Corrino, Anuril (10132-10176)
Epouse de l’Empereur Padishah Shaddam IV,
connue principalement comme mère de la Princesse Irulan (Sainte Irulan, La
Vierge Irulan, Irulan Atréides) et la grand-mère d’Harq al-Ada. Dans les
découvertes de Dar-es-Balat, figure une collection de chansons, des poèmes et
des revues provenant de la bibliothèque d’Harq al-Ada, ainsi que des
informations, publiées dans les archives du Bene Gesserit, qui nous dépeignent
un personnage historique énigmatique.
Comme de nombreuses femmes du Bene Gesserit,
destinées à faire partie du programme génétique, Anuril ne connut jamais
l’identité de ses parents (la Sororité avait souvent recours à la consanguinité
pour fixer certains caractères génétiques d’une lignée familiale et elle
craignait une réaction hostile à cause des tabous de l’inceste). Après des
milliers d’années, la Sororité se sentit assez sûre pour divulguer ces
informations. Anuril était la fille d’une liaison entre le Comte Mauris Paluna,
un cousin par alliance de la Maison Corrino, et Zhaivee Elstun, la sœur
illégitime du Comte Gwilam alman. A la naissance, Anuril fut placée dans la
crèche du Bene Gesserit, attenante à la Maison du Chapitre de Chusuk. Les
crèches dispensaient des soins aux bébés filles Bene Gesserit qui commençaient
officiellement leur formation dans les premiers mois de leur vie.
Anuril commença à tenir un journal quand elle
eut environ 5 ans. Et même ces écrits précoces montrent qu’elle était
malheureuse de vivre dans un dortoir avec 5 autres filles, supervisées par des
sœurs en constante évolution. Ces écrits indiquent une incapacité croissante à
établir des liens personnels avec les autres. Au lieu de cela, elle semblait
avoir construit une vie imaginaire sur les forêts qui entouraient son école.
C’est seulement quand elle écrivait sur la forêt et ses animaux que l’on
entendait un rire d’enfant insouciante : « Je travaille si dur à mes
exercices de prana-bindu, et je m’améliore, mais maintenant je vais jouer à
cache-cache avec les ameks dans les bois, et aujourd’hui, je me suis assise si
tranquille et froide, qu’un flinsh m’a pris pour un buisson et a essayé de
construire son nid sur mon épaule ».
Alors qu’Anuril grandissait, elle s’intéressa
à la musique qui l’entourait sur Chusuk ; après avoir travaillé sur les
grands Lusicord, elle devint une habile joueuse. Malheureusement pour elle, les
Sœurs ne considéraient pas une telle compétence comme utile ou
appropriée :
« Les
belles mélodies que chantent mes cordes sont tout ce qui m’empêche de mourir
dans cet endroit rigide, stérile, avec des femmes et des règles. Toutes les
sœurs me disent que je suis laide à regarder quand je joue de ma chère Binnbec
[apparemment le nom de son lusicord], et que je finirais comme ménestrel errant
au lieu d’être la Dame d’un bon Seigneur. Eh bien, je ne veux pas être la chose
d'un seigneur! Je veux être une musicienne toute ma vie. »
Une telle carrière était interdite, bien sûr,
pour une mère-porteuse Bene Gesserit, attachée au programme génétique, et à 14
ans Anuril fut transférée à l’école du Chapitre sur Gamont, pour une formation
spécialisée. Son journal de cette période mentionne une résidence courte et
malheureuse :
« Merci
à la Grande Mère ! Les Sœurs vont me transférer sur Kaitain le mois prochain.
Molly dit qu’elle n’a jamais entendu parler d’une novice envoyée dans trois
écoles différentes ; pour elle, je suis une étudiante spéciale ou une
sourde-muette. Je pense que l’étiquette « idiote » est plus juste.
Simplement je ne supporte pas les leçons que nous allons recevoir. L'homme que j’ai
vu aujourd'hui était pitoyable - et Mère Jachaal m'a donné toutes ces postures
idiotes à assumer - et ce costume ridicule avec des paillettes pour mes
mamelons et cette pierre dans mon nombril. Je lui ai dit que ces sessions
fonctionneraient mieux si je pouvais prendre Binnbec avec moi et en jouer, mais
chauve-souris a simplement reniflé par le nez et dit quelque chose à propos de
la « thérapie par la musique », ou quelque chose d’approchant.
Je
ne sais pas [sic], journal, à quoi ressemble Kaitain, mais mais il ne peut pas
être pire que cela. Je souhaite juste [sic] que je ne seraispas trop malade
lors du voyage. Sœur Maura dit que je vais devoir prendre des cours
universitaires réguliers – en plus de ce de maintien, d'étiquette et de la
formation régulière de routine des Bene Gesserit, et il y a des étudiants laïcs
à l'école, et d’autres appartenant à des Maisons Nobles. Je n'ai jamais vécu
avec des gens normaux, juste avec des Sœurs et des Mères. Je pense que je vais
avoir à invoquer le régime de retour au calme chaque minute! »
Elle réussit assez bien sur Kaitain, mais
grâce aux rapports Bene Gesserit de la Maison du Chapitre des années 10149 et
10150 on sait qu’Anuril fut une étudiante émérite, et en 10151, elle reçut un
diplôme avec mention très bien en littérature et en histoire.
De 10152 à 10153, Anuril aida la Mère
Chamberlain à la Maison de Chapitre de Kaitain, mais en 10154, elle fut envoyée
à la Maison Corrino comme concubine pour le jeune Shaddam. Son journal de cette
période mentionne une relation intéressante, agréable, mais platonique,
croissante entre les deux jeunes gens. Shaddam était intéressé par sa musique
et sa poésie, et Anuril était intriguée par sa collection de bijoux et sa connaissance
en architecture historique et en costumes. L'Empereur Padishah Elrood IX,
cependant, était intrigué par la formation qu’Anuril avait reçu sur Gamont et il
insista por connaître les tests et les leçons de perfectionnement, pour
lui-même. Les journaux montrent que son amitié avec le fils grandit, tout comme
sa haine pour le père. En 10155, Shaddam pris Anuril pour femme, surtout pour
la protéger de l'obsession croissante de son père ; en 10156 lorsque
Shaddam monta sur le trône à la mort de son père, aucune reconnaissance
officielle ne fut donnée à Anuril. C’est seulement après la naissance de leur
premier enfant, Irulan, en 10165, qu’elle eut un statut officiel.
Les enfants furent la source d'un long conflit
entre Anuril et la Communauté des Sœurs, qui se termina de manière fatale. Bien
qu'il n'y ait pas d'information officielle au sujet de son rang réel
(répertorié comme Sœur de rang caché dans tous les dossiers Bene Gesserit
disponibles), elle devait être au moins Mater Acrior au vu du type de
communication qu’elle notait dans son journal après 10160. Quand elle fut
envoyée à Shaddam ses ordres étaient de produire un minimum de quatre filles
pour la Communauté des Sœurs. Mais pendant les premières années de son séjour
Shaddam se limita uniquement à des relations sociales, bien que son père ait
exigé une relation plus intime, obligeant Anuril à pratiquer le strict contrôle
des naissances. Pour compliquer encore les choses, quand Anuril finit par surmonter
l'inertie de Shaddam, elle constata qu’il était stérile, ce qui la força à le
nourrir subrepticement de médicaments permettant la fertilité. Pendant neuf ans
Anuril vécut en paix avec sa musique et sa poésie, répondant aux demandes de
plus en plus urgentes des Sœurs par des rapports périodiques sur les spermatozoïdes
de son époux.
En 10163, la vie d’Anuril fut troublée par
les ordres stricts, livré par le biais de la Diseuse de Vérité de Shaddam, la Révérende Mère Gaius Helen Mohiam.
La Communauté avait reçu des rapports sur les relations occasionnelles de
Shaddam, qui avaient produit deux fils illégitimes à l'extérieur de la
résidence royale.
« Je
dois simplement faire quelque chose. Gaius Helen est là une fois, toute la matinée, au début elle me
sermonne, puis elle me menace. Je déteste cette garce bien-pensante. Et elle
dit que Shaddam gaspille sa semence avec des moins que rien, alors que je
gaspille mon temps et par mes attentions à Binnbec. Cette femme n'a ni humour,
ni âme. Elle s’assoit chaque soir alors que je joue de la musique, et me
regarde fixement sous son capuchon noir.
Je
n'ai jamais été d'accord avec les directives de la Communauté et elle le sait.
Elle m'a dit aujourd'hui qu’il était impossible pour moi d’atermoyer plus
longtemps, mais elle ne voulait pas en dire plus. Quand elle m’a quitté j'ai lancé
deux sondes psycho-kinesthésiques prudentes à la recherche d'un poison, mais il
n'y avait rien d'inhabituel à l'exception d'un mélange d'aura sombre et de mes
cellules. Quelle qu'elle soit, cela semble accroître plutôt que nuire à ma
chimie. Peut-être que c’est la raison pour laquelle mon teint s’est éclaircit. »
Mais, deux mois plus tard, Anuril découvrit
la vérité sur les menaces et « l'aura ».
« Mohiam
était ici cet après-midi. Je dois séduire ce pauvre Shaddam, cela change tout.
Ce sera difficile après toutes ces années de confiance et d'amitié. Elle le
déteste, mais pas autant qu'elle me déteste – lui pour son « inattention pour
l'Empire » et moi pour mon manque d’attention pour mes filles. Cette aura qui
vit en moi est un petit cadeau de la Communauté des Sœurs, un poison résiduel qui
tue uniquement si on l’arrête. On m’a appris ces choses sur Gamont, et
maintenant je sais! Je sais pourquoi on nous nous disait qu’il ne pouvait pas
être neutralisé – elles l’utilisent sur nous ! Je savais qu'il y avait une
bonne raison pour moi de haïr Mohiam, mais je déteste mon propre ordre plus
encore. »
Évidemment ce stratagème Bene Gesserit était
efficace, car le couple produit cinq filles : Irulan, 10165; Calice, 10168 ;
Wensicia, 10170 ; Josifa, 10172 ; et Rugi, 10175.
La relation d’Anuril avec ses filles ne fut
jamais une relation très proche. Elle commença la formation Bene Gesserit d’Irulan
presque dès sa naissance, comme elle avait été chargée de le faire par la
Sororité, mais les deux montrèrent peu d'affection l’une pour l'autre. Irulan
adorait son père, était jalouse de tout le temps que sa mère passait avec lui,
et ainsi, elle passait la plupart de son temps à essayer de retourner Shaddam
contre sa femme. Alors qu’Anuril était simplement froide envers Irulan, elle repoussa
réellement Wensicia. Les journaux d’Anuril montrent qu'elle avait un comportement
agressif, hostile et même malveillant envers l'enfant. Lorsqu’Anuril surpris Wensicia
alors âgée de quatre ans, qui utilisait un prisme pour brûler la fourrure du
chat de la famille assis sur ses genoux, Anuril renonça complètement.
Apparemment, la seule fille qu’Anuril ait jamais aimée, était Calice, une
enfant douce avec une voix dorée comme ses cheveux.
Les jours d’Anuril se poursuivirent avec sa
musique, ses livres, et son jardinage, tandis qu’elle passait ses nuits à
exercer ses fonctions pour la Communauté.Elle écrivit plusieurs centaines de
poèmes, deux feuillets de musique pour lusichord, et trente-huit volumes de
journaux. Mais Anuril fut souvent malheureuse au cours des dix dernières années
de sa vie. Les grossesses interrompaient constamment son travail et perturbaient
sa psyché.
« Je
ne devrais pas être seulement un utérus. Mes vrais enfants ne viennent pas de
mon corps mais de mon esprit. Les poèmes montrent mon âme, mais les chansons
qui émanent de Binnbec sont mes vrais délices. Ils portent mon esprit blanc que
ces filles, ces navires de sang et d'os, qui sont mon devoir ; ces leçons
quotidiennes que je remettais à plus tard, à contrecœur, signifiaient plus pour
moi. »
Enfin, quand elle apprit que cinq filles n’étaient
pas assez pour satisfaire la Sororité, Anuril décida que la mort était
préférable à d'éternelles reproductions. D'abord, elle arrêta l'ingestion
d'aliments ou de liquides, dans une tentative d'arrêter le poison, mais elle
continua à trouver l'aura présente parmi ses cellules. Elle en déduisit alors
que le poison devait être sur quelque chose d’intime qu’elle touchait ;
elle finit par trouver la source. La Révérende Mère Mohiam avait imprégné le
bois et les cordes de sa bien-aimée Binnbec, l'instrument qui faisait sa joie fut
aussi l'instrument de sa destruction.
Dans un commentaire sur sa musique, Harq
al-Ada écrit de sa grand-mère, « je voudrais avoir connu Anuril. Son
portrait montre une femme mince, élégante, aux cheveux d'or dont les grands yeux
d’ambre mettaient une lueur dans un visage en forme de cœur. Mais ses chansons me
faisaient penser à la danse d’une dryade fragile, dans un monde beaucoup plus
beau que tous ceux que je n’ai jamais connu. Puisse-t-elle être avec Binnbec
dans un coin de paradis où elle joue ses mélodies ». GWF
Autres références :
-
Irulan Atréides-Corrino, Dans
la maison de mon père, Rebeth Vreeb, études Arrakis 4 (Kaitain :
Linthrin UP);
-
Harq al-Ada, Maisons et
foyers, lc Série temporaire 99 (contient des extraits des journaux
intimes d’Anuril).
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