dimanche 28 août 2016

Mentats, L’histoire de l’Ordre des



Mentats, L’histoire de l’Ordre des
  Fondé en 1234, sous le règne de Mikael I Le Constructeur, par Gilbertus Albans (1192-1294) ; établi à l’origine sur la planète Septimus, plus tard déménagé sur Tleilax (1246) ; développé et réorganisé par Grodon Orpar Playt (1186-1272), supprimé par Leto II en 11745.
  Gilbertus Albans, un philosophe et logicien septimien, conçut un programme de recherches poussées par un matin de printemps de 1231, lors d’une lecture sur le jihad butlérien, pendant ses loisirs. Sa lecture faisait mention que les ordinateurs légendaires avaient été construits par les humains, et il lui semblait peu probable qu’ils puissent posséder des capacités supérieures à celles de l’esprit humain. Au cours des années suivantes, il conçut un plan d’étude pour la production d’ordinateurs humains, qu’il nomma « Mentats », et il recruta des étudiants pour ce programme. L’Ordre débuta sur Septimus, il se composait de trois rangs d’adeptes : les mémoriseurs, les processeurs et les hypothésistes. Bien que souvent en difficultés financières à cause de son Ordre naissant, Albans refusa de permettre à ses Mentats de servir, jusqu’à ce qu’ils soient passé par les trois rangs. Mais il autorisa ceux qui étaient encore en formation à faire connaître les capacités des Mentats, et cette pratique conduisit à la délocalisation de la Maison de l’Ordre.
  Parmi les trois rangs, les processeurs étaient les plus vulnérables. Leur formation soulignait l’acceptation inconditionnelle de la direction d’autrui, et ils étaient donc totalement dépendants de la bonne volonté de ceux qui les entouraient. Dans la maison de formation, ils étaient en sécurité sous la garde de l’Ordre jusqu’à ce qu’ils atteignent au troisième rang, dans une sécurité relative, l’hypothésiste.
  Un tragique accident sur Septimus conduisit presque l’Ordre en disgrâce. Albans menait ses jeunes stagiaires dans différentes villes, de temps à autres, présentant leurs compétences afin d’obtenir un soutien pour son programme. Pour une telle occasion, un groupe de cinq processeurs fut séparé de la partie principale. Conformément aux instructions d’Albans, ils devaient attendre au stade sportif de la ville, le groupe demanda à un passant comment trouver le stade. Il dit : « Il suffit de les suivre, eux – ils sont sur le chemin en direction du stade », et il désigna un groupe de gladiateurs. Les processeurs marchèrent dans leurs pas, les suivirent dans l’arène et furent tués dans la mêlée du programme de la journée. Il y avait des histoires similaires qui circulaient, de processeurs enlevés (une tache pas très difficile) pour servir d’attraction curieuse lors du carnaval. Albans vit que, au pire, l’Ordre risquait la destruction, et au mieux, le ridicule public. Il décida donc, avec la Guilde, de déménager sur Tleilax. Moyennant un pourcentage sur les profits, les tleilaxu acceptèrent de leur fournir une protection militaire, l’association qui commença, devait avoir des conséquences regrettables des siècles plus tard.
  Une fois qu’Albans fut en mesure de former un nombre suffisant d’Hypothésistes dans l’isolement de Tleilax, il commença une campagne efficace pour convaincre les administrateurs et les gestionnaires de la CHOM, de la valeur extraordinaire des Mentats. Aussi fructueux qu’était son programme, ses méthodes de formation étaient tellement secrètes, que pendant des siècles, l’Ordre put s’enrichir. Ses protecteurs tleilaxu s’enrichissaient également, et certains spéculèrent que la richesse qu’ils accumulèrent durant les premières années avait pu servir d’investissement pour leur programme d’ingénierie biogénétique. D’autres pensaient que le succès et le secret de l’Ordre des Mentats avaient poussé les tleilaxu avides à essayer de produire des Mentats par d’autres moyens.

Grodon Orpar Playt III
  Auteur, statisticien et parfois théoricien militaire ; il prit sa retraite de gouverneur de Stormstile et accepta un mandat d’administrateur de la CHOM. C’est pendant son service en cette qualité, qu’il entendit parler des travaux d’Albans et qu’il rencontra personnellement plusieurs Mentats. A l’expiration de son mandat de directeur, il prit contact avec l’Ordre ; comme l’indique sa carrière, il possédait une prodigieuse intelligence et il termina le programme d’entrainement des Mentats en trois mois. Sa valeur était évidente pour Albans, qui se laissa convaincre par Playt d’étendre le programme pour répondre aux besoins des chefs de gouvernements. Playt proposa trois rangs supérieurs, les généralistes, les simulationnistes et les conseillers, et étendit le programme de formation pour accueillir de nouveaux grades dans une révision approfondie du Manuel des Mentats d’Albans. Cette révision demeura presque inchangée dans les millénaires qui suivirent.

La croissance de l’Ordre
  L’Ordre grandit, lentement au début, mais de plus en plus rapidement lorsque les dirigeants de la CHOM réalisèrent la valeur des Mentats. Leur discipline rigoureuse, l’engagement à la logique et l’évitement des émotions, prévoyaient une expansion pacifique et ordonnée de l’Ordre. En 1625, la Maison de l’Ordre des Mentats atteignit sa taille optimale, qui avait été prévue avec précision par Albans :

Les postulants
-          Nourrissons et tout petits : 225
-          Enfants de 3 à 6 ans : 440
-          Enfants de 7 à 10 ans : 400
-          Enfants de 11 à 13 ans : 280

Les candidats
-          14 ans : 90

Les demandeurs
-          15 ans : 80

Les mineurs ordinaires
-          Mémoriseurs : 60
-          Processeurs : 55
-          Hypothésistes : 50

Les majeurs ordinaires
-          Généralistes : 10
-          Simulationnistes : 6
-          Conseillers : 4

  L’Ordre était également bien épaulé par les 1700 personnes de la Maison et un personnel de terrain de 200 auxiliaires, les Amis de l’Ordre des Mentats.

Les défis de l’Ordre
  Au fil des siècles, la portée du programme de formation ne changea que légèrement. Mais cette stabilité se modifia au cours de la croissance économique sans précédent de l’imperium, en particulier sous Avelard II (qui régna de 1624 à 1647). Sous la pression politique importante, Avelard fut à un cheveu d’envoyer des troupes sur Tleilax pour forcer l’Ordre à élargir son programme de formation. Proctor Makarfo Bonn résista aux demandes d’augmenter la taille, le rythme ou la qualité des efforts de formation de l’Ordre et, enfin réussit à convaincre Avelard que ni l’Imperium, ni la CHOM, ni même le Landsraad ne gagneraient en diluant la formation des Mentats. Les tleilaxu réclamèrent un crédit en contrepartie de la patience d’Avelard, ils menaçaient de rendre publique l’information qu’ils avaient été prêts à résister à une force d’invasion ; cette réclamation rencontra un scepticisme unanime, en considérant que, d’une part il y avait les forces sardaukars et celles du Landsraad, et de l’autre les tleilaxu.
  L’Ordre fit face à des problèmes importants avec les radicaux néo-butlériens qui apparaissaient sous la forme de fanatiques et qui émergeaient tout au long des siècles. Parmi les plus violents, on trouvait les gauchistes pularsaniens, qui considéraient les Mentats comme des traîtres qui avaient transformé leurs esprits en machines biologiques. La terreur  des pularsaniens était dirigée contre les Mentats individuels, cependant l’assassinat – la force et non la masse – était leur tactique favorite.
  Le Tleilax ne pouvait pas garantir la sécurité des Mentats qui étaient dispersés sur quelques deux mille mondes ; la nécessité de défendre les Mentats avait conduit à introduire les arts martiaux dans la formation des Mentats. L’école des Maîtres d’Escrime de Ginaz, par exemple, dispensa une formation aux Mentats du rang de conseillers, contribuant ainsi à créer la spécialisation de mentat-assassin. Au dixième millénaire, le mentat-assassin – Thufir Hawat de la Maison Atréides ou Piter de Vries de la Maison Harkonnen – était une condition sine qua non pour une Grande Maison avec des aspirations élevées.
  D’autres spécialisations apparurent à cette époque, à la croisée de puissantes forces politiques : le ghola Duncan Idaho, présenté à Muad’Dib par le Tleilax, était un mentat philosophe Zensunni. L’auteur de l’ouvrage de référence sur l’histoire de l’Ordre, Dondar Kooreeg estima que la formation de mentat chez le ghola fut cruciale quand il recouvra sa personnalité pré-ghola, quelque chose de sans précédent.
  Les problèmes vraiment regrettables dans la spécialisation des Mentats étaient l’absence de lien entre la formation mentat et les programmes de la Guilde ou du Bene Gesserit. Toutes (et beaucoup apparurent) étaient entretenues avec hostilité.

Le déclin de l’Ordre
  Les tleilaxu  pouvaient se féliciter de l’expérience mentat, ils se vantaient au travers des expériences de mutation contrôlée, ils avaient combiné la capacité des Mentats avec des réalisations spécifiquement adaptées (ou des perversions) de leur propre cru. Le résultat fut le notoire programme de Mentats-assassins (PMA).
  Le fondateur de l’Ordre lui-même, Albans, avait mis en garde contre le fait de combiner la formation mentat avec toute forme de spécialisation, mais au fil des millénaires, ces mises en garde furent oubliées, la plus désastreuse fut celle de Proctor Hiebines XI, en 10054. Il avait conclu un accord avec le Tleilax pour répandre le bruit qu’un quatrième rang de mentat serait créé pour des expériences visant à réaliser une infrastructure génétique sur laquelle on pourrait appliquer un programme de formation simplifié. Bien que le plan fût vendu à Hiebines avec un faible risque pouvant diminuer la qualité des Mentats, son résultat final visait la destruction de l’Ordre. Le Tleilax obtint l’accès au programme secret des Mentats, mais les produits furent de complets échecs – rebelles contre leurs maîtres, déloyaux envers l’Ordre et coupables d’affreuses erreurs de calcul. Les Mentats tleilaxu étaient plus mauvais qu’utiles, causant du tort à la réputation de l’Ordre, et on se méfiait même des Mentats fiables. De cette catastrophe naquit la crainte des « Mentats-tordus ».
  L’Ordre des Mentats ne retrouva jamais son ancien prestige, mais il garda encore un respect limité dans certains secteurs, et ce jusqu’au règne de Leto II. Pendant les mille premières années du règne de cet Empereur, les Truitesses et les administrateurs planétaires doutèrent systématiquement des Mentats promus. Ce programme, couplé avec la poigne de plastacier de la politique de Leto conduisirent à un moindre besoin de mentat et à une grande défiance publique.
  Le but de Leto était une destruction lente de l’Ordre, en commençant par l’affaiblir progressivement : ses nombreux Duncan furent accusés de servir tous les conseiller-Mentats connus ; les Mentats de rang inférieur devaient s’inscrire auprès des gouvernements planétaires et obtenir une autorisation spéciale pour voyager entre les planètes ; la Guilde Spatiale (craignant la perte de son allocation d’épice) refusait même les demandes raisonnables des Mentats. Ce harcèlement atteignit son apogée avec le fameux rapport d’Odaho-11736, qui accusait l’Ordre d’être responsable de la catastrophe qui s’abattit sur plusieurs Grandes Maisons à la fin de la dynastie Corrino. Cette accusation, soigneusement orchestrée déclencha l’horreur et Leto interdit la formation des Mentats en 11745. Au cours des quatre-vingt-dix années suivantes, tous les Mentats connus, y compris ceux en formation probatoire, moururent, et les Truitesses scellèrent la Maison de l’Ordre vide de Tleilax pendant 200 ans.
  La Maison fut rouverte plus tard, comme musée, mais Leto n’étendit pas la tolérance qu’il avait accordée aux Fremen de Musée pour l’établissement d’un musée mentat. Cependant, lorsque le public fut autorisé à accéder à la maison, aucun papier, manuel ou guide pédagogique ne fut trouvé parmi les dossiers. A ce jour, le seul matériau mentat retrouvé, dans le Trésor de Rakis, est une transcription partielle d’une copie, abîmée, du Manuel des Mentats. Il reste possible, mais cela n’a jamais été confirmé ou nié, que le Bene Gesserit ait volé le Matériel manquant pour l’intégrer à leur propre programme de formation mentat.
  Par une ironie de l’histoire, Leto II fut, à un moment, contraint de demander de l’aide à la Révérende Mère Tertius Eileen Anteac qui, contrairement à l’ordre de Leto, avait été accusée d’être un conseiller mentat entièrement formé. Dans la dernière année de sa vie, Leto demanda à Anteac d’entreprendre un voyage sur la planète Ix. Elle y mourut sans signaler à sa Maison-mère la nature ou le résultat de cette mission. L’ironie est double si, en effet Anteac, une femme, était le dernier des Mentats. P.P.

Autres références :
-          Mentats, L’organisation des ;
-          Thufir Hawat ;
-          Piter de Vries ;
-          Dondar Kooreeg, Grandeur et décadence de l’Ordre des Mentats, 2 v. (Centralia : Johun University Press).

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