mardi 7 juin 2016

Idaho, Duncan-Hayt (10202-10208)



Idaho, Duncan-Hayt (10202-10208)
  Le premier ghola Duncan Idaho ; il fut offert à l'empereur nouvellement couronné, Paul Atréides, par la Guilde Spatiale. Hayt fut livré à la nouvelle Cour, pat le premier ambassadeur de la Guilde, Edric, lors de la présentation de la délégation diplomatique. Après avoir été régénéré dans les cuves axolotl du Bene Tleilax, Hayt était une reproduction physique parfaite du Duncan Idaho original. En fait, à cause des méthodes de récupération que le Tleilax utilisait à l’époque, la chair de Hayt était Duncan. Le ghola Hayt différait de l’original seulement de quatre manières : il n’avait aucun souvenir de sa vie en tant qu’Idaho ; ses yeux naturels avaient été remplacés par des yeux de métal, un changement résultant d’une fantaisie tleilaxu plutôt que d’une blessure ; il avait été formé comme mentat et philosophe zensunni ; et il avait été conditionné pour être une arme qui devait détruire les Atréides.
  Beaucoup d’historiens soutinrent que le cadeau Hayt aurait dû être refusé. Ses yeux Bene Tleilax et sa chair régénérée, réveillaient toutes les superstitions fremen de Stilgar, et le naib avait fortement conseillé à Paul de rejeter le ghola. Paul lui-même était mal à l’aise avec un être qui paraissait et agissait comme un vieil ami de confiance, mais qui était simplement une apparence plutôt qu’une réalité. Néanmoins, le lien Idaho/Atréides était bien réel et le « jeune maître » n’avait pas pu rejeter l’image de son professeur et camarade bien aimé. Paul Atréides était encore un jeune homme, et il ressentait une solitude douloureuse et un isolement dans son rôle d’Empereur et son personnage de kwisatz haderach. Ce sentiment de solitude était en partie dû à l’amour de Paul pour Chani, il cherchait en Hayt le réconfort passé, une consolation au milieu de cet Empire antagoniste.
  Mais Stilgar et Paul furent bien avisés de craindre Hayt. Le ghola lui-même avait admis que son but était de détruire Paul et il lui conseilla de le rejeter. Hayt avait été acheté par la Guilde au Bene Tleilax. L’achat faisait partie d’une conspiration impliquant la Guilde, le Bene Tleilax et le Bene Gesserit, qui redoutaient le contrôle qu’avait le jeune Empereur sur le mélange inestimable. Les agents étaient la Révérende Mère Gaius Helen Mohiam, l’ambassadeur Edric, la Princesse Irulan et le Danseur-Visage Scytale. Ils masquaient leur complot derrière le pouvoir que possédait Edric ; comme navigateur de la Guilde, il pouvait se cacher de la prescience de Paul et d’Alia.
  Hayt avait été conditionné pour accomplir deux objectifs subtils, avant l’assassinat de Paul. Tout d’abord, par le biais de Hayt, il devait se faire l’écho d’Idaho et de la morale des Atréides, et par des périphrases zensunni, il devait émousser le jugement de Paul. Les conspirateurs voulaient encourager Paul à établir une distinction entre les aspects positifs et négatifs des bonimenteurs et de la religion qui empoisonnaient la psyché de Paul et créaient un Empire de décision et d’agilité éthique que Paul possédait et devaient conserver, faire prospérer et contrôler pour son jihad qui lui apparaitrait répugnant. Ensuite, Hayt devait utiliser l’attractivité, bien connue de Duncan auprès des femmes, pour séduire Alia. Alia pouvait bien détenir, dans sa mémoire, l’activité sexuelle des nombreuses femmes avant elle, sa chair était, à cette époque, innocente. De plus, Hayt pouvait faire appel à l’intelligence d’Alia par le biais de sa formation de mentat. Comme Stilgar l’avait fait remarquer lorsque Paul et lui avaient surpris Alia nue se battant en un simulacre de duel avec un mannequin-cible auquel elle avait allumé 11 lumières, elle devait avoir un compagnon. Les conspirateurs furent chanceux de pouvoir présenter Hayt à Alia à un moment où elle était vulnérable physiquement.
  Cependant les conspirateurs et les techniciens du Bene Tleilax n’avaient pas anticipé les profondes douleurs que Duncan Idaho ressentirait. Certainement que la vie singulière de Duncan Idaho leur avait inspiré des conclusions superficielles. Pourtant, dès le début, le Ducan-Hayt viola toutes les attentes. Si le Bene Gesserit avait été moins suffisant et le Bene Tleilax plus sensible, ils auraient pu voir les dangers. La solitude de Hayt, lorsqu’il émergea de la cuve axolotl, fut qualifiée par le Bene Tleilax de maladie, ils lui avaient même dit que cela se reproduirait et que cette chair, chimiquement reproduite, aurait besoin des mêmes affections et de la même fidélité qui avait marquée Idaho, l’original. En outre, Hayt avait manifesté un comportement atypique d’Idaho. Ces déviations furent attribuées au nouveau mentat et à la formation zensunni, plutôt que perçues comme une combinaison inattendue de l’ancien et du nouveau Duncan. Presque sans défaut, Hayt était Duncan, quand on ne s’attendait pas à ce qu’il le soit, et rien dans sa formation ou dans son conditionnement ne pouvaient produire les résultats escomptés. Il était quelque chose de nouveau.
  L’absence de passé libérait Hayt de la loyauté extrême pour les Atréides même si ses dispositions naturelles le poussaient à le faire. Pour la première fois, Duncan Idaho pouvait prendre ses propres dispositions, poursuivre sa propre réflexion intensive. Plus précisément, cette nouvelle liberté de serf, combinée avec des souvenirs génétiques de son passé et sa formation zensunni et sa formation de mentat, firent le Hayt et plus tard l’être défunt éveillé à une évolution de Duncan Idaho. Après Hayt, le Bene Tleilax utilisa la confrontation pour restaurer les souvenirs des nombreux Duncan, il fut la seule restauration à avoir eu l’occasion d’avoir une croissance personnelle.
  Un élément important poursuivit Hayt, une croyance zensunni qu’il répétait souvent : « Chaque homme porte son passé en lui ». Hayt percevait ses propres souvenirs génétiques dans une perspective nouvelle que soulignait sa nouvelle personnalité unique. Bien qu’il soit déplacé de « donner de l’eau aux morts », il avait eu le souvenir d’un ami pour lequel il l’avait fait, et il pouvait aussi se comporter comme une personne en des occasions imprévisibles, et cela n’avait pas été prévu par les créateurs de Hayt.
  Alia avait perçu Hayt comme la créature la plus complexe qu’elle ait jamais vu, l’état profond de quelqu’un qui pouvait faire appel à une mémoire raciale. En tant que « nouvel homme », Hayt osa et compris beaucoup plus de choses que son ancêtre. Par exemple, sa formation mentat lui permit de reconnaître les émois érotiques d’Alia et sa nouvelle initiative lui permit d’oser y répondre, de manière discrète, au début. Cette candeur et la poursuite de sa propre vie apparurent également dans les propres mots de Hayt, tirés du « Le ghola parle » :

« Je pense quel bonheur c’est d’être en vie, et je me demande si j’irais jamais à la racine de cette chair et si je saurais jamais qui j’étais dans le passé. La racine est là. Si n’importe lequel de mes actes peut la trouver, cela reste embrouillé dans le futur. Mais toutes les choses qu’un homme peut faire sont les siennes. Je peux faire n’importe lequel de mes acte comme mien ».

  Hayt tira ses plus grands plaisirs dans le fait de voir le reflet de Duncan Idaho dans les réactions des autres et dans les siennes propres, à se créer et découvrir lui-même. Hayt gagna une distinction spéciale de la part des Atréides, à vouloir poursuivre ses propres intérêts.
  Il est peu probable qu’un nouveau ghola inexpérimenté, de Duncan Idaho, ait pu résister au conditionnement par les mots et par la puissance de l’imaginaire des tleilaxu. Un Hayt sans processus de devenir aurait plié devant l’offre des tleilaxu de faire un ghola de Chani morte, par le biais du nain Bijaz qui devait convaincre Paul dans un moment aussi critique que le deuil. Hayt était toujours un « innocent en état de siège », comme l’avait vu Alia dans sa transe. Sa confession à Paul, de sa crainte des tleilaxu, illustre son innocence menacée, mais elle démontre également son horreur à être commandé et la force de sa détermination. Paul avait vu dans l’oracle une partie de Duncan en Hayt et savait qu’il n’y aurait aucune violence venant du ghola, même lorsque Paul prononça les paroles qui relâchèrent la contrainte « elle (Chani) s’en est allé », ce moment marqua le retour partiel de Hayt dans son passé comme Duncan Idaho. Comme Paul Atréides l’indiqua dans ses Mémoires, Hayt l’appelant « jeune maître » marqua le début dans la restauration qui s’acheva lorsque Hayt, dans une compulsion, tenta de tuer l’Empereur.
  La personne qui émergea de ce traumatisme était un être nouveau. Aussi rapidement que Hayt-Duncan répondit à la prière de Paul, dans le langage de bataille des Atréides, pour tuer Bijaz, cette rapidité fit écho à la fidélité inconditionnelle de Duncan Idaho, le nouveau Duncan était imprévisible, tant pour ses créateurs tleilaxu que pour les Atréides. Il était toujours fidèle et conservait beaucoup de caractéristiques d’Idaho, telle que sa capacité à charmer les femmes. Pourtant, l’homme qui accompagna Paul Atréides, véritablement aveugle, au bord du désert, était une conscience mutante et hybride. Son mariage avec Alia marquait la tradition du service de Duncan, mais c’était d’avantage un passé comme Hayt et Duncan Idaho.

Un excellent miroir de ce nouvel être est l’éloge funèbre de « l’Hymne du ghola » (réimprimé dans les poèmes de l’antique Overby), écrits pour Paul Atréides par le ghola éveillé, après que Paul soit partit dans le désert pour y être dévoré par Shai-hulud. Un haiku, traditionnellement, attribu au Hayt transfiguré, qui fournit d’autres perceptions d’un Duncan qui avait sympathisé avec Paul plutôt que de le vénérer :

« Jeune Maître Usul
Dieu qui marche sur le sentier d’or
Mon camarade dans les doutes ».

  Ici, Paul devint un Dieu et un homme pour Hayt. Ecrit après le départ de Paul dans le désert pour y mourir, mais avant l’apparition du Prêcheur en Arrakeen, il montre la croissance continue de la compréhension après que la douleur ait diminuée et la perception supplémentaire de Duncan de sa place unique dans un univers apparemment chaotique. Ce nouvel être demande à être étudié séparément (voir l’article Duncan Idaho-10208), mais en dépit de cette nouvelle prise de conscience et de ses pouvoirs, il restait le creuset et le catalyseur. La chimie de son implication avec les Atréides et son rôle de Hayt et de mari d’Alia continua à refléter le danger et le sanctuaire que Duncan Idaho avait toujours offert à la famille de son seigneur. R.S.

Autres références :
-          Ghola ;
-          Duncan Idaho ;
-          Princesse Irulan Atréides-Corrino, L’Eveil d’Arrakis, TR. Zhaulya Muurazharat, AS15 (Grumman : Les mondes unis) ;
-          Alia Atréides, Commentaires du « Le ghola parle » par Duncan Idaho-10219, TR. Kershel, Shautin Reeve (enfin : mosaïque ;
-          Harq al-Ada, La Catastrophe de Dune, TR. Miigal Reed (Jérémy : Lothar) ;
-          « Les poèmes de Hayt » dans les poèmes de l'antiquité, trad. W.L. Overby (Caladan : singes) ;
-          Harq al-Harba, poème XCVI dans les œuvres complètes, éd. Blaigvor Ewanz (Grumman : Sterne).

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