jeudi 24 novembre 2016

Mémoires Volés, Les



Mémoires Volés, Les
  Deux volumes du Journal de Leto, volé à la Citadelle en 13712 par Siona Ibn Fuad al-Seyefa Atréides.
  Pendant près de deux millénaires, ces volumes avaient fourni les seules données autobiographiques disponibles sur l’Empereur-Dieu Leto II.
  Leur vol par Siona, fille de Moneo Atréides, fut un exploit audacieux ; personne n’avait jamais réussi à passer les défenses de la citadelle et s’en était échappé vivant. Mais le prix qu’elle et ses compagnons avaient payé pour voler ces Mémoires et les plans de la citadelle furent élevé. Des dix rebelles, seule Siona survécu. Les autres furent tués par les patrouilles de loup-H de Leto, avant qu’ils ne parviennent à traverser le fleuve Idaho pour se mettre en sécurité. La seule satisfaction, amère, qu’eurent chacun d’eux avant de mourir : chacun avait reçu une injection de nyilatin, un médicament inoffensif pour les humains, mais considéré comme toxique pour les loup-H qui étaient hautement consanguins. Si l’un d’entre eux tombait aux mains des animaux, il pourrait au moins réduire la meute, et les autres poursuivraient. Seule Siona pu découvrir que cela avait fonctionné, et seulement par déduction, pas par une observation directe.
  Les rebelles crurent qu’ils avaient trouvé les livres par hasard. Mais maintenant que l’on sait que Nayla, une des confidentes les plus intimes de Siona, était en fait un agent de Leto, cela semble peu probable. Nayla avait sans doute informé son maître que les rebelles voulaient s’infiltrer dans la Citadelle et voler une copie de ses plans pour une utilisation ultérieure. Mais avec ces cristaux riduliens, Leto n’avait pas besoin des copies sur plastivellum, moins durables. Le plastivellum, plus léger que les copies sur papier classique, était plusieurs fois plus lourdes que les originaux sur cristal, et le facteur poids suggèrent une autre théorie. 
  Est-ce que Leto aurait pu mettre les volumes près des plans de la Citadelle, sachant que Siona et son groupe avaient l’intention de les voler ? Bon nombre de références à Siona, dans les autres volumes, indiquent qu’il la testait constamment, généralement sans qu’elle n’en ait eu connaissance. Comme il savait ce qui pouvait arriver, il aurait pu voir l’entreprise comme un test d’un autre genre : son exécution lui aurait montré le genre de leader que Siona pouvait être appelée à devenir. Pouvait-elle inspirer ses compagnons pour qu’ils la suivent dans ce qui était, à coup sûr, une mission suicide ; pouvait-elle amener le groupe à traverser les défenses et revenir ; pouvait-elle reconnaître les Journaux codés comme des éléments tout aussi importants que les plans qu’elle avait entrepris de voler ? (Il importe peu de savoir si Siona réalisa ce que les volumes étaient ou non, ce qui importe était sa volonté de vouloir emporter ce poids supplémentaire).
  En plus du test de Siona, Leto n’avait-il pas envie que les Journaux soient volés et décodés ? Il est bien connu qu’il craignait que ses actes ne soient mal compris dans les temps à venir, à moins qu’il ne s’arrange pour faire des révélations. Son discours avec Sainte Sœur Quintinius Violet Chenoeh, enregistré dans les documents du Bene Gesserit, et rendus publiques après sa mort, fut une tentative de révéler ses intentions à ses sujets. Ce vol de deux de ses Mémoires aurait bien pu être une seconde révélation.
  Dans les quelques semaines qui suivirent le raid de la Citadelle, Siona s’arrangea pour faire des copies des exemplaires des livres volés, et les envoya à l’école du Bene Gesserit sur Wallach IX, au Haut Commandement de la Guilde Spatiale (via son représentant sur Arrakis), et aux Inquisiteurs d’Ix. Chaque groupe devait tenter de les traduire, et tous les résultats devaient être communiqués à Siona ; leur coopération montrait le sérieux avec lequel ils considéraient l’effort. Les rebelles pensaient que les ixiens troueraient les premiers la clé pour décoder l’algorithme. Après tout, ils avaient non seulement fourni le papier, mais aussi le dictatel avec lequel Leto avait écrit – cela ressemblait à une longueur d’avance, en quelque sorte. Mais la Guilde aborda le problème sous un autre angle que les ixiens, selon une mécanique de l’esprit, et elle perça le code de l’Empereur-Dieu.
  Siona reçu la première la clé unique de la Guilde, et une copie traduite. Après une étude attentive de la clé et de la traduction, elle fut assez curieuse pour se demander comment le code complexe avait été résolu. La réponse – donnée après l’autorisation de Haut Commandement de la Guilde – impressionna même la plus zélée Siona, quant à l’importance que la Guilde avait montrée pour résoudre ce problème. Pour réussir cet exploit, ils avaient utilisé une grande partie de leur précieux trésor : le mélange. Le timonier le plus sensible, disponible, avait reçu une dose d’épice équivalente à celle nécessaire pour piloter une douzaine de long-courriers. Puis on lui dit ce que l’on exigeait de lui et on le laissa seul avec les Mémoires Volés.
  La clé fut trouvée dans la journée. Le navigateur, habitué à utiliser du mélange pour la prescience qui lui permettait de choisir la meilleure voie pour le vaisseau, consacra ce même pouvoir pour trouver la vraie solution au code de l’algorithme. Les deux problèmes étaient plus proches qu’on aurait pu le prévoir, parce que Leto utilisait un code avec plusieurs solutions, mais un seul – celui enregistré dans la clé – déchiffrait les deux volumes, complètement et de manière cohérente.
  En 13730, six ans après l’assassinat de Leto, Siona s’arrangea pour que soient publiés un abrégé des Mémoires Volés. Cette version standard, depuis des siècles, manquait de tout sauf de passages introspectifs des plus sauvages, axés sur la violence qui, souvent, servaient à la Paix de Leto. Une histoire de soumission qui produisait son effet en souhaitant créer chez les lecteurs une colère insupportable contre le monstre inhumain qui avait dominé si longtemps. L’une des prophéties les plus fréquentes de Leto – dont on se souviendra pendant de nombreuses générations comme shaitan – fut alimentée par les Mémoires Volés combinés avec l’Histoire Orale, pour donner un semblant d’humanité au portrait de l’Empereur-Dieu comme un manipulateur sans cœur. C.W.

Autres références :
-          Atréides, Leto II, Mémoires ;
-          Atréides, Siona ;
-          Radi Kharban-Atréides, Les Livres Saints du Dieu Fractionné, éd. Kwin Shandal (Diana : synonyme).


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