mardi 8 septembre 2015

Arrakeen, La construction du palais d'


Arrakeen, La construction du palais d’
     Le palais d’Arrakeen, la structure la plus colossale connue dans l’histoire de l’humanité, fut construite au cours des douze premières années du règne de Paul Muad’Dib et du Jihad fremen. Sa construction fut financée par le commerce de l’épice : le jihad et les exigences des Navigateurs de la Guilde, encouragés par la politique impériale, gonfla la valeur, déjà élevée, de l’épice, si bien qu’Arrakis devint la planète la plus riche de l’Impérium. La main-d’œuvre pour la construction du palais fut, en grande partie, fournie par la population de planètes conquises durant le jihad. En outre, de nombreuses structures de planètes soumises furent entièrement transportées par vaisseaux pour devenir des parties du palais. Les plus importants témoignages visuels du Donjon impérial sont ceux de Farok, qui fut convié, avec d’autres guerriers fremen, à un banquet pour célébrer la victoire de Molitor et plus largement, ceux de la R.M. Helen Gaïus Mohiam. Farok ne fut pas très impressionné : « Il faisait froid dans toutes ces pierres, malgré les meilleurs réchauffeurs ixiens… Il y a des arbres là-dedans, vous savez – des arbres de nombreux mondes. J’ai entendu dire que lui et Chani mènent une vie de nomandes dans les profondeurs de la du Donjon. Excepté le Grand Hall où il apparaît pour les audiences publiques et il dispose aussi de salons de réception et de lieux de réunion formelle, une aile pour sa garde personnelle, des lieux pour les cérémonies et un secteur réservé aux communications. Je me suis laissé dire également qu’il existe une chambre, sous la forteresse, où il conserve un ver avorton entouré d’eau, pour son poison. C’est là qu’il lit l’avenir ». L’empereur dispose d’un ornithoptère sur une plate-forme dans l’enceinte intérieure d’où il entre et sort du Donjon.

     La Révérende Mère Gaïus Helen Mohiam, après avoir été emprisonnée et affaiblie dans une cellule minuscule sculptée au tailleray dans la roche brune et veinée sous le Donjon de Paul, fut entravée et contrainte de parcourir une longue distance, jusqu’à la Présence Impériale. Elle dû parcourir d’interminables passages voûtés, éclairés de fenêtres triangulaire de metaglass et pavés  de tuiles représentant des créatures d’eau de planètes exotiques. Elle fut impressionnée par l’immensité de cette Citadelle, puis oppressée par elle. L’endroit empestait un terrifiant pouvoir physique. « Aucune planète, aucune civilisation dans toute l’histoire humaine n’avait jamais vu auparavant une telle immensité construite de main d’homme. Une douzaines de villes antiques auraient pu se cacher dans ces murs ! » Elle passa devant des portes ovales équipées de lumières clignotantes, quelle reconnues comme étant des ouvrages ixiens : des orifices pneumatiques de transport.


     Comme elle s’approchait du Grand Hall de réception, les passages devenaient, par étapes subtiles, plus larges – jeux de courbures, amplification progressive des piliers de support, le remplacement des fenêtres triangulaires par des formes plus grandes, oblongues. Enfin, dans le mur du fond d’une grande antichambre apparaissaient les portes à double battants du Hall. « L’embrasure de la porte se situait à au moins quatre-vingt mètres de haut, et environ la moitié en largeur. » Les portes coulissèrent vers l’intérieur, guidées par une machinerie ixienne, immenses et silencieuses. L’intérieur du Hall lui-même aurait pu contenir une Citadelle entière de n’importe quel dirigeant de l’histoire humaine.


     Mohiam fut impressionnée par les subtilités architecturales de la construction du Hall, bien plus que par son immensité. « Le champ d’ouverture de la chambre en disait long sur l’équilibre des forces structurelles cachées avec finesse. Les fondations et les poutres de soutien derrière ces murs et le lointain plafond en forme de dôme devaient surpasser  tout ce qui avait été essayé auparavant. Tout ici parlait du génie d’ingénierie ».

     En dépit de l’énorme échelle du Hall, son centre – le trône de l’Empereur et l’Empereur lui-même – n’étaient pas éclipsés. Le trône vert de Paul avait été taillé d’une seule pièce dans une émeraude de Hagar, la possession la plus précieuse d’une planète soumise. Paul mena Mohiam dans une chambre privée par un passage derrière le trône. C’était une pièce d’une vingtaine de mètres cubes, éclairée par des globes à suspenseurs jaunes, avec des tentures oranges sur les murs, issues de tentes-distilles du désert. Paul aimait considérer sa forteresse, cette impressionnante montagne de plastacier, comme son « sietch au-dessus du sable ».

     A travers une grille de ventilation, la chambre de Paul s’ouvrait sur un profond abîme  sur lequel naissait une passerelle faiblement arquée formée de cristaux stabilisés d’or et de platine, décorée de joyaux de feu de la lointaine Cédon. Le pont conduisait, par des galeries, à la ville intérieure, en passant par une piscine et une fontaine remplies de nénuphars aux pétales rouge-sang. Dans l’autre direction, il pouvait voir les bâtiments plus bas du quartier du gouvernement. De l’avis de Paul, ces structures colossales montraient l’extravagance de l’architecture qu’une histoire démente pouvait produire et qu’une main rapace pouvait saisir : des terrasses comme des mesas, des places aussi grandes que des villes, des parcs, des locaux, des morceau de désert cultivés, une poterne de l’antique Bagdad, un dôme imaginé dans la mythique Damas, une arche d’Atar où la gravité est faible, l’ensemble créant une magnificence incomparable mélangée à la barbarie, dans laquelle l’art superbe était contigu à des prodiges inexplicables de mauvais goût. Ici se trouvaient des vergers et des plantations à ciel ouvert pouvant rivaliser avec ceux du légendaire Liban, grâce à la prodigalité avec laquelle Paul dépensait l’eau. Sur un escarpement, à proximité du Donjon de Paul, se dressait un compagnon approprié, le Temple d’Alia, construit durant la même mirabiles (douze ans). Il avait deux mille mètres de côté et les portes étaient assez grandes pour accueillir une cathédrale de l’une des anciennes religions, conçut pour réduire l’âme d’un pèlerin à son atomicité. Le Temple d’Alia était lui-même l’une des merveilles de l’Univers.

     La construction de l’ensemble du palais, en douze ans, aurait été un exploit si Paul n’avait pas eu autant de ressources disponibles. Cependant, une tradition apocryphe persiste au sein de la qizarate (citée dans Yam el-Din) qui affirme que la Grande Citadelle fut achevée en beaucoup moins que douze ans.

     Et il est connu que, lorsque le temps de la reconstruction vint, Muad’Dib examina la plaine de la bataille où les légions sardaukar avaient été anéanties. Il mesura la plaine de la bataille. « Ici, je bâtirais mon palais sur la place du chaos et de la mort », déclara-t-il. « Et le nom du palais sera le Donjon de Paul et ce sera une grande Citadelle, un sietch au-dessus du sable pour éclipser tous les autres monuments impériaux. A côté de cela je construirais le Temple d’Alia, et les pèlerins viendront de tout l’Univers pour lui vouer un culte. Et je bâtirais ma ville en sept semaines, selon le plan des anciennes écritures. Ainsi je serais connu dans les siècles à venir comme le Messie de Dune, le Mahdi, qui mena son peuple au paradis ». et cela fut fait comme il l’avait dit.

     La qizarate croyait que les « anciennes écritures » se trouvaient dans La Bible Catholique Orange, Les prophètes LXXXIX, 24-26, connu pour avoir été un favori, avec Muad’Dib  il est le texte de référence prophétisant le Messie. Malheureusement, comme d’autres textes bibliques prophétiques, il est loin d’être facile à interpréter. Il concerne la reconstruction de Jerusalem et l’arrivée et le départ du Messie. Trois groupes de semaines sont mentionnées, un de soixante-dix, un de sept et un de soixante-deux. La qizarate interpréta soixante-dix semaines comme le temps accordé aux fremen pour achever leur victoire sur les sardaukar, sept semaines pour la construction du palais et soixante-deux semaines pour le départ du Mahdi, mais elle ne considérait pas les trois périodes comme continues. Les Commentaires de La Bible Catholique Orange qui suggérait de substituer les semaines par des années fut ignoré. La qizarate jugea plutôt que les sept semaines étaient une reconstitution symbolique des sept jours de la genèse.

     En supposant que nous conservions cette hypothèse sauvage, que le Donjon de Paul fut construit en seulement sept semaines, qu’est-ce que cela peut suggérer concernant les moyens utilisés par Paul ?

     Il y a une autre tradition apocryphe qui devrait être mentionnée ici. On avance que Muad’Dib aurait modelé ses constructions selon l’histoire de Jérusalem mais également selon celle du Temple de Salomon. Un curieux mythe selon lequel pour la construction de son Donjon, Paul aurait utilisé des vers des sables pour forer à travers les rochers et poser les fondations, ce que nous prenions comme un travail au tailleray – ne serait rien d’autre que ce que produit le travail des dents du vers et de la fournaise qu’il dégage.

     Les superstitieux fremen croyaient une sorte d’Empereur parmi les vers des sables. Le Grand-Père du désert, le plus vieux et le plus grand ver des sables – Shai-Hulud. Muad’Dib était censé avoir fait alliance avec ce Dieu parmi les vers ou plutôt avoir acquis un ascendant sur lui, car les Evangiles apocryphes de Dune refondent la rencontre de Jésus avec le diable dans le désert de la tentation en termes de duel fantastique entre Muad’Dib et Shai-hulud dans le désert profond. La superstition veut que Muad’Dib aurait employé Shai-Hulud et ses sujets dans la construction de sa citadelle, tout comme Salomon aurait utilisé un ver nommé Shamir pour découper les pierres de son Temple.

     Les mythes de Salomon sont nombreux, mais Le Livre d’Azhar contredit celui de shamir le ver, il raconte l’histoire de Shameer, un caillou magique ! La principale signification du mythe de la construction du Temple est que Salomon employa une multitude de djinns. Muad’Dib n’avait-il pas un contrôle similaire sur les esprits ? Etait-il possible pour lui de concrétiser ses ancêtres, de leur donner une forme tangible à partir de son moi intérieur ? Ou plutôt faisait-il appel à des esprits issus des vastes profondeurs de l’espace comme un fantôme galactique ? Avait-il la faculté de figer le temps, de sorte que les années de travail auraient pu être effectuées en quelques jours ? Nous ne pouvons, actuellement, pas répondre à ces questions car les véritables pouvoirs de Paul Muad’Dib demeurent inconnus.

     Il est écrit, dans la Bible Catholique Orange, qu’il fallut sept jours à Salomon le Magnifique pour construire son Temple.Il serait conforme à l’esprit impérial de Muad’Dib de ne prendre que sept semaines pour construire une structure plus colossale. Il serait, également, caractéristique de l’humilité réelle de Paul qu’il n’ait, ainsi que le disent les documents apocryphes, pris que sept jours.

Autres références :
  • Irulan Atréides-Corrino, Muad’Dib : les quatre-vingt-dix-neuf Merveilles de l’Univers, tr. G.W. Maur, études Arrakis 9 (Grumman : Les Mondes Unis), et Conversations avec Muad’Dib, lib. Conf. Temp. Série 346 ;
  • R.M. Gaius Helen Mohiam, Agendas, Lib. Conf. Temp. Série: 133;
  • Anon., Yiam-el-Din: Le Livre des Jugements, Tr. D.D. Schuurd, Etudes d’Arrakis 43 (Grumman : les Mondes Unis) ;
  • Pyer Briizvair, et al A. Variorum édition de La Bible Catholique Orange, 6v. (Bolchef : Collège Tarno ;
  • Anon., Les Evangiles de Dune, Rakis ref. Cat. 1-T2 ;
  • Anon., Le Livre d’Azhar, Ed. KR Barauz, Etudes d’Arrakis 49 (Grumman : Les Mondes Unis).


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