mercredi 31 août 2016

Mentats, Les disfonctionnement des


Mentats, Les disfonctionnement des

Le gel-mentat

  Le babil des Mentats, la naïveté des processeurs et la fierté des généralistes ont été mentionnés ci-dessus. Mais d’autres conditions étaient susceptibles de perturber les capacités d’un Mentat. Les généralistes et les rangs plus élevés des Mentats étaient vulnérables à un syndrome appelé le « gel-mentat », qui survenait du doute de soi. Ben qu’ils aient appris à dépasser l’étroitesse de leur spécialisation, aucun être humain ne pouvait entièrement être libéré de l’incertitude qu’impliquait la supériorité. L’interrogation répétée et vigoureuse d’un calcul mentat ne conduisait pas à de nouveaux calculs – ceux qui étaient implicitement déterminés – mais à une anxiété au sujet de la base de ces calculs. Les Mentats de rangs majeurs étaient à plusieurs reprises avertit que l’hésitation était le premier pas vers un gel-mentat totalement invalidant. Cet état interrompait toutes les fonctions de Mentat de manière permanente à moins que le doute ne puisse se dissiper et la confiance rétablie.

  La condition de gel-mentat était si dévastatrice que même si le rétablissement était complet, elle restait un obstacle insurmontable pour accéder à un rang plus élevé. Des Mentats du cinquième et sixième rang récupéraient mais se retrouvaient à des rangs mineurs. Les Mentats étaient souvent hantés par la peur du gel, en particulier ceux qui travaillaient seuls, loin du support de protection de la Maison de l’Ordre ou d’autres Mentats supérieurs. Le doute de soi attaquait le mentat solitaire avec une plus grande vitesse et une plus grande force, et les acheteurs étaient invités à protéger leur investissement in s’abstenant de critiquer leur mentat de manière chronique. Plusieurs cas sont connus, de Maisons qui tentèrent de geler un mentat rival en l’alimentant de fausses données de manière à miner la confiance en sa base de données.

  Une stratégie tributaire des absolus pour éviter le doute de soi, était dangereuse. Les Mentats préféraient naturellement des paramètres connus qui les aidaient à établir des limites d’interférences et des absolus qui pouvaient augmenter l’exactitude en réduisant les alternatives. En plus d’un sentiment d’assurance, ces absolus servaient de raccourcis aux Mentats. Mais abuser des absolus était facile et souvent inaperçu – hypothèses négligées, inférences inexplorées, options fallacieuses issues d’hypothèse erronées. Playt combattit vigoureusement la dépendance excessive aux absolus grâce à des exercices qui, en réalité, avaient été conçu pour des différences radicales, par exemple, une ville sans loi, des outils conçus pour des pieds plutôt que pour des mains ou une communauté sans division du travail. Une telle gymnastique subalterne était favorisée par une prise de conscience du rôle des hypothèses inconscientes et de l’absolu dans la pensée du mentat.

 

L’addiction au sapho

  La dépendance au sapho, un liquide énergisant extrait d’une plante d’Ecaz, était un piège pour les simulationnistes tant dans leur formation que dans leurs domaines les plus sensibles. Le sapho amplifiait la spéculation et l’extrapolation, et soumettait ses utilisateurs à d’imprévisibles sursauts d’émotion ou à de longues périodes de passivité. La léthargie du mentat toxicomane le conduisait à négliger la mise à jour constante des informations sur lesquelles reposait sa précision. Une diminution mesurable dans la fiabilité était un meilleur indicateur de dépendance au sapho que les signes physiques – lèvres rouges rubis, rougissement de la peau – qui pouvaient être dissimulés. La réadaptation était possible, mais les rechutes étaient habituellement fréquentes.

 

Le rhajia

  Pour les Mentats, le rhajia était un chant de sirènes. Il s’agissait généralement de l’immersion totale du mentat dans la conscience déductive et même Albans et Playt, dont les vues étaient similaires, étaient en désaccord avec sa nature. Playt l’appelait le « mouvement de l’infini » et le considérait comme l’étape finale de l’Ordre, une rupture des chaînes de la servitude d’utilité pratique ; mais Albans le jugeait comme un piège mortel : seuls 30% des mentats qui entraient dans le rhajia se « réveillaient ; les autres 70% restaient dans le coma ou mouraient. Ceux qui survivaient n’avaient aucun souvenir de quoi que ce soit ou rapportaient l’expérience intellectuelle la plus satisfaisante et enrichissante de leur vie. La rumeur voulait que les mentats âgés, près de la mort, cherchent le rhajia comme « le plus agréable passage » qu’un être humain pouvait espérer comme une bénédiction.

 

La dépendance verbale

  Bien que ce ne soit pas strictement un disfonctionnement, la dépendance verbale était une faiblesse potentielle du système mental, qui fut mis en évidence pour la première fois par le Bene Gesserit. Toujours méfiant de l’approche logique dépendant de l’Ordre rival des Mentats qui n’avait encore jamais été ouvertement attaqué sur ses méthodes, le Bene Gesserit fit passer secrètement le mot que les mentats pouvaient être sapés par le doute d’eux-mêmes. Ouvertement, le Bene Gesserit accusait les Mentats de ne pas pouvoir interpréter de manière adéquate la qualité des données qu’ils utilisaient. La Communauté des Sœurs lisait le langage du corps dans toutes ses nuances, un clin d’œil, un geste, un haussement d’épaule, qui ouvrait un canal supplémentaire d’informations en contraste avec la dépendance du mentat aux systèmes symboliques discursifs. Le Bene Gesserit maintenait qu’aucun Mentat ne pourrait jamais fournir une lecture complète, et donc ne pourraient jamais donner des conseils complets. Beaucoup accordaient une certaine créance à l’accusation, mais réduisaient son importance pour les mentats subalternes. Le véritable litige entre les deux Ordres résidait dans l’épistémologie de l’inférence, la controverse innée et le désaccord religieux.

  Certains invoquaient l’intuition, d’autre la raison ; certains plaçaient leur foi dans la puissance de l’hérédité, d’autres dans le pouvoir de la formation aidée par l’hérédité ; certains – un Ordre trempé dans le feu du jihad butlérien – croyaient plus fanatiquement à « tu ne feras pas de machine à l’image d’un esprit humain », et d’autres dédiaient l’esprit humain à la ressemblance aux machines. Bien des siècles de méfiance mutuelle, et aucun n’avait pu profiter de la sagesse de l’autre.

 

La formation

  L’entrainement mentat commençait le plus tôt possible, même dans l’enfance, un fort potentiel avait été remarqué. La formation précoce stimulait la conscience sensorielle par le son, les couleurs, les textures, les odeurs et le goût ; la sensibilité kinésique par la filature, le bercement, la chaleur, le froid ; la conscience émotionnelle par la peur, la joie, la colère, l’amour, la haine et la sécurité.

  Pendant l’enfance, le mentat à venir développait mentalement une aide physique rigoureuse, durant toute l’année. Le but était d’élargir la connaissance du jeune et résister à la spécialisation. Un châtiment sévère était infligé à l’encontre de l’enfant qui négligeait une étude en faveur d’une autre. « Tout est important et, rien n’est plus important que tout », était la devise de l’école de formation mentat.

  Un code disciplinaire strict et impitoyable favorisait l’objectif d’Albans qui était  que chaque enfant soit complétement autonome à 15 ans. La construction du campus et la maintenance, le silence du soir, les semaines chargées, toutes les tâches étaient exécutées par les hommes des classes inférieures et dirigées et appliquées par les hommes des classes supérieures, qui punissaient toutes les violations avec sévérité, ce qu’ils avaient appris de leurs prédécesseurs. Les Sports développaient la stratégie aussi bien que l’habileté physique ; certains, comme la course de fond, par exemple, aidaient le code disciplinaire et le programme en « six jours par semaine », à faire des candidats entièrement prêts au noviciat ou en le éliminant du programme.

  L’année de la préparation finale, à environ 14 ans, les étudiants étaient évalués sur leurs prédispositions à la logique, l’inférence, le mode de déduction, l’induction transfinie, l’analyse polyvalente, la synthèse conceptuelle, la géométrie pluridimensionnelle, la linguistique formelle, et la phénoménologie transcendantale. Ces études fournissaient des liens mentaux permettant d’accepter la formation mentat ultérieure, si l’étudiant réussissait à les maîtriser.

  En supposant que l’acclimatation et l’éducation précoce soient des succès, l’âge de 15 ans était l’année décisive du parrainage du candidat mentat. La prédisposition du requérant – son engagement – était entièrement démontrée à 15 ans, ne laissant que sa « vocation » à être entendue et à se faire accepter. Le requérant lui-même était isolé et méditait en attendant l’appel. Pour certains, il ne venait jamais. Pour d’autres, la vocation passait par une délibération patiente. Pour quelques-uns, un flash se produisait, comme un cri du cœur, un « oui » aux opportunités et aux dangers de la vie en tant que mentat. Ceux qui ne recevaient jamais l’appel n’étaient pas déshonorés ; beaucoup continuaient à servir l’Ordre de diverses façons – en tant qu’enseignants des jeunes, administrateurs ou auxiliaires – ils formaient les Amis de l’Ordre des Mentats. Mais si l’appel avait lieu, l’Ordre se réjouissait ; les autres candidats et leurs mentors étaient engagés pour aider et soutenir l’appelé tout au long de sa vie, quelle que soit le rang où il finissait (le rang de l’Ordre) P.F.

 

Autre référence :

  • Mentats, L’histoire de l’Ordre des.


 

mardi 30 août 2016

Mentats, L’organisation des


Mentats, L’organisation des
  Le nom « Mentat » est dérivé de mentis, qui signifie « de l’esprit » en latin, une ancienne langue de la Terre. Le fondateur de l’Ordre des Mentats, Gilbertus Albans (1192-1294), un logicien et philosophe de renommée interstellaire, inventa le terme pour désigner ceux qui étaient entièrement formés et compétents dans les techniques qu’il avait prescrit pour l’Ordre. Pendant des milliers d’années, la société pensa les Mentats comme l’incarnation de la logique et de la raison.

Caractéristiques
  Un adepte Mentat pouvait être considéré comme (a) un être humain dans le sens générique du Bene Gerrerit (bien que la Communauté des Sœurs ne niait violemment), à savoir « un animal doté de la raison et de la logique » ; (b) un expert dans toutes le méthodes de logique et de déduction ; (c) un généraliste conceptuel, contrairement aux spécialistes dans des domaines étroits ; et (d) quelqu’un possédant une quasi-vérité logique fondée non pas sur la prescience, mais sur l’inférence.
  L’adepte Mentat était capable de réaliser des liaisons déductives remarquables et des spasmes de gestalt d’intelligence pure, mais habituellement il le faisait seulement lorsqu’il était dans une profonde transe-mentat. Certain prétendent que ce que l’on appelait la transe-mentat était simplement un dispositif spectaculaire utilisé par le Mentat pour paraître  plus impressionnant. Mais les rapports subjectifs pointaient tous vers l’authenticité de la transe. Les yeux vitreux, la voix d’une intonation égale et la conscience semblait être tournée vers l’intérieur.
  Peut-être à cause de leur besoin apparent d’invoquer cet isolement de transe fade pour un plus grand pourcentage de précision, les Mentats échouèrent historiquement comme commandants. Il y a à peine un cas sur le rapport d’un Mentat qui réussit comme entrepreneur, politicien ou soldat. Certains ont même fait valoir que Paul Muad’Dib lui-même avait en partie échoué parce qu’il avait trop souvent essayé d’aborder les problèmes sociaux et politiques complexes seulement comme un Mentat. Mais son cas était atypique, car il n’avait jamais étudié officiellement dans un programme approuvé par l’Ordre. Un argument en faveur d’un commandant efficace est une question de tempérament, et pas de raisonnement en termes de capacité. En effet, le commandant efficace doit souvent prendre des décisions intuitives en l’absence de données complètes. Les Mentats – ordinateurs humains – étaient formés dans le but d’éviter ces jugements, quand c’était possible. Ainsi, un bon Empereur, Duc ou directeur agissait parce qu’une décision devait être prise, mais un Mentat le faisait parce qu’une décision ne devait pas être prise.

Les rangs des Mentats
  Dès les premiers jours de l’Ordre, Gilbertus Albans vit peu de liens entre les compétences d’un commandant et l’excellence d’un Mentat. Par conséquent, en nommant les six rangs des Mentats, Albans évitait les titres qui pouvaient suggérer une fonction (comme « président, « directeur » ou « gestionnaire »…) il favorisa les titres qui soulignaient des processus et des relations. Les trois rangs mineurs étaient nommaient, par ordre croissant, mémoriseur, processeur et hypothésiste. Les trois rangs supérieurs instaurés environ 17 ans plus tard étaient généraliste, simulationniste et conseiller.

  Les Mentats potentiels étaient tenus d’avoir deux choses, la prédisposition intérieure nécessaire pour rendre la formation efficace, et ce qu’Albans appelait « un appel à la raison » pour rendre la discipline tolérable. Compte tenu de ces qualités, une décision solennelle s’ensuivait et une formation préliminaire, l’initié était alors accueillit dans le programme comme un mémoriseur-novice.

Les rangs mineurs
-          Mémoriseur :
  Le mémoriseur entièrement formé était capable de retenir des informations liées et interdépendantes. Le test final impliquait d’absorber une série de 2x104 chiffres ou lettres et de les reproduire dans l’ordre correct, de dupliquer le même schéma ou le même espacement que l’original. Les mémoriseurs pouvaient répéter des livres entiers sur simple rappel. Ils étaient en mesure de reproduire des configurations spatiales, telle que la mise en page d’une ville après n’avoir vu l’endroit (ou les plans de celle-ci) qu’une seule fois. Leur principale activité, cependant, était leur capacité à répéter des conversations mot pour mot, de bout en bout, en imitant la cadence et l’inflexion vocale de chaque participant. Albans avait travaillé dur pour aider les jeunes mémoriseurs à éviter ce qu’il appelait le problème de « babillage » - être submergé par la minutie des données. La meilleure défense contre le babillage était la classification des données.
  L’administration de la CHOM appréciait particulièrement la capacité des mémoriseurs à tenir les registres, d’autant que le jihad butlérien avait détruit le moyen le plus efficace de stocker les dossiers volumineux du commerce interplanétaire. Mais Gilbertus Albans refusait de vendre des Mentats qui étaient de « simples mémoriseurs », comme il disait. Le rang minimal requis pour qu’un mentat puisse être vendu, même pour l’usage courant de la CHOM, était celui d’hypothésiste. Albans n’était pas aveugle quant à la valeur économique de ses stagiaires, mais même dans les premières années les plus difficiles, où il était le plus pauvre, il refusa de passer outre ces normes. Il insistait sur le fait « qu’un représentant public de notre Ordre doit être capable d’être plus qu’une éponge de données, de mâcher et d’essayer de recracher des morceaux inutiles »[1].

-          Processeur :
  Les processeurs s’associaient pour combiner, diviser, trier, des morceaux de fichiers d’informations discrètes avec une exactitude de 99,99985% pour 10.000 articles. Ils étaient capables d’introduire l’ordre et la régularité sur un ensemble d’informations apparemment indépendantes. Albans nota que le danger manifeste pour les processus consistait en ce que l’ordre qu’ils créaient pouvait, ou pas, s’accorder avec la réalité. Ainsi les processeurs étaient formés d’abord pour tenter d’utiliser les catégories et les étiquettes fournis par d’autres. Le tri, le tamisage et la récupération des informations, ainsi que la possibilité de les connecter avec un nom spécifique, des lieux ou des événements, était précieuse, au-delà de tous les ordinateurs qui avaient pu exister.

-          Hypothésiste :
  Les hypothésistes étaient formés pour extrapoler à partir d’informations d’où ils tiraient des causes et des effets. Les hypothésistes se basaient souvent sur le nombre d’informations différentes dont ils avaient connaissance dans un jeu d’événements. Une question simple : « combien de motifs Muad’Dib avait-il pour partir dans le désert ? » qui pouvait produire jusqu’à sept raisons possibles à son action. L’hypothésiste fournissait naturellement à son maître un classement biparti de la probabilité des informations qu’il offrait. L’hypothésiste principal était fiable entre 92% et 98%.

  Les Mentats hypothésistes et ceux de rangs plus élevés étaient interdits dans les compétitions officielles de Chéops, pour des raisons évidentes, mais ils ne jouissaient d’aucun avantages particuliers aux jeux de hasard : supposez qu’un bloc de roulette ait été mal suspendu, ce qui causait  son mauvais fonctionnement, qui variait de manière stricte. Compte tenu du rapport suffisamment important, un hypothésiste pouvait facilement classer des probabilités des tours successifs et monter son dossier, alors que pour tout un chacun, il aurait fallu toute une vie consacrée aux tables de jeux.
  Commercialement, les hypothésistes pouvaient servir à spéculer sur les futures conditions du marché, le prix des produits, tirer des différentes tactiques économiques et susceptibles de modifier la consommation des planètes et des populations.

Les rangs majeurs
  Les trois rangs supérieurs des Mentats furent ajoutés 17 ans après qu’Albans ait présenté pour la première fois son hypothésiste au monde entier. Deux facteurs influencèrent sa décision d’élargir la formation de base. Les premiers hypothésistes partirent à la CHOM, mais Albans se rendit compte que ses diplômés pouvaient être remarquablement utiles aux gouvernements, mais pas seulement pour les tâches de bureau, que pouvaient remplir les rangs inférieurs. Des gouverneurs planétaires, responsables de Maisons, généraux et politiciens, tous pouvaient accueillir des conseillers fiables, objectifs, loyaux, discrets et précis. Les rangs inférieurs des Mentats ne pouvaient pas répondre à ce besoin. Le deuxième facteur était que Grodon Orpar Playt III (1186-1272), l’ex-directeur de la CHOM avait rejoint l’Ordre et voulait réviser le Manuel du Mentat pour y inclure trois échelons supérieurs, les généralistes, simulationnistes et conseillers. Le manuel de Playt resta pratiquement inchangé durant toute l’histoire de l’Ordre des Mentats.

-          Généraliste :
  Si les processeurs semblaient innocents et réceptifs, les généralistes semblaient hautains et pédants. Ils surpassaient largement la naïveté des ordres mineurs en « amenant un solide bon sens dans les prises de décision », mais cette prise de conscience s’accompagnait « d’une large vision de ce qui se passe dans son univers » (et note le relativisme de « l’univers »), le généraliste risquait de se croire supérieur grâce à ses connaissances encyclopédiques.
  Les généralistes étaient censés posséder de larges connaissances, précises au moins à 94,75% de tout ce qui se passait dans « leur univers » ; cette connaissance se combinait à la confiance que donnait la formation de Mentat, conduisait beaucoup de généralistes à ennuyer leurs camarades avec un sens exagéré de leur propre supériorité. Le Manuel avertissait que les principes d’expertise pouvaient changer, que personne ne pouvait cataloguer toute la connaissance, et que le généraliste faisait lui-même partie de l’ensemble des phénomènes à connaître. Mais même avec ces réserves, les généralistes étaient des personnes avec qui il était difficile de travailler.

-          Simulationniste :
  Ces Mentats libéraient leur raisonnement de la dépendance à l’égard des absolus et pouvaient corriger les hypothèses cachées par les interférences causées par autrui, ils pouvaient prétendre au titre de simulationniste. Ce spécialiste de la simulation concevait et proposait des marchés alternatifs en détail, des lignes de conduites et des explications des événements. La stratégie économique, politique et militaire dépendait largement du déploiement des options par le simulationniste : un bon pouvait facilement offrir à son maître jusqu’à 10 lignes de conduite, et qui plus est, déduire des douzaines de conséquences possibles qui pouvaient en découler, altérer, combiner ou se dégager de ces cours. Le simulationniste voyait chaque être humain comme un ensemble de modèles de comportement prêts à être orchestrés.

-          Conseiller :
  Un seul novice sur vingt atteignait ce sixième rang convoité. Qualifié en sagesse et en diplomatie, il possédait les capacités de tous les rangs inférieurs, en ajoutant sophistication et compréhension, un conseiller était égal en prix et en valeur à une légion de sardaukars ou à un bloc d’actions de la CHOM. Les conseillers, prévus pour le long terme, pouvaient négocier des questions délicates, et jugeaient des questions de vie et de mort. Régulièrement, un maréchal, un gouverneur planétaire ou un directeur de la CHOM s’entretenaient avec un conseiller avant de prendre des mesures clés. On pensait qu’un conseiller-mentat pouvait être en mesure de transformer un dirigeant médiocre en un commandant respecté et un dirigeant très moyen en un Empereur potentiel. Avant les années 9000, aucune Grande Maison ne pouvait se passer d’un conseiller-mentat, la mort de ce dernier était souvent désastreuse pour les finances de la Maison : il fallait plusieurs années avant de pouvoir le remplacer de manière adéquat, car il fallait qu’il soit formé, acheté, informé, avant de pouvoir être efficace. Non seulement les conseillers n’étaient parfois pas disponibles, mais les listes d’attente étaient longues et les enchères pouvaient être astronomiques, ce qui pouvait encore retarder leur remplacement.



[1] Gilbertus Albans, Le Manuel du Mentat, Playt Rev O.G., tr Dale, préfet Mara (1252 ; Enfin : Misaïque), p. 46.

dimanche 28 août 2016

Mentats, L’histoire de l’Ordre des



Mentats, L’histoire de l’Ordre des
  Fondé en 1234, sous le règne de Mikael I Le Constructeur, par Gilbertus Albans (1192-1294) ; établi à l’origine sur la planète Septimus, plus tard déménagé sur Tleilax (1246) ; développé et réorganisé par Grodon Orpar Playt (1186-1272), supprimé par Leto II en 11745.
  Gilbertus Albans, un philosophe et logicien septimien, conçut un programme de recherches poussées par un matin de printemps de 1231, lors d’une lecture sur le jihad butlérien, pendant ses loisirs. Sa lecture faisait mention que les ordinateurs légendaires avaient été construits par les humains, et il lui semblait peu probable qu’ils puissent posséder des capacités supérieures à celles de l’esprit humain. Au cours des années suivantes, il conçut un plan d’étude pour la production d’ordinateurs humains, qu’il nomma « Mentats », et il recruta des étudiants pour ce programme. L’Ordre débuta sur Septimus, il se composait de trois rangs d’adeptes : les mémoriseurs, les processeurs et les hypothésistes. Bien que souvent en difficultés financières à cause de son Ordre naissant, Albans refusa de permettre à ses Mentats de servir, jusqu’à ce qu’ils soient passé par les trois rangs. Mais il autorisa ceux qui étaient encore en formation à faire connaître les capacités des Mentats, et cette pratique conduisit à la délocalisation de la Maison de l’Ordre.
  Parmi les trois rangs, les processeurs étaient les plus vulnérables. Leur formation soulignait l’acceptation inconditionnelle de la direction d’autrui, et ils étaient donc totalement dépendants de la bonne volonté de ceux qui les entouraient. Dans la maison de formation, ils étaient en sécurité sous la garde de l’Ordre jusqu’à ce qu’ils atteignent au troisième rang, dans une sécurité relative, l’hypothésiste.
  Un tragique accident sur Septimus conduisit presque l’Ordre en disgrâce. Albans menait ses jeunes stagiaires dans différentes villes, de temps à autres, présentant leurs compétences afin d’obtenir un soutien pour son programme. Pour une telle occasion, un groupe de cinq processeurs fut séparé de la partie principale. Conformément aux instructions d’Albans, ils devaient attendre au stade sportif de la ville, le groupe demanda à un passant comment trouver le stade. Il dit : « Il suffit de les suivre, eux – ils sont sur le chemin en direction du stade », et il désigna un groupe de gladiateurs. Les processeurs marchèrent dans leurs pas, les suivirent dans l’arène et furent tués dans la mêlée du programme de la journée. Il y avait des histoires similaires qui circulaient, de processeurs enlevés (une tache pas très difficile) pour servir d’attraction curieuse lors du carnaval. Albans vit que, au pire, l’Ordre risquait la destruction, et au mieux, le ridicule public. Il décida donc, avec la Guilde, de déménager sur Tleilax. Moyennant un pourcentage sur les profits, les tleilaxu acceptèrent de leur fournir une protection militaire, l’association qui commença, devait avoir des conséquences regrettables des siècles plus tard.
  Une fois qu’Albans fut en mesure de former un nombre suffisant d’Hypothésistes dans l’isolement de Tleilax, il commença une campagne efficace pour convaincre les administrateurs et les gestionnaires de la CHOM, de la valeur extraordinaire des Mentats. Aussi fructueux qu’était son programme, ses méthodes de formation étaient tellement secrètes, que pendant des siècles, l’Ordre put s’enrichir. Ses protecteurs tleilaxu s’enrichissaient également, et certains spéculèrent que la richesse qu’ils accumulèrent durant les premières années avait pu servir d’investissement pour leur programme d’ingénierie biogénétique. D’autres pensaient que le succès et le secret de l’Ordre des Mentats avaient poussé les tleilaxu avides à essayer de produire des Mentats par d’autres moyens.

Grodon Orpar Playt III
  Auteur, statisticien et parfois théoricien militaire ; il prit sa retraite de gouverneur de Stormstile et accepta un mandat d’administrateur de la CHOM. C’est pendant son service en cette qualité, qu’il entendit parler des travaux d’Albans et qu’il rencontra personnellement plusieurs Mentats. A l’expiration de son mandat de directeur, il prit contact avec l’Ordre ; comme l’indique sa carrière, il possédait une prodigieuse intelligence et il termina le programme d’entrainement des Mentats en trois mois. Sa valeur était évidente pour Albans, qui se laissa convaincre par Playt d’étendre le programme pour répondre aux besoins des chefs de gouvernements. Playt proposa trois rangs supérieurs, les généralistes, les simulationnistes et les conseillers, et étendit le programme de formation pour accueillir de nouveaux grades dans une révision approfondie du Manuel des Mentats d’Albans. Cette révision demeura presque inchangée dans les millénaires qui suivirent.

La croissance de l’Ordre
  L’Ordre grandit, lentement au début, mais de plus en plus rapidement lorsque les dirigeants de la CHOM réalisèrent la valeur des Mentats. Leur discipline rigoureuse, l’engagement à la logique et l’évitement des émotions, prévoyaient une expansion pacifique et ordonnée de l’Ordre. En 1625, la Maison de l’Ordre des Mentats atteignit sa taille optimale, qui avait été prévue avec précision par Albans :

Les postulants
-          Nourrissons et tout petits : 225
-          Enfants de 3 à 6 ans : 440
-          Enfants de 7 à 10 ans : 400
-          Enfants de 11 à 13 ans : 280

Les candidats
-          14 ans : 90

Les demandeurs
-          15 ans : 80

Les mineurs ordinaires
-          Mémoriseurs : 60
-          Processeurs : 55
-          Hypothésistes : 50

Les majeurs ordinaires
-          Généralistes : 10
-          Simulationnistes : 6
-          Conseillers : 4

  L’Ordre était également bien épaulé par les 1700 personnes de la Maison et un personnel de terrain de 200 auxiliaires, les Amis de l’Ordre des Mentats.

Les défis de l’Ordre
  Au fil des siècles, la portée du programme de formation ne changea que légèrement. Mais cette stabilité se modifia au cours de la croissance économique sans précédent de l’imperium, en particulier sous Avelard II (qui régna de 1624 à 1647). Sous la pression politique importante, Avelard fut à un cheveu d’envoyer des troupes sur Tleilax pour forcer l’Ordre à élargir son programme de formation. Proctor Makarfo Bonn résista aux demandes d’augmenter la taille, le rythme ou la qualité des efforts de formation de l’Ordre et, enfin réussit à convaincre Avelard que ni l’Imperium, ni la CHOM, ni même le Landsraad ne gagneraient en diluant la formation des Mentats. Les tleilaxu réclamèrent un crédit en contrepartie de la patience d’Avelard, ils menaçaient de rendre publique l’information qu’ils avaient été prêts à résister à une force d’invasion ; cette réclamation rencontra un scepticisme unanime, en considérant que, d’une part il y avait les forces sardaukars et celles du Landsraad, et de l’autre les tleilaxu.
  L’Ordre fit face à des problèmes importants avec les radicaux néo-butlériens qui apparaissaient sous la forme de fanatiques et qui émergeaient tout au long des siècles. Parmi les plus violents, on trouvait les gauchistes pularsaniens, qui considéraient les Mentats comme des traîtres qui avaient transformé leurs esprits en machines biologiques. La terreur  des pularsaniens était dirigée contre les Mentats individuels, cependant l’assassinat – la force et non la masse – était leur tactique favorite.
  Le Tleilax ne pouvait pas garantir la sécurité des Mentats qui étaient dispersés sur quelques deux mille mondes ; la nécessité de défendre les Mentats avait conduit à introduire les arts martiaux dans la formation des Mentats. L’école des Maîtres d’Escrime de Ginaz, par exemple, dispensa une formation aux Mentats du rang de conseillers, contribuant ainsi à créer la spécialisation de mentat-assassin. Au dixième millénaire, le mentat-assassin – Thufir Hawat de la Maison Atréides ou Piter de Vries de la Maison Harkonnen – était une condition sine qua non pour une Grande Maison avec des aspirations élevées.
  D’autres spécialisations apparurent à cette époque, à la croisée de puissantes forces politiques : le ghola Duncan Idaho, présenté à Muad’Dib par le Tleilax, était un mentat philosophe Zensunni. L’auteur de l’ouvrage de référence sur l’histoire de l’Ordre, Dondar Kooreeg estima que la formation de mentat chez le ghola fut cruciale quand il recouvra sa personnalité pré-ghola, quelque chose de sans précédent.
  Les problèmes vraiment regrettables dans la spécialisation des Mentats étaient l’absence de lien entre la formation mentat et les programmes de la Guilde ou du Bene Gesserit. Toutes (et beaucoup apparurent) étaient entretenues avec hostilité.

Le déclin de l’Ordre
  Les tleilaxu  pouvaient se féliciter de l’expérience mentat, ils se vantaient au travers des expériences de mutation contrôlée, ils avaient combiné la capacité des Mentats avec des réalisations spécifiquement adaptées (ou des perversions) de leur propre cru. Le résultat fut le notoire programme de Mentats-assassins (PMA).
  Le fondateur de l’Ordre lui-même, Albans, avait mis en garde contre le fait de combiner la formation mentat avec toute forme de spécialisation, mais au fil des millénaires, ces mises en garde furent oubliées, la plus désastreuse fut celle de Proctor Hiebines XI, en 10054. Il avait conclu un accord avec le Tleilax pour répandre le bruit qu’un quatrième rang de mentat serait créé pour des expériences visant à réaliser une infrastructure génétique sur laquelle on pourrait appliquer un programme de formation simplifié. Bien que le plan fût vendu à Hiebines avec un faible risque pouvant diminuer la qualité des Mentats, son résultat final visait la destruction de l’Ordre. Le Tleilax obtint l’accès au programme secret des Mentats, mais les produits furent de complets échecs – rebelles contre leurs maîtres, déloyaux envers l’Ordre et coupables d’affreuses erreurs de calcul. Les Mentats tleilaxu étaient plus mauvais qu’utiles, causant du tort à la réputation de l’Ordre, et on se méfiait même des Mentats fiables. De cette catastrophe naquit la crainte des « Mentats-tordus ».
  L’Ordre des Mentats ne retrouva jamais son ancien prestige, mais il garda encore un respect limité dans certains secteurs, et ce jusqu’au règne de Leto II. Pendant les mille premières années du règne de cet Empereur, les Truitesses et les administrateurs planétaires doutèrent systématiquement des Mentats promus. Ce programme, couplé avec la poigne de plastacier de la politique de Leto conduisirent à un moindre besoin de mentat et à une grande défiance publique.
  Le but de Leto était une destruction lente de l’Ordre, en commençant par l’affaiblir progressivement : ses nombreux Duncan furent accusés de servir tous les conseiller-Mentats connus ; les Mentats de rang inférieur devaient s’inscrire auprès des gouvernements planétaires et obtenir une autorisation spéciale pour voyager entre les planètes ; la Guilde Spatiale (craignant la perte de son allocation d’épice) refusait même les demandes raisonnables des Mentats. Ce harcèlement atteignit son apogée avec le fameux rapport d’Odaho-11736, qui accusait l’Ordre d’être responsable de la catastrophe qui s’abattit sur plusieurs Grandes Maisons à la fin de la dynastie Corrino. Cette accusation, soigneusement orchestrée déclencha l’horreur et Leto interdit la formation des Mentats en 11745. Au cours des quatre-vingt-dix années suivantes, tous les Mentats connus, y compris ceux en formation probatoire, moururent, et les Truitesses scellèrent la Maison de l’Ordre vide de Tleilax pendant 200 ans.
  La Maison fut rouverte plus tard, comme musée, mais Leto n’étendit pas la tolérance qu’il avait accordée aux Fremen de Musée pour l’établissement d’un musée mentat. Cependant, lorsque le public fut autorisé à accéder à la maison, aucun papier, manuel ou guide pédagogique ne fut trouvé parmi les dossiers. A ce jour, le seul matériau mentat retrouvé, dans le Trésor de Rakis, est une transcription partielle d’une copie, abîmée, du Manuel des Mentats. Il reste possible, mais cela n’a jamais été confirmé ou nié, que le Bene Gesserit ait volé le Matériel manquant pour l’intégrer à leur propre programme de formation mentat.
  Par une ironie de l’histoire, Leto II fut, à un moment, contraint de demander de l’aide à la Révérende Mère Tertius Eileen Anteac qui, contrairement à l’ordre de Leto, avait été accusée d’être un conseiller mentat entièrement formé. Dans la dernière année de sa vie, Leto demanda à Anteac d’entreprendre un voyage sur la planète Ix. Elle y mourut sans signaler à sa Maison-mère la nature ou le résultat de cette mission. L’ironie est double si, en effet Anteac, une femme, était le dernier des Mentats. P.P.

Autres références :
-          Mentats, L’organisation des ;
-          Thufir Hawat ;
-          Piter de Vries ;
-          Dondar Kooreeg, Grandeur et décadence de l’Ordre des Mentats, 2 v. (Centralia : Johun University Press).