samedi 9 janvier 2016

Corrino, Anuril (10132-10176)



Corrino, Anuril (10132-10176)
  Epouse de l’Empereur Padishah Shaddam IV, connue principalement comme mère de la Princesse Irulan (Sainte Irulan, La Vierge Irulan, Irulan Atréides) et la grand-mère d’Harq al-Ada. Dans les découvertes de Dar-es-Balat, figure une collection de chansons, des poèmes et des revues provenant de la bibliothèque d’Harq al-Ada, ainsi que des informations, publiées dans les archives du Bene Gesserit, qui nous dépeignent un personnage historique énigmatique.
  Comme de nombreuses femmes du Bene Gesserit, destinées à faire partie du programme génétique, Anuril ne connut jamais l’identité de ses parents (la Sororité avait souvent recours à la consanguinité pour fixer certains caractères génétiques d’une lignée familiale et elle craignait une réaction hostile à cause des tabous de l’inceste). Après des milliers d’années, la Sororité se sentit assez sûre pour divulguer ces informations. Anuril était la fille d’une liaison entre le Comte Mauris Paluna, un cousin par alliance de la Maison Corrino, et Zhaivee Elstun, la sœur illégitime du Comte Gwilam alman. A la naissance, Anuril fut placée dans la crèche du Bene Gesserit, attenante à la Maison du Chapitre de Chusuk. Les crèches dispensaient des soins aux bébés filles Bene Gesserit qui commençaient officiellement leur formation dans les premiers mois de leur vie.
  Anuril commença à tenir un journal quand elle eut environ 5 ans. Et même ces écrits précoces montrent qu’elle était malheureuse de vivre dans un dortoir avec 5 autres filles, supervisées par des sœurs en constante évolution. Ces écrits indiquent une incapacité croissante à établir des liens personnels avec les autres. Au lieu de cela, elle semblait avoir construit une vie imaginaire sur les forêts qui entouraient son école. C’est seulement quand elle écrivait sur la forêt et ses animaux que l’on entendait un rire d’enfant insouciante : « Je travaille si dur à mes exercices de prana-bindu, et je m’améliore, mais maintenant je vais jouer à cache-cache avec les ameks dans les bois, et aujourd’hui, je me suis assise si tranquille et froide, qu’un flinsh m’a pris pour un buisson et a essayé de construire son nid sur mon épaule ».
  Alors qu’Anuril grandissait, elle s’intéressa à la musique qui l’entourait sur Chusuk ; après avoir travaillé sur les grands Lusicord, elle devint une habile joueuse. Malheureusement pour elle, les Sœurs ne considéraient pas une telle compétence comme utile ou appropriée :

« Les belles mélodies que chantent mes cordes sont tout ce qui m’empêche de mourir dans cet endroit rigide, stérile, avec des femmes et des règles. Toutes les sœurs me disent que je suis laide à regarder quand je joue de ma chère Binnbec [apparemment le nom de son lusicord], et que je finirais comme ménestrel errant au lieu d’être la Dame d’un bon Seigneur. Eh bien, je ne veux pas être la chose d'un seigneur! Je veux être une musicienne toute ma vie. »

  Une telle carrière était interdite, bien sûr, pour une mère-porteuse Bene Gesserit, attachée au programme génétique, et à 14 ans Anuril fut transférée à l’école du Chapitre sur Gamont, pour une formation spécialisée. Son journal de cette période mentionne une résidence courte et malheureuse :

« Merci à la Grande Mère ! Les Sœurs vont me transférer sur Kaitain le mois prochain. Molly dit qu’elle n’a jamais entendu parler d’une novice envoyée dans trois écoles différentes ; pour elle, je suis une étudiante spéciale ou une sourde-muette. Je pense que l’étiquette « idiote » est plus juste. Simplement je ne supporte pas les leçons que nous allons recevoir. L'homme que j’ai vu aujourd'hui était pitoyable - et Mère Jachaal m'a donné toutes ces postures idiotes à assumer - et ce costume ridicule avec des paillettes pour mes mamelons et cette pierre dans mon nombril. Je lui ai dit que ces sessions fonctionneraient mieux si je pouvais prendre Binnbec avec moi et en jouer, mais chauve-souris a simplement reniflé par le nez et dit quelque chose à propos de la « thérapie par la musique », ou quelque chose d’approchant.
Je ne sais pas [sic], journal, à quoi ressemble Kaitain, mais mais il ne peut pas être pire que cela. Je souhaite juste [sic] que je ne seraispas trop malade lors du voyage. Sœur Maura dit que je vais devoir prendre des cours universitaires réguliers – en plus de ce de maintien, d'étiquette et de la formation régulière de routine des Bene Gesserit, et il y a des étudiants laïcs à l'école, et d’autres appartenant à des Maisons Nobles. Je n'ai jamais vécu avec des gens normaux, juste avec des Sœurs et des Mères. Je pense que je vais avoir à invoquer le régime de retour au calme chaque minute! »

  Elle réussit assez bien sur Kaitain, mais grâce aux rapports Bene Gesserit de la Maison du Chapitre des années 10149 et 10150 on sait qu’Anuril fut une étudiante émérite, et en 10151, elle reçut un diplôme avec mention très bien en littérature et en histoire.
  De 10152 à 10153, Anuril aida la Mère Chamberlain à la Maison de Chapitre de Kaitain, mais en 10154, elle fut envoyée à la Maison Corrino comme concubine pour le jeune Shaddam. Son journal de cette période mentionne une relation intéressante, agréable, mais platonique, croissante entre les deux jeunes gens. Shaddam était intéressé par sa musique et sa poésie, et Anuril était intriguée par sa collection de bijoux et sa connaissance en architecture historique et en costumes. L'Empereur Padishah Elrood IX, cependant, était intrigué par la formation qu’Anuril avait reçu sur Gamont et il insista por connaître les tests et les leçons de perfectionnement, pour lui-même. Les journaux montrent que son amitié avec le fils grandit, tout comme sa haine pour le père. En 10155, Shaddam pris Anuril pour femme, surtout pour la protéger de l'obsession croissante de son père ; en 10156 lorsque Shaddam monta sur le trône à la mort de son père, aucune reconnaissance officielle ne fut donnée à Anuril. C’est seulement après la naissance de leur premier enfant, Irulan, en 10165, qu’elle eut un statut officiel.
  Les enfants furent la source d'un long conflit entre Anuril et la Communauté des Sœurs, qui se termina de manière fatale. Bien qu'il n'y ait pas d'information officielle au sujet de son rang réel (répertorié comme Sœur de rang caché dans tous les dossiers Bene Gesserit disponibles), elle devait être au moins Mater Acrior au vu du type de communication qu’elle notait dans son journal après 10160. Quand elle fut envoyée à Shaddam ses ordres étaient de produire un minimum de quatre filles pour la Communauté des Sœurs. Mais pendant les premières années de son séjour Shaddam se limita uniquement à des relations sociales, bien que son père ait exigé une relation plus intime, obligeant Anuril à pratiquer le strict contrôle des naissances. Pour compliquer encore les choses, quand Anuril finit par surmonter l'inertie de Shaddam, elle constata qu’il était stérile, ce qui la força à le nourrir subrepticement de médicaments permettant la fertilité. Pendant neuf ans Anuril vécut en paix avec sa musique et sa poésie, répondant aux demandes de plus en plus urgentes des Sœurs par des rapports périodiques sur les spermatozoïdes de son époux.
  En 10163, la vie d’Anuril fut troublée par les ordres stricts, livré par le biais de la Diseuse de Vérité de  Shaddam, la Révérende Mère Gaius Helen Mohiam. La Communauté avait reçu des rapports sur les relations occasionnelles de Shaddam, qui avaient produit deux fils illégitimes à l'extérieur de la résidence royale.

« Je dois simplement faire quelque chose. Gaius Helen est là  une fois, toute la matinée, au début elle me sermonne, puis elle me menace. Je déteste cette garce bien-pensante. Et elle dit que Shaddam gaspille sa semence avec des moins que rien, alors que je gaspille mon temps et par mes attentions à Binnbec. Cette femme n'a ni humour, ni âme. Elle s’assoit chaque soir alors que je joue de la musique, et me regarde fixement sous son capuchon noir.
Je n'ai jamais été d'accord avec les directives de la Communauté et elle le sait. Elle m'a dit aujourd'hui qu’il était impossible pour moi d’atermoyer plus longtemps, mais elle ne voulait pas en dire plus. Quand elle m’a quitté j'ai lancé deux sondes psycho-kinesthésiques prudentes à la recherche d'un poison, mais il n'y avait rien d'inhabituel à l'exception d'un mélange d'aura sombre et de mes cellules. Quelle qu'elle soit, cela semble accroître plutôt que nuire à ma chimie. Peut-être que c’est la raison pour laquelle mon teint s’est éclaircit. »

  Mais, deux mois plus tard, Anuril découvrit la vérité sur les menaces et « l'aura ».

« Mohiam était ici cet après-midi. Je dois séduire ce pauvre Shaddam, cela change tout. Ce sera difficile après toutes ces années de confiance et d'amitié. Elle le déteste, mais pas autant qu'elle me déteste – lui pour son « inattention pour l'Empire » et moi pour mon manque d’attention pour mes filles. Cette aura qui vit en moi est un petit cadeau de la Communauté des Sœurs, un poison résiduel qui tue uniquement si on l’arrête. On m’a appris ces choses sur Gamont, et maintenant je sais! Je sais pourquoi on nous nous disait qu’il ne pouvait pas être neutralisé – elles l’utilisent sur nous ! Je savais qu'il y avait une bonne raison pour moi de haïr Mohiam, mais je déteste mon propre ordre plus encore. »

  Évidemment ce stratagème Bene Gesserit était efficace, car le couple produit cinq filles : Irulan, 10165; Calice, 10168 ; Wensicia, 10170 ; Josifa, 10172 ; et Rugi, 10175.
  La relation d’Anuril avec ses filles ne fut jamais une relation très proche. Elle commença la formation Bene Gesserit d’Irulan presque dès sa naissance, comme elle avait été chargée de le faire par la Sororité, mais les deux montrèrent peu d'affection l’une pour l'autre. Irulan adorait son père, était jalouse de tout le temps que sa mère passait avec lui, et ainsi, elle passait la plupart de son temps à essayer de retourner Shaddam contre sa femme. Alors qu’Anuril était simplement froide envers Irulan, elle repoussa réellement Wensicia. Les journaux d’Anuril montrent qu'elle avait un comportement agressif, hostile et même malveillant envers l'enfant. Lorsqu’Anuril surpris Wensicia alors âgée de quatre ans, qui utilisait un prisme pour brûler la fourrure du chat de la famille assis sur ses genoux, Anuril renonça complètement. Apparemment, la seule fille qu’Anuril ait jamais aimée, était Calice, une enfant douce avec une voix dorée comme ses cheveux.
  Les jours d’Anuril se poursuivirent avec sa musique, ses livres, et son jardinage, tandis qu’elle passait ses nuits à exercer ses fonctions pour la Communauté.Elle écrivit plusieurs centaines de poèmes, deux feuillets de musique pour lusichord, et trente-huit volumes de journaux. Mais Anuril fut souvent malheureuse au cours des dix dernières années de sa vie. Les grossesses interrompaient constamment son travail et perturbaient sa psyché.

« Je ne devrais pas être seulement un utérus. Mes vrais enfants ne viennent pas de mon corps mais de mon esprit. Les poèmes montrent mon âme, mais les chansons qui émanent de Binnbec sont mes vrais délices. Ils portent mon esprit blanc que ces filles, ces navires de sang et d'os, qui sont mon devoir ; ces leçons quotidiennes que je remettais à plus tard, à contrecœur, signifiaient plus pour moi. »

  Enfin, quand elle apprit que cinq filles n’étaient pas assez pour satisfaire la Sororité, Anuril décida que la mort était préférable à d'éternelles reproductions. D'abord, elle arrêta l'ingestion d'aliments ou de liquides, dans une tentative d'arrêter le poison, mais elle continua à trouver l'aura présente parmi ses cellules. Elle en déduisit alors que le poison devait être sur quelque chose d’intime qu’elle touchait ; elle finit par trouver la source. La Révérende Mère Mohiam avait imprégné le bois et les cordes de sa bien-aimée Binnbec, l'instrument qui faisait sa joie fut aussi l'instrument de sa destruction.
  Dans un commentaire sur sa musique, Harq al-Ada écrit de sa grand-mère, « je voudrais avoir connu Anuril. Son portrait montre une femme mince, élégante, aux cheveux d'or dont les grands yeux d’ambre mettaient une lueur dans un visage en forme de cœur. Mais ses chansons me faisaient penser à la danse d’une dryade fragile, dans un monde beaucoup plus beau que tous ceux que je n’ai jamais connu. Puisse-t-elle être avec Binnbec dans un coin de paradis où elle joue ses mélodies ». GWF

Autres références :
-          Irulan Atréides-Corrino, Dans la maison de mon père, Rebeth Vreeb, études Arrakis 4 (Kaitain : Linthrin UP);
-          Harq al-Ada, Maisons et foyers, lc Série temporaire 99 (contient des extraits des journaux intimes d’Anuril).

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