée, je tournerais mon œil intérieur sur son chemin. Et là où elle sera passée, il n’y aura plus rien. Rien que moi. »

  A ce stade, l’observatrice peut commencer le mode de concentration.
  Le mode de concentration implique trois étapes dans l’observation de l’analyse. En premier, il faut limiter sérieusement l’attention aux seules données passées et présentes concernant le sujet. Deuxièmement, il faut entrer dans un état de contemplation totale où l’attention circule dans un flot continu sur le sujet – l’observatrice maîtrise complètement le sujet. Troisièmement, il faut être conscient, non pas des techniques d’observation, ni de notre propre présence, mais du sujet – il faut devenir le sujet. Au moment de l’unité, l’observatrice comprend le sujet comme elle se comprend elle-même. Ainsi, toute connaissance repose sur l’observation de détails et sur le corps formé pour soutenir l’observation attentive, sur la classification et le tri objectif, ainsi que sur la conservation d’un maximum de données. Seul un contrôle complet des nerfs et des tissus, des muscles, du sang et de la chimie organique peut demander assez d’exigence de soi pour permettre le détachement objectif au cours du processus d’observation, d’analyse et de synthèse. Le contrôle du corps mène à la purification de l’esprit, nécessaire pour séparer le réel de l’irréel.
  Bien que le processus de préparation, contrôle et analyse, semble compliqué et prend du temps, une femme entraînée depuis 10 ans, d’abord dans les étapes distinctes puis dans l’ensemble du processus, elle peut si nécessaire, effectuer la fonction entière en moins d’une seconde. Un des contrôles appris est la capacité de se libérer des contraintes artificielles de la notion humaine de « temps ». Il n’y a pas de « temps » en mode de concentration – toutes les activités peuvent être gérées simultanément.
  Une fois les processus de base maîtrisés, les états fonctionnels du deuxième niveau peuvent être invoqué comme Dao, Prajna et Adab ; Le dao est la transe de dormance, un type de suspension bindu dans lequel une adepte peut ralentir son activité physiologique à un niveau juste en deçà du maintien de la vie, une transe utile pour la survie dans des conditions de danger et lorsqu’il est nécessaire de rajeunir les cellules. La transe de méditation, prajna, est utilisée pour la compréhension profonde et pour l’état spécial dit de « voir » que seules quelques Sœurs sont capables d’accomplir (cet état peut être augmenté grâce à certains produits chimiques, comme le mélange). L’adab, en revanche, est un processus de récupération accessible à toutes les Bene Gesserit qualifiées ; cet état de rappel est appelé aussi la « mémoire qui exige », c’est un souvenir de données nécessaires stimulées extérieurement ou par la méthode globale d’une situation, plutôt qu’être déclenchée consciemment pat la femme elle-même. L’adab est différente de la méthode « conscience de l’impression/rappel complet », qui est utilisée régulièrement pour stocker et traiter des données. Le processus mnémonique normal permet une reproduction complète de n’importe quelle conversation, stimulant même le contrôle de la tonalité et le contrôle du lancement de l’oratrice originale (une pratique toujours utilisée par les Sœurs ou les novices qui servent de messagères). Mais l’adab stocke non seulement le matériel dans le subconscient, mais il utilise également le subconscient pour intégrer de nouvelles données et les stocker, produisant ainsi le souvenir précis et logique, un souvenir si fort que lorsqu’il est stimulé, il écrase la conscience de la femme.
  La formation prana-bindu est également utilisée dans toutes les fonctions quotidiennes de chaque Sœur, tous les jours de sa vie. Par exemple, les célèbres arts martiaux Bene Gesserit, « les Arts Etranges de combat », reposent sur le contrôle complet prana-bindu ; les techniques de combat au corps à corps, conservées des anciennes cultures terriennes, dépendent du contrôle musculaire suprême et donnent une férocité étonnante. Non seulement les manœuvres de combat sans arme dépendent de cette formation, mais les compétences extraordinaires au couteau et au fouet exigent cette commande des muscles et des nerfs. Le contrôle prana-bindu peut guérir les blessures et retarder le vieillissement. Les Sœurs du Bene Gesserit connaissaient leur structure cellulaire si bien qu’elles pouvaient analyser et neutraliser la plupart des poisons qui pénétraient leur organisme. Le grand test de cette capacité se produisait au cours de l’initiation d’une femme comme Révérende Mère, en neutralisant « l’eau de vie » au sein de son organisme. Occasionnellement, des femmes déclenchèrent une réaction allergique ou montrèrent une incompatibilité de leurs cellules avec le produit chimique et furent incapables de neutraliser ce poison, mais heureusement, cela ne se produisait que rarement.
  Le programme de formation avait un deuxième objectif : obtenir la capacité de contrôler les autres en tant qu’individus, masse ou culture. Le Bene Gesserit enseignait à « lire » et à « enregistrer » une personne afin de pouvoir la manipuler par la Voix. Dans « lecture », on entend l’observation et l’identification des tons qui sont des indices pour contrôler l’autre personne. Dans « inscription », on entend l’utilisation d’une brève transe mnémonique pour conserver les tons comme indices, rendant cette personne contrôlable à l’avenir. Enfin, grâce à l’utilisation du déchiffrage rihani, une Bene Gesserit peut reconnaître une personne physique inscrite, peu importe le changement dans son comportement ou son apparence. Rihani est le déchiffrage qui permet également aux Sœurs d’identifier de manière infaillible les Danseurs-Visages et les Gholas, même lorsqu’ils assument la personnalité d’une autre personne inconnue de la Sœur. Le modèle de déchiffrage lui permet de discerner les caractéristiques non humaines.
  Par la Voix, une manipulation subtile des tonalités vocales, une Bene Gesserit peut manipuler des personnes ou des groupes d’individus en déclenchant des sons indices. Certains modèles de voix déclenchent des réactions humaines primaires, et la personne inscrite peut être contrôlée dans n’importes quelles situations. Les femmes sont spécialement douées pour la Grande Maîtrise, ce qui leur permet de maîtriser n’importe quel groupe de personnes, peu importe leur nombre et la situation, elles peuvent même contrôler d’autres Bene Gesserit.Il peut y avoir certaines subtilités particulières dans l’utilisation de la Voix, comme « l’adroit mensonge », qui est une manipulation par le biais de mensonges dissimulés ; le Codex Zensunni – un jeu de mots qui confond ou obscurcit la vérité ; et l’implantation de mots de repère autosuggéré (par exemple, le mot le plus communément implanté est « Uroshnor », un mot vide de sens, mais lorsqu’il est prononcé, déclenche un été d’immobilisation). Ces techniques sont enseignées uniquement dans le cadre d’un travail professionnel spécifique.
  Afin d’apprendre à contrôler des groupes importants de personnes et même des cultures, au cours de leurs trois dernières années de formation, la candidate doit prendre une série de cours qui enseignent les caractéristiques du comportement de la foule (par exemple l’histoire, la politique, l’anthropologie et la mythologie). Sauf si une femme devait être nécessaire politiquement ou si elle avait un rôle politique spécifique à jouer au sein de l’Ordre, ces cours restaient purement théoriques. Pour celles qui entraient dans la Missionaria Protectiva, un programme de formation spéciale leur enseignait la manipulation de l’attitude culturelle par le biais de l’implantation de mythes. Les Diseuses de Vérité, les économistes et les femmes se préparant à être des manipulatrices de religions étaient formées à la manipulation de groupes aussi bien en théorie qu’en pratique.
  Bien sûr, dans une partie secondaire du programme de formation, on enseignait aux candidates, les techniques de survie. Par exemple, un cours rudimentaire s’appelait « signaux de mains et de doigts », alors qu’un cours plus avancé dans la même discipline était appelé « méthodes de codage tactiles ». Bien que l’ouverture et la fracture des serrures à main étaient un cours avancé, on constate que chaque fille du secondaire se targuait de maîtriser cette technique. Les programmes principaux, comme la position d’attente, le schéma de purification des sens et le mode de tranquillité furent appris aux enfants dans les crèches.
  En général, les élèves acquerraient des compétences pratiques pour les professions principales Bene Gesserit, en reproduction et en espionnage. Les compétences prana-bindu, celles d’observation et d’analyse, ainsi que celles d’instinct de conservation furent toutes des bases permettant de développer les capacités théoriques nécessaires à une organisation dont le but était l’accumulation et la manipulation de pouvoirs économiques et politiques. JAC

Autres références :
-          Bene Gesserit, histoire du ;
-          Révérende Mère Darius Kate Clenhanan, Amor Fati : la Clé de la Voie, trad. Zhana feliin, BG inondation études 15 (Diana : Trevis) ;
-          Ruuvars Shaigal, éd., Fondements de la Voix, livre d’exercices mentaux Bene Gesserit (Grumman : Lodni).

mercredi 25 novembre 2015

Bene Gesserit, Rangs du



Bene Gesserit, Rangs du
  La structure interne des rangs du Bene Gesserit se trouve dans le Matrium Ordines. La Matrium Ordines et les fichiers privés contenaient les dossiers d’adhésion et les rangs au sein de l’Ordre ; certains dataient d’avant le jihad Butlérien, un seul titre est utilisé dans ces dossiers, comme dans le Bene Gesserit moderne : celui de Révérende Mère. A partir de ces informations actuelles, il semble que ce titre avait beaucoup plus d’importance dans le passé que maintenant. L’Ordre mendiant d’enseignement, connu actuellement comme le Bene Gesserit, semblait manquer d’installations et de ressources pour maintenir la structure très complexe qui comprenait l’initiation et la préparation pour accéder à un rang décrit dans les documents historiques.
  Le Matrium Ordines indique qu’une femme était susceptible d’être choisit par l’Ordre pour effectuer un travail à vie, selon certains critères. Les indices de reproduction déterminaient l’admissibilité d’une personne à l’adhésion. Seules les femmes qui présentaient les caractères génétiques particuliers dans sa lignée et dont l’ascendance récente avait montré au moins une Révérende Mère, étaient acceptées pour être initiées. Et même ces critères ne signifiaient pas une acceptation automatique. Les Bene Gesserit, tout en faisant leur travail régulier, observaient les nourrissons et les enfants en bas âge de sexe féminin qui présentaient des caractéristiques particulières, elles les suivaient de manière périodique. Dès que l’enfant avait ses premières règles, le Bene Gesserit testait sa sensibilité en utilisant un gom jabbar qui prouvait son humanité. Si la jeune fille présentait une sensibilité et un certain degré d’intelligence, elle intéressait l’Ordre et pouvait commencer à être formée au sein des Maisons du Chapitre ou par un professeur privé dans sa propre maison, comme « initiae ». L’initiae formée au sein d’une Maison du Chapitre était reconnaissable par sa jeunesse et son habillement – une chemise à manches longues, unicolore, et des caleçons longs recouverts d’une courte tunique brune.
  Après 5 ans de formation, les initiae étaient testées plus intensivement quant à leur sensibilité et leur potentiel, et elles étaient séparées en deux groupes : le groupe « virgae » - les Révérendes Mères potentielles – et le groupe « profictuae » - les futures membres de la Sororité en général ; si elles réussissaient, elles étaient présentées à la réunion Bene Gesserit nommée « La Cérémonie du serment initial ». La Mère Supérieure faisait prêter serment à chacune individuellement en lui touchant le front et en lui demandant de répéter ces mots :

« Je me trouve devant la présence sacrée d’un humain. Un jour, vous serez à ma place et vous ferez ce que je fais. Je prie votre présence pour qu’il en soit ainsi. Que l’avenir demeure incertain car il est le canevas propre à recevoir nos désirs. Ainsi la condition humaine fait-elle face à sa perpétuelle tabula rasa. Nous ne possédons rien de plus que cet instant où nous nous dédions en permanence à la présence sacrée que nous partageons et créons ».

  La candidate, face à la Communauté, répétait son premier serment : « Je suis une Bene Gesserit. J’existe uniquement pour servir. » Après la cérémonie, les jeunes femmes étaient déplacées du premier au second rang, à la fois dans leur formation et dans leur quartiers d’habitation. Leur nouveau statut se voyait à l’aba sans capuchon qu’elles devaient porter dorénavant, même si parfois elles conservaient leur tunique et leurs caleçons longs dessous, dans les climats froids.
  Les rangs profictus et virga duraient 3 ans. La profictuae recevait un enseignement spécialisé pour la préparer à son travail de sœur. Bien que toutes fussent formées pour les tâches générales de « pellices » (reproductrices), certaines recevaient une formation spéciale pour devenir concubines ou épouses dans l’aristocratie. D’autres étaient formées pour des carrières : « Praecetrix », enseignante et tutrice ; « Emissariae espionne » pour rejoindre la toile d’araignée des informatrices du Bene Gesserit ; les historiennes et les archivistes de l’Ordre ; les scribes et les comptables de la gestion des entreprises de l’Ordre ; et les gestionnaires principaux pour les écoles et les Maisons du Chapitre. La virgae était préparée pour son rôle éventuel de Révérende Mère. Après 3 ans de préparation, les deux groupes de novices se réunissaient dans le hall de rassemblement de la maison-mère pour renouveler leurs vœux de Bene Gesserit. La Mater Felicissimae officiait devant un parterre de Bene Gesserit de tous grades confondus, qui encadraient la répétition du credo des Sœurs plus récentes :

« La religion est l’émulation de l’adulte par l’enfant. La religion est l’enkystement des croyances passées : la mythologie, qui est la conjecture, les hypothèses cachées de confiance en l’univers, ces déclarations que les gens font lorsqu’ils cherchent un pouvoir personnel, tout cela se mêlait aux lambeaux d’illumination. Et toujours le commandement tacite ultime qui est « Tu ne questionneras pas ! » Mais nous nous interrogeons. Nous brisons ce commandement naturellement. Le travail que nous nous sommes fixé est la libération de l’imagination, l’exploitation de l’imagination pour une plus profonde créativité de l’humanité. »

  Les Sœurs formées pour l’Ordre général étaient placées, en fonction de leur domaine de prédilection, dans les écoles et le Maisons du Chapitre. Les Révérendes Mères potentielles entraient au deuxième niveau de leur formation pour devenir « filiae alvi ».
  Les postulantes devenues filiae alvi travaillaient comme étudiantes. Elles étaient placées dans les Maisons du Chapitre et à la Maison-mère, principalement comme messagères. N’importe quelle Révérende Mère en voyage d’affaire prenait avec elle plusieurs filiae alvi formées à la transe mémorielle. Elles travaillaient et étaient constamment évaluées pendant 2 ans, puis testées et jugées par une commission d’examen formée par des surveillantes supérieures. A ce stade, les postulantes recevaient l’un des trois destins : la réaffectation à une à une formation complémentaire ; la disqualification pour le rôle de Révérende Mère – elles redevenaient alors des Sœurs ordinaires ; ou l’avancement au niveau d’acolyte. Promues à l’acolytat, elles étaient assignées à une Révérende Mère spécifique pour laquelle elles devenaient leurs serviteurs personnels pendant 1 à 6 ans, selon les capacités de chaque acolyte.
  La troisième étape préparatoire pour devenir une Révérende Mère était le passage au grade de « Mater Acrior ». Lors de la cérémonie d’acceptation d’une femme comme Mater Acrior, elle devait reconnaitre « l’interdiction interdisant l’immortalité » : « Accepter l’âge lentement, mais vieillir lentement. Le temps du monde est habité par des créatures qui ont été usé par le temps – et nous devons leur ressembler. Prolongez votre temps, mais ne dépassez pas les limites de votre culture. Il vaut mieux mourir de sa propre mort qu’être tuée comme une sorcière. » Elle devait également accepter la deuxième partie du credo :

« Soupçonner votre propre mortalité c’est connaître le début de la terreur ; pour apprendre de manière irréfutable que tu es mortelle, il faut connaître la fin de la terreur. »

  A l’issue de cette cérémonie, la femme enfilait un aba noir à manches longues mais sans capuche. Maintenant, la Mater Acrior commençait le travail de responsable dans son domaine de prédilection. Souvent, elle devenait l’apprentie d’une Révérende Mère, mais en général, elle assumait son rôle de travailleuse au sein de l’Ordre. Le temps qu’elle passait à ce grade était variable selon l’individu. Certaines femmes vivaient leur vie entière comme Matres Acrior, alors que d’autres étaient prêtes pour le rite final dans les 5 à 10 ans.
  Au terme des rites d’initiation à « l’eau de vie », une femme devenait une « Mater Sapientissima » ou, pour le grand public, une Révérende Mère. Pour marquer son statut, c’est le moment où elle choisissait son nom en trois parties, à la fois pour montrer son ancienneté dans l’Ordre et l’efficacité des plans de fécondation des Bene Gesserit. Une femme gardait son nom de famille pour désigner sa position dans les indices de reproduction, puis elle ajoutait un nom (toujours masculin) appartenant à l’Ordre original du Bene Gesserit sur l’ancienne Terre et le nom d’une femme célèbre dans l’histoire de la Sororité. Par exemple, si une Sœur se nommait Cora de la lignée des Corrino, elle pouvait choisir le nom de Marcus Jehanne Corrinus sous sa désignation de Révérende Mère. Le vêtement de son nouveau statut était alors un aba noir à manches longues avec capuche.
  Le titre de Révérende Mère était générique, utilisé par toutes les Révérende Mère en public, peu importait le rang ou la position d’autorité qu’elles tenaient au sein de la Sororité. On ne devait pas confondre ce titre général avec celui du « rang caché, car c’était deux désignations différentes. Le rang caché était utilisé par une Bene Gesserit qui avait vécu ou travaillé à un poste dans lequel son rang officiel lui aurait interdit ce poste ou lorsque cela aurait pu mettre sa vie en danger. Par exemple, si une femme au statut de Révérende Mère se mariait dans une Maison Majeure ou Mineure, elle devait garder son rang secret en utilisant le rang caché (peu d’homme désiraient accepter une Révérende Mère dans leur lit). De temps en temps, une sœur pellex était forcée de garder sa filiation secrète, elle reconnaissait seulement avoir été formée dans une école Bene Gesserit. Dans ce cas, même les fichiers de l’Ordre de cette femme l’enregistraient comme étant de rang caché. Dans la dénomination générale de la Révérende Mère, il y avait quatre rangs spécifiques : la Révérende Mère régulière, la Rectrice, la Surveillante Générale et la Rectrice Supérieure. Il y avait aussi plusieurs autres appellations, limitées aux Révérendes Mères de tous grades. Deux diplômes universitaires étaient réservés uniquement aux Révérendes Mères : « Erudica » et « Doctissima » ; deux professions leurs étaient également uniquement réservées, celle de « Ambactae » (Ambassadrice » et « Cogita Vera » (Diseuse de Vérité).
  Parce qu’elles éduquaient les femmes de Maisons Majeures et Mineures, les Bene Gesserit avaient également un rang réel, et des titres honorifiques laïcs. Les Sœurs converses étaient autorisées à travailler dans les écoles et les Maisons du Chapitre, elles exerçaient un travail banal, nécessaire au fonctionnement  de n’importe quelle institution. Les titres honorifiques accordés aux femmes du Bene Gesserit qui instruisaient l’aristocratie, leurs étaient attribués annuellement pour les exercices scolaires, dans chaque école Bene Gesserit. Les titres de « Mater Adfarata » et « Mater Custodia Viarum », apparaissaient dans les fichiers Bene Gesserit pour avoir été souvent obtenus. Quand on compare les récompenses annuelles aux récits historiques, on constate des fluctuations de pouvoir parmi les Maisons ; on pourrait en conclure que ces titres honorifiques étaient principalement un moyen d’attirer les faveurs et le maintien de mécènes pour l’Ordre.
  Le Matrium Ordines montre que la Communauté des Sœurs était beaucoup plus compliquée que l’actuel Bene Gesserit. Il est impossible de vérifier la validité de cela, mais les informations actuelles nous apprennent que les rangs actuels du Bene Gesserit ne peuvent pas être consultés.

Autres références :
-          Bene Gesserit, Gouvernement ;
-          Bene Gesserit, Histoire du.