mardi 15 septembre 2015

Manuel des Assassins, Le



Manuel des Assassins, Le
     C’est à l’origine une compilation, du troisième millénaire, d’informations  sur les poisons, pour aider les assassins professionnels, le Manuel des assassins fut élargi durant le Ve millénaire (5345-5348) par un comité nommé par l’empereur Kelal Djordjevich, pour discuter de la théorie et de la pratique d’une légalisation des assassinats, en vertu des règles de la Grande Convention et les conditions définies par la Guilde de Paix. Le Manuel étendu résultait des délibérations du comité fut largement diffusé et lu, lors du Vieil Imperium (pré-Atréides), car il fut tenu en haute estime part les mercenaires et les maîtres assassins employés par l’Empereur et les Grandes Maisons. Egalement utilisé par plusieurs écoles de formation pour assassins professionnels, le Manuel fut officiellement discrédité pendant le règne de Muad’Dib et la Régence de sa sœur Alia, il fut officiellement considéré comme aussi méprisable que la profession d’assassin ; la Garde Impériale de Leto II, les femme guerrières ou « Truitesses », reçurent l’ordre de confisquer les exemplaires du Manuel chaque fois qu’elles le trouverait ; bien qu’interdits, les Truitesses étaient invitées à maitriser les principes du Manuel. Avec cette suppression, très peu de copies du Manuel survécurent. Quelques exemplaires se trouvent dans les musées, sur Giedi Prime et Grumman, le reste dans des collections privées.
     L'auteur de la version originale du manuel soulevait une controverse, mais un consensus semble l’assigner à Keshas Zhorzh, un assassin du troisième millénaire employé par Maison Moritani. Zhorzh qui était soupçonné de plusieurs meurtres d'aristocrates de premier plan, en particulier des membres de la Maison Ginaz, de la Maison Atréides et de la Maison Herzog. Curieusement, Zhorzh lui-même succomba au chaumurky, probablement administré par un fonctionnaire impérial, en 3756. Sur la vie de Zhorzh, voir Les Pratiques de mort, de Zhautii Kuuraveer.
     La version élargie du Manuel des assassins fut attribuée, par la plupart des autorités au Comité des Neuf qui furent nommés par le Protecteur kelal Djordjevich ; cette version fut  ensuite ratifiée par le Landsraad en 5359, date à laquelle plusieurs de ses auteurs, eux-mêmes Mentats et maîtres assassins employés par les Maisons Majeures, qui étaient devenus victimes des vicissitudes de leur profession. Un membre du comité, cependant, mérite une mention spéciale : le représentant impérial, le comte Othon Fenring, lui-même connu pour avoir été un habile assassin - en effet, certains ont fait valoir, qu’il était l'un des artistes suprêmes de sa profession. L’influence, sur le projet final du Manuel des assassins, semblait considérable, en particulier lorsque l’on compare le texte avec sa monographie tirée des Beaux-Arts de l’homicide professionnel, duquel était tirés des passages concernant les méthodes de contournement des règles du kanly sans détection. Dans le début des millénaires après le Jihad Butlérien, l’assassinat prospéra, mais l’assassinat, en général, était souvent brut et impulsif, manquant de finesse et de subtilité que les maîtres assassins de l’Ancien Empire atteignirent. Les réalisations de ces professionnels hautement qualifiés étaient en grande partie attribuées non seulement à des années de raffinement prudent de leur art, mais également à la tutelle rusée d’ouvrage comme le Manuel des assassins.
     Le manuel était divisé en quatre grandes parties, la première traitait de poisons - un héritage de la première version - la deuxième des armes et de leurs usages, et la troisième section était une discussion sur les stratégies et les chances, ainsi que des méthodes de contourner la Grande Convention et les règles de Kanly. La quatrième section du manuel décrivait certaines normes et règles de prudence professionnelle.
     Dans la section consacrée aux poisons, les différentes possibilités d’utiliser le chaumurky et le basilia recevaient la plus grande attention. Le chaumurky était un terme général pour tout poison administré dans une boisson, il était donc un agent logique à utiliser pour les assassinats ou les personnes à éliminer durant un festival ou une cérémonie. Le basilia était un poison qui agissait rapidement lorsqu'il était injecté dans la circulation sanguine, il était donc souvent placé sur la pointe d'un couteau ou une épée. De plus, comme il était presque invisible à l'œil nu, il était un favori pour de nombreux assassins professionnels dans le Vieil Imperium, mais son utilisation dépendait généralement d'un contexte où les règles du combat au corps à corps pouvaient être appliquées.
     Un autre poison était traité dans le manuel, le kriminon, un gaz capable d’être transporté dans une petite capsule, dont la libération pouvait se révéler mortelle pour les occupants d'une grande salle, même un auditorium. Les étudiants de l'histoire de la famille Atréides se souviendront que le Duc Leto fut armé par son traître de médecin d’une dent contenant du kriminon. Quand le Duc Leto enfonça la fausse dent, lors de sa dernière audience avec Baron Vladimir Harkonnen, le nuage de gaz qu’il libéra tua le maître assassin du baron et fut très près de provoquer la mort du baron.
     Enfin un poison d'un intérêt particulier en raison de ses effets plus que douloureux était traité de manière brève dans le Manuel. La plupart des poisons dans le livre étaient mis en valeur en raison de leur action rapide, et leur capacité à être déguisé. Mais un poison rarement utilisé, le Zénobie, ou la «gorge de l'enfer», était très respecté à cause de la douleur atroce qu'il imposait à la victime lorsqu'elle l’ingérait dans de la nourriture ou dans une boisson. Le zénobie était recommandé pour ces occasions spéciales où la victime se trouvait complètement à la merci de l'assassin, et que le tueur voulait imposer une mort horrible et particulière à son – ou, le plus souvent, sa – ennemi(e). Généralement, il était conseillé à l'assassin professionnel de n’avoir aucun sentiment personnel et d'aborder son travail avec une objectivité convenable et un doigté au-delà des simples expressions courantes; mais le Manuel reconnaissait qu'il y avait des moments où même les professionnels, en utilisant l'approche logique souligné par la formation de mentat, pourrait bien trouver agréable de se permettre certaine vengeance personnelle.
     La deuxième section du Manuel se consacrait à la discussion des armes classiques, principalement les épées et les fusils laser, et leurs avantages fonctionnels et les inconvénients pour l'assassin. Comme avec les poisons, la subtilité était recommandée, comme on peut le voir avec les commentaires du Manuel : "Tout mercenaire irréfléchi peut commettre un homicide aveugle qui va probablement retomber sur lui." (Au passage, on peut noter que le manuel fut écrit dans un style qui était souvent tranchant et parfois caractérisé par un riche sens de l'ironie.) Les assassins étaient invités à acquérir une formation de maître d'armes et, si possible, à développer leurs compétences et leur adresse au tir, le Manuel soutenait que le maître assassin, chaque fois que possible, devait laisser les massacres aux fusils laser à des ouvriers ordinaires.
     La troisième section du manuel fournissait une analyse détaillée des chances de succès dans
des situations où l'assassin pourrait effectuer son travail. Les meilleures stratégies, par exemple, pour le meurtre d'invités à un dîner officiel étaient évaluées, ainsi que les méthodes permettant d'éviter des représailles rapides. Une place importante était accordée aux problèmes d'infiltration d'un palais ducal ou pour lancer des attaques lors d'événements et cérémonies publiques, en particulier les événements sportifs.
     La quatrième partie des commentaires du Manuel présentait les règles de la Grande
Convention et le code de Kanly, et fournissait de nombreuses suggestions sur la façon dont ceux-ci pourraient être contournées ou tourné à l'avantage de l'assassin. La méthode préférée impliquait de soudoyer les juges ou représentants impériaux lors de diverses transactions entre les Grandes Maisons. L'utilisation d'épées empoisonnées au combat singulier était soulevée à nouveau ici, même si beaucoup avait déjà été dit de cette tactique dans les sections précédentes. Différents moyens d'infiltrer les défenses de châteaux ducaux, malgré l'utilisation de boucliers et autres protections, étaient également examinées longuement ici.
     Cette section présentait également les conventions et les formules rituelles utiles dans une Guerre des Assassins, de la déclaration formelle d'intention auprès du Conservateur Imperial et du Secrétaire du Landsraad jusqu’au dénouement final où la victoire était déclarée pour l’un ou l'autre des partis. Le manuel, cependant, semblait impliquer que même de telles guerres formelles étaient mieux réalisés sur une petite échelle et menée avec subtilité par des experts, plutôt que des engagements impliquant de grands groupes de soldats. Une métaphore fréquente dans le Manuel était celle du Maître de Chéops, les auteurs semblaient considérer l'art de l'assassinat comme une profession assez semblable à celle du Grand Maître de Chéops.
     Une note finale du Manuel concernait la nécessité pour l'assassin d’avoir une protection. Il lui était enjoint d'apprendre beaucoup des crimes privés de son employeur, et de stocker ces informations dans des endroits au-delà de la portée de l'employeur, avec des dispositions qui lui permettraient de les rendre public dans le cas de sa propre mort. L'assassin était également averti qu’il lui fallait se rendre aussi indispensable que possible aux yeux de son maître, mais de ne jamais se croire irremplaçable. Plus important encore, le Manuel conseillait à l'assassin de respecter sa profession et d’éviter les tentations de l'ambition politique ou de l’implication personnelle dans son travail. Bien que de nombreux assassins célèbres aient trouvé le premier conseil assez facile à respecter, certaines autorités doutent que la plupart d'entre eux étaient en mesure d'éviter le deuxième écueil.
     Un aspect fascinant de l'étude du Manuel fut découvert dans deux copies qui avaient survécu et qui contenaient des annotations. L’un appartenait autrefois à la famille Harkonnen et contenait beaucoup de commentaires laconiques et intéressants sur les questions pratiques de la technique, avec un passage étonnant, près de la fin, où l'auteur, sur un ton vindicatif, faisait plusieurs animadversions sur une «sorcière Bene Gesserit ». La dernière entrée était en effet étonnante, car la plupart des annotations antérieures étaient des remarques sur la folie de l'implication émotionnelle dans la théorie et la pratique de l'assassinat. La présence des initiales "T. H." en plusieurs endroits rend l'identification de l'auteur comme Thufir Hawat, qui était employé comme Maître assassin attaché à la Maison Atréides, et plus tard il fut un serviteur du Baron Vladimir Harkonnen. Ceci était très plausible, comme Harq al-Ada l’avait soutenu dans une note Atréides : Une vue Historique d’ensemble. Cependant, Kuuraveer fit valoir, dans L’Art du meurtre légal, qu'une telle attribution est trop évidente, et mit en avant un autre nom, Tomar Haanigan, un tueur à gages et propriétaire de plusieurs bordels sur Silverado où les chasseurs d'esclaves Harkonnen allaient à la recherche de nouvelles victimes.
     L'autre exemplaire du Manuel contenait deux ensembles d'annotations. Apparemment il fut déposé un temps au Musée Fremen sur Arrakis (la première série de notes renvoyait aux armes et aux rituels Fremen) ; il semble que plus tard, lors des Journées de Duncan il fut emmené ailleurs, et se trouverait maintenant dans un musée sur Grumman. La deuxième série de notes, comportait beaucoup plus d’annotations sur les aléas des guerriers féminins, avec quelques allusions évidentes aux Truitesses. Plus curieux encore était le fait que les deux séries d'annotations avaient été faites des siècles, voire des millénaires l’une de l’autre, mais elles avaient des similitudes dans l'écriture. Ce phénomène étrange indiqua à certains savants, qu’ils avaient de bonnes raisons, y compris Kuuraveer, de créditer les notes dans ce livre à deux incarnations différentes de Duncan Idaho.
     A partir de l’étude du Manuel et de son rôle dans la tempête de l’histoire de l’Imperium comme dans les jours de domination des Empereurs Atréides, on peut conclure avec certitude qu'il est à bien des égards un symbole du monde barbare de ces moments. Les lecteurs contemporains peuvent bien se réjouir de vivent dans une époque plus éclairée, où la pratique de l’assassinat légalisé n’est plus tolérée.

Autres références :
-          Guerre des assassins;
-          Halleck, Gurney;
-          Zhautii Kuuraveer, La pratique de la Mort et L'art du duel, les deux Kaitain Varna;
-          Othon, comte Fenring, Le meilleurs d’un professionnel de l'homicide, éd. et tr. Tovat Gwinsted (Grumman: Sterne);
-          Margot Lady Fenring, Arrakis et Après, études Arrakis 12 (Grumman: Worlds Unies);
-          Jaspar Koburn, Maison Harkonnen. Une esquisse historique (Stoddard: Brujovia);
-          Zhautii Kuuraveer, L'Art du meurtre légal (Grumman: prêté);
-          Hark al-Ada, Atréides: Aperçu historique, tr. Zhaulya Muurazharat (Libermann: Pinetree);
-          Landsraad-Imperial Comité sur les conflits de confinement, Manuel de l'assassin, Lib. Conf. Temp. Série 88.

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