Révérende Mère
Un
titre donné à ces vénérables gardiennes du Bene Gesserit dont les capacités à
utiliser leur corps comme des vaisseaux de transformation de l’eau de vie à des
fins d’illumination leur valu une place parmi les élus.
Les informations recueillies des archives, qui furent ensuite scellées,
de la Maison du Chapitre du Bene Gesserit, indiquent qu’une Révérende Mère, en
vertu de son statut, était celle qui avait atteint un niveau de conscience
extraordinaire, et une intuition prophétique. De plus, une riche cachette de
manuscrits, revues et journaux intimes se trouvent dans les archives et
révèlent l’histoire sacrée de la mission de la Révérende Mère qui remonte aussi
loin que Jehanne Butler. Ces documents, particulièrement l’annexe du Matrium Ordines, retrace la
cérémonie de l’Eau de vie, qui prend ses racines dans l’ancien rituel terrien,
pour former le catalyseur permettant à une femme de devenir l’une des élues.
Que la cérémonie et la progression ultérieure de la transcendance aient été
irrémédiablement changées par la participation de Dame Jessica dans la
cérémonie fremen de la graine est incontestable. Non seulement Jessica était en
relation avec son propre héritage de Révérende Mère, mais elle s’unissait à la
longue lignée des Révérendes Mères fremen, tout cela sans le bénéfice des
années habituelles de discipline et de formation. Jusqu’à ce moment-là, le
« poison » utilisé lors de la cérémonie de l’eau de vie variait selon
les traditions culturelles, mais son effet dépendait de la préparation de
l’individu pour l’harmonie du Soi. A l’instar du mélange qui servait seulement
pour améliorer la « vue » de quelques Révérendes Mères formées, le
« poison » de la cérémonie traditionnelle servait à concentrer le
dépassement et l’union du Un avec le Tout. Avec l’introduction de l’eau de vie
fremen, le poison créé par la noyade du « faiseur », la force du
catalyseur changea. L’augmentation de la dépendance sur le poison fremen et la
diminution de la dépendance des disciples à la pénible formation avait progressivement
affaibli la rigueur de l’ordre. Ainsi, la découverte de l’Athanor Proctrices et l’exerci
Animae nous donne une compréhension beaucoup plus claire de la
véritable fonction des Révérendes Mères, avant le moment où l’appendice Ordines Matrium soit qualifié de
« corruption des Atréides ».
Il
est probable que le vœu universel d’une Révérende Mère – « sciente ipsem
scit omnem » - débuta avec la Mère fondatrice elle-même, dont les ancêtres
avaient été attribués à la Grande Mère. De toute évidence, la devise reflète
les objectifs des cinq ordonnances prises par toutes les Révérendes Mères,
comme cela est indiqué par l’Athanor
Proctrices qui fait autorité : « elle a sondé la nuit obscure
de l’être et a survécu ; elle a vu la vérité et a été forte ; elle
s’est liée à la légitimité limitée et en a réchappé ; elle a fait face à
son ennemi et en est sortie victorieuse ; elle a supporté le fardeau de la
douleur et n’a pas succombé ; elle est le témoin que le soi est dans le
tout[1] ».
L’objectif du programme de formation Bene Gesserit était de développer
une forme d’exercice mental permettant au pratiquant d’acquérir un mode de
conscience inaccessible à ceux qui n’avaient pas le don ou la formation. Ce
mode altère la conscience, une vision profondément accrue de la réalité acquise
en se tournant vers l’intérieur, était un prélude au perfectionnement du Soi
transcendantal. En se tournant vers l’intérieur, une distinction pouvait être
atteinte entre le soi de l’illusion et la réalité phénoménale limitée et le soi
qui participe à la réalité absolue, la vallée dite de la vision infinie.
Le manuel officiel, l’Exerci
Animae, imposait un cours de discipline et une formation spéciale pour
les Bene Gesserit les plus douées qui étaient élues. Le programme était axé sur
la production d’une parfaite union harmonieuse entre le soi et le soi, le
devenir du devenir, la sensation et l’illumination dans l’esprit du pratiquant
accompli. L’introduction de ces « exercices spirituels » promettaient
que toutes perceptions seraient successives mais finalement simultanées,
limitées mais infinies. Mais il semble qu’il y ait eu une mise en garde :
Il faut prendre
soin de garder un contrôle étroit sur l’épanouissement de la conscience
transcendantale de peur qu’elle vienne spontanément, sans la volonté manifeste
faisant appel à elle. Une telle instabilité pourrait être dangereuse, menant à
réduire sérieusement l’efficacité du pratiquant qui doit alors planifier toutes
ses actions et réactions avec une discipline rigoureuse. La conscience
transcendantale ne peut fonctionner au gré d’un plan plus intense que la
conscience pourrait remplacer involontairement. L’unité doit être préservée
afin que la scission ou le mode de division craint, soit rendu indésirable et
inefficace[2].
Plus précisément, l’initiée devait prendre part à des activités qui
stimulaient les autres facultés à côté de celles antérieures, car cultiver des
modes intérieurs exclusivement pouvait drainer l’action de la volonté.
L’activité de la volonté, le manuel indique clairement que, la reconnaissance
étendue d’une pluralité changeante, souvent antagoniste, dans une existence
normale et la réponse sensible aux stimuli, doivent tous s’exercer
régulièrement. La conscience formée est capable de concentration intense mais
cette orientation n’est pas compatible, semble-t-il, avec une expansion
toujours plus large et l’approfondissement de cette même conscience. La Révérende
Mère substituait idéalement l’expérience de vie aux schémas conceptuels sociaux
et politiques de ceux qui cherchaient ses conseils en tant que professeur dans
un domaine, une puissance de transformation.
Toutefois, le processus de transformation qui inaugurait une Révérende
Mère, elle qui était à la fois le moyen et le vaisseau, requérait trois phases.
Dans les principes fondamentaux ils étaient décrits comme trois stades :
la purge de l’ipséité récalcitrante ; l’aube de la sagesse ; la
réconciliation et l’union avec tous ceux qui l’ont précédée[3].
Ainsi, le corps, l’âme et l’esprit étaient purifiés, éclairés et rassemblés. Ce
qui devait aboutir à une nouvelle puissance de la vie, et la Révérende Mère
était la médiation entre le monde des apparences appelé réalité, et la monde
invisible qui est la réalité. Un équilibre était censé s’établir de cette
façon, avec le centre rituel de la Révérende Mère.
L’ensemble du processus requérait initialement une période de
renonciation et de détachement au cours de laquelle l’initiée devenait comme un
vaisseau dans lequel la transformation de soi était préalable à des exigences
et des étapes ultérieures. Comme dans la formation précoce des Bene Gesserit,
la conscience de la réalité de base se transformait en crainte de l’Absolu, de
sorte que dans la formation ultérieure et finale, les poisons étaient purifiés
en savoir liquide. Comme un alchimiste préhistorique dont la mission était de
transmuter les matériaux de base en or pur, la Révérende Mère était une sorte de
quête dans les labyrinthes communs de l'esprit de la substance incorruptible
qu'elle seule pouvait transmuter en une nouvelle forme. Et c’est seulement celle
qui serait Révérende Mère qui pouvait voir ce qui était caché à d'autres. Les
actions rituelles complexes impliquées dans la transformation du banal en
sanctifié, le poison en pur, symbolisaient le droit de tutelle.
Les
rituels d'induction pour une Révérende Mère constituaient une bataille entre
soi et son
territoire (qui résister à toutes les incursions) de longue date, et le Soi transcendantal (qui pouvait s’attendre à être repoussé et abusé). Mais par la persistance et la volonté de soi corrompue, on perdait du terrain. Le référentiel spirituel des générations et des millénaires serait plus fort et plus difficile à déloger de la cérémonie avancé. En conclusion, le territoire du caractère remplaçait le sol de l'autre. Là, il se tenait résolument debout par assauts du dehors puisque la lutte intérieure féroce avait été résolue. Le champ sacré qui restait inviolé, toute la perception spirituelle croissait là. Ces derniers essais de transformation montrent une Révérende Mère dans l'acte de création de soi, un œil spirituel s’ouvrant sur le plateau infini et éternel. Dans le silence à travers lequel tout mouvement est possible, elle pouvait alors voir la connexion de toutes les choses dans un flot ininterrompu.
territoire (qui résister à toutes les incursions) de longue date, et le Soi transcendantal (qui pouvait s’attendre à être repoussé et abusé). Mais par la persistance et la volonté de soi corrompue, on perdait du terrain. Le référentiel spirituel des générations et des millénaires serait plus fort et plus difficile à déloger de la cérémonie avancé. En conclusion, le territoire du caractère remplaçait le sol de l'autre. Là, il se tenait résolument debout par assauts du dehors puisque la lutte intérieure féroce avait été résolue. Le champ sacré qui restait inviolé, toute la perception spirituelle croissait là. Ces derniers essais de transformation montrent une Révérende Mère dans l'acte de création de soi, un œil spirituel s’ouvrant sur le plateau infini et éternel. Dans le silence à travers lequel tout mouvement est possible, elle pouvait alors voir la connexion de toutes les choses dans un flot ininterrompu.
L’extraits des Sermones Assises
corroborent les cinq ordonnances et les niveaux d’accomplissement de l'aspirant
pour atteindre l’état d’élu : service pour la seule cause ; l’abandon
de soi à la cause ; l'obéissance au nom de la mission; contester
l'inconnu; convertir la terreur du
bienheureux[4].
Les
suprêmes difficultés inhérentes à la réalisation de ces objectifs sont
attestées dans les revues, les agendas et la correspondance privée des
personnes se soumettant à l'épreuve. En outre, si le Sanctae Vitae[5]
annoté enregistre l'histoire et la généalogie de l'Ordre des Révérendes mères,
les Saints-Dialogues ajoute les
expériences plus personnelles du groupe de départ des Révérends mères[6].
Toutes les sources prêtent foi à la supposition que la Révérende Mère était le
point de ralliement pour l'unité dans la diversité. Elle devait représenter un
lieu de rencontre des différentes réalités, une union du fini et de l’infini.
Elle devait participer à la vie communautaire et ce faisant communiquer un sens
sacramentel et une signification. Elle pouvait englober tout le changement et le
Un ne changeait pas One et ainsi il devenait le lieu de repos du paradoxe de
l'existence. Par le biais de son être, elle pouvait concilier ce paradoxe dans
une vision compréhensible et acceptable.
Mais
tout d'abord, la Révérend Mère elle-même devait s’engager dans une lutte pour la
conscience éclairée. Cette lutte était souvent caractérisée de Lucius Duorum,
dans laquelle son esprit du monde comportait des lacunes et entrait dans un
combat féroce avec la conscience éveillée et l'Esprit de réalité. Dans la
lutte, l'esprit vicié cherchait à se tenir contre l’ensemble du centre fixe et
immuable de la vraie réalité[7].
La désintégration défiait l’intégration en maintenant tantôt l’un tantôt
l’autre, en alternance, en mouvements pour la contrôler. On voyait l’illusion
comme un escroc adroit, mais la lumière constante de la Réalité exposait chaque
feinte et détour ; et enfin, par la puissance de la volonté, la réalité a gagnait
du terrain. Alors seulement, pouvait-elle devenir le centre de la direction
spirituelle, le guide et le gardien, le tuteur et le surintendant, le navire de
la communion avec l'Absolu au nom de l'Inconnaissable.
Le
journal de la Révérende Mère Edda Josefa contient un récit dramatique de ses
premières expériences sur le chemin de la perception transcendantale :
« J’ai
constaté que bien que je pratique les exercices d’auto-exorcisme, de discipline
et de contrôle de volonté afin de
surmonter la faiblesse à résoudre, je suis affligée par les petites intrusions
de la douleur en moi, les ouvertures de la vanité et de l’ambition, et la tentation
d’auto-préservation. On tenait à soi comme à un centre cosmique, comme un
soleil tournant autour d’organes auxiliaires, c’est la plus insidieuse des
illusions. Mais ensuite, j’ai trouvé que je pouvais en appeler au courage, cet
imposteur qui se dévoilait lui-même. J’ai fermé les yeux et me suis tourné vers
l’intérieur, avec toute la puissance de ma concentration, une vision monta par
étape, menant à la lumière qui m’enveloppa et mena à mon retour. Mon esprit
resta au cœur de cette lumière ; mon cœur et mon esprit étaient à nouveau
libres. Je possédais désormais, ce que j’avais cherché ailleurs. Je venais de
comprendre la distance entre la piété consciencieuse et l’obéissance, et
l’intuition et l’acceptation de la réalité et de la lumière incréée. J’étais
maintenant prête à accepter ma nouvelle mission[8]. »
Un
article similaire se trouve dans les Saints-Dialogues,
parlant de l’expérience de la Révérende Mère Averginea Rellim, qui décrit le
processus pour devenir insensible au monde phénoménal afin d’intensifier la
conscience d’une réalité plus parfaite. Elle trouva que la vie des sens avait
pris la place de l’intuition :
« Mon
énergie avait été trop dirigée vers l’amour-propre, et la vanité et la pensée
inactive. Dorénavant, je consacrerais ma volonté et je me détacherais de
l’illusion afin de pouvoir travailler les merveilles de la réalité en moi. J’ai
consacré mes pensées actives et mes actions réfléchies à mon propre service. Le
fait est que la fidèle discipline peut me permettre la liberté de conscience
que je recherche[9]. »
De nombreux autres témoignages sont
contenus dans le Liber Rjcarim,
qui est censé relater les expériences précoces de ces Révérendes Mères dont la
vie devait servir d’exemple. La Révérende Mote Lucilla Godyar, par exemple,
avait pu raconter sa première vision, celle d’une porte ouverte, à travers
laquelle elle pouvait voir de l’autre côté, l’éternité de la réalité. Elle
était, comme elle l’avait rapporté, comme une chaîne interminable liée à une
lumière parfumée. Elle savait qu’elle se tenait sur le seuil de la conscience
cosmique. Mais avant, elle pouvait franchir ce seuil, là elle était retenue par
une vision d’elle-même, comme une bougie éclipsée par le soleil. En ce moment
terrifiant, elle se devait de prévoir l’impressionnant chemin de l’humilité et
l’abandon de soi, la dénégation et le repentir, la douleur et la solitude,
qu’elle aurait à parcourir sir son chemin pour franchir le seuil.
« J’avais appris à connaître les poisons ; et si je le devais, alors
je saurais également les contrôler et les diriger », conclue-t-elle[10].
Dans tous les cas, l’objectif des pouvoirs était d’accroitre la vision
intellectuelle de clairvoyance pour chaque Révérende Mère, afin de découvrir
les « humains ». L’essence de la signification « d’humain »,
pensaient-elles, s’ouvrirait comme une création variée s’exposant couche après
couche jusqu’à son cœur qui bat. C’est cette essence que la Révérende Mère
devait tout d’abord découvrir en elle, essayer et sonder les couches externes
de l’illysion, la vanité et la peur. Le journal intime de l’une des Révérendes
Mères fondatrices, Augusta Cserna, détaille sa vision de l’être humain, et sa
quête et celle de ses sœurs qui continuèrent un exerçant leur activité. On peut
y lire, en partie :
« J’ai pu à
la fois voir la génération éternelle de tous les êtres vivants, et l’origine du
monde dans le ventre de la Grande Mère. Il contient, comme une superposition de
fleurs à l’infini, toute la création, l’immuabilité et le changement,
l’infernal et l’extérieur, l’esprit et la chair, l’essence et l’existence. La
lumière exposée au-dessus de l’espace infini du temps, comme l’étant et le
non-être luttant mutuellement pour la suprématie. La résistance chétive de
l’évolution constante, volonté-devenir, pouvait être comparée à la forme
parfaite de l’immuabilité fixe. »
« Quelle
monstrueuse collision je prévoyais alors. Les serviteurs obéissaient,
froidement efficaces dans l’obscurité et sous les projecteurs épars, mais
passionnés par la flamme ; la flamme que seuls les vrais humains pouvaient
percer jusqu’au cœur secret du Tout. »
« Par le
biais de la flamme, je pouvais voir revenir la Mère Jehanne Butler, pour qui
Tout était une vision du possible, et avec intérêt, la Mère Jessica dont le
destin et la mission étaient d’incarner l’avant et de conserver le trésor
humain. La longue ligne entre, comme un
fil d’or les liant ensemble, est une série ininterrompue de mains
jointes dédiées à cet effet : que la quête de l’esprit humain impérissable
est une faim éternelle, alimentée par la discipline de la patience, le
dévouement, le sacrifice et l’amour[11]. »
G.E.
Autres references:
- Bene Gesserit, Archives;
- Bene Gesserit, Maison du Chapitre ;
- Bene Gesserit, Gouvernement ;
- Bene Gesserit, L’histoire du ;
- Bene Gesserit, La bibliothèque sur Wallach IX ;
- Bene Gesserit, Les rangs du ;
- Bene Gesserit, La formation.
[1] RM Lepidus Eileen Gwarren, éd. Athanor Proctrices, trad. Zhaiva
Gan Découvertes BG, étude 5 (Diana: Trevis), p. 179.
[2] RM Varnus
Deborah Lommis, Exerci Animae, tr. K.I. Maur, Découvertes Bene Gesserit ;
étude 1 (Diana : Trévis) p. 5.
[3] Ruuvars
Shaigal, ed. Principes fondamentaux de
la manière : « un cahier d’exercices mentaux Gene Gesserit »
(Grumman : Lodni) p. 78.
[4] Juusepiin Kazagrando, ed., Sancti Sermones
(Work-in-Progress, Etudes d’Arrakis Temp. Ser. 44 Lib. Conf., p. 72.
[6] Rakis Ref.
Chat. 2-BG 3869, la zone 16.
[7] Shaigal, pp. 45-57.
[8] RM Gaius Edda Josefa, Journal, Rakis réf. cat. 1- BG2110.
[9] Rakis réf. cat.
2-BG3869, zone 24.
[11] RM Augusta Cserna, Journal
d’une Bene Gesserit, Tr. Virlin Loke (Centralia : Kutath Brother)
p.19495.
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