samedi 26 décembre 2015

Chenoeh, Sainte Sœur Quintinius Violet (13670-13728)



Chenoeh, Sainte Sœur Quintinius Violet (13670-13728)
  La femme qui devint le point focal de l’un des cultes religieux les plus persistants de l’histoire post-Impérium ; née sur Wallach IX, d’une aide-surveillante Bene Gesserit, Sœur Alexius Gayle Chenoeh. Son père, Shimon Rasnic, était un serviteur de la Maison Corrino qui avait accompagné son Maître lors d’une de ses visites à l’école Bene Gesserit.
  Marik Corrino (13628-13685) avait été attiré sur Wallach IX part une invitation de la Communauté des Sœurs. Il était à la recherche d’une épouse convenable et les Sœurs lui offrirent la possibilité d’avoir le choix parmi leurs élèves. Le Corrino ne trouva aucune des femmes de l’école à son goût et il ne se souciait pas le moins du monde du Bene Gesserit. Il n’y avait pas de place dans le programme des Sœurs, limité comme il l’était par les règles de l’Empereur-Dieu, pour Marik. Il présentait déjà les premiers symptômes  du syndrome de Yankovich, une maladie nerveuse dégénérative qui devait le tuer à 67 ans (très tôt pour Marik qui avait accès au mélange).
  La Communauté des Sœurs était beaucoup plus intéressée par un croisement entre l’une des leurs et Shimon Rasnic, le secrétaire de Marik. Une étude attentive de l’ascendance de Rasnic avait révélé une lignée ininterrompue d’hommes exceptionnellement intelligents, dont la plupart avaient servi la Maison Corrino, soit comme scribes, soit comme tuteurs. Beaucoup d’entre eux avaient présenté des capacités de Mentat, mais il y avait l’injonction de Leto II interdisant la formation de mentats et Rasnic qui semblait être l’un des plus prometteurs. Ses talents – ou plus exactement les talents possibles de sa progéniture – étaient bien trop précieux pour être ignorés du Bene Gesserit.
  La Sœur Alexius Gayle Chenoeh fut considérée comme le meilleur choix disponible pour fournir l’autre moitié du matériel génétique. Sa propre lignée avait été enregistrée dans les archives de Wallach IX comme étant liée à Dame Margot Fenring, et elle était d’un type physique particulier, propre à attirer Rasnic. Elle séduisit l’Aide de Corrino aussi facilement que l’ordre hypnotique qu’elle implanta pour qu’il oublie immédiatement leur rencontre.
  Bien que née à l’hôpital de l’école, Quintunius Violet Chenoeh ne fut pas considérée comme une Bene Gesserit jusqu’à son entrée officielle dans la formation de la Communauté des Sœurs, à 5 ans. La jeune Sœur, en plus des cours habituels donnés aux élèves du Bene Gesserit, fut affectée dans un cours spécialisé dans le domaine mnémonique, l’histoire et la psychologie. Les premiers rapports dans les fichiers de ses enseignants indiquaient qu’elle remplissait et dépassait leurs attentes dans tous les domaines. Son retrait des dortoirs scolaires et sa mise au service privé de la Révérende Mère Tertius Marie Hargus, dans sa dixième année, indique clairement ses progrès ; un tel retrait se faisait le plus souvent 3 à 5 ans plus tard, chez les étudiantes normales.
  En 13686, Sœur Chenoeh fut désignée pour son premier voyage hors-monde, un voyage pour un conclave Bene Gesserit sur Grumman. Elle servit comme assistante personnelle de la Révérende Mère Hargus, mais sa véritable fonction était celle d’apprenti enregistreur (une autre Sœur, plus expérimentée faisait également partie de la délégation et devait faire son propre rapport sur les événements). Son rapport fut examiné par un comité de surveillantes au retour de la délégation sur Wallach IX et fut jugé satisfaisant : elle n’était alors âgée que de 16 ans et son évaluation et son rapport sur les événements étaient presque impeccables. Dans son rapport, la Révérende Mère Hargus mentionne qu’elle avait exigé que ses discussions, comme les papiers des procès-verbaux soient enregistrées et n’y trouva aucune erreur.
  Seules ses réactions émotionnelles empêchaient la jeune Sœur d’atteindre le niveau d’experte auquel elle pouvait aspirer. La Communauté des Sœurs était confiante dans leurs capacités à pouvoir éliminer ces obstacles, sans altérer la vigueur de la jeune fille. Les Sœurs avaient, depuis des siècles, la connaissance d’une telle manipulation, tant dans leurs fichiers que dans leurs souvenirs des Révérendes Mères.
  La même année que le voyage de sa fille sur Grumman, la Sœur Alexius Gayle Chenoeh accéda au statut de Révérende Mère. Elle fut nommée représentante du Bene Gesserit auprès des ixiens et transférée sur cette planète lointaine, elle ne revit jamais son enfant. La faible résistance d’Alexius à la surdose de mélange fut dument notée dans le dossier de la Sœur Quintunius Violet Chenoeh ; les chances de survie lors de l’initiation comme Révérende Mère d’une candidate avaient plus de chance d’aboutir si une proche parente avant elle avait émergée en toute sécurité.
  La jeune « mnémoniste » fut fréquemment envoyée hors-monde après sa première affectation. En 13696, une décennie après son premier voyage sur Grumman, elle servit d’enregistreur principal dans une centaine de missions sensibles pour la communauté, y compris lors d’une visite « diplomatique » sur Giedi Prime, destinée à faire revivre un autre culte d’Alia (le culte fut découvert par Leto II en 13718 et il sut aussi que c’était une tentative pour localiser des trésors d’épice. Depuis plus de 20 ans la Communauté des Sœurs le faisait incognito).
  Les services de la Sœur Chenoeh au Bene Gesserit ne se limitaient pas à ceux d’enregistreur. En 13694, et à nouveau en 13710, elle eut deux filles, dans le cadre du programme génétique. Sa fille aînée, Clarisse, s’avéra avoir beaucoup moins de talents que sa mère et elle fut mariée à un fonctionnaire de la Cour de l’Empereur-Dieu. Sa seconde fille – anonyme – fut éloignée de sa mère et tuée par une délégation de Truitesses de la garnison de Wallach IX, quelques instants après sa naissance.
  Comme la Communauté des Sœurs n’était pas certaine des raisons de Leto II quant à la suppression de la seconde fille, il fut décidé qu’il serait inutile de perdre un membre aussi précieux. Sœur Chenoeh n’eut plus d’enfant.
  En 13722, elle fut envoyée avec une autre Sœur pour aller enregistrer l’Empereur-Dieu dans sa Cour sur Arrakis, et préparer le rapport décennal du Bene Gesserit (ce rapport servait, en partie, à informer ceux qui voulaient former une ambassade Bene Gesserit auprès de Leto II). Avec sa collègue la Sœur Tawsuoko, Sœur Chenoeh confirma l’exécution de 9 « faux historiens », ordonnée par l’Empereur-Dieu en 12335 ; le compte-rendu de cette affaire reposait pour beaucoup sur un manuscrit écrit par Ikonicre, le Majordome du Seigneur Leto à cette époque. La Sœur Tawsuoko, selon les rapports, fut responsable de la découverte du document.
  On donna à Sœur Chenoeh une chance de faire des découvertes encore plus importantes, mais l’Empereur-Dieu l’invita à une des pérégrinations très rares, avec lui. A un moment, au cours de leur promenade le long de la Route Royale, la Sœur fut invitée dans le Chariot Royal pour une conversation personnelle avec l’Empereur-Dieu.
  Ce fut une brève promenade, comme cela apparaît dans les Fragments de Welbeck (lib.conf.série temporaire 578) ainsi que dans ses papiers personnels, retrouvés après sa mort, et dans ses rapports. Le premier, destiné à ses supérieures immédiates, était une déclaration de la connaissance des fins de l’Empereur-Dieu : il utilisa Sœur Chenoeh pour informer le Chapitre qu’il était au courant de leurs tentatives pour suborner les Truitesses et qu’il avait l’intention de restaurer la vue « extérieure » que l’humanité avait perdue, et qu’un parallèle pouvait être établi entre la tentative raté de la Communauté des Sœurs à créer un kwisatz haderach et sa propre « réalisation » de Siona.
  Le deuxième message secret fut beaucoup plus trouble et troublant pour la Sœur. Le Seigneur Leto décrivait brièvement la sensation éprouvé par un pré-né, et la façon dont sa sœur et lui avaient appris à dominer la « multitude intérieure ». Il fit l’une des premières allusions connues à ses journaux secrets, expliquant la fonction qu’ils auraient sur la postérité, des millénaires plus tard. Il prédit également – et de manière précise – à la fois sa propre évolution en tant que Dieu Tyran mort, et mythe vivant, et la mort de Sœur Chenoeh lors de sa tentative d’atteindre le statut de Révérende Mère.
  De manière ironique, l’Empereur-Dieu avait finalement parlé à Sœur Chenoeh de son impossibilité à devenir une Révérende Mère, mais il avait demandé à la Sœur de ne pas trop s’en inquiéter, car son statut faisait « partie intégrante » de son mythe qui serait plus grand. Malgré les mots amers contenus dans le message, la Sœur sentit qu’une amitié était née entre elle et le Seigneur Leto, et ne fut pas effrayée par la prophétie qu’il lui avait révélée.
  Elle obéit au commandement de Leto et n’informa pas la Communauté des Sœurs de tout ce qui venait de se passer entre eux. Elle transcrivit soigneusement leurs conversations et les consigna dans ses papiers personnels, avant de retourner à l’école de Wallach IX pour un débriefing, fournissant à ses supérieures seulement les informations « publiques ». Son rapport fut très bien accueillit.
  Six ans plus tard, elle fut recommandée pour son initiation comme Révérende Mère. Même cette nouvelle, qui pouvait être interprétée comme une condamnation à mort, ne troubla pas Sœur Chenoeh. Après une journée de méditation, et en présence de toutes les Révérendes Mères de la Maison du Chapitre, Sœur Chenoeh prit une boisson contenant une forte dose de mélange. L’initiation se déroula mal depuis le début : au lieu que ses sens atteignent la prise de conscience de soi que devait provoquer la dose d’épice, Sœur Chenoeh perdit conscience et glissa presque immédiatement dans un coma profond. Tous les efforts déployés par ses compagnes pour la réanimer, furent inutiles. Sa mort, six heures après son ingestion de la drogue, fut attribuée à une « incompatibilité au mélange », une réaction dont le Bene Gesserit était familier. Ses papiers personnels furent retrouvés par un groupe de Sœurs, dans ses quartiers. Leur contenu contribua à faire connaître le Bene Gesserit et sa hiérarchie.
  Sœur Chenoeh fut oubliée, même par la Communauté des Sœurs, durant près de 900 ans. En 14715, cependant, avec la mise en place de l’église du Dieu Fractionné, le Seigneur Leto prouva que ses prédictions étaient vraies. Sainte Sœur Quintinius Violet Chenoeh, comme elle est maintenant connue, fut considérée comme une visionnaire éclairée, une confidente de Dieu. Des sanctuaires et des églises furent érigés en son honneur. Les prières à la Sainte Sœur étaient populaires parmi les dévots.
  Parmi les familiers des religions anciennes, Sœur Chenoeh donna son nom à l’une d’elle. Elle était Auliya, la servante de Dieu dans la liturgie des Vagabonds Zensunni. On crut largement qu’elle avait une influence spéciale sur Dieu, qu’elle pouvait intercéder auprès de lui, au nom des demandeurs.
  Même la Réforme, environ quatre siècles plus tard, n’aurait pu dissoudre entièrement le culte de Sœur Chenoeh, tellement il était ancré. On laissa les autorités de l’église décider du statut mortel de la Sœur ; les fidèles écoutaient, hochaient la tête en cas de besoin, et retournaient à leur dévotion comme si rien n’avait été dit. Ses églises furent démolies ou reconsacrées. Le Bene Gesserit autorisa les autorités ecclésiastiques à accéder à leurs dossiers afin qu’ils puissent  confirmer que ce membre « Saint » de leur Ordre n’avait fait aucune merveille et n’avait réalisé aucun miracle (à ce moment-là, la Communauté des Sœurs fut inquiété par l’attention que leur membre charismatique avait attiré sur elle et l’attention que l’église portait sur l’Ordre). Le culte a toujours persisté. La découverte des journaux  de l’Empereur-Dieu fut une justification à cette persistance. Alors que Sœur Chenoeh se considérait comme un simple enregistreur, talentueuse, et une fidèle Bene Gesserit, les journaux qui la mentionnaient indiquaient que le Seigneur Leto voyait en elle quelque chose de plus. Quelques lignes de l’une des dernières entrées, qui furent réalisé seulement quelques jours avant la mort de l’Empereur-Dieu, traduisaient cette vision :

« Ce silence du Bene Gesserit me déconcerte. Elles doivent certainement avoir déjà trouvé les rapports de la Sœur Chenoeh, et pourtant elles ne disent rien, n’exigent rien. Je me souviens comme ce fut rapide lorsque Luyseyal et Anteac vinrent à moi pour revendiquer leur récompense, après avoir informé mes porte-parole Truitesses du complot tleilaxu, admirez donc la présente timidité de la confrérie. Pour une telle Sœur, je serais enclin à leur donner les plus grands trésors qu’elles puissent espérer. Elle a commencé le travail que mes Mémoires finiront.

Autres références :
-          Atréides, Leto II ;
-          Bene Gesserit ;
-          Les Mémoires de Leto II ;
-          Mélange ;
-          Isaak Seldon, Sœur Chenoeh : sa place dans l’Histoire (Diana : synonym).

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