samedi 9 janvier 2016

Corrino, Farad’n



Corrino, Farad’n (10200-10419; également connu comme Harq al-Ada)

  Né Farad'n Fenring, de la princesse Wensicia (Corrino) et de son époux, le comte Dalak Fenring ; Farad'n était le seul petit-fils de l’Empereur déchu, le Padishah Shaddam IV. Après la mort de son mari en 10208 la princesse remplaça le nom de son fils par celui de son défunt père, donnant comme raison son désir que la lignée Corrino, même réduite en fortune, soit préservée. Farad'n Corrino fut, dans les années suivantes, le chef scribe de Leto II et connu alors comme Harq al-Ada; tous les travaux réalisés d’histoires et d’analyses attribuées à Harq al-Ada le sont par un Corrino. Comme expliqué dans l'autobiographie inachevée de Corrino, Notes de ma vie, son nom de Cour, qui signifiait « Briseur d’habitudes » en Fremen, lui fut donné par Leto, comme un rappel à tous deux des différences entre les empires passés et ce que Leto souhaitait établir.

  L'enfance de Farad'n sur Salusa Secundus fut isolée et solitaire. Son père quitta sa mère quand Farad'n était seulement âgé de deux ans, il ne l’avait pas épousée. Quand le garçon eut trois ans, son grand-père dévoué Shaddam IV mourut. Un an plus tard Dalak Fenring revint sur Salusa Secundus, seulement pour réclamer sa fille Jeunne (la sœur de Farad'n) et l'emmena vivre avec lui sur Giedi Prime. Ainsi, Farad'n fut élevé par sa mère et ses tuteurs, il n’eut jamais la compagnie d’autres enfants de son âge. Farad'n enregistra ses sentiments au sujet de ses premières années dans un passage particulièrement poignant dans les Notes :

 

« Je dois avoir été un enfant insupportablement solennel, avec le nez toujours dans un livre et le corps travaillant sur des exercices d'auto-défense. Ma mère ne désirait ma compagnie seulement au repas de midi (le déjeuner pour moi et le petit-déjeuner pour elle !). Je pris l’habitude de redouter ces heures – elle s’étirait dans son fauteuil et me questionnais sur mes leçons et me rappelant mes fonctions de futur empereur. Elle était si avide de pouvoir qu’elle m'avait presque convaincu de ma grandeur, mais la plupart du temps, je voulais juste sortir de cette pièce et me tenir loin de ses yeux. Ce n’est qu’avec Ghanima que j’appris à se détendre, et même là, je pense que nous nous adaptions l’un à l’autre car aucun d'entre nous n’avaient jamais vraiment été un enfant. »

 

  C’est peut-être parce il avait été privé de son enfance, que Farad'n, plus tard, passa tellement de temps avec ses propres enfants.

  Il est incontestable que la tutelle de sa mère avait façonné une parsonnalité de Farad'n tournée entièrement vers sa propre maison, et contre la Maison des Atréides. Wensicia Corrino était une femme amère, vengeresse, qui dit à son fils dès ses premières années qu'il était destiné à devenir empereur, et que les Atréides étaient des usurpateurs qui lui avaient ravi ma place légitime qui lui revenait. Elle fut aidée en cela par les membres des Sardaukar impériaux de son père, également exilés sur l'ancienne planète prison, ils avaient ressenti la défaite Corrino aussi vivement que la plupart des membres de la famille.

  Leur influence combinée, cependant, n’atteignit pas les résultats escomptés par les participants. Plutôt que d'allumer chez le garçon une rage contre les Atréides, cette harangue constante de rébellion aiguisa la curiosité de Farad’n – il se distingua dès son plus jeune âge par une érudition éminente – en particulier en ce qui concerne l'empereur qui avait remplacé son grand-père.

  S’il avait étudié l'histoire de sa propre Maison avec seulement une fraction de l'intérêt qu'il avait montré pour leur ennemi, cela aurait alerté ses tuteurs sur sa sensibilité. Mais Wensicia Corrino avait toujours été la moins astucieuse des filles Corrino – c’est pour cela que le Bene Gesserit n’avait pas eu d'intérêt pour elle – et elle ne soupçonna rien, même quand Farad'n commença à exposer des idées anti-Corrino.

  Le prince avait pris les exhortions de sa famille à cœur, mais à sa manière. Il avait étudié le code Atréides, leur histoire, tous les enregistrements et extraits des informations documentés de sa tante Irulan dans ses histoires, ceci contrastait avec les résultats qu’avait obtenue sa propre Maison, et de ce fait, il prit la seule décision qui lui sembla logique : imiter les Atréides dans ce qui avaient fait leur supériorité et qui avaient débouchés sur la défaite de sa Maison.

  Dans sa dix-septième année, alors que Dame Alia était dans sa huitième année comme Régente des Jumeaux Atréides, Leto et Ghanima, Farad'n s'était déjà modelé une personnalité aussi proche que possible de l'homme qui avait arraché la Souveraineté à Shaddam IV. Il se conduisait, avec ses subordonnés, comme Paul Atréides; il développa un langage de bataille dans le style Atréides avec lequel il a commandait ses Sardaukar; il avait même acquis un grand nombre des manières les plus connues de l'empereur et de son père, le Duc Leto. Toutes les voies de formation qu’avait emprunté son modèle, Farad’n  les utilisa également – avec une regrettable exception.

  Il manquait au jeune Corrino un enseignant du calibre de celui de Dame Jessica; Wensicia Corrino, malgré son éducation royale et son exposition précoce aux membres de la Communauté des Sœurs, ne pouvait même pas proposée un semblant de comparaison à son fils, et tous le savait. Quand une chance de palier à ce manque se présenta en 10218, par le biais de Duncan Idaho qui proposait de livrer Jessica à la Maison Corrino, il accepta immédiatement.

  Avec cette acquisition, Farad’n – selon ses propres mots – « une pure renégate Bene Gesserit » que les événements avait mis sur le chemin, de manière inattendue, du jeune homme. Comme contrepartie, pour déclarer qu’elle était une Bene Gesserit plénipotentiaire responsable de l'éducation Farad'n, Jessica exigea qu'il dénonce et bannisse Wensicia Corrino, invoquant comme cause, ses machinations dans la « mort » du jeune Leto II; son nouvel élève accepta la solution à son dilemme concernant sa mère avec une précipitation plus que non-filiale. Par cette action, il se retira à jamais de toute autre influence Corrino.

  Ce qui arriva au cours des mois que Farad'n passa en formation avec Dame Jessica peu simplement être résumé : il se jeta avec passion dans ses enseignements, pour finalement devenir un être race très rare, un homme Bene Gesserit.

  Les motivations de Jessica pour instruire Farad'n suscitèrent une controverse considérable. La Dame avait formé son propre fils et sa fille sans faire d’eux des convertis ; en tant que membre non fiable de la Sororité, elle pouvait s’attendre à être plus pressée d’ajouter à leurs rangs l'héritier de la Maison Corrino, en l’initiant. Quelques savants cyniques – et plus particulièrement, Bram de Talos- suggérèrent que cet acte de la part de Jessica n’était rien de plus qu’une vengeance, qu'elle croyait que la meilleure façon de venger son petit-fils était de forcer Farad’n à bannir Wensicia Corrino. Bien que ce "œil pour œil" puisse bien avoir joué un rôle dans la détermination de la décision de Jessica, se serait un mépris flagrant pour son intelligence subtile et sa documentation parfaite pour ne voir que cette seule raison.

  En introduisant Farad'n dans la Communauté des Sœurs, Jessica s’assura d’abord de sa loyauté envers elle, comme professeur et mentor, au-delà de ce qui pourrait se produire normalement. Mais cette dévotion ne pouvait pas être digne de confiance au point de ne jamais céder –  comme le retournement de Jessica contre son propre mentor, la Révérende Mère Gaius Helen Mohiam – elle pouvait représenter une bonne affaire. Les avantages pour Jessica d'avoir le jeune homme de son côté étaient nombreux : cependant on peut en compter deux principaux.

  En premier lieu, elle s’assurait qu’il lui laisserait la vie sauve qu'il allait préserver sa vie, plutôt que de permettre à ses sardaukars de l’assassiner une fois sa tâche terminée, comme plusieurs de ses officiers l’avaient suggéré durant le temps que Jessica resta sur Salusa Secundus. Deuxièmement, elle avait un allié à son côté dans sa bataille contre sa fille, Alia. Avec l'aide de Farad'n, elle tenait une bien meilleure chance de sauver Arrakis et, sur un plan plus personnel, Ghanima (sa petite-fille prétendument seule survivante). Ces deux attentes furent comblées. Dès son arrivée sur Arrakis avec Jessica, Farad'n permit à Alia de croire qu'elle l'avait attiré dans son piège, la rendant ainsi moins méfiante, plus disposée à admettre le garçon et sa mère en sa présence, et désireuse de convoquer Ghanima à leur rencontre. Cela ouvrit la voie à la confrontation entre Leto II avec sa tante.

  Farad'n, qui avait aidé à la mise en place de la rencontre, ne put guère en faire plus pour aider Leto. Mais après le plongeon d’Alia du haut de son Temple, on raconte  que le jeune Corrino remplit une fonction pour son professeur que personne d'autre n’aurait tenté : C'est Farad'n qui consola Dame Jessica alors qu'elle pleurait ses enfants.

  En 10219, avec l'ascension de Leto II, Farad'n – alors appelé Harq al-Ada – fut nommé Scribe royal, responsable de la tenue des registres et de histoire de l'Imperium. Son rôle officiel était celui de scientifique, dans lequel il excellait. Son rôle officieux, le plus urgent, celui que Leto II exigea de lui, fut celui de compagnon de Ghanima, la sœur de l'Empereur. Les comptes rendus dans les Mémoires et dans le Livre de Ghanima détaillent une relation amoureuse avec Ghanima, d'abord comme des amis, puis comme des amants et des parents, et enfin comme des collègues dans leur travail littéraire. Alors que Ghanima mûrissait physiquement, Farad'n agi comme son tuteur et que son compagnon, en commençant les histoires et les traductions qu'ils continueraient à écrire tout au long de leur vie ensemble. Bien que la motivation manifeste pour leurs dix enfants soit venue du programme de sélection génétique de Leto, Farad'n et Ghanima eurent plaisir à élever leur nombreuse famille. Apparemment Leto volait que sa nouvelle lignée unisse les caractères génétiques des Corrino et des Fenring avec le patrimoine des Atreides-Harkonnen/Liet-Kynes de Ghanima. Farad'n était ravi de ses enfants, en particulier de son fils aîné et sa fille Trebor Jeunne qui avait hérité le talent musical de sa grand-mère Anuril.

  Préparé et instruit par Dame Jessica, Harq al-Ada accepta les deux fonctions avec une dignité impressionnante. Ses prouesses en tant qu’historien s’illustrèrent par les écrits qu’il laissa derrière lui : il serait possible de remplir une bibliothèque entière avec les œuvres d’Harq al-Ada. Beaucoup de ses livres – en particulier Le Testament d’Arrakis et l’Histoire de Liet Kynes[1] – furent applaudis comme des ouvrages traitant de la planète dont le destin fut intimement lié à celui de l’humanité toute entière. Ceux-ci, combinés avec d’autres ouvrages, auraient suffi à lui forger une réputation bien méritée comme auteur ; curieusement, cependant, c’est pour des écrits qui n’étaient pas les siens qu’Harq al-Ada acquit sa plus grande renommée.

  Les deux premiers siècles du règne de Leto II furent marqués par une recrudescence dans tous les arts, mais plus particulièrement pour l’art de la scène (il fut suggéré, et probablement que ceci était réel, que le climat d'encouragement Imperial était due en partie au scribe royal, qui avait été le producteur de plusieurs artistes et musiciens avant même son emménagement sur Arrakis). Une figure se distingue particulièrement, même au milieu de tant d'excellence : Harq al-Harba, dont le jeu dans la dramaturgie historique n’a pas encore trouvé d’égal. Sa première pièce, Le Cavalier des sables, fut produite à Arrakeen en 10280. Elle portait, tout comme certaines œuvres postérieures, sur l’histoire d’Arrakis, et apporta à une large audience le genre d’informations que fournissaient des chercheurs aux lecteurs épris des écrits d’Harq al-Ada

  Beaucoup d'historiens de premier plan dans les siècles entre cette époque et la nôtre ont suggéré que ce chevauchement n’était pas une coïncidence. Une citation dans Le prince / Le Dramaturge, par Cybèle Harik, explique bien la ligne de pensée.

 

C'était l’axiome préféré de Harq al-Ada, le médicament de la connaissance, pour être efficace, doit souvent être déguisé. Il semble prudent de supposer, qu'il était plus astucieux pour se rendre compte qu’un traitement dramatique de ses histoires permettrait de mieux atteindre les masses de citoyens impériaux plutôt qu’un tonique strict représenté par ses livres.

Bien sûr il y avait d'autres indices qui indiquaient que les identités al-Ada/al-Harba étaient les mêmes – le refus du dramaturge d’apparaître en public, l'ajustement commode de sa propre durée de vie avec celle de l’historien, la non disponibilité des informations de base concernant la vie du dramaturge – mais ils servaient principalement de confirmation à cette supposition.

Harq al-Ada fut élevé comme un prince, reçut une formation Bene Gesserit, fut formé comme un précieux outil. Il était évident qu’une telle personne reconnaîtrait instantanément un moyen si favorable, pour choisir de réaliser ses fins[2].

 

  Cette théorie, qui parfois, décliné en popularité mais ne disparaissait jamais complètement, peut-être enfin discréditée par des fragments récemment traduits des découvertes de Rakis (voir Al-Harba, l’énigme).

  Tant dans ses Notes que dans d’autres sources Atréides, il fut suggéré que Farad’n aurait pu avoir des traces de prescience. Par exemple, Farad'n fit des remarques sur une réunion avec le Prophète, Paul Atreides :

 

« Je me rappellerai toujours ce vieil homme aveugle qui semblait voir dans mon âme. Je n’avais jamais dit à personne les détails de mes rêves avant ils m'avaient effrayé si bien que je m’autorisais à peine à me les rappeler. Je regrette de ne pas m’être plus ouvert à lui, de ne pas avoir été plus compatissant. Maintenant, que je vis avec deux êtres qui communiquent fréquemment avec "l’autre monde" passé et futur, je suis moins effrayé par les rêves qui viennent toujours à moi. Mais je ne peux pas vraiment accepter ces images que je vois la nuit comme ayant trop d'importance. Je suis un historien - l'enregistreur de réalité vérifiable, pas un mystique. Mais les images de vers des sables et d'eau me hantent, les images d'une belle femme nommée Noree et les cristaux étincelants du monde se désagrégeant. Certains matins, je me réveille avec de tels sentiments de tristesse et d'appréhension – qu’arrivera-t-il à mon ami dans son corps toujours croissant d’étrangeté[3]. »

 

  Quoique Farad'n n'ait jamais été hanté avec la jeunesse, comme l’étaient sa mère et sa tante, il se laissa persuader à contrecœur par Ghanima et Leto, d’utiliser les techniques Bene Gesserit de rajeunissement pour qu'il puisse « leur tenir compagnie » aussi longtemps que possible, comme Leto l’avait expliqué :

 

« Je me sens vraiment trop fatigué pour continuer plus longtemps. Ghanima m’est si chère, je déteste la laisser – et il y aura toujours des « juste encore une chose » à écrire. Mais l’ai vécu si longtemps et vu de si nombreux changements que je ne suis pas sûr de pouvoir être un historien précis encore longtemps. J’ai essayé d’observer de façon impartiale et d’écrire de manière objective, mais les échos de tous ces hier commencent à être nébuleux de mon point de vue.

Ce n’est que maintenant que je peux commencer à comprendre ce que Leto et Ghanima ont vécus – la répétition constante de toutes ces parties que nous nous sentons obligés de jouer. Et les voix dans ma mémoire sont douces et familières, tandis que les voix avec lesquelles ils vivent apportent la force de personnalités séparées. Comme cela doit être terrible pour eux de porter toute l'histoire humaine dans leurs esprits, vivants et réclamants à cor et à cri l'attention[4]. »

 

  Finalement Farad'n abandonna sa lutte, et la voix de Ghanima termina dans sa mémoire comme de la shigawire :

 

« Adieu mon amour. Je serai maintenant sans mon ancre quotidienne. L’unicité que je connais avec Leto est les deux moitiés d’un seul être, mais l’unité que j’ai connue avec vous est différente. Avec vous j’ai pu trouver un Dieu de bonté, en vous j’ai pu voir à l’extérieur de moi-même et grâce à vous, trouver la vérité et la joie de l’épanouissement. Vous êtes mon amour[5]. »

 

  Harq al-Ada mourut en 10419. A ses funérailles, Leto II (qui présidait le rite), déclara que « comme il a donné une grande partie de l’histoire à la postérité, l’histoire donnera donc une postérité à Harq al-Ada[6]. »

  C’était une épitaphe appropriée et précise, pour un homme qui mourut sans enfants et sans conjoint légal, mais dont les « enfants » littéraires influeraient aux confins de l’Imperium sur les générations futures. JAC et CW

 

Autres références :

  • Arrakis, la transformation
  • La catastrophe Arrakeen (. Alt titre, La catastrophe de Dune) ;
  • Le Livre de Leto (une biographie dans un style populaire avec des épigrammes) ;
  • Le Jihad Butlérien ;
  • La Métamorphose Sainte ;
  • Atréides : Aperçu historique ;
  • Conférences sur la Prescience ;
  • Leto II (la biographie officielle de l’Imperium des deux cents premières années de Leto);
  • Leto II à ses Voix mémoire ;
  • Le Mahdinat, une analyse ;
  • Les philosophes de tous les temps ;
  • La Vision Presciente ;
  • Notes de ma vie ;
  • Devinettes d'Arrakis ;
  • L'histoire de Liet Kynes ;
  • Testament d'Arrakis ;
  • Les paroles de mon père ;
  • Un conte de Muad'Dib (reconstruit par Harq al-Ada).



[1] Harq al-Ada, Testament d’Arrakis (Workin-Progress, Arrakis études temp. Sér., 180, conf.lib.) ; L’histoire de Liet Kynes (Workin-Progress Arrakis études temp. Sér., 109, conf.lib.) 
[2] Cybele Harik, Le Prince/Le Dramaturge (Zimaona: Kinat), pp. 76-77.
[3] Leto II, Mémoires, Rakis Ref. Cat. 20-AU5, Area 73.
 
[4] *Ibid.
[5] *Ibid.
[6] *Leto II, revues, Rakis ref.cat. 20-A115 zone 80.
 






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