jeudi 24 décembre 2015

Chakobsa


Chakobsa

  Désigne tous les langages utilisés à des fins secrètes par divers groupes. Initialement, ils étaient l’apanage des tueurs à gage de la Première Guerre des Assassins.

  Le terme chakobsa se retrouve à plusieurs reprises dans les registres du Magot de Rakis ; il peut avoir différentes significations en fonction de l’époque, de la situation et des orateurs. Les toutes premières découvertes montrent que chakobsa était un terme que l’on retrouvait dans une langue partiellement reconstruite, le Bothani, dans laquelle il avait la signification de « jargon » ou « jargon professionnel ». Il peut vraisemblablement y avoir eu des fauconniers chakobsa, des charpentiers chakobsa, et ainsi de suite. Le langage chakobsa qui découla de la langue maternelle fut celui des assassins qui l’utilisèrent beaucoup, tout comme celui des voleurs. Il trouva son utilité dans les communications secrètes mais aussi, avec son vocabulaire riche, dans de nombreux dispositifs spécialisés et les techniques des assassins, en particulier lorsque la langue parentale n’était plus utilisée comme langue maternelle. Selon la spécialité, « jargon » ou « jargon des assassins », les mots pouvaient avoir des sens différents ; le langage subit une deuxième modification avec le passage du temps (le bhotani devint désuet), le « jargon des assassins » devint « langage secret des assassins ». Mais un autre changement devait encore venir.

  Il faut se rappeler que, durant les jours de l’Empire, chaque Grande Maison avait les obligations et les responsabilités d’un gouvernement national, y compris celles d’une organisation militaire. L’armée de l’Imperium et celle des Grandes Maisons nécessitaient non seulement des canaux de communication sécurisés, mais également des codes sécurisés. Il semble que l’exemple des assassins conduisit à l’adoption de leur modèle. Le terme chakobsa subit alors un troisième changement de sens (pas avant 6000, probablement) ; à travers  ce processus de banalisation, le terme fut attribué à « tous les langages secrets », en particulier à des fins militaires.

  Dans la plupart des cas, ces divers chakobsa ressemblaient aux langages des assassins dans la nature : ils étaient des variantes importantes de la langue maternelle, lourdement chargés de mots utilisés dans des sens spécialisés. Bien sûr, avec les adhésions des armées aux différents profils linguistiques (comme les sardaukars) on avait des chakobsa qui équivalaient à un langage militaire distinct. Un tel chakobsa devint une partie de l’unité de l’esprit de corps, fournissant un insigne d’adhésion.

  Avec la métamorphose du mot en mémoire, examinons un exemple particulièrement épineux de son utilisation, il est tiré de Dans la Maison de mon Père de la Princesse Irulan.

  Irulan rapporte les réminiscences de Muad’Dib et l’acceptation de sa mère  par les Fremen, ainsi que leur participation au rituel dans lequel l’eau de son adversaire, Jamis, fut créditée à son compte. Chani bénit l’eau et ajouta ces mots : « Ekkeri-Akairi, ceci est l’eau, fillisin-follasy de Paul Muad’Dib ! Kivi un kivi, jamais plus nakalas nakelas ! Etre mesuré et compté, ukair-un ! Par les battements de cœur jan-jan-jan de notre ami Jamis ». Paul est alors cité disant que sa mère « avait reconnu les fragments du rituel, avait identifié les bribes de chakobsa et de bhotani-jib dans les mots ».

  Jessica était certainement en mesure d’identifier la langue. L’un des premier fremen qu’elle rencontra à son arrivée sur Arrakis, fut la Shadout Mapes, Harq al-Ada rapporte la conversation des deux femmes dans sa Maison Atréides : Aperçu historique, des notes prises par Jessica elle-même. Elle indiquait qu’elle reconnaissait que « shadout » était un titre, et elle en connaissait le sens. En réponse à la question de Mapes, Jessica répondit  « Les langues font parties de l’apprentissage Bene Gessserit. Je connais le bhotani-jib et le chakobsa, tous les langages de chasse ».

  Sa réponse à Mapes montrait qu’elle utilisait le chakobsa dans son sens originel : le chakobsa des fremen était non seulement un code de clan de chasseurs vivant en marge de la loi, un argot de leur propre conception de la sécurité, mais aussi la langue des assassins. Ce dernier code, dérivé du bhotani marchait admirablement bien pour servir leurs buts, mais on se demande comment les fremen en sont venus à le connaître. Notez aussi que les fremen l’utilisait non seulement pour le secret qu’il procurait pendant les activités clandestines (comme lorsque la patrouille de Stigar trouva Paul et Jessica), mais également à des fins rituelles, comme le montre la Cérémonie de l’eau.

  Où les fremen avaient-ils trouvé le bhotani ? Les zensunni étaient originaires de la Terre et de diverses tribus qui vécurent un temps sur Poritrin, Bela Tegeuse, Salusa Secundus, Ishia, Rossak et Harmonthep avant d’arriver sur Arrakis. Gwilit Mignail émit l’hypothèse que les sardaukar (dont le chakobsa était un langage complet et pas seulement un jargon) utilisaient le bhotani-jib, et que les fremen vinrent à apprécier son utilité et à en acquérir la maîtrise durant leur séjour sur la planèté-prison. Cette théorie a un attrait, sous un autre aspect : supposez que pendant l’administration Harkonnen sur Arrakis, les fremen découvrirent le bhotani. Shaddam IV avait déjà sous estimé la compétence et la loyauté de l’armée du Duc Leto ; quand Leto prit possession d’Arrakis, le Duc eu non seulement un plus grand approvisionnement en combattants entrainables auprès des fremen, mais il avait aussi, par coïncidence, le code militaire des sardaukar ; si tel était le cas, ce fut une raison supplémentaire, petite mais substantielle pour Shaddam, de prêter ses sardaukar pour écraser Leto ; malheureusement pour cette bele hypothèse, il n’y a pas la moindre preuve pour la soutenir : le chakobsa des sardaukar était complètement perdu, et la supposition que les fremen avaient apprit le bhotani d’eux était plus qu’une conjecture. Jusqu’à ce que la lumière soit faite sur la provenance du rituel fremen et du langage de chasse, tout ce que nous avons sont des suppositions.

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