Mémoires
Volés, Les
Deux
volumes du Journal de Leto,
volé à la Citadelle en 13712 par Siona Ibn Fuad al-Seyefa Atréides.
Pendant
près de deux millénaires, ces volumes avaient fourni les seules données
autobiographiques disponibles sur l’Empereur-Dieu Leto II.
Leur
vol par Siona, fille de Moneo Atréides, fut un exploit audacieux ;
personne n’avait jamais réussi à passer les défenses de la citadelle et s’en
était échappé vivant. Mais le prix qu’elle et ses compagnons avaient payé pour
voler ces Mémoires et les
plans de la citadelle furent élevé. Des dix rebelles, seule Siona survécu. Les
autres furent tués par les patrouilles de loup-H de Leto, avant qu’ils ne
parviennent à traverser le fleuve Idaho pour se mettre en sécurité. La seule
satisfaction, amère, qu’eurent chacun d’eux avant de mourir : chacun avait
reçu une injection de nyilatin, un médicament inoffensif pour les humains, mais
considéré comme toxique pour les loup-H qui étaient hautement consanguins. Si
l’un d’entre eux tombait aux mains des animaux, il pourrait au moins réduire la
meute, et les autres poursuivraient. Seule Siona pu découvrir que cela avait
fonctionné, et seulement par déduction, pas par une observation directe.
Les
rebelles crurent qu’ils avaient trouvé les livres par hasard. Mais maintenant
que l’on sait que Nayla, une des confidentes les plus intimes de Siona, était
en fait un agent de Leto, cela semble peu probable. Nayla avait sans doute
informé son maître que les rebelles voulaient s’infiltrer dans la Citadelle et
voler une copie de ses plans pour une utilisation ultérieure. Mais avec ces
cristaux riduliens, Leto n’avait pas besoin des copies sur plastivellum, moins
durables. Le plastivellum, plus léger que les copies sur papier classique,
était plusieurs fois plus lourdes que les originaux sur cristal, et le facteur
poids suggèrent une autre théorie.
Est-ce
que Leto aurait pu mettre les volumes près des plans de la Citadelle, sachant
que Siona et son groupe avaient l’intention de les voler ? Bon nombre de
références à Siona, dans les autres volumes, indiquent qu’il la testait
constamment, généralement sans qu’elle n’en ait eu connaissance. Comme il
savait ce qui pouvait arriver, il aurait pu voir l’entreprise comme un test
d’un autre genre : son exécution lui aurait montré le genre de leader que
Siona pouvait être appelée à devenir. Pouvait-elle inspirer ses compagnons pour
qu’ils la suivent dans ce qui était, à coup sûr, une mission suicide ;
pouvait-elle amener le groupe à traverser les défenses et revenir ;
pouvait-elle reconnaître les Journaux codés comme des éléments tout aussi
importants que les plans qu’elle avait entrepris de voler ? (Il importe
peu de savoir si Siona réalisa ce que les volumes étaient ou non, ce qui
importe était sa volonté de vouloir emporter ce poids supplémentaire).
En
plus du test de Siona, Leto n’avait-il pas envie que les Journaux soient volés
et décodés ? Il est bien connu qu’il craignait que ses actes ne soient mal
compris dans les temps à venir, à moins qu’il ne s’arrange pour faire des
révélations. Son discours avec Sainte Sœur Quintinius Violet Chenoeh,
enregistré dans les documents du Bene Gesserit, et rendus publiques après sa
mort, fut une tentative de révéler ses intentions à ses sujets. Ce vol de deux
de ses Mémoires aurait bien pu
être une seconde révélation.
Dans
les quelques semaines qui suivirent le raid de la Citadelle, Siona s’arrangea
pour faire des copies des exemplaires des livres volés, et les envoya à l’école
du Bene Gesserit sur Wallach IX, au Haut Commandement de la Guilde Spatiale
(via son représentant sur Arrakis), et aux Inquisiteurs d’Ix. Chaque groupe
devait tenter de les traduire, et tous les résultats devaient être communiqués
à Siona ; leur coopération montrait le sérieux avec lequel ils
considéraient l’effort. Les rebelles pensaient que les ixiens troueraient les
premiers la clé pour décoder l’algorithme. Après tout, ils avaient non
seulement fourni le papier, mais aussi le dictatel avec lequel Leto avait écrit
– cela ressemblait à une longueur d’avance, en quelque sorte. Mais la Guilde
aborda le problème sous un autre angle que les ixiens, selon une mécanique de
l’esprit, et elle perça le code de l’Empereur-Dieu.
Siona
reçu la première la clé unique de la Guilde, et une copie traduite. Après une
étude attentive de la clé et de la traduction, elle fut assez curieuse pour se
demander comment le code complexe avait été résolu. La réponse – donnée après
l’autorisation de Haut Commandement de la Guilde – impressionna même la plus
zélée Siona, quant à l’importance que la Guilde avait montrée pour résoudre ce
problème. Pour réussir cet exploit, ils avaient utilisé une grande partie de
leur précieux trésor : le mélange. Le timonier le plus sensible,
disponible, avait reçu une dose d’épice équivalente à celle nécessaire pour
piloter une douzaine de long-courriers. Puis on lui dit ce que l’on exigeait de
lui et on le laissa seul avec les Mémoires
Volés.
La
clé fut trouvée dans la journée. Le navigateur, habitué à utiliser du mélange
pour la prescience qui lui permettait de choisir la meilleure voie pour le
vaisseau, consacra ce même pouvoir pour trouver la vraie solution au code de
l’algorithme. Les deux problèmes étaient plus proches qu’on aurait pu le
prévoir, parce que Leto utilisait un code avec plusieurs solutions, mais un
seul – celui enregistré dans la clé – déchiffrait les deux volumes,
complètement et de manière cohérente.
En
13730, six ans après l’assassinat de Leto, Siona s’arrangea pour que soient
publiés un abrégé des Mémoires Volés.
Cette version standard, depuis des siècles, manquait de tout sauf de passages
introspectifs des plus sauvages, axés sur la violence qui, souvent, servaient à
la Paix de Leto. Une histoire de soumission qui produisait son effet en
souhaitant créer chez les lecteurs une colère insupportable contre le monstre
inhumain qui avait dominé si longtemps. L’une des prophéties les plus
fréquentes de Leto – dont on se souviendra pendant de nombreuses générations
comme shaitan – fut alimentée par les Mémoires
Volés combinés avec l’Histoire Orale, pour donner un semblant
d’humanité au portrait de l’Empereur-Dieu comme un manipulateur sans cœur. C.W.
Autres références :
-
Atréides,
Leto II, Mémoires ;
-
Atréides,
Siona ;
-
Radi
Kharban-Atréides, Les Livres Saints du
Dieu Fractionné, éd. Kwin Shandal (Diana : synonyme).
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