jeudi 17 septembre 2015

Alia en tant que Déesse : « La Matrice de Paradis ».



Alia en tant que Déesse : « La Matrice de Paradis ».
     Le premier culte enregistré d’Alia fut créé à Arrakeen en 10970. Les membres de ces cultes successifs ne sont pas à confondre avec ceux qui ont adoré Alia au cours de sa vie. Le premier groupe croyait qu’Alia possédait sa propre divinité ; le second ne la voyait que comme une image réfléchie de son frère, poursuivant le travail que Muad’Dib avait commencé. Alors que « La Matrice du Paradis », l’un de ses titres les plus populaires de sa vie, fut adopté par des sectes et prit de plus en plus une connotation sacrée. Son titre le moins connu fut « Sainte Alia du Couteau », il fut abandonné.
     La formation des cultes fut une réaction contre la domination du Seigneur Leto. L'humanité, à cette époque, comprit qu’elle était gouvernée par un être qui lui survivrait et qui survivrait à ses descendants les plus éloignés, et beaucoup trouvant l'idée repoussante se tournèrent vers le culte d'une déesse plus ancienne, dont la mort était certaine ; c’était une manière de se rebeller contre la nouvelle divinité. Cela pouvait également être dangereux, si les paroles d’un membre du culte arrivaient aux oreilles d’un des prêtres ou des prêtresses de Leto. L'hérésie n'était pas encouragée.
     On pense que le Livre d’Alia fut écrit par Cyris Nels (10942-11013), un candidat qui avait échoué à son entrée dans la société des prêtres de l'Empereur-Dieu. Si Nels était vraiment l'auteur du livre, il avait eu accès à des données historiques considérables concernant Alia et le reste de sa famille, y compris Leto II. Cette familiarité pouvait faire penser que l’auteur était affilié à la religion de l’Empereur-Dieu, puisque sous le règne de Leto, c’étaient les seules personnes autorisées à accéder à l’histoire écrite, l'histoire orale ne contenant pas la profusion de détails présents dans le livre.
     De l’avis du culte, la relation d’Alia et de son frère était peu orthodoxe. Notant que Paul Atréides avait souvent nié sa propre divinité, tout en ne niant pas celle de sa sœur, le Livre d’Alia propose sa propre interprétation :

Muad’Dib, nous le voyons, était un messager, un prophète. Les grands pouvoirs de divination et de prophétie étaient siens, mais pas pour une utilisation à son propre compte : il était de son devoir glorieux de préparer la voie à la « Matrice du Paradis ». Si le demandeur en doute et voit Muad’Dib comme un Dieu dans son propre droit, laissons la propre vie du prophète fournir des enseignements. Il n’avait pas la connaissance à la naissance, c’était un enfant comme les autres. Bien qu'un certain degré de prescience fût en son pouvoir dès sa jeunesse, c’est seulement lorsque sa Sainte Mère Jessica donna naissance à sa sœur qu’il réalisa combien ses entrevues du futur étaient faibles. Il se soumit à l’Eau de Vie pour les renforcer. Même avec la connaissance de l'avenir ainsi gagné, il permit qu’il devienne aveuglé, veuf, et abandonné dans le désert où il erra pendant onze ans avant son retour à Arrakeen et son exécution par les prêtres de sa sœur. Le contraste de cette existence pitoyable avec celle de Notre-Dame, divine et consciente dès ses premiers mois dans le ventre de sa Mère Bénie, mourant pour revenir lorsque la purification de son peuple est terminée, et tout le monde peut voir clairement que Muad’Dib n’était pas un Dieu. Malheur à ceux qui persistent à croire qu'il l’était!

     Au sujet de la mort d’Alia, le livre s'écarte fortement des normes théologiques. On sait maintenant que le corps d’Alia Atréides fut retiré de la Cour de son Tempe après son saut suicidaire et traité dans le distille de mort le plus proche. L'eau ainsi obtenue fut transporté dans le désert et on autorisa qu’elle s'évaporer en plein soleil. Cette coutume Fremen de disposer de l'eau de quelqu’un montrait qu’il avait été reconnu coupable de Possession, cela indique la piètre opinion de la Régente au moment de sa mort. Dans le Livre d’Alia, une explication bien différente est donnée :

Ses servantes, toutes inconnues, effectuaient la toilette mortuaire de la Dame en veillant à ce que ni son corps ni son eau ne soient préservés. Pour quand le moment du procès serait terminé et que l'usurpateur serait démit de ses fonctions de maître des esclaves pour son peuple, la Matrice du Paradis reviendrait siéger devant tous sous une forme divine sans aucune relation avec celle qu’elle occupait durant sa vie. Les souvenirs de cette enveloppe de chair ne serviraient à rien.

     La vraie nature d’Alia Atréides – Abomination, Déesse, victime de l’Histoire – ne pourra jamais être connue entièrement. Il est également possible qu’elle n’ait pas eu qu’une seule nature distincte et que Dame Alia ait été capable d’englober chacune des personnalités contradictoires avec lesquelles elle était en lien. Dans La catastrophe de Dune, Harq al-Ada fait une réflexion précise en citant Ghanima « Ma tante a choisi sa propre voie à plusieurs moments, mais la possibilité de choisir ne lui a pas toujours été donnée. Leto et moi-même avons eu pitié d’elle tout en la craignant, et je crois qu’elle avait souvent ce même mélange d’émotions envers elle-même ».

Autres références :
-          Atréides, Paul Muad'Dib;
-          Atréides, Ghanima;
-          Atréides, Leto II;
-          Mohiam, révérende mère Gaius Helen;
-          Anon., Le livre d’Azhar, ed K.R. Baraux, Arrakis études (49 Grumman: Worlds Unies);
-          Pyer Briizvair, ed, Summa De la croyance et de la pratique ancienne (Bolchef: Collegium Turno) ;
-          R.M. Lucius Ellen Callen et R.M. Hallus Deborah Seales, eds., Rapport sur Alia Atréides, Lib. Conf, Temp. Série 169;
-          Nels, Cyris, Le Livre d’Alia, Lib (?). Conf. Temp. Série 242.

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