CHOM (sigle pour Combinat des Honnêtes Ober Marchands ou
Compagnie des Honnêtes Ober Marchands)
Considéré généralement comme une entité
économique, et c’est ce qu’il était. Dans la mesure où il fut créé par des
forces politiques et militaires, il avait un côté beaucoup plus
important ; la CHOM était une création de l’Empire provoquée en réaction à
la formation de la Guilde Spatiale. La création du CHOM marqua le vrai début de
l’Imperium et devint l’un de ses éléments les plus importants. Le CHOM et
l’Imperium étant inséparables.
Avant le jihad butlérien, il n’y avait aucun
pouvoir décisionnaire unique parmi les
mondes habités, même pas une simple organisation économique. Or, une telle
organisation était possible. Comme presque tous les états avaient accès au
commerce interplanétaire et aux voyages interstellaires, nul ne pouvait être
exclu du commerce, à tous les niveaux. Le commerce entre les planètes, les
systèmes et les étoiles était essentiellement anarchique et la piraterie dans
l’espace était commune.
Après le jihad, le commerce était presque
inconnu au niveau interstellaire ou inter-système. Sans ordinateur pour guider
les vaisseaux dans l’hyperespace, le commerce entre les systèmes ou entre les
étoiles devint très lent et extrêmement coûteux. Les forces économiques qui
régissaient un tel commerce, ressemblaient aux anciennes routes caravanières
qui avaient surgi sur différentes planètes riches ou dans des cultures très
éloignées.
Alors que beaucoup de ces routes permettaient
le passage de différents produits, elles présentaient des aspects communs.
Elles ne portaient que sur des produits coûteux et peu encombrants. Ainsi,
presque tout le commerce portait sur des produits de luxe. Tel était également
le cas avec le commerce qui avait survécu au jihad butlérien. Les épices (pas
encore le mélange), les bijoux (la planète des Joyaux, Hagal, dont les dépôts
seraient légendaires dix millénaires plus tard, fut élaboré en trois siècles et
demi, et 50 ans avant le développement de la CHOM), des matériaux pour les
vêtements de luxe (l’ancienne soie et la peau de schlag moderne) – tous
devinrent des substances de négociation que la caravane reliaient sur plusieurs
mondes entre la Grande Révolte et l’avènement de la Guilde.
La guilde attira l’attention de l’Impérium et
de l’Empereur Saudir I en l’an 12 av. G. (voir Guilde Spatiale, Les fondements
de). Rapidement, Saudir se rendit compte que la seule façon possible de traiter
avec la Guilde, était de le faire sur une base d’avantages mutuels ; il
demanda la réunion d’un synode financier sur Aerarium IV en 10 av. G., qui
devait réunir des représentants de la Guilde, du Landsraad et de la Maison
Impériale. Selon les dispositions convenues, chaque participant aurait beaucoup
à gagner et/ou à perdre, de l’existence de la Guilde et de son avènement rapide
en ce qui concernait la facilité des voyages interstellaires et du commerce.
Grâce au coup de maître, rien ne filtra et la
Guilde fut en mesure de garder le secret sur sa dépendance à la transe d’épice
qui lui permettait d’avoir ses capacités de navigation. Le coup de maître
consista à laisser filtrer les propriétés gériatriques du mélange ; ainsi,
la Guilde s’assurait que les coparticipants du synode ne chercheraient pas
profondément dans les propriétés de l’épice.
Les nouvelles propriétés de l’épice, sensées
prolonger la vie, renforcèrent les sentiments en faveur des Etats féodaux, en
particulier pour le Landsraad envers la Guilde, et le retour d’un commerce
étendu. Ils étaient conscients de leur vulnérabilité à propos du
commerce ; ils avaient maintenant une raison supplémentaire de vouloir
contrôler la Guilde. Il devint progressivement clair que la Guilde et les
Maisons féodales avaient des intérêts qui fonctionnaient en tandem. Tous deux
voulaient le rétablissement du commerce, mais seulement d’une manière qui
permettait à chaque institution de survivre. Tant que la Guilde restait un
groupe fermé et secret dans son contrôle des routes commerciales, elle se
souciait peu de la survie du système politique sur les mondes qu’elle servait.
D’autre part, les Maisons féodales étaient conscientes des avantages
économiques liés au commerce, tout comme des effets socio-politiques possibles
sur l’interaction culturelle. Elles voulaient profiter des premiers sans
souffrir des seconds. Pendant des années, ni la Guilde, ni les pouvoirs féodaux
ne purent trouver un moyen d’accomplir leurs objectifs.
Le problème majeur de la plus puissante
Maison, était son ambition. La plupart des Maisons dataient d’avant l’avènement
de la Maison Corrino, et elles considéraient le succès des barbares venus de
Salusa Secundus, comme un monstre de l’histoire qui devait être rectifié.
Rectification qui devait être entendue par la montée sur le trône de cette
Maison dont on parlait. Ces Maisons qui abritaient encore des ambitions, virent
dans la Guilde, l’occasion de s’élever si elles pouvaient prendre le contrôle
de ce nouveau moyen d’échange. Ainsi menacée, la Guilde refusa de traiter avec
un grand nombre de Maisons et un compromis entre les pouvoirs féodaux en
général et la Guilde, s’avéra impossible durant des années. Mais la Guilde et
l’Empereur se montrèrent habiles négociateurs. Alors que le synode était
incapable de résoudre de résoudre ses problèmes, des questions jamais posées
devinrent des problèmes qui dégénérèrent à la fin du rassemblement. La Guilde
fut particulièrement préoccupée par cela car elle savait que le résultat du
synode devait déterminer sa survie ou non.
Le problème fut résolu deux ans et demi
après, par un coup d’éclat de l’Empereur Saudir et de son ministre des finances
Dioicetes Asetirides. Au cours de la dernière moitié des la troisième année sur
Aerarium, alors que l’impasse dans laquelle se trouvait le synode menaçait de
le détruire, l’Empereur demanda aux délégués de se réunir en séance plénière et
leur soumis un plan : la formation du CHOM.
Ni les dossiers des archives du CHOM, ni ceux
découverts et traduits de l’histoire impériale ne permirent une pleine
compréhension de la structure de la
CHOM. Mais certaines suppositions sont possibles. Il semble certain que Saudir
proposa aux délégués d’envisager la création d’une société de développement qui
aurait un monopole sur le commerce interstellaire. 1% des bénéfices bruts de ce
commerce devait être recueilli chaque année et placés dans un fonds destiné à
être redistribué aux membres de la CHOM sur la base des actions qu’ils détenaient
dans la société. Ces distributions devaient se produire uniquement après
déduction des fonds pour les projets destinés à la promotion du commerce
existant, ou du développement de nouveaux marchés. L’adhésion à la CHOM fut
limitée aux gouvernements féodaux.
La question de la répartition des actions
devint naturellement l’un des grands moments. C’est là que Saudir eut des
raisons de se sentir heureux des capacités de son ministre des finances, car
c’est lui qui conçut la répartition des actions, avec des révisions mineures,
devinrent le fondement de la société. Dans cet arrangement, le coup de maître
fut que 20% des actions furent accordés à l’Empereur. En accordant à l’Empereur
un cinquième des actions de la CHOM, cela plaçait la Maison Impériale dans une position
où elle devait dépendre de beaucoup d’autres pouvoirs féodaux s elle voulait
contrôler la société. C’était aussi très clair pour tous que ce pourcentage
voulait montrer que le ciment de l’accord désignait l’Empereur et non l’homme.
Sa puissance militaire n’avait d’égale que les forces combinées du Landsraad,
surtout à certains égards, notamment les atomiques, et les avantages qui
découlaient pour lui des fonds de prélèvements et autres taxes, qui faisaient de lui une puissance économique
égale à la moitié des états du Landsraad.
Toutes les sociétés ont besoin
d’administrateurs, et la CHOM ne faisait pas exception. A l’origine, ce furent
les membres du Haut Conseil du Landsraad. Après els premières décennies de
fonctionnement, la composition du conseil d’administration fut modifiée afin de
refléter la répartition du pouvoir économique entre les Grandes Maisons. Vers
la fin du premier siècle après l’installation du monopole de la Guilde, on
offrit l’adhésion au conseil d’administration de la CHOM à toute Maison dont le
commerce atteignait la valeur de 500 millions de solaris via la Guilde, dans
l’année standard. Les administrateurs votèrent naturellement pour leurs propres
actions lors des réunions du conseil, comme toutes les Maisons voulaient leur donner
une procuration (il est intéressant de noter que c’est l’une des raisons pour
lesquelles l’Empereur et les Harkonnen se déplacèrent si rapidement sur Arrakis
après que les Atréides aient repris la planète ; leurs craintes
concernaient surtout le conseil de la CHOM. La popularité de Leto aurait
probablement modifié l’équilibre des pouvoirs en présence, car il aurait pu
devenir l’un des membres, avec la richesse qu’il pouvait accumuler avec le
commerce de l’épice sur Arrakis.
Le plan semblait juste, au regard de la
participation de l’Empereur. Il avait également le grand avantage de renforcer
la puissance des pouvoirs féodaux vis-à-vis des états non-féodaux restants dans
l’Empire. En fermant le commerce inter-système et interstellaire aux états non féodaux,
l’Empereur donnait une occasion sans précédent aux puissances féodales de
s’ôter leur plus grande inquiétude. Un tel accord offrait non seulement la
possibilité de réduire ces gouvernements sur leurs propres mondes, mais
également, pendant que le plan de l’Empereur se mettait en place, il renforçait
les puissances non féodales qui pouvaient le plus le menacer. Les états féodaux
les plus faibles étaient généralement ceux qui étaient les plus proches
géographiquement des gouvernements non féodaux, ceux qui devaient compter sur
une base presque quotidienne avec des sociétés différentes.
Aussi brillante que fut la structure de la
proposition, elle aurait échoué si les participants n’avaient pas été en mesure
de se convaincre que leurs actions dans la société étaient justifiées. Les
actions se basaient sur leur commerce hors de leur système au cours des dix
dernières années. Un tel arrangement de partage convainquant précisait qu’une
fois qu’un gouvernement réalisait son adhésion, il ne pouvait plus jamais
passer au-dessous d’une part dans les honoraires de la société. Ainsi, si les
actions de la CHOM étaient redistribuées, sur la base du commerce réalisé, une
fois tous les 100 ans, les participants bénéficiaient de certains avantages
concernant le commerce hors de leurs planètes, même s’ils ne pouvaient plus y
participer. Les gouvernements étaient tous conscients que les ressources
naturelles n'étaient pas permanentes.
A cet égard, le système de renseignement
financier Impérial, prouva à l’Empereur et aux gouvernements, toutes ses
capacités. L’information financière de chaque participant était si précise et
complète qu’il devint clair pour de nombreux états que l’Empereur était au
courant de l’étendue de leur fraude fiscale depuis de nombreuses années. D’autres
découvrirent, à leur grande surprise que la corruption interne ou leur
inefficacité les privaient du bon fonctionnement de leurs propres ressources.
Les chiffres choquèrent certains plus que d’autres, d’autres furent
agréablement ou désagréablement surpris, mais tous durent rester soudés.
Lorsque le temps des débats vint, concernant la disposition des actions, de
nombreux arguments négatifs furent instantanément clos.
L’Empereur était donc bien aussi brillant et
adroit qu’il avait été suspecté de l’être, sa réaction ne dépendait pas de
celle du synode à sa proposition, il avait labouré le sol du synode comme le
plus assidu de tous les vignerons. Des mois avant que la proposition au synode
soit faite, une série de réunions avaient clarifié les avantages qui
devaient revenir aux divers
gouvernements féodaux. Les plus puissantes des Grandes Maisons avaient été
approchée, d’abord individuellement, puis de concert. Les puissances féodales
les plus faibles qui allaient devenir des agents des états non féodaux, avaient
eu affaire à des groupes régionaux. Après plusieurs mois d’argumentation
concernant les détails des questions, la charte fut acceptée. Une fois que le
synode accepta la charte, le vote du Landsraad ne fut qu’une formalité, puisque
les membres des deux organismes étaient les mêmes. Une réunion du Landsraad fut
nécessaire pour les formalités du vote ; cela fut accompli quelques mois
après la dissolution du synode.
La création de la CHOM limita l’adhésion aux
états féodaux qui contrôlaient au moins une planète, et créa un lien entre les
Grandes Maisons qui contrôlaient le commerce hors-monde. Jusqu’ici, il y avait
eu plusieurs façons de définir une Grande Maison ; il fut décidé qu’une
constante serait utilisée. Ce nouveau facteur servait à définir les Grandes
Maisons, mais aussi à les renforcer considérablement. Les ressources
disponibles pour une Grande Maison, avec ses actions de la CHOM qui
augmentaient de manière substantielle ses revenus, en une décennie, rendaient
CES Maisons incapables de se révolter.
Et plus encore, toute l’économie de l’Empire
entraient dans une période de croissance rapide, qui dura plus de cinq siècles.
Cette expansion commerciale s’accompagna de conquête ; l’Empire s’étendit
et contrôla toutes les planètes habitables grâce aux capacités de navigation de
la Guilde.
La nature du commerce durant les premiers
siècles n’est pas facile à comprendre pour nous. Nos ancêtres devaient traiter
quotidiennement pour un si grand nombre de produits pour vivre dans leur
univers, mais ceci a disparu aujourd’hui, le commerce de cette époque nous
paraît maintenant fou et extravagant. Des millénaires après la formation du
CHOM, bien longtemps avant que les Atréides n’arrivent sur la planète, la
résidence du Gouverneur Impérial d’Arrakis fut construite avec des poutres en
bois, lourdes et longues de plusieurs mètres ; les plus grandes,
découvertes lors de fouilles archéologiques, sont de 15,5 mètres de long, et
leur poids reste indéterminé. On ne sait pas d’où ces poutres venaient, mais elles
impliquaient un très long voyage, compte tenu de l’isolement d’Arrakis et de
l’histoire écologique des planètes les plus proches.
Ce commerce fut aisément accepté à cause de
l’expansion de l’Empire après la formation de la CHOM. La rapacité de l’exploitation
des pratiques économiques de l’époque ne pouvait être négligée depuis
l’acquisition régulière de nouveaux mondes qui remplaçaient les pertes et
ajoutaient des ressources disponibles dans les systèmes.
Lorsque le commerce fut limité par les voyages
et que l’économie commença à ralentir, les membres qui avaient de faibles
échanges commerciaux commencèrent à souffrir. Naturellement, les premières
difficultés vinrent des aspects financiers de leur société et se propagèrent à
la sphère politique. Ainsi, quelques sept siècles après la formation de la
CHOM, et deux siècles après la croissance économique, cette dernière commença à
ralentir, nous pouvons discerner les premiers changements importants avec la
composition des membres de la CHOM. La planète Ecaz apparaissait dans les
comptes rendus des réunions du CHOM, comme un électeur indépendant, tout comme
les mondes d’Harmonthep et Grumman. Au moins un de ces mondes, Harmonthep, ne
resta pas longtemps indépendant, il disparut des comptes rendus des réunions du
CHOM, il disparut aussi des dossiers historiques.
Une indication plus importante d’agitation
interne dans les systèmes politiques des membres de la CHOM, peut être déduite
des pourcentages de vote exercé par l’Empereur. Il avait commencé avec seulement
20% des votes de la société, en cinq siècles au sein de l’instance, l’Empereur
augmenta ses parts à 25%, et avec les votes des membres qu’il contrôlait, il
était plus proche de 35%, tout en restant loin de la majorité absolue ;
les Grandes Maisons ne pouvaient manquer de voir le sens de la tendance.
L’Empereur pouvait presque toujours convaincre au moins 15% des partenaires de
se ranger à sa cause, et dans presque tous les cas, les partenaires suivaient
la position de la Maison Corrino.
En général, d’après les comptes rendus des
réunions de la CHOM que nous avons, on peut affirmer qu’ils montrent une
stabilité des mondes de l’Empire. Il est vrai qu’il y avait une croissance
régulière des pouvoirs de l’Empereur dans les réunions de la direction, mais l’Empereur
et ses partisans ne contrôlèrent jamais plus de 60% des parts, et l’Empereur
seul jamais plus de 40%. Alors que le chiffre d’affaire était stable au fil des
siècles, le changement des partenaires n’allait jamais au-delà de 10%, un taux
de changement que l’équilibre politique et économique de l’Empire pouvait
facilement soutenir. Un tel taux de changement prouvait que certains
entrepreneurs avaient réussi à élever le statut de leur Maisons Mineures au
niveau des Grandes Maisons. La certitude des chances de mobilité sociale
faisait des restrictions des Faufreluches (le système de castes) quelque chose
de tolérable.
Une fois établis, seuls des changements
mineurs survinrent dans les rouages de la CHOM, jusqu’à la défaite de la Maison
Corrino par les Atréides sur Arrakis. Même cet avènement n’eut pas un effet
immédiat sur la gestion de la CHOM, autre que le transfert des actions de
l’Empereur Corrino au Duc Paul Muad’Dib. Au moment du transfert, ces actions
représentaient 38% des votes de la direction.
L’altération profonde dans les affaires de la
CHOM résultat de la croisade lancée contre les Maisons – et elles étaient
nombreuses – qui se révoltèrent contre le nouveau gouvernement. Les actions de
toutes les Maisons vaincues furent récupérées par les Atréides, et après les
batailles, la Maison Impériale, pour la première fois, contrôlait purement et
simplement la CHOM avec 51% de ses actions. De plus le clergé de Muad’Dib, dont
la puissance avait grandi lors de la croisade, possédait 5% des actions. Ce
changement dans le contrôle de la CHOM compta pour beaucoup dans la haine des
Atréides, qui suivit. Non seulement les citoyens de l’Empire étaient exposés à
des règles de plus en plus despotiques, mais ils avaient également perdu
beaucoup de leurs richesses. F.M.
Autres références :
-
Administration impériale, L’ ;
-
Landsraad ;
-
Tb Jones, série d’articles dans les Journaux des économies antiques (Lagash VII, vol
29-33) ;
-
T. Eboyane, Les
Faufreluches ; La grande
chaîne des êtres et Les
sciences naturelles (Yorba : Rose)
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