jeudi 19 mai 2016

Hawat, Thufir (10175-10196)



Hawat, Thufir (10175-10196)
  Thufir Hawat, comme beaucoup le croient, fut le plus grand Mentat de l'Imperium, premier né des neuf enfants de Golani et Alwidi Hawat sur Logi, troisième planète d’Alpha Centauri B.
  La mère de Hawat, Golani, qui avait elle-même été brièvement formé comme un mentat potentiel, reconnut la capacité de son bébé et a pris les mesures appropriées pour commencer sa formation. Golani écuma l'Imperium afin de trouver des experts en contrôle des muscles et de l'esprit, et aiguisa  la sensibilité et la prise de conscience ; et aussi pour trouver des enseignants en langues et dans les sciences physiques et biologiques. Elle voulait que son fils soit bien formé, non seulement dans les principes fondamentaux habituellement offerts aux mentats potentiels, mais aussi en économie, communication et stratégie militaire.
  Lorsqu’il fut informé de son potentiel, et compte tenu de ses options, Thufir choisit de poursuivre sa formation et il fut envoyé dans une éminente école pour Mentats sur Ix. Là, Thufir se lia à deux personnes importantes. La première était Kolinahr, dont esprit et le charme attirèrent immédiatement Thufir ; les deux jeunes hommes devinrent rapidement d’inséparables amis. Le deuxième était une  jeune femme Anyya dont Thufir tomba immédiatement amoureux, pour la première et dernière fois de sa vie. C’était la fille d'une Bene Gesserit et d’un fonctionnaire de la Cour impériale ; Anyya était très intelligente et rivalisait avec Thufir dans ses résultats scolaires et partageait son affection. Selon tous les témoignages, ils partagèrent relation heureuse et épanouissante de relation pendant plusieurs années.
  Les rapports sont sommaires,  concernant la fin de leur liaison. Nous savons qu'Anyya quitta brusquement Ix avec Kolinahr et Hawat ne la mentionna plus jamais dans son journal. Rouse, le Mentat de la Maison Dioscur et Thufir restèrent amis, les rapports de Thufir  (dans son livre, L’éducation d’un mentat) montrent qu’après le départ d’Anyya, il devint morose et refusait catégoriquement de parler d'elle, on peut citer un de ses commentaires sibyllins de cette époque : « la femelle de l'espèce est sans doute incapable de fidélité ». Apparemment, il lui était arrivé la même chose qu’à Camelot, mais avec une différence : au lieu de s'élever au-dessus de son affliction, à une force arthurienne, qui aurait pu insuffler le fer dans son âme, Thufir permit à sa douleur de rabaisser son amour pour Anyya et de la transformer en une haine corrosive qui généra une méfiance profonde et permanente, pour toutes les femmes, surtout celles liées au Bene Gesserit. Cet anathème explique sans aucun doute le fait que Thufir ne tomba plus jamais amoureux d’une femme.
  A trente-cinq ans, Thufir était prêt à rejoindre la Maison Atréides sur Caladan, et il était certainement le mentat le mieux formé de l’Imperium. Le Duc Mintor Atréides était robuste et d’une vitalité qui permettait de porter les compétences d’Hawat à leur paroxysme. Il était déterminé à développer pleinement le fief que sa famille possédait depuis vingt générations. Le Duc Mintor engagea Hawat pour résoudre ses problèmes d’expansion. En coséquence, Hawat commença à s’occuper des terres, il dirigea la construction de barrages, créa un système d’irrigation complexe, conçut des réseaux de transport et de communication performants. Il rechercha dans l’Imperium, des experts en agriculture, viticulture, élevage et exploitation minière et s’en servit pour ses projets et pour fonder des écoles. Grâce aux plans de Hawat, les sujets du Duc furent formés à produire des récoltes, des vins de qualité, élever des bovins et d’autres animaux de ferme de haute qualité, et à rendre les mines lucratives. Les domaines florissants que le Duc Mintor montrait étaient en réalité l’énergie créatrice d’Hawat qui provoqua bientôt les jalousies de l’Imperium.
  Le Duc était d’une équité absolue et hônéte dans tous ses rapports avec Hawat (ces traits de caractère se retrouveront, plus tard, dans Leto), ce qui suscitait, chez le mentat, un attachement et une admiration constantes. Une source indique que le Duc était personnellement responsable du sauvetage de deux des êtres chers à Hawat, de l’oppression Harkonnen. Bien que la documentation sur les détails de cet exploit soit absente, l'audace et le courage du Duc le firent aimer du Mentat. Il n’est donc pas surprenant que Hawat resta tant d’années avec le Duc Mintor et qu’il aurait volontiers donné sa vie pour son Duc. Dans une escarmouche avec des raiders hors-monde dans l'un des ranchs du Duc, Hawat, lui sauva la vie et pris un coup d'épée dans l'aine, il fallut remplacer sa jambe gauche. Depuis, il gardait la cicatrice, et la douleur occasionnelle faisait sa fierté.
  Hawat tenait son Duc en haute estime, cet accro à la tauromachie, et il l'amena à développer un vaste programme d'élevage de taureau. Grâce à ses capacités à analyser les qualités génétiques, Hawat conçut des fermes de reproduction et d'alimentation et mit en place des expériences nutritionnelles. Il créa également une nouvelle arène pour le Duc, supervisa sa construction, et mit en place un spectacle coloré connu sous le nom de Tournoi des Atréides. Par la suite, Hawat ne manqua jamais une corrida dans laquelle le Vieux Duc prenait part, et il était présent le jour où un grand taureau encorna le Duc.
  Après la mort du Vieux Duc, Hawat transféra son allégeance au Duc Leto, qui détourna son attention de ses terres bien gérées pour se concentrer sur l'espionnage, la défense et l'expansion de la puissance maritime et aérienne. Hawat servi avec brio son duc dans tous ses intérêts : militaire, politique, économique, social et personnel. C’est même Hawat qui enquêta sur l'école Bene Gesserit et sur Jessica avant d’escorter la jeune femme, à contrecœur, sur Caladan pour être la concubine du Duc Leto. Après la naissance de Paul, il devint encore plus utile. Soupçonnant que son fils pourrait avoir des capacités de mentat, Leto confia à Hawat la responsabilité du programme de formation intensive de Paul. Au cours de ces années d’intimité de Paul nourrisson puis enfant, Hawat en vint à aimer le garçon comme son propre fils. Cet amour dura — et elle se manifesta de manière héroïque — jusqu’au jour de sa mort.
  La meilleure façon, peut-être, d’apprécier la valeur de Hawat pour la Maison Atréides est de revoir sa contribution durant son passage de Caladan à Arrakis, fief qui était détenu par les anciens ennemis des Atréides : les Harkonnens. La logistique impliquant le déplacement du personnel et du matériel d'une planète à l'autre était considérable, mais Leto n’aurait confié cette tâche à aucun autre que son mentat. En un temps record, a il prouva que cette  confiance était justifiée.
  Un travail encore plus difficile, s'occuper de sécuriser la nouvelle capitale d’Arrakeen, surtout quand tous les calculs de Hawat avaient abouti à la forte probabilité que Leto devait mourir sur Arrakis de la main des Harkonnen mécontents. Pour préparer cela, Hawat supervisa tout personnellement ; il rassembla et analysa la moindre bribe de connaissances disponibles sur la géographie, le climat et la topographie, les conditions météorologiques et l’histoire, ainsi que sur les fremen et leur culture. Après le déménagement, il envoya des équipes d'observateurs pour compléter ses informations.
  Les deux préoccupations immédiates étaient les communications et la stratégie militaire. Hawat mit en place le propre réseau de communications du duc et établit les codes, surtout le langage de bataille des Atréides, un langage à base de signes des mains : une de ses créations. Il déploya ses troupes efficacement en divisant les gardes entre la résidence du gouverneur et l’aire d’atterrissage. Pour une sécurité à long terme, il rassembla des dossiers de sympathisants présumés des Harkonnen.
  La zone la plus sensible était la sécurité. Hawat passa des jours et des nuits sans sommeil à vérifier chaque salle et tout le mobilier de la résidence. Il a mis en place des boucliers, plaça des dispositifs de sécurité, élimina des serviteurs et installa personnellement les détecteurs de poisons. Hawat avait fait de la sécurité le cœur de son enseignement auprès du jeune Leto et plus tard du jeune Paul : « le coût de la survie est la vigilance éternelle ». Mais, malgré tous ses soins, un chercheur-tueur placé par un traître après que Hawat ait inspecté la chambre de Paul menaça la vie du jeune homme peu de temps après l'emménagement dans la résidence. Dans un accès de remords, il tenta de démissionner, mais le Duc lui rappela que Paul avait survécu en grande partie grâce à la formation qu’il avait donnée à son jeune protégé. Leto estima qu'il était à féliciter qu’à blâmer, pour avoir si bien préparé Paul à ne pas ignorer un traitre « interne », à soupçonner tout et tout le monde – du Duc Leto et de Dame Jessica, jusqu’au plus humble soldat. La foi de Leto en son Mentat, se révéla dans son refus d'accepter la démission de Hawat, et le renouvellement de sa reconnaissance de la loyauté indéfectible de Hawat envers la Maison des Atréides.
  Lui-même expert en sabotage et contre-espionnage, Hawat déjoua un grand nombre d’intrigues Harkonnen. Bien qu’il déplore cette nécessité, il n’hésita pas à utiliser des pots de vin, la tromperie, et même le meurtre, lorsque le service de son Duc le nécessitait. Par expérience, Hawat était formé pour toujours suspecter. Comme le Duc Leto disait de lui : « il voit des assassins dans chaque recoin d’ombre ».
  Le service le plus important qu’Hawat rendit aux Atréides fut l’évaluation aiguë des fremen. En utilisant les données que Gurney Halleck lui apporta, Hawat vit astucieusement que les estimations précédentes de la population Fremen étaient ridiculement basses. Et, une fois qu'il commença à apprécier les qualités des gens du désert, il sut sans aucun doute qu'ils étaient un corps de combattants potentiels aussi fort et aussi mortels que les Sardaukar.
  Hawat fit des recherches approfondies et examina les films clips sur la culture Fremen. Sa première analyse de la religion Fremen se fit en vue de familiariser Leto et Paul avec des termes comme « Mahdi » et « Lisan al-Gaib » qui incarnaient tous les éléments essentiels. Le vieux Mentat saisit rapidement les moyens Fremen et se montra particulièrement sensible à reconnaître leurs préoccupations : comme, par exemple, leur préoccupation à récupérer de l'eau, leur réticence avec les inconnus, leur passion pour la liberté, leur obsession de l'exclusivisme. Ses conseils au Duc Leto étaient judicieux  lorsqu'il l’exhorta à ne pas réquisitionner les Stations d'observation botanique du désert de peur que cette action ne contrarie les Fremen qui accordaient une grande importance à ces bases. Hawat s’était aussi rendu compte que le refus de la Guilde de mettre en orbite un satellite météorologique reposait non pas sur des considérations financières, mais sur leur peur que les Atréides ne découvrent la vraie valeur d’Arrakis. Ses analyses se révélèrent exactes, par la suite, avec la vaste colonisation fremen, étayée par la stupéfiante richesse de la planète en épice et que le début de la transformation écologique devint évidente.
  Une fois établi à la capitale, Hawat ne fit qu'une seule erreur, il était prêt à croire que le traître était Dame Jessica — une croyance née, sans doute, de sa méfiance à l'égard des femmes et en particulier une « sorcière » Bene Gesserit. Bien que les Harkonnen aient laissé Arrakis, ils n'avaient aucune intention de laisser le fief aux Atréides. Connaissant la vigilance d’Hawat, les Harkonnen, et en particulier le mentat de Vries, fournirent à Hawat  de faux renseignements dans une lettre, interceptée par les Atréides, impliquant Jessica. Même lorsque le Duc Leto refusa de croire que la lettre du Baron discréditant Jessica n’était pas autre chose qu’un stratagème Harkonnen, Hawat ne put éradiquer ses soupçons : il gardait en lui le fruit amer de la trahison d'Anyya. Consciente de son problème, sans en connaître sa cause, Jessica mit en garde Hawat que, bien qu'il pouvait brillamment appliquer la logique à quoi que ce soit en dehors de lui-même, il aurait du mal avec « ces choses profondément personnelles ». Peu convaincu, Hawat quitta néanmoins l'entrevue avec un «sentiment d'admiration suprême» (comme il l'écrit à Rouse) pour Dame Jessica qui, à un moment, eut le courage remarquable de le défier en lui tournant le dos alors que Hawat la menaçait d’un couteau.
  À l'exception de cette erreur, ces jours où Hawat travailla à établir sa bien-aimée Maison Atréides sur Arrakis, furent les dernières heures de tranquillité pour le Mentat vieillissant, et sans doute les meilleures. Dès l'instant où il apprit la nouvelle de l'attaque Harkonnen, l'amertume devint son compagnon quotidien. Après avoir préparé des raids aléatoires contre une attaque de rien de moins que dix brigades (l’intelligence d’Hawat l’incita à attendre de connaître le nombre des adversaires), Hawat fut sidéré par la taille de la force Harkonnen et leur déploiement stratégique. Un calcul rapide révéla que l'attaque se composait de plus d'une centaine de brigades. Le revenu de l’épice d'Arrakis de cinquante ans ne pouvait pas avoir couvert le coût d'une telle entreprise. Ce que Hawat n’avait pas pu envisager, c’était qu’une grande partie du coût avait été financé par les caisses impériales.
  A partir de ce moment, jusqu'au jour de sa  mort, Hawat fut convaincu que Dame Jessica avait été leur traître. On ne peut que conjecturer que son expérience avec Anyya, avait dû être dévastatrice, car elle continuait à obscurcir son jugement sur les femmes. Bien qu'impuissant lui-même à pouvoir aider son duc alors que les Harkonnen avançaient, Hawat, encouragé par le fait incroyable que les Fremen avaient réussi à capturer un ornithoptère occupé par des Sardaukar et détruit de façon kamikaze un transporteur de troupe avant de capturer des Sardaukar déguisés, sous la livrée Harkonnen.
  Dans les papiers du Baron Harkonnen (en annexe à la Maison Harkonnen), nous apprenons la joie qu’éprouva le Baron en apprenant que Thufir Hawat, le maître-Assassin du Duc Leto, était encore en vie, mais aussi qu'il pouvait être utilisé contre la Maison Atréides. La stratégie du Baron était simple : en laissant croire à Hawat que Jessica était vivante et jen pensant que personne ne saurait jamais que le véritable traître était le Dr Wellington Yueh, le Baron pourrait nourrir le désir de Hawat de se venger. Le Baron en était arrivé à ce résultat : « la façon de contrôler et de diriger un Mentat se fait par le biais de ses informations. Fausses informations — faux résultats ».
  Il voulait absolument un mentat pour remplacer Piter de Vries, mort de la main de Leto, mais le Baron avait trop peur de Hawat pour ne pas prendre quelques précautions : il ordonna à Iakin Nefud, le capitaine de sa garde, d’imprégner Hawat d’un poison résiduel, mis au point pat de Vries, et de commencer à lui administrer l’antidote, régulièrement, dans ses repas. Sans l'antidote, Hawat mourait dans les quelques jours.
  La carrière discrètement enregistrée de hawat sur Giedi Prime demeure une énigme. Ses actions semblent, d'une part dépravées, d'autre part masquées par certains plans destinés à détruire le Baron. L’un des projets les moins dignes de Hawat fut la modification des arènes, comme il l’avait fait pour le Duc Mintor, mais avec une altération : deux de ces adaptations furent, d’une part les modifications apportées aux jeux de gladiateurs Harkonnen, l’autre étant la modification des handicaps des adversaires esclaves. Hawat conçut également un plan par lequel Feyd-Rautha pourrait donner une spectaculaire performance, quoique truquée, devant un auditoire d'élite. Au lieu des esclaves-gladiateurs drogués habituels, la victime avait été conditionnée par Hawat pour obéir à un mot clé. Ainsi, il semblerait que Feyd-Rautha s’était brillamment défendu lui-même contre un esclave non drogué qui s’était glissé dans l'arène pour tuer le na-Baron. L'intrigue n'aurait pas aussi « odieuse » si elle avait été seulement destinée à glorifier un jeune homme égoïste, mais son véritable but était d'éliminer esclavagiste du Baron, qui serait nécessairement blâmé pour cet esclave non drogué. Peut-être Hawat espérait-il utiliser cette mauvaise action pour accomplir une bonne action -  parce que l'esclave fut à deux doigts de tuer le neveu du Baron.
  Un autre casse-tête, fut le rôle que Hawat joua dans la tentative d'assassinat du Baron par Feyd-Rautha. Connaissant la préférence du Baron pour les garçons, Hawat conspira avec Feyd-Rautha pour envoyer au Baron un séduisant garçon-esclave avec une aiguille empoisonnée plantée dans sa cuisse. Et pourtant, Hawat avertit le Baron qu’une tentative d'assassinat pourrait avoir lieu. Le Mentat semblait jouer les deux extrémités contre le centre, pour certains jeux de sa propre création.
  Mystérieux et parfois ambigu, le  comportement de Hawat au service des Harkonnen, peut mieux s'expliquer à la lumière de son intense loyauté envers la Maison Atréides. Compte tenu des méthodes de fonctionnement dépravées du Baron Harkonnen —  quant à ses subordonnés, dont il n’attendait aucune loyauté — Hawat s’attendre qu’à des coups tordus. Avec ses pouvoirs de Mentat, il sut  certainement, ou tout au moins suspecta-t-il, qu'il avait été empoisonné et qu'il survivrait qu'aussi longtemps que le Baron, selon ses caprices, lui administrerait  l'antidote. Il brûlait, voire était obsédé, par le désir de vengeance sur les ennemis de son bien-aimé Duc Atréides, Hawat parcouru le chemin de l'opportunisme ; il se conforma aux ordres du Baron, rejoignit ses conspirations, conçut son propre plan sur ces traces, même s’il était infâme — tous ce qui pouvait aboutir à ses désirs : le jour glorieux où il pourrait frapper pour anéantir tous ceux qui avaient écrasé sa chère Maison.
  Nous ne pouvons que souhaiter avoir plus de preuves sur ces années. A part quelques notes du Baron et des fragments de lettres d’Hawat envoyées à son vieil ami d’école Rouse, il ne reste rien de ces années. Dans une de ses notes, le baron se vante d’avoir réussi à attirer l'attention et la vengeance de Hawat contre l'empereur, en le convainquant que l'empereur était la cause de la destruction de la Maison Atréides. Hawat avait toujours détesté le Baron avec une haine « sans-gêne », mais « il pense qu'il se sert de moi », le Baron avait écrit, « pour assouvir sa vengeance sur l'empereur... Il ne pense pas au-delà de sa vengeance. Hawat est un homme qui doit servir les autres et ne sait même pas le faire pour lui-même ». Les lettres de Hawat à Rouse, cependant, semblent en contradiction avec la vue du Baron. Dans une lettre Hawat déclarait qu’il « détestait » le Baron ; dans une autre il l’appelait « un cochon brut et dangereux » et avouait que « le détruire lui [le Baron] est un service rendu à l'humanité ». Comment Hawat avait-il prévu de détruire le Baron n'est ne pas clair. Il est certain qu’Arrakis participait à cela, car dans l’un de ses derniers services, il dirigea l’attention du Baron sur la planète désertique.
  Hawat révéla au baron que l'empereur s’était retourné contre le Duc Leto principalement parce Leto avait formé une force de combat qui pouvait rivaliser avec les Sardaukar ; il dit ensuite au Baron que l’empereur soupçonnait les Harkonnen de vouloir renouveler l’exploit avec l’émulsion des fremen. Lorsque le Baron mit cela en doute, notamment à cause du faible nombre de fremen, Hawat avait réussi à le convaincre que la population fremen pouvait être facilement de plus de 10 millions. Hawat suggéra également que, si cela pouvait se faire sans alerter l'empereur — les Fremen pourrait en effet être formé en une force impressionnante. Ce qu'il ne dit pas au Baron c’était que Gurney Halleck avait survécu à l'attaque perfide des Harkonnen contre la Maison Atréides et qu'il recevait des rapports de Halleck sur les tactiques Fremen. Ainsi, les intrigues les plus susceptibles d’aboutir tournaient autour du désir de Hawat  d’attirer le baron sur Dune – où Gurney avait beaucoup de mains pour l'aider satisfaire sa vengeance.
  Mais avant que le Baron d’Arrakis puisse agir, le destin s’en mêla. La Guilde, alarmée
par les changements qu'ils avaient observés sur la planète – en particulier le rythme accru de l'activité de troupe provoquée par Paul Muad'Dib – non seulement relaya cette information auprès du trône, mais aussi réduisit ses tarifs de transport de troupes à son minimum. Ainsi, dans un court laps de temps les cieux au-dessus Arrakis se couvrirent d’une  flotte de sept navires Harkonnen en compagnie de cinq légions de Sardaukar de l'empereur.
  Dès que la Guilde permit aux Harkonnen de déployer leurs troupes à au sol, le baron envoya Hawat dans une base de contrebandiers avec ordre d’infiltrer le camp de l'infâme Fremen Muad'Dib. Hawat était bien loin d’Arrakeen quand le mystérieux Muad'Dib défit les Sardaukar et captura l'empereur avec tous ses serviteurs. Quand il revint à Arrakeen plus de cinq jours plus tard, il était faible, à l’article de la mort, en l’absence d’antidote, Hawat avait découvert non seulement que le baron était mort, mais que l’invincible Muad'Dib assis dans la résidence n’était autre que son jeune duc Paul. Il s’en voulu, lorsqu’il apprit que Dame Jessica vivait avec son fils et qu’elle n’était pas le traitre, mais comme lui, la victime d’un sournois complot Harkonnen, et que la trahison venait du Docteur Yueh.
  Quand l'empereur Padishah et  la Révérende Mère Gaius Helen Mohiam, juste avant d’aller devant Paul, convoquèrent Hawat, il sut que cela signifiait la traîtrise. Il accepta l'aiguille empoisonnée minuscule sans un mot – trop faible pour hocher la tête, et l'empereur lui ordonna de s’en servir contre ce « Duc arriviste ». Quand il vit que Gurney Halleck vérifiait l'entourage entrant dans la grande salle d'armes, Hawat utilisa  lesle vieux langage de bataille pour lui dire que, pensant que Paul était mort, il avait travaillé avec les Harkonnens et lui demandait qu'il soit laissé dans le groupe — pour éviter, sans doute, tout geste qui pourrait être fait contre Paul.
  Et puis, Paul l’appela et accueillit comme « son vieil ami ». Comme Hawat obéissait à son bien-aimé Duc, certainement pour la dernière fois, il sut que Paul était au courant de l'aiguille et qu’il était certain que Hawat n'avait pas l'intention de l'utiliser contre lui. Dans son récit de la scène, la princesse Irulan écrit que Paul et Hawat chuchotèrent  ensemble pendant quelques instants avant que Paul tende la main et prenne Hawat par les épaules pour le soutenir. Puis elle note que Hawat se tourna, dans un geste magnifique, tendit sa main gauche vers l’Empereur, paume vers le haut, afin d'exposer l'aiguille cachée entre ses doigts et dit : « Voyez, Majesté ? Voyez  l'aiguille de votre traître ? Vous pensiez que moi qui ai voué ma vie au service des Atréides, je pourrais leur donner moins maintenant ? » Avec ce dernier acte de défi suprême proclamant sa fidélité inviolable pour les Atréides, Hawat mourut contre Paul et s'effondra sur le sol.
  Le Duc de Hawat rendit hommage, ensuite, à son fidèle serviteur, le Mentat qui avait servi trois générations d’Atréides, eut un honneur final : il donna l'ordre que le corps de Hawat soit emporté et traité avec tout le respect d'un héros de tribu. O.K.

Autres références :
-          Mentat, Histoire de l'ordre des ;
-          Mentat, Organisation des ;
-          Mentats tordus ;
-          Princesse Irulan Atréides-Corrino, L’éveil d’Arrakis, TR. Zhaulya Muuraz-harat, AS 15 (Grumman : unie mondes) ;
-          A.L. Rouse, L'éducation d'un Mentat, TR. Dawlej de Ger (Loomar : Institut Coie) ;
-          Marya von Wikkheiser, Maison Harkonnen, TR. Arazrii Pezh, SAH 76 (Paseo : Institut de la Culture des Galacto-Fremen) ;
-          Jessica Atréides, Les années d’Arrakis, TR. Zhaivz Aultan (Caladan : Apex).

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