dimanche 11 décembre 2016

Chevaucher un ver



Chevaucher un ver
  Selon les chroniques qui avaient enregistré l’histoire du peuple fremen, ils n’apprirent pas l’art de chevaucher un ver avant deux générations, après leur transport sur Rakis, en 7193. Au cours de ces premières années dans leur nouvelle maison, ils voyageaient à pieds ou en ornithoptère ; faute de trouver une méthode plus acceptable : la marche était lente et dangereuse ; et les « thoptères » étaient des machines de la Guilde, sur lesquelles les fremen ne voulaient pas trop compter. Ils attendirent,  en étudiant leur environnement, de trouver une méthode plus en harmonie avec la planète.
  Cette opportunité se présenta en 7265, quand un grand ver des sables apparu près d’un groupe de fremen qui s’enquerraient sur une nouvelle zone d’épice. Tous, sauf un membre du groupe – un jeune homme que les chroniques citent seulement comme Rothar – grimpa en sécurité, sur un affleurement rocheux voisin, juste avant l’arrivée du ver. Rothar, évidemment trop abasourdi par l’arrivée du ver pour se déplacer, se retrouva à seulement quelques centimètres de la créature qui sortait du sable ; il saisit le bord d’un des segments d’un anneau du ver et le tint fermement, peut-être dans une tentative d’éviter les dents étincelantes du ver.
  Tous les rapports sur les motivations de Rothar ne peuvent être que spéculatifs, parce que le ver qu’il avait saisi se mit à avancer rapidement, levant le segment que le jeune fremen avait ouvert, haut au-dessus de la surface du sable (mettant ainsi Rothar au-dessus de son corps, lui-aussi). Il allait ainsi à toute vitesse dans le désert, avec Rothar comme passager.
  En quelques jours, les premiers crochets à faiseur (conçus pour capturer et maintenir ouvert l’un des segments sur la peau d’un ver) furent façonnés et des volontaires de chaque sietch devinrent des chevaucheurs de vers. Des techniques raffinées et coûteuses furent mises en place pour apprendre, et beaucoup des premiers pratiquants furent tués dans leur tentative, mais la génération suivante de fremen se donna les moyens de voyager de manière ferme et établie.
  Il devint habituel pour un jeune fremen d’appeler son premier faiseur à l’âge de douze ans. (Plus tôt, les jeunes montaient des vers des sables seulement comme passagers ou conducteurs, jamais comme mudir – dirigeant – de la course.) Le naib du sietch du jeune, ainsi que divers autres hommes et une sayyadina, l’accompagnaient sur le sable. Le naib prononçait les paroles du rituel développées au cours des siècles pour les chevaucheurs potentiels ; les autres hommes prêtaient les marteleurs et les hameçons, car on considérait qu’un garçon qui n’était pas encore un cavalier et qui possédait de telles choses attirait la malchance ; et la sayyadina se tenait à distance de la procédure, afin que les évènements de la journée puissent être enregistrés correctement.
  Si le jeune réussissait  - et la majorité le faisait une fois qu’ils maitrisèrent les vers – il avait le privilège, comme mudir des sables, de commander les hommes de barre. Au cri de « Haiiiii – Yoh ! » Ils montaient le ver derrière lui, suivit par le reste des témoins. Puis, suite à l’appel « Ach » (virage à gauche) ou « dersch » (virage à droite), ils orientaient le monstre comme il voulait  le guider. Pas même le naib du sietch du jeune ne pouvait aller contre son commandement jusqu’à ce que la course soit achevée.
  Le jeune mudir, en tant que premier monté, devait aussi être le dernier à descendre, une position qui pouvait être dangereuse si le ver était encore vivace et prêt à se retourner lorsque les crochets qui le gênait étaient enlevés. Pendant cette première chevauchée, cependant, le ver était habituellement monté jusqu’à l’épuisement ; il était alors beaucoup plus désireux de s’échapper et se reposer que d’attaquer.
  Que les fremen détenaient une telle puissance fut un de leurs secrets les mieux gardés au cours des années où ils furent oppressés, et l’existence d’un tel art ne fut rendu publique qu’après que Paul Muad’Dib Atréides devienne Empereur. C.W.

Autres références :
-          Hameçons à faiseur ;
-          Janet Osleo, Fremen : vie et légendes (Salusa Secundus : Morgan et Sharak).

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire