Mentats,
L’organisation des
Le
nom « Mentat » est dérivé de mentis, qui signifie « de
l’esprit » en latin, une ancienne langue de la Terre. Le fondateur de
l’Ordre des Mentats, Gilbertus Albans (1192-1294), un logicien et philosophe de
renommée interstellaire, inventa le terme pour désigner ceux qui étaient
entièrement formés et compétents dans les techniques qu’il avait prescrit pour
l’Ordre. Pendant des milliers d’années, la société pensa les Mentats comme
l’incarnation de la logique et de la raison.
Caractéristiques
Un
adepte Mentat pouvait être considéré comme (a) un être humain dans le sens
générique du Bene Gerrerit (bien que la Communauté des Sœurs ne niait
violemment), à savoir « un animal doté de la raison et de la
logique » ; (b) un expert dans toutes le méthodes de logique et de
déduction ; (c) un généraliste conceptuel, contrairement aux spécialistes
dans des domaines étroits ; et (d) quelqu’un possédant une quasi-vérité
logique fondée non pas sur la prescience, mais sur l’inférence.
L’adepte
Mentat était capable de réaliser des liaisons déductives remarquables et des
spasmes de gestalt d’intelligence pure, mais habituellement il le faisait
seulement lorsqu’il était dans une profonde transe-mentat. Certain prétendent
que ce que l’on appelait la transe-mentat était simplement un dispositif
spectaculaire utilisé par le Mentat pour paraître plus impressionnant. Mais les rapports
subjectifs pointaient tous vers l’authenticité de la transe. Les yeux vitreux,
la voix d’une intonation égale et la conscience semblait être tournée vers
l’intérieur.
Peut-être
à cause de leur besoin apparent d’invoquer cet isolement de transe fade pour un
plus grand pourcentage de précision, les Mentats échouèrent historiquement
comme commandants. Il y a à peine un cas sur le rapport d’un Mentat qui réussit
comme entrepreneur, politicien ou soldat. Certains ont même fait valoir que
Paul Muad’Dib lui-même avait en partie échoué parce qu’il avait trop souvent
essayé d’aborder les problèmes sociaux et politiques complexes seulement comme
un Mentat. Mais son cas était atypique, car il n’avait jamais étudié
officiellement dans un programme approuvé par l’Ordre. Un argument en faveur
d’un commandant efficace est une question de tempérament, et pas de
raisonnement en termes de capacité. En effet, le commandant efficace doit
souvent prendre des décisions intuitives en l’absence de données complètes. Les
Mentats – ordinateurs humains – étaient formés dans le but d’éviter ces
jugements, quand c’était possible. Ainsi, un bon Empereur, Duc ou directeur
agissait parce qu’une décision devait être prise, mais un Mentat le faisait
parce qu’une décision ne devait pas être prise.
Les
rangs des Mentats
Dès
les premiers jours de l’Ordre, Gilbertus Albans vit peu de liens entre les
compétences d’un commandant et l’excellence d’un Mentat. Par conséquent, en
nommant les six rangs des Mentats, Albans évitait les titres qui pouvaient suggérer
une fonction (comme « président, « directeur » ou
« gestionnaire »…) il favorisa les titres qui soulignaient des
processus et des relations. Les trois rangs mineurs étaient nommaient, par
ordre croissant, mémoriseur, processeur et hypothésiste. Les trois rangs
supérieurs instaurés environ 17 ans plus tard étaient généraliste,
simulationniste et conseiller.
Les
Mentats potentiels étaient tenus d’avoir deux choses, la prédisposition
intérieure nécessaire pour rendre la formation efficace, et ce qu’Albans
appelait « un appel à la raison » pour rendre la discipline
tolérable. Compte tenu de ces qualités, une décision solennelle s’ensuivait et
une formation préliminaire, l’initié était alors accueillit dans le programme
comme un mémoriseur-novice.
Les rangs mineurs
-
Mémoriseur :
Le mémoriseur entièrement formé était capable
de retenir des informations liées et interdépendantes. Le test final impliquait
d’absorber une série de 2x104 chiffres ou lettres et de les reproduire dans
l’ordre correct, de dupliquer le même schéma ou le même espacement que
l’original. Les mémoriseurs pouvaient répéter des livres entiers sur simple
rappel. Ils étaient en mesure de reproduire des configurations spatiales, telle
que la mise en page d’une ville après n’avoir vu l’endroit (ou les plans de
celle-ci) qu’une seule fois. Leur principale activité, cependant, était leur
capacité à répéter des conversations mot pour mot, de bout en bout, en imitant
la cadence et l’inflexion vocale de chaque participant. Albans avait travaillé
dur pour aider les jeunes mémoriseurs à éviter ce qu’il appelait le problème de
« babillage » - être submergé par la minutie des données. La
meilleure défense contre le babillage était la classification des données.
L’administration de la CHOM appréciait
particulièrement la capacité des mémoriseurs à tenir les registres, d’autant
que le jihad butlérien avait détruit le moyen le plus efficace de stocker les
dossiers volumineux du commerce interplanétaire. Mais Gilbertus Albans refusait
de vendre des Mentats qui étaient de « simples mémoriseurs », comme
il disait. Le rang minimal requis pour qu’un mentat puisse être vendu, même
pour l’usage courant de la CHOM, était celui d’hypothésiste. Albans n’était pas
aveugle quant à la valeur économique de ses stagiaires, mais même dans les
premières années les plus difficiles, où il était le plus pauvre, il refusa de
passer outre ces normes. Il insistait sur le fait « qu’un représentant
public de notre Ordre doit être capable d’être plus qu’une éponge de données,
de mâcher et d’essayer de recracher des morceaux inutiles »[1].
-
Processeur :
Les processeurs s’associaient pour combiner,
diviser, trier, des morceaux de fichiers d’informations discrètes avec une
exactitude de 99,99985% pour 10.000 articles. Ils étaient capables d’introduire
l’ordre et la régularité sur un ensemble d’informations apparemment
indépendantes. Albans nota que le danger manifeste pour les processus
consistait en ce que l’ordre qu’ils créaient pouvait, ou pas, s’accorder avec
la réalité. Ainsi les processeurs étaient formés d’abord pour tenter d’utiliser
les catégories et les étiquettes fournis par d’autres. Le tri, le tamisage et
la récupération des informations, ainsi que la possibilité de les connecter
avec un nom spécifique, des lieux ou des événements, était précieuse, au-delà
de tous les ordinateurs qui avaient pu exister.
-
Hypothésiste :
Les hypothésistes étaient formés pour
extrapoler à partir d’informations d’où ils tiraient des causes et des effets.
Les hypothésistes se basaient souvent sur le nombre d’informations différentes
dont ils avaient connaissance dans un jeu d’événements. Une question
simple : « combien de motifs Muad’Dib avait-il pour partir dans le
désert ? » qui pouvait produire jusqu’à sept raisons possibles à son
action. L’hypothésiste fournissait naturellement à son maître un classement
biparti de la probabilité des informations qu’il offrait. L’hypothésiste
principal était fiable entre 92% et 98%.
Les Mentats hypothésistes et ceux de rangs
plus élevés étaient interdits dans les compétitions officielles de Chéops, pour
des raisons évidentes, mais ils ne jouissaient d’aucun avantages particuliers
aux jeux de hasard : supposez qu’un bloc de roulette ait été mal suspendu,
ce qui causait son mauvais
fonctionnement, qui variait de manière stricte. Compte tenu du rapport
suffisamment important, un hypothésiste pouvait facilement classer des
probabilités des tours successifs et monter son dossier, alors que pour tout un
chacun, il aurait fallu toute une vie consacrée aux tables de jeux.
Commercialement, les hypothésistes pouvaient
servir à spéculer sur les futures conditions du marché, le prix des produits,
tirer des différentes tactiques économiques et susceptibles de modifier la
consommation des planètes et des populations.
Les rangs majeurs
Les
trois rangs supérieurs des Mentats furent ajoutés 17 ans après qu’Albans ait
présenté pour la première fois son hypothésiste au monde entier. Deux facteurs
influencèrent sa décision d’élargir la formation de base. Les premiers hypothésistes
partirent à la CHOM, mais Albans se rendit compte que ses diplômés pouvaient
être remarquablement utiles aux gouvernements, mais pas seulement pour les
tâches de bureau, que pouvaient remplir les rangs inférieurs. Des gouverneurs
planétaires, responsables de Maisons, généraux et politiciens, tous pouvaient
accueillir des conseillers fiables, objectifs, loyaux, discrets et précis. Les
rangs inférieurs des Mentats ne pouvaient pas répondre à ce besoin. Le deuxième
facteur était que Grodon Orpar Playt III (1186-1272), l’ex-directeur de la CHOM
avait rejoint l’Ordre et voulait réviser le Manuel
du Mentat pour y inclure trois échelons supérieurs, les généralistes,
simulationnistes et conseillers. Le manuel de Playt resta pratiquement inchangé
durant toute l’histoire de l’Ordre des Mentats.
-
Généraliste :
Si les processeurs semblaient innocents et
réceptifs, les généralistes semblaient hautains et pédants. Ils surpassaient
largement la naïveté des ordres mineurs en « amenant un solide bon sens
dans les prises de décision », mais cette prise de conscience
s’accompagnait « d’une large vision de ce qui se passe dans son
univers » (et note le relativisme de « l’univers »), le
généraliste risquait de se croire supérieur grâce à ses connaissances
encyclopédiques.
Les généralistes étaient censés posséder de
larges connaissances, précises au moins à 94,75% de tout ce qui se passait dans
« leur univers » ; cette connaissance se combinait à la
confiance que donnait la formation de Mentat, conduisait beaucoup de généralistes
à ennuyer leurs camarades avec un sens exagéré de leur propre supériorité. Le Manuel avertissait que les
principes d’expertise pouvaient changer, que personne ne pouvait cataloguer
toute la connaissance, et que le généraliste faisait lui-même partie de
l’ensemble des phénomènes à connaître. Mais même avec ces réserves, les
généralistes étaient des personnes avec qui il était difficile de travailler.
-
Simulationniste :
Ces Mentats libéraient leur raisonnement de
la dépendance à l’égard des absolus et pouvaient corriger les hypothèses
cachées par les interférences causées par autrui, ils pouvaient prétendre au
titre de simulationniste. Ce spécialiste de la simulation concevait et
proposait des marchés alternatifs en détail, des lignes de conduites et des
explications des événements. La stratégie économique, politique et militaire
dépendait largement du déploiement des options par le simulationniste : un
bon pouvait facilement offrir à son maître jusqu’à 10 lignes de conduite, et
qui plus est, déduire des douzaines de conséquences possibles qui pouvaient en
découler, altérer, combiner ou se dégager de ces cours. Le simulationniste
voyait chaque être humain comme un ensemble de modèles de comportement prêts à
être orchestrés.
-
Conseiller :
Un seul novice sur vingt atteignait ce
sixième rang convoité. Qualifié en sagesse et en diplomatie, il possédait les
capacités de tous les rangs inférieurs, en ajoutant sophistication et
compréhension, un conseiller était égal en prix et en valeur à une légion de sardaukars
ou à un bloc d’actions de la CHOM. Les conseillers, prévus pour le long terme,
pouvaient négocier des questions délicates, et jugeaient des questions de vie
et de mort. Régulièrement, un maréchal, un gouverneur planétaire ou un
directeur de la CHOM s’entretenaient avec un conseiller avant de prendre des
mesures clés. On pensait qu’un conseiller-mentat pouvait être en mesure de
transformer un dirigeant médiocre en un commandant respecté et un dirigeant
très moyen en un Empereur potentiel. Avant les années 9000, aucune Grande
Maison ne pouvait se passer d’un conseiller-mentat, la mort de ce dernier était
souvent désastreuse pour les finances de la Maison : il fallait plusieurs
années avant de pouvoir le remplacer de manière adéquat, car il fallait qu’il
soit formé, acheté, informé, avant de pouvoir être efficace. Non seulement les
conseillers n’étaient parfois pas disponibles, mais les listes d’attente
étaient longues et les enchères pouvaient être astronomiques, ce qui pouvait
encore retarder leur remplacement.
[1]
Gilbertus
Albans, Le Manuel du Mentat, Playt Rev O.G., tr Dale, préfet Mara (1252 ;
Enfin : Misaïque), p. 46.
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