mercredi 18 mai 2016

Harkonnen, Vladimir (10110-10193)



Harkonnen, Vladimir (10110-10193)
  Siridar-Baron de Giedi Prime sous le règne de Shaddam IV. Toutes les traductions actuelles des manuscrits de Rakis s'accordent sur le rôle que joua la Maison Harkonnen à la fin du règne de la lignée Impériale des Padishah et l’accession du Duc Paul Muad’Dib Atréides au Trône du Lion d'Or en 10193. Il ne peut y avoir aucune contestation importante sur la nature du Siridar-Baron ou sur la Maison  dont il est issu. La Maison Harkonnen – même dans une ère de manœuvres politiques meurtrières et impitoyables exerçait son pouvoir avec un cynisme et une cruauté démesurés, sa soif de pouvoir et de profit, n’avaient aucune limite.
  Vladimir Harkonnen incarnait les caractéristiques de ses ancêtres à un degré élevé : habile, rusé, glouton dans tous les sens du terme, il avait un poids  d'environ 180 kg au moment de sa mort, la plus grande partie de son poids était assumé par des suspenseurs placés sur sa personne. Il était, en outre, un pédéraste vorace, dont la selection de ses compagnons de lit se faisait au travers d’une source inépuisable d’esclaves. Mais le pouvoir était son plus grand appétit. Dans les dernières années de règne du Padishah de l’Imperium, son ambition principale fut de  mettre un Harkonnen sur le Trône. S’il avait réussi, cela aurait été un triomphe ironique : Maison Harkonnen atteignant les profondeurs de l’ignominie au sommet de l’Empire intergalactique. Vladimir Harkonnen était le descendant d'une famille qui se glorifiée d’avoir une histoire cruelle. La complaisance éthique peut condamner ses pratiques, mais seulement avec l'avertissement que l'ensemble de l’Imperium doit être condamné. La structure féodale des Padishahs était stable dans la mesure où il existait un équilibre du pouvoir entre des forces antagonistes ambitieuses. La méfiance constante et la volonté de recourir à tous les moyens restaient le prix de la sécurité. La Maison Harkonnen affichait, de manière excessive, une morale politique qui en fait, provenait, dans une large mesure, de Salusa Secundus.


  Vladimir était le troisième fils du Siridar-Baron Gunseng Harkonnen (10079-10130) et de la Baronne Muertana (plus tard connu comme la « veuve noire »), une beauté sombre avec la mentalité d'un scorpion, que Gunseng avait épousé pour former une alliance avec la puissante Maison Sarobella. Le premier fils mourut en bas âge. Le second, Araskin, était un géant, simple d’esprit, avec un pied-bot, mesurant deux mètres et pesant 110 kg. Araskin était connu pour son tempérament féroce et sa dévotion pour sa mère. Ces deux qualités pouvant être attribuées à son handicap physique. Il se considérait lui-même comme un champion potentiel, frustré à la naissance. Sa mère aimante encourageait cette idée délirante, expliquant que son état était dû à des défauts génétiques de Gunseng, qu'elle détestait. Vladimir naquit cinq ans après Araskin, alors que Muertana élevait le potentiel na-Baron en empoisonnant son esprit contre son père. Gunseng possédait une bonne compréhension des réalités politiques, ainsi que de la cruauté nécessaire pour les manipuler. Chacune de ces qualités fut transmises à Vladimir.
  Si les qualités exposées dans l'enfance donnaient  une indication, Vladimir semblait être la réponse au rêve de son père d'améliorer sa Maison. En grandissant il reçut une formation dans les arts martiaux, la musique et la politique avec les  meilleurs tuteurs que son père pouvait se permettre. Très tôt, il montra une grande intelligence, une soif d’apprendre et une extraordinaire capacité à absorber ce qui lui était enseigné. Bien que trapu de constitution, il était bien proportionné, d’une beauté ténébreuse, avec un visage plein, rond et poupin. Sa voix de baryton était remarquable pour sa force, sa portée et sa mélodie. Le poète itinérant Sil, Reeve Perrin, fournit une description contemporaine :

Et quel prodige c’était. Beau et pénétrant, avec des  lèvres charnues et un comportement chaleureux, à dix-huit ans, il avait déjà une présence imposante, né pour régner. Et quand il chantait, il tirait des larmes de crocodile même aux courtisans les plus cyniques de Gunseng, tant ils étaient ravis. Peut-être que le recul me permet de penser que je sentais quelque chose de malsain sous l'apparence forte, virile, surtout durant les moments où il déployait le plus ses charmes. Peut-être étaient-ce ses yeux voraces, qui ne rataient rien, qui vous dévoraient en vous regardant. Mais lorsque vous assistiez à ses combats d’escrime, ses tournois de Chéops ou ses spectacles musicaux, vous étiez simplement impressionné par l’homme lui-même. Et ce, même, lorsqu'il était commandant des Prétoriens de Harko ou qu’il assistait aux privés de Gunseng, qui excluaient sa mère et son frère aîné. Il était évident qu'il était préparé pour la Baronnie, et comment pouvait-il en être autrement ?
Muertana, de son côté, manipulait son énorme jouet, Araskin – que Gunseng ne reconnaissait pas comme son fils naturel, mais qu’il ne renia jamais  publiquement. La préférence de Gunseng allait à  Vladimir, une affection véritablement partagée, qui lui coûta la vie. Lors d'un banquet officiel, Araskin assassina son père et attaqua Vladimir, il était prêt à le tuer sans l’intervention du Mentat Chardin Klees qui lui enfonça une aiguille empoisonnée dans le cou. C’est à ce moment là que Vladimir changea. Cette nuit là, il étrangla sa mère. À l'âge de vingt ans, il devint le légendaire Baron Harkonnen.

Sa carrière de Baron
  Vladimir consolida sa position par des méthodes les plus drastiques. Le sort de son père lui avait enseigné que la faiblesse portait ses propres fruits. Bien que formé dans les arts les plus fins, la sournoise brutalité héritée de son grand-père et de sa mère resta une des caractéristiques remarquables de sa baronnie jusqu'à sa mort. Tous les Prétoriens et des responsables militaires planétaires étaient soumis à une analyse stress grâce à un interrogatoire psycho-chimique profond. Ceux qui échouaient étaient assassinés de sa main. Toute personne ayant des sympathies ou des liens  pour la Maison Sarobella étaient publiquement décapités. La petite noblesse fut secouée et s’aligna, sous la menace d'extinction. La peur et la puissance, la puissance et la peur – c’étaient devenus les outils les plus fiables du Baron.
  Vladimir aspira ensuite à une relation plus favorable avec le monarque impérial afin de poursuivre ses ambitions financières. Un poste d'administrateur du CHOM fut son objectif personnel immédiat ; à partir d’une telle position, il serait possible de construire une alliance avec Landsraad et donc avec l'empereur. Vladimir trouva, apparemment, cette ambition digne de sa Maison. Tout d'abord, il lui fallait être au-dessus de tout soupçon aux les yeux de l'empereur, en démontrant sa complète loyauté. Ensuite, un stratagème-dans-un-stratagème réussi  — Eh bien, qui ne pouvait pas envisager un Harkonnen sur le trône du Lion d'or ?
  Le jeune baron commença sous les meilleurs auspices en donnant volontairement vingt pour cent de ses bénéfices annuels dans les mines de ziradnium au profit des Sardaukar Imperiaux. Une telle pratique n’était pas rare à l'époque, en particulier parmi les nouvelles Grandes Maisons. L'Imperium, jusque là, avait augmenté de luxe de  sa bureaucratie coûteuse, souvent au détriment des Sardaukar. Les dons aux fiefs militaires reçurent sont l'approbation royale.
  Ce fut une tactique, mais dans une campagne plus vaste qui visait à augmenter les finances tout en courtisant l’Empereur. Vladimir joua également les extrémités contre le centre, formant des partenariats lucratifs avec des Maisons Mineures alors qu'il acheminait des dons sous diverses étiquettes dans les comptes impériaux. Il achetait des investissements à des Maison Mineures avec la garantie d'un pourcentage (moins l'amortissement et les frais généraux), tout en s’arrangeant pour soudoyer, avec des honoraires consultatifs, les administrateurs du CHOM eux-mêmes, afin de s’assurer leur acceptation. La Maison Corrino, naturellement, recevait des redevances en sous la table, avec les conscriptions, des matières premières et des produits finis, aux « conditions négociées », un euphémisme pour pots-de-vin. En effet, une grande partie de la réussite de Vladimir fut attribuée à son instinct infaillible pour la synchronisation entre la mise en place et le paiement des pots de vin. Lorsque ses pratiques financières furent remises en question lors d’une enquête demandée par une délégation du Landsraad, il dit :

« Le Lanssraad profite des bénéfices des Harkonnen. Le CHOM profite des bénéfices du Landsraad. Et les bénéfices du Chom profitent à tous. Nous devons tous travailler ensemble. La croissance économique nous nourrit et je souhaite simplement être l’engrais qui fertilise le sol. Ceux qui m’accusent de pratiquer la corruption sont ceux qui envient tout simplement mon succès. Ma seule réponse est : « Pourquoi sont-ils si pauvres ? »[1]

  On peut détecter l'esprit de Chardin Klees dans cette réplique subtile, et le mentat, même âgé restait redoutable, et peut-être l’instrument le plus précieux que le Baron eut en sa possession durant les trente premières années de son règne. Après la mort de Klees, son homme de confiance,  en 10162, le baron employa une succession de Mentats, des plus tordus aux plus lointains, qu’il tuait dès qu’ils perdaient leur utilité. Personne ne fut jamais en mesure de remplacer Chardin Klees. Dans la même année que la mort de Klees, la fortune de la Maison Harkonnen atteignit des sommets. Il obtint les droits sur le Mélange d’Arrakis, ce à quoi Vladimir avait travaillé longtemps et durement pour l’atteindre. Après plus de trois décennies de manœuvre prudente, il fut récompensé avec la planète la plus riche de l'empire : il était alors âgé de cinquante-deux ans.
  L'épice d'Arrakis était une manne économique pour la Maison Harkonnen. Elle supervisait sa production pour un pourcentage, calculé proportionnellement en fonction du rendement. Le CHOM recevait 20% de la production, répartis  entre les administrateurs et le Landsraad. La Guilde Spatiale recevait 15% (ils avaient prit soin de ne pas paraître gourmand). Le Bene Gesserit recevait  5%, ce qui était une quantité phénoménale du  rendement annuel total. La Maison Harkonnen recevait 20 à 30%, et le reste remplissait les coffres de l'empereur.
  Le contrat pour le mélange contenait implicitement l’incitation à une production maximale, ce qui signifiait l'application « d’un harnais plus serré » et  « un fouet plus dur » pour la population soumise. Le conducteur d’esclaves de Vladimir était l’aîné de ses neveux, le Comte Glossu Rabban (10132-10193), le fils légal de son plus jeune demi-frère, Abulurd, qui avait renoncé au nom et aux droits des Harkonnen pour pour le poste de gouverneur de sous-district de Rabban-Lankiveil. Mais Glossu voulait exercer ses fonctions avec la fermeté des Harkonnen, devenant populaire sur Arrakis comme que Rabban « la bête ».
  Le succès de l’homme de main de Vladimir Harkonnen fit la fortune de la Maison, mais au prix d’une haine éternelle des indigènes,  et plus particulièrement des sauvages Fremen, que le Baron rejetait en les appelant « la racaille du désert ». Il aurait pu leur accorder plus d’attention s’il n’avait pas été aussi impliqué dans la seule affaire  hétérosexuelle de sa vie.
  Vladimir gagna un répit avec l'installation sur Arrakis. Il hérita peut-être d’un peu du romantisme de Gunseng. Ou peut-être désirait-il changer ses goûts — sa  pédérastie réveillait peut-être des doutes au sujet de sa masculinité ou était-il simplement curieux de découvrir d’autres pratiques sexuelles. Qu’elles que furent ses raisons, quand la Révérende Mère Bene Gesserit Croesia lui offrit de lui fournir une partenaire qualifiée dans les arts érotiques, Vladimir ne remis pas en cause ses motivations. Il a jeté un coup d'œil au corps svelte de Tanidia Nerus et il fut séduit. (On pense maintenant, que « Tanidia Nerus » n’était autre que Gaius Helen Mohiam soigneusement sélectionnée, qualifiée et rajeunie.)
  Plusieurs comptes rendu disent que Vladimir l’aimait. D’autres rejettent cette émotion inhabituelle incontrôlable. D’autres encore avancent l’idée que Vladimir prenait Tanidia pour sa mère réincarnée. La vérité est sans doute quelque part parmi ses propositions. Tout ce que l’on sait, c’est que l’affaire fut brève et orageuse. Tanidia s’enfuit subitement d’Harko, pendant son huitième mois de grossesse, dans des circonstances menaçantes, et plus tard, disparu derrière le Bene Gesserit dont elle était sortie secrètement. C’est seulement dans les mémoires de Croesia que l’on trouve un bref échange du rapport de Tanidia à ses supérieures sur ses effusions avec le Baron :

Croesia : Vous savez combien cela nous a coûté. Il ne doit y avoir aucun doute quant à la filiation de votre enfant.

Tanidia : Il n'y a rien à faire, si même les techniques d'éveil subliminaux n’ont rien pu faire pour surmonter son impuissance.

Croesia : Ces techniques n’étaient pas nécessaires avec ses garçons.

Tanidia : Comme indiqué dans notre profil psychologique, sa misogynie est profondément enracinée, mais ambivalente. L’idéalisation inversé de l'anima se reflète sur sa propre enfance. Ainsi, l'amour qu’il ressent pour les jeunes garçons – c’est lui-même dans son propre esprit. Assassiner Muertana fut une libération, mais il y a de fortes raisons de croire que, avant, qu’il ne la tue…

Croesia : maintenant il oscille entre la répression et de la haine, revenant à lui-même
inconsciemment. Bien. C’est un levier, si jamais nous devions en avoir besoin. Vous avez bien fait, ma chère. Vous porterez une fille, bien sûr.

  Cette fille naquit en 10154, c’était Dame Jessica, qui allait devenir la concubine du Duc Leto Atréides et la mère de Paul Muad’Dib.
  Plusieurs siècles d'inimitié séparaient la Maison Harkonnen de la Maison Atréides. Vladimir, sur les conseils de son dernier mantat, l'infâme Piter de Vries, entreprit une campagne destinée à la fois à augmenter la fortune de sa maison et à détruire le Duc Rouge, Leto. Le plan était audacieux, retors, et risqué, mais les ultimes récompenses étaient incalculables.
  Aucun empereur sensé ne pouvait permettre à une Grande Maison de devenir trop puissante. C'est pourquoi Shaddam IV, depuis longtemps, était préoccupé par la Maison Atréides qui exerçait une grande influence dans le Landsraad. Shaddam, et ceci était compréhensible, craignait que le  Landsraad puisse s'unir autour d'une Grande Maison puissante, et ainsi altérer l'équilibre des forces au détriment de l'Imperium. Mais Shaddam avait ses propres ambitions : non seulement il souhaitait maintenir son propre pouvoir, mais il désirait également dominer le Landsraad grâce au contrôle des votes des administrateurs de la CHOM. La Maison Atréides se trouvait sur son chemin. En outre, le Duc Rouge avait formé une petite force militaire qui, au combat au corps-à-corps, égalait ses sardaukar. Ainsi, Shaddam se mit en tête, au fil du temps,  que lui et les Harkonnen seraient un tandem idéal contre avec son cousin royal. Les événements sur Dune, à l'exception de l'incident de la « dent empoisonnée », ne relèvent rien des décisions de Vladimir Harkonnen. Mais cet incident jette une lumière grotesquement comique sur le Baron au moment de sa victoire.
  Après la mort de son père, Vladimir se détourna des exercices physiques pour les arts de la pédérastie et manger pour se détente. En 10191, il était littéralement trop gras pour se déplacer sans l’aide de ses suspenseurs. Au cours de son interrogatoire du Duc Leto, ses suspenseurs lui sauvèrent la vie. Le duc Rouge mordit une dent rempli de poison et souffla le gaz mortel. La réputation d’efficacité mortelle de Vladimir n’était pas à l’image du corps énorme se sauvant hâtivement en  rebondissant — agitant les bras alors qu’il se retrouvait sur le dos — comparé au rire sinistre. Sa propre petite-fille, Alia, l’avait sans ménagement, quelques années plus tard : « il ne ressemble pas à grand-chose, ce n’est qu’un vieil homme peureux, bouffi de graisse, trop faible pour supporter sa propre chair sans l’aide de suspenseurs ».
  C'était une évaluation de l’illusoire grandeur du Baron à apogée de sa carrière illusoire. Avec l'avènement d’Alia, son importance historique prit un caractère unique. Il est donc préférable de continuer sa biographie après la révolte d’Arrakis, car en ce qui concerne sa relation avec Alia, elle y mit fin en le tuant de sa main.

Le Baron et Alia
  Psycho-régénération est un terme trompeur, si commode pour l'image évoquée. Dans le cas d’Alia, seule une fine ligne séparait la  possession des souvenirs génétiques d’une régénération de Vladimir Harkonnen essentielle dans psyché d'instable d’Alia. Pré-née, Alia devait subir une lutte intérieure avec les figures ancestrales dont l'ADN était intrinsèque à sa propre composition génétique, comme un héritage indésirable, mais inévitable. Cette lutte qu'elle perdit finalement, à défaut de parvenir à une alliance, comme Leto II, qui permit la survie de sa propre identité indépendante. Vladimir Harkonnen victoire, étouffa les voix intérieures des autres instances, subsumant progressivement l'intégrité psychique d’Alia, pouvait presque être considéré comme vengeance. Pourtant, ce n’était pas le baron, mais simplement son essence génétique qui se manifestait dans l'esprit d’Alia. L'ironie poétique ici était suprême.
  Quelle était la nature de la manifestation qui émergea après la mort de Vladimir et qui provoqua la prise de conscience d’Alia ? La plupart des documents décrivent la réémergence du Baron qui apparut dans la tête d’Alia comme étant quelque chose qui avait la même forme que le Baron à sa mort — grossièrement obèses, parlant d'une voix de basse. Une telle notion limitée est en contradiction avec le fondement de la possession elle-même, qui est basée sur l'essence génétique, pas sur la  définition ou le développement temporel. Ne serait-ce pas ce gras Baron vêtu de robes rouges qui provoquait la haine et dégoût d’Alia, peu importe la façon dont un tel personnage réprima l’appel des ancêtres désirant une place sur le devant de la scène  dans son esprit ? La meilleure réponse à la question vient de l'art, pas de la psychologie : la perspicacité du  grand Harq al-Harba fournit cela à son public avec une superbe pièce et en même temps nous donne une clé pour comprendre la  psycho-régénération.
  La pièce de théâtre De l’eau pour les morts (10302) raconte les vies entrelacées du Baron Harkonnen et d’Alia. Dans l’acte I, nous voyons Vladimir Harkonnen comme un jeune homme svelte, sportif et beau ; dans l’acte III, c’est une chauve-souris, il est devenu la monstruosité flottante, tué par Alia enfant. Dans le dernier acte, nous voyons progressivement les effets de la possession à travers les actions d’Alia ; mais dans la scène culminante, elle commence à danser avec un partenaire invisible. Comme elle tourne, sa robe d’apparat tourne en changeant de couleur (grâce à l’utilisation d’un champ Holtzman à effet sélectif) du noir au rouge. Quand elle termine son dernier tour, le visage qu’elle présente à son auditoire n’est pas celui d’Alia mais celui de Vladimir dans l’acte I. Voici la réponse.
  Il est stupide de penser qu’une personnalité telle que celle de Vladimir Harkonnen aurait pu s’engager dans une entreprise sans avoir mis en place certains leviers précis dont il aurait pu avoir besoin. Le Vladimir qui existait au sein d’Alia en savait suffisamment à son sujet pour s’en servir en flattant sa beauté, son charme et sa jeunesse, tout ce qu’il faisait était pour son bien à lui – par exemple, lorsqu’elle était frustrée politiquement, il renforçait ses sentiment d’impuissance, ou quand les jeux de pouvoir conduisaient à des désirs sexuels, il faisait en sortes qu’ils soient malsains – Vladimir se présentait alors dans toute sa puissance : masculin, énergique, avec une chaude voix de baryton, exquise et câline, apaisante, convaincante par ses nuances, son intonation, ses inflexions. Il était à la fois un jeune amant et un grand-père autocratique, insinuant sa présence et possédant Alia, et pour cela, il avait eu la combinaison précise requise.
  On ne peut pas imaginer la vivacité avec laquelle il avait été en mesure de s’insinuer progressivement auprès d’Alia, sauf si on veut expérimenter soi-même la possession. Mais l'impact était évidemment puissant, ce qui justifia les craintes du Bene Gesserit quant à l'Abomination. Vladimir était une anomalie : un personnage dont la carrière dura plus longtemps que sa vie ; son fantôme réalisa son grand désir, mettre un Harkonnen qu’il dominait — Alia — sur le trône impérial. Mais dans la mort comme dans la vie les Atréides continuèrent à le contrer. Une dernière observation concerne la forme dans laquelle le Baron s'est manifesté avant qu’Alia ne se jette par la fenêtre et meure : la forme était celle du Baron obèse, les cris vains, sa voix de basse. Cette forme n’aida-t-elle pas Alia à se  propulser pour en finir ? Si oui, alors la chute d’Alia était aussi la chute de la Maison des Harkonnen. S.T.

Autres références :
-          Harkonnen, Gunseng ;
-          Rabban, Glossu ;
-          Atréides, Alia ;
-          Nerus, Tanidia ;
-          Sil, Reeve Perrin, Notes des volontés d’un feu-follet, TR. T.H. (Fides : Manx) ;
-          Révérende Mère Decius Nancy Croesia, Mémoires, trad. Ewan Gwaladar, B.G. Fondation Studies 3 (Diana : Tevis) ;
-          Harq al-Harba, De l’eau pour les morts, dans œuvres complètes, éd. Blaigvor Ewanz (Grumman : Sterne) ;
-          Harq al-Ada, La Catastrophe de Dune, TR. Miigal Reed (Jérémy : Lothar).


[1]Le diable et la mer bleue profonde : Mes années dans la Maison Harkonnen, Rezhinaud Sagi, TR. Leewi Stii, (perfection de Giedi : Trémail).

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