Idaho, Duncan-Hayt
(10202-10208)
Le
premier ghola Duncan Idaho ; il fut offert à l'empereur nouvellement
couronné, Paul Atréides, par la Guilde Spatiale. Hayt fut livré à la nouvelle
Cour, pat le premier ambassadeur de la Guilde, Edric, lors de la présentation
de la délégation diplomatique. Après avoir été régénéré dans les cuves axolotl
du Bene Tleilax, Hayt était une reproduction physique parfaite du Duncan Idaho
original. En fait, à cause des méthodes de récupération que le Tleilax
utilisait à l’époque, la chair de Hayt était Duncan. Le ghola Hayt différait de
l’original seulement de quatre manières : il n’avait aucun souvenir de sa
vie en tant qu’Idaho ; ses yeux naturels avaient été remplacés par des
yeux de métal, un changement résultant d’une fantaisie tleilaxu plutôt que
d’une blessure ; il avait été formé comme mentat et philosophe
zensunni ; et il avait été conditionné pour être une arme qui devait
détruire les Atréides.
Beaucoup
d’historiens soutinrent que le cadeau Hayt aurait dû être refusé. Ses yeux Bene
Tleilax et sa chair régénérée, réveillaient toutes les superstitions fremen de
Stilgar, et le naib avait fortement conseillé à Paul de rejeter le ghola. Paul
lui-même était mal à l’aise avec un être qui paraissait et agissait comme un
vieil ami de confiance, mais qui était simplement une apparence plutôt qu’une
réalité. Néanmoins, le lien Idaho/Atréides était bien réel et le « jeune
maître » n’avait pas pu rejeter l’image de son professeur et camarade bien
aimé. Paul Atréides était encore un jeune homme, et il ressentait une solitude
douloureuse et un isolement dans son rôle d’Empereur et son personnage de
kwisatz haderach. Ce sentiment de solitude était en partie dû à l’amour de Paul
pour Chani, il cherchait en Hayt le réconfort passé, une consolation au milieu
de cet Empire antagoniste.
Mais
Stilgar et Paul furent bien avisés de craindre Hayt. Le ghola lui-même avait
admis que son but était de détruire Paul et il lui conseilla de le rejeter.
Hayt avait été acheté par la Guilde au Bene Tleilax. L’achat faisait partie
d’une conspiration impliquant la Guilde, le Bene Tleilax et le Bene Gesserit,
qui redoutaient le contrôle qu’avait le jeune Empereur sur le mélange inestimable.
Les agents étaient la Révérende Mère Gaius Helen Mohiam, l’ambassadeur Edric,
la Princesse Irulan et le Danseur-Visage Scytale. Ils masquaient leur complot
derrière le pouvoir que possédait Edric ; comme navigateur de la Guilde,
il pouvait se cacher de la prescience de Paul et d’Alia.
Hayt
avait été conditionné pour accomplir deux objectifs subtils, avant l’assassinat
de Paul. Tout d’abord, par le biais de Hayt, il devait se faire l’écho d’Idaho
et de la morale des Atréides, et par des périphrases zensunni, il devait
émousser le jugement de Paul. Les conspirateurs voulaient encourager Paul à
établir une distinction entre les aspects positifs et négatifs des bonimenteurs
et de la religion qui empoisonnaient la psyché de Paul et créaient un Empire de
décision et d’agilité éthique que Paul possédait et devaient conserver, faire
prospérer et contrôler pour son jihad qui lui apparaitrait répugnant. Ensuite,
Hayt devait utiliser l’attractivité, bien connue de Duncan auprès des femmes,
pour séduire Alia. Alia pouvait bien détenir, dans sa mémoire, l’activité
sexuelle des nombreuses femmes avant elle, sa chair était, à cette époque,
innocente. De plus, Hayt pouvait faire appel à l’intelligence d’Alia par le
biais de sa formation de mentat. Comme Stilgar l’avait fait remarquer lorsque
Paul et lui avaient surpris Alia nue se battant en un simulacre de duel avec un
mannequin-cible auquel elle avait allumé 11 lumières, elle devait avoir un
compagnon. Les conspirateurs furent chanceux de pouvoir présenter Hayt à Alia à
un moment où elle était vulnérable physiquement.
Cependant
les conspirateurs et les techniciens du Bene Tleilax n’avaient pas anticipé les
profondes douleurs que Duncan Idaho ressentirait. Certainement que la vie
singulière de Duncan Idaho leur avait inspiré des conclusions superficielles.
Pourtant, dès le début, le Ducan-Hayt viola toutes les attentes. Si le Bene
Gesserit avait été moins suffisant et le Bene Tleilax plus sensible, ils
auraient pu voir les dangers. La solitude de Hayt, lorsqu’il émergea de la cuve
axolotl, fut qualifiée par le Bene Tleilax de maladie, ils lui avaient même dit
que cela se reproduirait et que cette chair, chimiquement reproduite, aurait
besoin des mêmes affections et de la même fidélité qui avait marquée Idaho,
l’original. En outre, Hayt avait manifesté un comportement atypique d’Idaho.
Ces déviations furent attribuées au nouveau mentat et à la formation zensunni,
plutôt que perçues comme une combinaison inattendue de l’ancien et du nouveau
Duncan. Presque sans défaut, Hayt était Duncan, quand on ne s’attendait pas à
ce qu’il le soit, et rien dans sa formation ou dans son conditionnement ne
pouvaient produire les résultats escomptés. Il était quelque chose de nouveau.
L’absence
de passé libérait Hayt de la loyauté extrême pour les Atréides même si ses
dispositions naturelles le poussaient à le faire. Pour la première fois, Duncan
Idaho pouvait prendre ses propres dispositions, poursuivre sa propre réflexion
intensive. Plus précisément, cette nouvelle liberté de serf, combinée avec des
souvenirs génétiques de son passé et sa formation zensunni et sa formation de
mentat, firent le Hayt et plus tard l’être défunt éveillé à une évolution de
Duncan Idaho. Après Hayt, le Bene Tleilax utilisa la confrontation pour restaurer
les souvenirs des nombreux Duncan, il fut la seule restauration à avoir eu
l’occasion d’avoir une croissance personnelle.
Un
élément important poursuivit Hayt, une croyance zensunni qu’il répétait
souvent : « Chaque homme porte son passé en lui ». Hayt percevait
ses propres souvenirs génétiques dans une perspective nouvelle que soulignait
sa nouvelle personnalité unique. Bien qu’il soit déplacé de « donner de
l’eau aux morts », il avait eu le souvenir d’un ami pour lequel il l’avait
fait, et il pouvait aussi se comporter comme une personne en des occasions
imprévisibles, et cela n’avait pas été prévu par les créateurs de Hayt.
Alia
avait perçu Hayt comme la créature la plus complexe qu’elle ait jamais vu,
l’état profond de quelqu’un qui pouvait faire appel à une mémoire raciale. En
tant que « nouvel homme », Hayt osa et compris beaucoup plus de
choses que son ancêtre. Par exemple, sa formation mentat lui permit de
reconnaître les émois érotiques d’Alia et sa nouvelle initiative lui permit d’oser
y répondre, de manière discrète, au début. Cette candeur et la poursuite de sa
propre vie apparurent également dans les propres mots de Hayt, tirés du
« Le ghola parle » :
« Je pense
quel bonheur c’est d’être en vie, et je me demande si j’irais jamais à la
racine de cette chair et si je saurais jamais qui j’étais dans le passé. La
racine est là. Si n’importe lequel de mes actes peut la trouver, cela reste
embrouillé dans le futur. Mais toutes les choses qu’un homme peut faire sont
les siennes. Je peux faire n’importe lequel de mes acte comme mien ».
Hayt
tira ses plus grands plaisirs dans le fait de voir le reflet de Duncan Idaho
dans les réactions des autres et dans les siennes propres, à se créer et
découvrir lui-même. Hayt gagna une distinction spéciale de la part des
Atréides, à vouloir poursuivre ses propres intérêts.
Il
est peu probable qu’un nouveau ghola inexpérimenté, de Duncan Idaho, ait pu
résister au conditionnement par les mots et par la puissance de l’imaginaire
des tleilaxu. Un Hayt sans processus de devenir aurait plié devant l’offre des
tleilaxu de faire un ghola de Chani morte, par le biais du nain Bijaz qui
devait convaincre Paul dans un moment aussi critique que le deuil. Hayt était
toujours un « innocent en état de siège », comme l’avait vu Alia dans
sa transe. Sa confession à Paul, de sa crainte des tleilaxu, illustre son
innocence menacée, mais elle démontre également son horreur à être commandé et
la force de sa détermination. Paul avait vu dans l’oracle une partie de Duncan
en Hayt et savait qu’il n’y aurait aucune violence venant du ghola, même
lorsque Paul prononça les paroles qui relâchèrent la contrainte « elle
(Chani) s’en est allé », ce moment marqua le retour partiel de Hayt dans
son passé comme Duncan Idaho. Comme Paul Atréides l’indiqua dans ses Mémoires, Hayt l’appelant
« jeune maître » marqua le début dans la restauration qui s’acheva
lorsque Hayt, dans une compulsion, tenta de tuer l’Empereur.
La
personne qui émergea de ce traumatisme était un être nouveau. Aussi rapidement que
Hayt-Duncan répondit à la prière de Paul, dans le langage de bataille des
Atréides, pour tuer Bijaz, cette rapidité fit écho à la fidélité
inconditionnelle de Duncan Idaho, le nouveau Duncan était imprévisible, tant
pour ses créateurs tleilaxu que pour les Atréides. Il était toujours fidèle et
conservait beaucoup de caractéristiques d’Idaho, telle que sa capacité à
charmer les femmes. Pourtant, l’homme qui accompagna Paul Atréides,
véritablement aveugle, au bord du désert, était une conscience mutante et
hybride. Son mariage avec Alia marquait la tradition du service de Duncan, mais
c’était d’avantage un passé comme Hayt et Duncan Idaho.
Un excellent miroir de ce nouvel être est
l’éloge funèbre de « l’Hymne du ghola » (réimprimé dans les poèmes de
l’antique Overby), écrits pour Paul Atréides par le ghola éveillé, après que
Paul soit partit dans le désert pour y être dévoré par Shai-hulud. Un haiku,
traditionnellement, attribu au Hayt transfiguré, qui fournit d’autres
perceptions d’un Duncan qui avait sympathisé avec Paul plutôt que de le
vénérer :
« Jeune
Maître Usul
Dieu qui marche
sur le sentier d’or
Mon camarade dans
les doutes ».
Ici,
Paul devint un Dieu et un homme pour Hayt. Ecrit après le départ de Paul dans
le désert pour y mourir, mais avant l’apparition du Prêcheur en Arrakeen, il
montre la croissance continue de la compréhension après que la douleur ait
diminuée et la perception supplémentaire de Duncan de sa place unique dans un
univers apparemment chaotique. Ce nouvel être demande à être étudié séparément
(voir l’article Duncan Idaho-10208),
mais en dépit de cette nouvelle prise de conscience et de ses pouvoirs, il
restait le creuset et le catalyseur. La chimie de son implication avec les
Atréides et son rôle de Hayt et de mari d’Alia continua à refléter le danger et
le sanctuaire que Duncan Idaho avait toujours offert à la famille de son
seigneur. R.S.
Autres références :
-
Ghola
;
-
Duncan
Idaho ;
-
Princesse
Irulan Atréides-Corrino, L’Eveil
d’Arrakis, TR. Zhaulya Muurazharat, AS15 (Grumman : Les mondes unis) ;
-
Alia
Atréides, Commentaires du « Le ghola
parle » par Duncan Idaho-10219, TR. Kershel, Shautin Reeve (enfin :
mosaïque ;
-
Harq
al-Ada, La Catastrophe de Dune,
TR. Miigal Reed (Jérémy : Lothar) ;
-
«
Les poèmes de Hayt » dans les
poèmes de l'antiquité, trad. W.L. Overby
(Caladan : singes) ;
-
Harq
al-Harba, poème XCVI dans les œuvres complètes, éd. Blaigvor Ewanz (Grumman :
Sterne).
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