Stilgar Ben Fifrawi (10141-10228)
Plus généralement appelé le
« Fremen », Stilgar ou le naib Stilgar, mais dans sa jeunesse il
était un wali du sietch Umbu, connu sous son nom de naissance, Tuan. Il faut
attendre 10153, quand il devint un cavalier des sables et qu’il accompagne un
groupe de jeunes gens dans un raid contre un village Harkonnen, là il acquit le
nom par lequel il fut connu. (Son nom de troupe, utilisé uniquement par ses
camarades du sietch Umbu, semble avoir été Sahkan – le nom fremen d’un type de
buse du désert – mais ce point est difficile à vérifier. Les éléments de
preuves trouvés jusqu’ici se composent d’une allusion faite par un homme de ce
sietch qui accompagna Stilgar dans le jihad).
Stilgar quitta Umbu en 10157, quand Pardo
Kynes demanda que de la main-d’œuvre l’accompagne dans les récentes palmeraies
pour l’aider à planter des herbes pour maintenir les dunes. Le jeune fremen
démontra une capacité à gérer un groupe
de travailleurs et Kynes lui délégua autant de travail qu’il pouvait
gérer. Kynes fut tellement impressionné par ce nouveau travailleur qu’il prit
sur lui de rentrer au sietch Tabr avec lui comme assistant, lorsqu’il revint en
10158.
Stilgar se fondit rapidement dans la
structure sociale de son nouveau sietch, il ne fut remis en question qu’une
seule fois par une tête brûlée qui voyait sa proximité avec l’Umma Kynes comme
une menace possible à sa propre réputation. Après la victoire de Stilgar contre
Forad, qu’il tua – le naib et chef du sietch – il fut accueilli dans la tribu
en ayant montré à tous les autres prétendus combattants que le nouveau venu
avait prouvé son droit de se joindre à eux. La place de Stilgar au sietch Tabr
avait, en outre, été ancré lorsque Pardot Kynes s’arrangea pour créer une
fraternité de sang entre Stilgar et le jeune Liet-Kynes, un an plus tard.
Durant ses premières dix-sept années à Tabr,
Stilgar suivit le schéma habituel des hommes fremen : il travailla dans
les plantations, combattit les Harkonnen et leurs alliés, et il rencontra les
autres hommes du sietch en combat au couteau où ils pouvaient se comparer et
être évalués par leurs pairs.
Il rencontra souvent de bons amis lors de la
pratique de ces combats, Stilgar ne trouvait rien d’incongru en cela, comme
aucun autre fremen. La burda (direction) d’un sietch passait d’un homme à
l’autre par le défi et un combat à mort, alors il était préférable de savoir
comment ses amis se battaient. La pratique avait le double but d’instruire les
prétendants dans la façon de gagner et de convaincre les improbables
prétendants à ne pas proposer de défi, tout en gardant les jeunes affutés pour
conserver leurs compétences au corps à corps.
Stilgar se maria deux fois au cours de cette
période, en 10160 avec Misra, et en 10168 avec Tharthar, deux femmes du sietch
Tabr. Son premier fils, Alir, naquit en 10165 ; Misra eut aussi une fille
(mort-née) en 10169, tandis que Tharthar donna naissance en 10170 à une fille
vivante, Kala.
En 10175, la positon de Stilgar changea. La
mort de Pardot Kynes, dans l’effondrement du Bassin de Plâtre, laissa
Liet-Kynes, âgé de 19 ans, prendre en charge la direction des tribus. Cet
accident fut le signa pour plusieurs sietchs – Tabr parmi eux – de réexaminer
leurs dirigeants. Les plus vieux naibs comme Forad, furent considérés comme des
reliques de l’époque d’avant Kynes, avantageusement remplacés par des hommes
plus jeunes, chez qui les rêves et les idéaux de l’umma avaient été inculqué
depuis la naissance. Stilgar vint à bout de Forad sans surprise, quelques
semaines après la mort de Pardot Kynes, il avait déjà prouvé à plusieurs
reprises qu’il était le meilleur combattant de son groupe. Personne au sietch
Tabr ne fut surpris de la victoire de Stilgar contre un homme vieux et lent.
Ce qui surpris la communauté fremen arriva en
temps voulu et sans préavis, de Liet-Kynes, lorsqu’il chevaucha le ver des
sables, seulement quelques minutes après que les rumeurs emportent le corps de
Forad. Misra, qui enroulait un pansement autour de la plaie de Stilgar, qui
avait reçut un coup au côté droit lors du combat, suspendit son geste, et le
sietch retint collectivement son souffle, en attendant de voir si Liet Kynes
allait alors désavouer son frère de sang.*
*Une telle
contestation aurait pu être faite pat Liet Kynes s’il avait pu prouver que
Stilgar avait causé un préjudice intentionnel à sa tribu en tuant Forad.
Le nouveau naib, encore vidé par l’effort du
combat, était attendu. Alors qu’il n’avait en rien trahi ses sentiments,
Stilgar décrivit plus tard l’instant comme « plus redoutable que face à
une légion d’autres hommes seuls… J’étais terrifié que mon frère ne m’appelle,
le ne sais pas si c’était la peur de tuer ou d’être tué ».[1]
L’agonie fut heureusement brève, se terminant
lorsque Liet Kynes se précipita sur la zone du combat et embrassa le nouveau
leader. Après avoir félicité Stilgar pour sa victoire et s’être ssuré qu’il
pouvait tenir la barre, Liet Kynes demanda la permission de s’adresser à la
troupe. Cela lui fut immédiatement accordé, et il expliqua à l’assemblée réunie
qu’il avait obtenue le poste de son père comme planétologiste Impérial et que
le travail que Pardot Kynes avait commencé dans les palmeraies se poursuivrait.
Le discours fut court mais efficace :
Liet Kynes indiqua clairement, en termes fremen qui pouvait être acceptés,
qu’il reprenait le rôle de son père comme leur chef ; que la direction
individuelle des sietchs restait identique, telle qu’elle l’avait été sous le
plus âgé des Kynes ; et que la transformation écologique ne serait pas
interrompue par la mort de quiconque, même de son auteur.
Le sietch Tabr prospéra sous la direction du
nouveau naib. Stilgar mena une douzaine de raids réussi contre les Harkonnen
durant sa première année comme chef, tous avec des pertes minimes. Plus
prévoyant que son prédécesseur, il fit des plans pour un agrandissement
progressif de la grotte tribale, en ajoutant une plus grande usine de tissage,
des salles de classe supplémentaires, à cause du nombre croissant des enfants
du sietch (avec de nouveaux pièges à vent et un bassin plus grand, comme
l’exigeait l’ensemble de la population).
En 10176, Liet Kynes retourna à Tabr pour une
visite de plusieurs mois. C’est à cette époque qu’il épousa Falra, une femme de
Tabr avec qui il avait grandi, selon le rite fremen et avec Stilgar comme
officiant. Vers la fin de l’année suivante, lorsque Chani, la fille du couple
naquit, Stilgar et Misra furent choisit comme parrain et marraine de l’enfant,
ils s’engagèrent à l’élever comme leur propre enfant au cas où ses parents
seraient dans l’incapacité de le faire.
Cette responsabilité leur incomba brusquement
en 10180 lorsque Falra fut blessée dans un éboulement et mourut avant que les
secours puissent lui venir en aide. Liet Kynes n’étant que rarement au sietch,
et parce qu’il était indispensable au plan des fremen que ses liens avec eux
n’attirent pas l’attention, la jeune Chani entra dans le ménage de Stilgar.
Misra et Tharthar adoptèrent immédiatement l’enfant et l’élevèrent avec leurs
propres enfants – à l’instar de la troisième épouse de Stilgar, Kalifi, qu’il
épousa en 10185 (après avoir défendu sa burda contre son plus ancien compagnon,
Jesal, en 10184.
Comme le reste de son peuple, Stilgar salua
le transfert du fief d’Arrakis à la Maison Atréides (10190) avec un optimisme
prudent. Certes, les nouveaux dirigeants étaient des hors-monde, comme les
bêtes Harkonnen, mais des histoires réconfortantes sur le caractère de la
Maison avaient précédé leur arrivée. Le fremen décida d’attendre pour voir si les
contes étaient réels, avant de juger les nouveaux arrivants.
En ce qui concerne Stilgar, la première
preuve vint en la personne de Duncan Idaho, la Maître d’arme du Duc Leto
Atréides. Idaho fut envoyé au sietch Tabr comme représentant de Leto, il était
chargé d’entrer en contact avec les fremen et devait s’assurer que les abus
qu’ils avaient subis pendant le règne des Harkonnen soient désormais levés. Au
cours de son séjour au sietch, Idaho adopta les coutumes fremen sans
interrogation et il se comporta honorablement. Après son départ pour retourner
auprès de son Duc, le fremen entendit parler d’un complot visant à envoyer des
mercenaires Harkonnen, déguisés comme le peuple du désert, contre les
At2ides ; à cause de l’impression favorable qu’Idaho avait laissé, Stilgar
envoya un courrier avec un avertissement, suivit, peu de temps après, par un
groupe d’hommes désireux de voir à quel niveau se situaient les nouveaux
guerriers.
Le courrier fut intercepté en cours de route
par les pseudo-fremen et fut grièvement blessé. Les Harkonnen attaquèrent Idaho
et ses hommes, mais furent repoussés, beaucoup furent tués et les survivants
furent fait prisonniers. Idaho trouva le courrier et l’emmena auprès du medic
de sa Maison, mais l’homme mourut. Il emmena le corps au quartier général des
Atréides avec l’intention de l’enterrer, mais il fut surpris que Stilgar et ses
hommes – qui l’avaient rejoint sur la fin de la bataille – ne réclament pas que
le cadavre (contenant l’eau appartenant à leur tribu) leur soit rendu.
Les raisons de Stilgar, pour accompagner
Idaho, étaient triples : il souhaitait apprendre comment avait fait
l’homme pour qu’Idaho le serve aussi loyalement ; il était curieux de
savoir comment l’Atréides traiterait le corps du courrier mort, Turok (les Harkonnen,
cela était connu, ne montraient aucun respect pour les fremen morts, ils ne
prenaient même pas leur eau) ; et, plus important, il était obligé de voir
ce qu’Idaho ferait du kris de Turok, il avait surpris le fremen mourant en
train de le jeter.
Pour toutes les questions, le fremen fut
satisfait. Après avoir interdit à Idaho de tirer le kris devant les autres
hommes Atréides (et ainsi « profaner », aux yeux de Stilgar, une
« lame honorable »), il constata que le Duc Leto, non seulement
refusa d’être provoqué par cet empiètement sur son autorité, mais accéda à sa
demande. Quand le Duc ajouta que les Atréides avaient coutume de toujours payer
leurs dettes et qu’il demanda s’il y avait une autre façon d’honorer l’homme
qui était mort à son service, Stilgar fut assez impressionner par le
comportement du nouveau souverain pour lui accorder le fai ou l’hommage de
l’eau : il cracha sur la table devant Leto. La réaction de colère des
serviteurs Atréides – qui ne savaient pas combien Stilgar avait honoré Leto –
fut détournée par Idaho qui leur rappela combien l’eau était précieuse pour les
fremen, il remercia Stilgar pour son don et répéta le geste lui-même.
Stilgar demanda ensuite qu’Idaho soit libéré
du service du Duc et rejoigne sa tribu. Leto, qui avait désespérément besoin
d’un émissaire auprès des gens du désert, offrit une double allégeance, que
Stigar accepta. L’eau de Turaok serait l’eau des Atréides en échange équitable
de l’eau de Duncan Idaho, et Stilgar laissa le cadavre avec les Atréides, assuré
qu’il serait traité avec respect et son esprit libéré, puis il emmena Idaho
dans le désert avec lui.
En 10191, suite à l’attaque des
Harkonnen/Sardaukar contre les Atréides, Stilgar reçut un ordre urgent de Liet
Kynes. Le Duc était mort et sa concubine, Dame Jessica, s’était échappée avec
leur fils Paul, dans le désert ; Duncan Idaho – qui était revenu vers son
Duc dès les premiers signes de détresse, donna sa vie pour permettre cette
évasion (la vie de Liet Kynes serait une autre part, bien que Stilgar n’ait pu
le savoir à l’époque). Stilgar dû sortir avec un groupe du sietch Tabr pour les
retrouver.
En vrai fremen qu’il était, Liet Kynes ne
pouvait exiger que Stilgar sauve la mère et le fils. Si l’un ou l’autre ne
semblaient pas aptes à survivre parmi les fremen, il revenait à Stilgar le soin
de prendre les mesures appropriées pour le bien de la tribu. Toutefois, la
décision devait être prise après une tentative d’honorer la demande.
De sa première rencontre avec Jessica et
Paul, Stilgar se sentit tiré dans un monde plus grand que celui qu’il
connaissait, un environnement où légende et réalité se mêlaient
inextricablement – et comme les événements qui suivirent – l’acceptation des
étrangers au sietch Tabr, les progrès incessants de Paul dans la divination, la
formation des fedaykins, les commandos de la mort qui s’appelaient eux-même
« les combattants de Muad’Dib – Stilgar sentit les anciennes manières
fremen se déverser comme le sable, de plus en plus vite sous ses pieds.
Un changement radical était inévitable. Il
survint en 10193, lorsque les jeunes hommes, qui avaient effectués des raids
contre les Harkonnen avec Muad’Dib, insistèrent pour qu’il défie Stilgar pour
prendre sa burda. Cela donnait la mesure de la confiance qu’ils avaient en leur
Mahdi (« celui qui nous conduira au Paradis »), les jeunes sangs
étaient désireux de l’opposer à leur naib au pouvoir. Stilgar ne serait pas un
homme facile pour n’importe quel challenger qui voudra le défier, comme
l’indique une description de lui à cette période :
« Stilgar était un homme grand, bien plus
de deux mètres – il ressemblait à une tour par rapport à ses frères. Dans les
histoires de ses succès au combat, certaines d’entre elles sont chères, comme
en témoignent les cicatrices anciennes et nouvelles qui couvraient une grande
partie de son corps. Il possédait, dans une large mesure, le tempérament
mercuriel caractéristique des fremen : il pouvait tout à la fois consoler
un enfant blessé aussi tendrement qu’une femme de son sietch, et être impitoyable
pour faire couler le sang de l’ennemi avec son kris[2].
Le
jeune Atréides, Dame Jessica et Stilgar devinèrent dans l’instant qu’une telle
rencontre serait forcée. En ce moment difficile pour Stilgar, Paul se proclama
Duc d’Arrakis et demanda au naib – devant la foule de jeunes hommes
soudainement agités – de lui jurer allégeance et de gouverner le sietch Tabr au
nom de son Duc.
Le
plan du trio se déroula avec succès : le nouveau Duc eut une troupe
unifiée et les services d’un commandant habile et expérimenté, et Stilgar
conserva sa burda et sa fidélité à Muad’Dib. Ce fut une combinaison qui
s’avéra, peu après, dévastatrice, quand les fremen rencontrèrent et battirent
les Harkonnen et les troupes de Sardaukar, dans la bataille finale d’Arrakis
qui aboutit à l’abdication de Shaddam IV.
Une
des premières actions du nouvel Empereur, fut de nommer Stilgar comme
Gouverneur Planétaire d’Arrakis. Le titre modifia très peu les fonctions du
naib, au moins en nature ; Stilgar quitta le gouvernement des sietchs qui
avaient leurs propres naibs et continua à travailler avec Muad’Dib coimme
seigneur de guerre et conseiller. A l’exception de ces moments où ses services
étaient nécessaires à Arrakeen, Stlgar préférait rester au sietch Tabr avec ses
épouses (alors au nombre de quatre, avec Harah, la servante de Muad’Dib lors de
sa première année avec les fremen, elle se joignit ensuite au ménage du naib).
Il
y avait, bien sûr, certaines choses qui étaient exigées d’un serviteur impérial
auxquelles Stilgar n’aurait jamais eu à faire face dans le désert. Les
intrigues de Cour, la diplomatie interplanétaire et autres, occupaient une
grande partie de son temps – plus ce qu’il prenait en charge – et ses tâches
préférées étaient habituellement de nature militaire (l’Empereur l’envoyait
parfois dans des endroits difficiles ou sensibles pour le Jihad). Bien qu’il
ait eu des désirs simples occasionnels, Stilgar réussit à s’adapter à son
nouveau rôle et assuma ses fonctions avec un minimum de traumatisme personnel
durant les douze premières années du règne des Atréides.
En
10209, le schéma que s’était fixé Stilgar vola en éclat. Après la naissance de
Leto II et Ghanima, et la mort de Chani, Paul Muad’Dib Atréides – deux fois
aveugle, d’abord à cause d’un brûle-pierre, puis à cause d’un changement de sa
vision prémonitoire – alla dans le désert, laissant Stilgar comme tuteur des
enfants, et Alia comme Régente. Selon les ordres de l’aba, le premier devoir
d’un naib devait être d’exécuter le groupe de traîtres, qui avaient contribué à
la chute de Muad’Dib, parmi eux : la Réverende Mère Gaius Helen Mohiam, la
Diseuse de Vérité de l’Empereur Corrino.
La
décennie que passa Stilgar comme tuteur l’avait sévèrement vieilli. Misra
mourut d’une fièvre soudaine en 10211, mettant fin à une vie commune qui avait
durée plus d’un demi-siècle (lors de la cérémonie pour libérer son esprit,
Stigar dit avoir « donné de l’eau aux morts », ce fut la seule fois
dans toute sa vie que le vieux naib fut vu en train de pleurer). La Régence fut
mouvementée, marquée par des révoltes majeures en mineures. Le pire de tout fut
la transformation régulière de la Régente en Abomination ; Alia succomba
au contrôle d’une personnalité ancestrale plus forte qu’elle.
Tous
les fils de l’écheveau furent rassemblés en 10219. Le jeune Leto était supposé
mort, Ghanima et Irulan étaient en danger à cause de la possession d’Alia, et
un élément inconnu comme un Prince Corrino formé par le Bene Gesserit entra en
scène. Au milieu de tout cela, Stilgar se retrouva confronté au consort d’Alia,
le ghola original de Duncan Idaho. Idaho le pressa de prendre Irulan et
Ghanima, et de fuir dans le désert avec elles, faisant valoir que la condition
d’Alia anihilait le serment de fidélité de Stilgar. Le naib écouta mais refusa
de se rebeller contre la femme qu’il avait reconnu comme son liège légitime.
Voyant
que ses arguments ne réussiraient jamais face au tenace fremen, Idaho eut
recours à des mesures désespérées : il provoqua Stilgar, le mettant dans
une rage meurtrière, et se laissa tuer
sans esquisser un geste pour se défendre. Stilgar, après que sa colère
se fut dissipée, réalisa l’énormité de ce qu’il avait fait ; il rassembla
sa famille, tous les compagnons qu étaient disposés à le suivre dans son
voyage, et les femmes Atréides qu’avait protégé Idaho, et parti dans le désert
pour y être en sécurité.
Alia
envoya Buer Agarves négocier avec Stilgar, elle exigeait la restitution comme
prix pour son pardon. Stilgar refusa, comme Alia avait prévu qu’il ferait, mais
cela ne fit aucune différence ; la Régente avait également envoyé une
troupe de soldats pour attaquer le camp de Stilgar, qui captura Irulan et
Ghanima, et dispersa le reste de son peuple.
Son
piège fonctionna parfaitement. La seule satisfaction qu’eut Stilgar, lorsqu’il fut
emmené dans le donjon du Temple d’Alia, fut qu’il avait réussi à tuer Agarves
le traître. Mais même cette vengeance fut une maigre consolation lorsque le
naib comprit qu’Alia avait choisi son émissaire en sachant quel destin
l’attendait.
Enchaîné
et isolé, Stilgar ne fut pas témoin de la confrontation finale entre Leto II et
sa tante – ni ne vit comment Muad’Dib, alors connu comme le Prêcheur, mourut.
Il avait tout d’abord entrevu le nouvel ordre lorsque Leto l’avait libéré, avec
Irulan, en arrachant la porte du donjon hors de ses gonds, et en arrachant
leurs chaînes des murs. Ce fut un premier coup d’œil impressionnant.
Dans
les jours qui suivirent, Stilgar observa, avec les autres naibs, les
compétences que pouvait avoir le nouvel Empereur. Les autres étaient intimidés,
terrifiés et prompts à rendre hommage à leur nouveau souverain ; Stilgar,
en revanche, pleurait pour le fils de Muad’Dib, pour l’honorer. Quelles
horreurs pouvaient voir l’enfant dans ses visions divinatoires, pour accepter
comme devoir une telle transformation terrible ?
Il
pleura aussi pour son peuple. Bien qu’il ne vive pas assez pour le voir,
Stilgar avait entendu la description que Leto avait fait des modifications sur
Arrakis, et il ne voulait pas faire partie de ce nouveau monde. Aucun
ver ? Aucune épice ? Aucun désert sans fin contre lequel le corps et
l’esprit pouvaient lutter, en sachant
qu’une telle bataille ne pouvait finalement qu’être déterminée par
Shai-hulud ? L’ancienne vie, la vie des fremen, se terminait.
Ce
fut un naib discret et fatigué qui retourna au sietch Tabr. Dans une période
moins terrible, un des hommes plus jeune du sietch aurait assurément défié
Stilgar et gagné ; mais une grande partie du cœur du peuple du désert
était partie et le défi ne vint jamais.
Après
la mort de Stilgar, en 10228, Leto interdit aux hommes des sietchs de tuer un
autre homme pour sa burda. A la place il nomma un jeune homme docile, appelé
Mirat, comme leader. Que les fremen l’accepte aurait prouvé au vieux naib que
ses pires craintes étaient justifiées. C.W.
Autres références :
-
Atréides,
Leto I ;
-
Atréides,
Leto II ;
-
Atréides,
Paul ;
-
Fremen.
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