Chenoeh, Sainte Sœur Quintinius Violet (13670-13728)
La femme qui devint le point focal de l’un
des cultes religieux les plus persistants de l’histoire post-Impérium ;
née sur Wallach IX, d’une aide-surveillante Bene Gesserit, Sœur Alexius Gayle
Chenoeh. Son père, Shimon Rasnic, était un serviteur de la Maison Corrino qui
avait accompagné son Maître lors d’une de ses visites à l’école Bene Gesserit.
Marik Corrino (13628-13685) avait été attiré
sur Wallach IX part une invitation de la Communauté des Sœurs. Il était à la
recherche d’une épouse convenable et les Sœurs lui offrirent la possibilité
d’avoir le choix parmi leurs élèves. Le Corrino ne trouva aucune des femmes de
l’école à son goût et il ne se souciait pas le moins du monde du Bene Gesserit.
Il n’y avait pas de place dans le programme des Sœurs, limité comme il l’était
par les règles de l’Empereur-Dieu, pour Marik. Il présentait déjà les premiers
symptômes du syndrome de Yankovich, une
maladie nerveuse dégénérative qui devait le tuer à 67 ans (très tôt pour Marik
qui avait accès au mélange).
La Communauté des Sœurs était beaucoup plus
intéressée par un croisement entre l’une des leurs et Shimon Rasnic, le
secrétaire de Marik. Une étude attentive de l’ascendance de Rasnic avait révélé
une lignée ininterrompue d’hommes exceptionnellement intelligents, dont la
plupart avaient servi la Maison Corrino, soit comme scribes, soit comme
tuteurs. Beaucoup d’entre eux avaient présenté des capacités de Mentat, mais il
y avait l’injonction de Leto II interdisant la formation de mentats et Rasnic qui
semblait être l’un des plus prometteurs. Ses talents – ou plus exactement les
talents possibles de sa progéniture – étaient bien trop précieux pour être
ignorés du Bene Gesserit.
La Sœur Alexius Gayle Chenoeh fut considérée
comme le meilleur choix disponible pour fournir l’autre moitié du matériel
génétique. Sa propre lignée avait été enregistrée dans les archives de Wallach
IX comme étant liée à Dame Margot Fenring, et elle était d’un type physique
particulier, propre à attirer Rasnic. Elle séduisit l’Aide de Corrino aussi
facilement que l’ordre hypnotique qu’elle implanta pour qu’il oublie
immédiatement leur rencontre.
Bien que née à l’hôpital de l’école,
Quintunius Violet Chenoeh ne fut pas considérée comme une Bene Gesserit jusqu’à
son entrée officielle dans la formation de la Communauté des Sœurs, à 5 ans. La
jeune Sœur, en plus des cours habituels donnés aux élèves du Bene Gesserit, fut
affectée dans un cours spécialisé dans le domaine mnémonique, l’histoire et la
psychologie. Les premiers rapports dans les fichiers de ses enseignants
indiquaient qu’elle remplissait et dépassait leurs attentes dans tous les
domaines. Son retrait des dortoirs scolaires et sa mise au service privé de la
Révérende Mère Tertius Marie Hargus, dans sa dixième année, indique clairement ses
progrès ; un tel retrait se faisait le plus souvent 3 à 5 ans plus tard,
chez les étudiantes normales.
En
13686, Sœur Chenoeh fut désignée pour son premier voyage hors-monde, un voyage
pour un conclave Bene Gesserit sur Grumman. Elle servit comme assistante
personnelle de la Révérende Mère Hargus, mais sa véritable fonction était celle
d’apprenti enregistreur (une autre Sœur, plus expérimentée faisait également
partie de la délégation et devait faire son propre rapport sur les événements).
Son rapport fut examiné par un comité de surveillantes au retour de la
délégation sur Wallach IX et fut jugé satisfaisant : elle n’était alors
âgée que de 16 ans et son évaluation et son rapport sur les événements étaient
presque impeccables. Dans son rapport, la Révérende Mère Hargus mentionne
qu’elle avait exigé que ses discussions, comme les papiers des procès-verbaux soient
enregistrées et n’y trouva aucune erreur.
Seules
ses réactions émotionnelles empêchaient la jeune Sœur d’atteindre le niveau
d’experte auquel elle pouvait aspirer. La Communauté des Sœurs était confiante
dans leurs capacités à pouvoir éliminer ces obstacles, sans altérer la vigueur
de la jeune fille. Les Sœurs avaient, depuis des siècles, la connaissance d’une
telle manipulation, tant dans leurs fichiers que dans leurs souvenirs des
Révérendes Mères.
La même année que le voyage de sa fille sur
Grumman, la Sœur Alexius Gayle Chenoeh accéda au statut de Révérende Mère. Elle
fut nommée représentante du Bene Gesserit auprès des ixiens et transférée sur
cette planète lointaine, elle ne revit jamais son enfant. La faible résistance
d’Alexius à la surdose de mélange fut dument notée dans le dossier de la Sœur
Quintunius Violet Chenoeh ; les chances de survie lors de l’initiation
comme Révérende Mère d’une candidate avaient plus de chance d’aboutir si une
proche parente avant elle avait émergée en toute sécurité.
La jeune « mnémoniste » fut
fréquemment envoyée hors-monde après sa première affectation. En 13696, une
décennie après son premier voyage sur Grumman, elle servit d’enregistreur
principal dans une centaine de missions sensibles pour la communauté, y compris
lors d’une visite « diplomatique » sur Giedi Prime, destinée à faire
revivre un autre culte d’Alia (le culte fut découvert par Leto II en 13718 et
il sut aussi que c’était une tentative pour localiser des trésors d’épice.
Depuis plus de 20 ans la Communauté des Sœurs le faisait incognito).
Les services de la Sœur Chenoeh au Bene
Gesserit ne se limitaient pas à ceux d’enregistreur. En 13694, et à nouveau en
13710, elle eut deux filles, dans le cadre du programme génétique. Sa fille
aînée, Clarisse, s’avéra avoir beaucoup moins de talents que sa mère et elle
fut mariée à un fonctionnaire de la Cour de l’Empereur-Dieu. Sa seconde fille –
anonyme – fut éloignée de sa mère et tuée par une délégation de Truitesses de
la garnison de Wallach IX, quelques instants après sa naissance.
Comme la Communauté des Sœurs n’était pas
certaine des raisons de Leto II quant à la suppression de la seconde fille, il
fut décidé qu’il serait inutile de perdre un membre aussi précieux. Sœur
Chenoeh n’eut plus d’enfant.
En 13722, elle fut envoyée avec une autre
Sœur pour aller enregistrer l’Empereur-Dieu dans sa Cour sur Arrakis, et
préparer le rapport décennal du Bene Gesserit (ce rapport servait, en partie, à
informer ceux qui voulaient former une ambassade Bene Gesserit auprès de Leto
II). Avec sa collègue la Sœur Tawsuoko, Sœur Chenoeh confirma l’exécution de 9
« faux historiens », ordonnée par l’Empereur-Dieu en 12335 ; le
compte-rendu de cette affaire reposait pour beaucoup sur un manuscrit écrit par
Ikonicre, le Majordome du Seigneur Leto à cette époque. La Sœur Tawsuoko, selon
les rapports, fut responsable de la découverte du document.
On donna à Sœur Chenoeh une chance de faire
des découvertes encore plus importantes, mais l’Empereur-Dieu l’invita à une
des pérégrinations très rares, avec lui. A un moment, au cours de leur
promenade le long de la Route Royale, la Sœur fut invitée dans le Chariot Royal
pour une conversation personnelle avec l’Empereur-Dieu.
Ce fut une brève promenade, comme cela
apparaît dans les Fragments de Welbeck (lib.conf.série temporaire 578) ainsi
que dans ses papiers personnels, retrouvés après sa mort, et dans ses rapports.
Le premier, destiné à ses supérieures immédiates, était une déclaration de la
connaissance des fins de l’Empereur-Dieu : il utilisa Sœur Chenoeh pour
informer le Chapitre qu’il était au courant de leurs tentatives pour suborner
les Truitesses et qu’il avait l’intention de restaurer la vue
« extérieure » que l’humanité avait perdue, et qu’un parallèle
pouvait être établi entre la tentative raté de la Communauté des Sœurs à créer
un kwisatz haderach et sa propre « réalisation » de Siona.
Le deuxième message secret fut beaucoup plus
trouble et troublant pour la Sœur. Le Seigneur Leto décrivait brièvement la
sensation éprouvé par un pré-né, et la façon dont sa sœur et lui avaient appris
à dominer la « multitude intérieure ». Il fit l’une des premières
allusions connues à ses journaux secrets, expliquant la fonction qu’ils
auraient sur la postérité, des millénaires plus tard. Il prédit également – et
de manière précise – à la fois sa propre évolution en tant que Dieu Tyran mort,
et mythe vivant, et la mort de Sœur Chenoeh lors de sa tentative d’atteindre le
statut de Révérende Mère.
De manière ironique, l’Empereur-Dieu avait
finalement parlé à Sœur Chenoeh de son impossibilité à devenir une Révérende
Mère, mais il avait demandé à la Sœur de ne pas trop s’en inquiéter, car son
statut faisait « partie intégrante » de son mythe qui serait plus
grand. Malgré les mots amers contenus dans le message, la Sœur sentit qu’une
amitié était née entre elle et le Seigneur Leto, et ne fut pas effrayée par la
prophétie qu’il lui avait révélée.
Elle obéit au commandement de Leto et
n’informa pas la Communauté des Sœurs de tout ce qui venait de se passer entre
eux. Elle transcrivit soigneusement leurs conversations et les consigna dans
ses papiers personnels, avant de retourner à l’école de Wallach IX pour un
débriefing, fournissant à ses supérieures seulement les informations « publiques ».
Son rapport fut très bien accueillit.
Six ans plus tard, elle fut recommandée pour
son initiation comme Révérende Mère. Même cette nouvelle, qui pouvait être
interprétée comme une condamnation à mort, ne troubla pas Sœur Chenoeh. Après
une journée de méditation, et en présence de toutes les Révérendes Mères de la
Maison du Chapitre, Sœur Chenoeh prit une boisson contenant une forte dose de
mélange. L’initiation se déroula mal depuis le début : au lieu que ses
sens atteignent la prise de conscience de soi que devait provoquer la dose
d’épice, Sœur Chenoeh perdit conscience et glissa presque immédiatement dans un
coma profond. Tous les efforts déployés par ses compagnes pour la réanimer,
furent inutiles. Sa mort, six heures après son ingestion de la drogue, fut
attribuée à une « incompatibilité au mélange », une réaction dont le
Bene Gesserit était familier. Ses papiers personnels furent retrouvés par un
groupe de Sœurs, dans ses quartiers. Leur contenu contribua à faire connaître
le Bene Gesserit et sa hiérarchie.
Sœur Chenoeh fut oubliée, même par la
Communauté des Sœurs, durant près de 900 ans. En 14715, cependant, avec la mise
en place de l’église du Dieu Fractionné, le Seigneur Leto prouva que ses
prédictions étaient vraies. Sainte Sœur Quintinius Violet Chenoeh, comme elle
est maintenant connue, fut considérée comme une visionnaire éclairée, une
confidente de Dieu. Des sanctuaires et des églises furent érigés en son
honneur. Les prières à la Sainte Sœur étaient populaires parmi les dévots.
Parmi les familiers des religions anciennes,
Sœur Chenoeh donna son nom à l’une d’elle. Elle était Auliya, la servante de
Dieu dans la liturgie des Vagabonds Zensunni. On crut largement qu’elle avait
une influence spéciale sur Dieu, qu’elle pouvait intercéder auprès de lui, au
nom des demandeurs.
Même la Réforme, environ quatre siècles plus
tard, n’aurait pu dissoudre entièrement le culte de Sœur Chenoeh, tellement il
était ancré. On laissa les autorités de l’église décider du statut mortel de la
Sœur ; les fidèles écoutaient, hochaient la tête en cas de besoin, et
retournaient à leur dévotion comme si rien n’avait été dit. Ses églises furent
démolies ou reconsacrées. Le Bene Gesserit autorisa les autorités
ecclésiastiques à accéder à leurs dossiers afin qu’ils puissent confirmer que ce membre « Saint »
de leur Ordre n’avait fait aucune merveille et n’avait réalisé aucun miracle (à
ce moment-là, la Communauté des Sœurs fut inquiété par l’attention que leur
membre charismatique avait attiré sur elle et l’attention que l’église portait
sur l’Ordre). Le culte a toujours persisté. La découverte des journaux de l’Empereur-Dieu fut une justification à
cette persistance. Alors que Sœur Chenoeh se considérait comme un simple enregistreur,
talentueuse, et une fidèle Bene Gesserit, les journaux qui la mentionnaient
indiquaient que le Seigneur Leto voyait en elle quelque chose de plus. Quelques
lignes de l’une des dernières entrées, qui furent réalisé seulement quelques
jours avant la mort de l’Empereur-Dieu, traduisaient cette vision :
« Ce
silence du Bene Gesserit me déconcerte. Elles doivent certainement avoir déjà
trouvé les rapports de la Sœur Chenoeh, et pourtant elles ne disent rien,
n’exigent rien. Je me souviens comme ce fut rapide lorsque Luyseyal et Anteac
vinrent à moi pour revendiquer leur récompense, après avoir informé mes
porte-parole Truitesses du complot tleilaxu, admirez donc la présente timidité
de la confrérie. Pour une telle Sœur, je serais enclin à leur donner les plus
grands trésors qu’elles puissent espérer. Elle a commencé le travail que mes Mémoires finiront.
Autres références :
-
Atréides, Leto II ;
-
Bene Gesserit ;
-
Les
Mémoires de Leto II ;
-
Mélange ;
-
Isaak Seldon, Sœur
Chenoeh : sa place dans l’Histoire (Diana : synonym).
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