mardi 30 août 2016

Mentats, L’organisation des


Mentats, L’organisation des
  Le nom « Mentat » est dérivé de mentis, qui signifie « de l’esprit » en latin, une ancienne langue de la Terre. Le fondateur de l’Ordre des Mentats, Gilbertus Albans (1192-1294), un logicien et philosophe de renommée interstellaire, inventa le terme pour désigner ceux qui étaient entièrement formés et compétents dans les techniques qu’il avait prescrit pour l’Ordre. Pendant des milliers d’années, la société pensa les Mentats comme l’incarnation de la logique et de la raison.

Caractéristiques
  Un adepte Mentat pouvait être considéré comme (a) un être humain dans le sens générique du Bene Gerrerit (bien que la Communauté des Sœurs ne niait violemment), à savoir « un animal doté de la raison et de la logique » ; (b) un expert dans toutes le méthodes de logique et de déduction ; (c) un généraliste conceptuel, contrairement aux spécialistes dans des domaines étroits ; et (d) quelqu’un possédant une quasi-vérité logique fondée non pas sur la prescience, mais sur l’inférence.
  L’adepte Mentat était capable de réaliser des liaisons déductives remarquables et des spasmes de gestalt d’intelligence pure, mais habituellement il le faisait seulement lorsqu’il était dans une profonde transe-mentat. Certain prétendent que ce que l’on appelait la transe-mentat était simplement un dispositif spectaculaire utilisé par le Mentat pour paraître  plus impressionnant. Mais les rapports subjectifs pointaient tous vers l’authenticité de la transe. Les yeux vitreux, la voix d’une intonation égale et la conscience semblait être tournée vers l’intérieur.
  Peut-être à cause de leur besoin apparent d’invoquer cet isolement de transe fade pour un plus grand pourcentage de précision, les Mentats échouèrent historiquement comme commandants. Il y a à peine un cas sur le rapport d’un Mentat qui réussit comme entrepreneur, politicien ou soldat. Certains ont même fait valoir que Paul Muad’Dib lui-même avait en partie échoué parce qu’il avait trop souvent essayé d’aborder les problèmes sociaux et politiques complexes seulement comme un Mentat. Mais son cas était atypique, car il n’avait jamais étudié officiellement dans un programme approuvé par l’Ordre. Un argument en faveur d’un commandant efficace est une question de tempérament, et pas de raisonnement en termes de capacité. En effet, le commandant efficace doit souvent prendre des décisions intuitives en l’absence de données complètes. Les Mentats – ordinateurs humains – étaient formés dans le but d’éviter ces jugements, quand c’était possible. Ainsi, un bon Empereur, Duc ou directeur agissait parce qu’une décision devait être prise, mais un Mentat le faisait parce qu’une décision ne devait pas être prise.

Les rangs des Mentats
  Dès les premiers jours de l’Ordre, Gilbertus Albans vit peu de liens entre les compétences d’un commandant et l’excellence d’un Mentat. Par conséquent, en nommant les six rangs des Mentats, Albans évitait les titres qui pouvaient suggérer une fonction (comme « président, « directeur » ou « gestionnaire »…) il favorisa les titres qui soulignaient des processus et des relations. Les trois rangs mineurs étaient nommaient, par ordre croissant, mémoriseur, processeur et hypothésiste. Les trois rangs supérieurs instaurés environ 17 ans plus tard étaient généraliste, simulationniste et conseiller.

  Les Mentats potentiels étaient tenus d’avoir deux choses, la prédisposition intérieure nécessaire pour rendre la formation efficace, et ce qu’Albans appelait « un appel à la raison » pour rendre la discipline tolérable. Compte tenu de ces qualités, une décision solennelle s’ensuivait et une formation préliminaire, l’initié était alors accueillit dans le programme comme un mémoriseur-novice.

Les rangs mineurs
-          Mémoriseur :
  Le mémoriseur entièrement formé était capable de retenir des informations liées et interdépendantes. Le test final impliquait d’absorber une série de 2x104 chiffres ou lettres et de les reproduire dans l’ordre correct, de dupliquer le même schéma ou le même espacement que l’original. Les mémoriseurs pouvaient répéter des livres entiers sur simple rappel. Ils étaient en mesure de reproduire des configurations spatiales, telle que la mise en page d’une ville après n’avoir vu l’endroit (ou les plans de celle-ci) qu’une seule fois. Leur principale activité, cependant, était leur capacité à répéter des conversations mot pour mot, de bout en bout, en imitant la cadence et l’inflexion vocale de chaque participant. Albans avait travaillé dur pour aider les jeunes mémoriseurs à éviter ce qu’il appelait le problème de « babillage » - être submergé par la minutie des données. La meilleure défense contre le babillage était la classification des données.
  L’administration de la CHOM appréciait particulièrement la capacité des mémoriseurs à tenir les registres, d’autant que le jihad butlérien avait détruit le moyen le plus efficace de stocker les dossiers volumineux du commerce interplanétaire. Mais Gilbertus Albans refusait de vendre des Mentats qui étaient de « simples mémoriseurs », comme il disait. Le rang minimal requis pour qu’un mentat puisse être vendu, même pour l’usage courant de la CHOM, était celui d’hypothésiste. Albans n’était pas aveugle quant à la valeur économique de ses stagiaires, mais même dans les premières années les plus difficiles, où il était le plus pauvre, il refusa de passer outre ces normes. Il insistait sur le fait « qu’un représentant public de notre Ordre doit être capable d’être plus qu’une éponge de données, de mâcher et d’essayer de recracher des morceaux inutiles »[1].

-          Processeur :
  Les processeurs s’associaient pour combiner, diviser, trier, des morceaux de fichiers d’informations discrètes avec une exactitude de 99,99985% pour 10.000 articles. Ils étaient capables d’introduire l’ordre et la régularité sur un ensemble d’informations apparemment indépendantes. Albans nota que le danger manifeste pour les processus consistait en ce que l’ordre qu’ils créaient pouvait, ou pas, s’accorder avec la réalité. Ainsi les processeurs étaient formés d’abord pour tenter d’utiliser les catégories et les étiquettes fournis par d’autres. Le tri, le tamisage et la récupération des informations, ainsi que la possibilité de les connecter avec un nom spécifique, des lieux ou des événements, était précieuse, au-delà de tous les ordinateurs qui avaient pu exister.

-          Hypothésiste :
  Les hypothésistes étaient formés pour extrapoler à partir d’informations d’où ils tiraient des causes et des effets. Les hypothésistes se basaient souvent sur le nombre d’informations différentes dont ils avaient connaissance dans un jeu d’événements. Une question simple : « combien de motifs Muad’Dib avait-il pour partir dans le désert ? » qui pouvait produire jusqu’à sept raisons possibles à son action. L’hypothésiste fournissait naturellement à son maître un classement biparti de la probabilité des informations qu’il offrait. L’hypothésiste principal était fiable entre 92% et 98%.

  Les Mentats hypothésistes et ceux de rangs plus élevés étaient interdits dans les compétitions officielles de Chéops, pour des raisons évidentes, mais ils ne jouissaient d’aucun avantages particuliers aux jeux de hasard : supposez qu’un bloc de roulette ait été mal suspendu, ce qui causait  son mauvais fonctionnement, qui variait de manière stricte. Compte tenu du rapport suffisamment important, un hypothésiste pouvait facilement classer des probabilités des tours successifs et monter son dossier, alors que pour tout un chacun, il aurait fallu toute une vie consacrée aux tables de jeux.
  Commercialement, les hypothésistes pouvaient servir à spéculer sur les futures conditions du marché, le prix des produits, tirer des différentes tactiques économiques et susceptibles de modifier la consommation des planètes et des populations.

Les rangs majeurs
  Les trois rangs supérieurs des Mentats furent ajoutés 17 ans après qu’Albans ait présenté pour la première fois son hypothésiste au monde entier. Deux facteurs influencèrent sa décision d’élargir la formation de base. Les premiers hypothésistes partirent à la CHOM, mais Albans se rendit compte que ses diplômés pouvaient être remarquablement utiles aux gouvernements, mais pas seulement pour les tâches de bureau, que pouvaient remplir les rangs inférieurs. Des gouverneurs planétaires, responsables de Maisons, généraux et politiciens, tous pouvaient accueillir des conseillers fiables, objectifs, loyaux, discrets et précis. Les rangs inférieurs des Mentats ne pouvaient pas répondre à ce besoin. Le deuxième facteur était que Grodon Orpar Playt III (1186-1272), l’ex-directeur de la CHOM avait rejoint l’Ordre et voulait réviser le Manuel du Mentat pour y inclure trois échelons supérieurs, les généralistes, simulationnistes et conseillers. Le manuel de Playt resta pratiquement inchangé durant toute l’histoire de l’Ordre des Mentats.

-          Généraliste :
  Si les processeurs semblaient innocents et réceptifs, les généralistes semblaient hautains et pédants. Ils surpassaient largement la naïveté des ordres mineurs en « amenant un solide bon sens dans les prises de décision », mais cette prise de conscience s’accompagnait « d’une large vision de ce qui se passe dans son univers » (et note le relativisme de « l’univers »), le généraliste risquait de se croire supérieur grâce à ses connaissances encyclopédiques.
  Les généralistes étaient censés posséder de larges connaissances, précises au moins à 94,75% de tout ce qui se passait dans « leur univers » ; cette connaissance se combinait à la confiance que donnait la formation de Mentat, conduisait beaucoup de généralistes à ennuyer leurs camarades avec un sens exagéré de leur propre supériorité. Le Manuel avertissait que les principes d’expertise pouvaient changer, que personne ne pouvait cataloguer toute la connaissance, et que le généraliste faisait lui-même partie de l’ensemble des phénomènes à connaître. Mais même avec ces réserves, les généralistes étaient des personnes avec qui il était difficile de travailler.

-          Simulationniste :
  Ces Mentats libéraient leur raisonnement de la dépendance à l’égard des absolus et pouvaient corriger les hypothèses cachées par les interférences causées par autrui, ils pouvaient prétendre au titre de simulationniste. Ce spécialiste de la simulation concevait et proposait des marchés alternatifs en détail, des lignes de conduites et des explications des événements. La stratégie économique, politique et militaire dépendait largement du déploiement des options par le simulationniste : un bon pouvait facilement offrir à son maître jusqu’à 10 lignes de conduite, et qui plus est, déduire des douzaines de conséquences possibles qui pouvaient en découler, altérer, combiner ou se dégager de ces cours. Le simulationniste voyait chaque être humain comme un ensemble de modèles de comportement prêts à être orchestrés.

-          Conseiller :
  Un seul novice sur vingt atteignait ce sixième rang convoité. Qualifié en sagesse et en diplomatie, il possédait les capacités de tous les rangs inférieurs, en ajoutant sophistication et compréhension, un conseiller était égal en prix et en valeur à une légion de sardaukars ou à un bloc d’actions de la CHOM. Les conseillers, prévus pour le long terme, pouvaient négocier des questions délicates, et jugeaient des questions de vie et de mort. Régulièrement, un maréchal, un gouverneur planétaire ou un directeur de la CHOM s’entretenaient avec un conseiller avant de prendre des mesures clés. On pensait qu’un conseiller-mentat pouvait être en mesure de transformer un dirigeant médiocre en un commandant respecté et un dirigeant très moyen en un Empereur potentiel. Avant les années 9000, aucune Grande Maison ne pouvait se passer d’un conseiller-mentat, la mort de ce dernier était souvent désastreuse pour les finances de la Maison : il fallait plusieurs années avant de pouvoir le remplacer de manière adéquat, car il fallait qu’il soit formé, acheté, informé, avant de pouvoir être efficace. Non seulement les conseillers n’étaient parfois pas disponibles, mais les listes d’attente étaient longues et les enchères pouvaient être astronomiques, ce qui pouvait encore retarder leur remplacement.



[1] Gilbertus Albans, Le Manuel du Mentat, Playt Rev O.G., tr Dale, préfet Mara (1252 ; Enfin : Misaïque), p. 46.

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