Chakobsa
Désigne tous les langages utilisés à des fins
secrètes par divers groupes. Initialement, ils étaient l’apanage des tueurs à
gage de la Première Guerre des Assassins.
Le terme chakobsa se retrouve à plusieurs
reprises dans les registres du Magot de Rakis ; il peut avoir différentes
significations en fonction de l’époque, de la situation et des orateurs. Les
toutes premières découvertes montrent que chakobsa était un terme que l’on
retrouvait dans une langue partiellement reconstruite, le Bothani, dans laquelle
il avait la signification de « jargon » ou « jargon
professionnel ». Il peut vraisemblablement y avoir eu des fauconniers
chakobsa, des charpentiers chakobsa, et ainsi de suite. Le langage chakobsa qui
découla de la langue maternelle fut celui des assassins qui l’utilisèrent
beaucoup, tout comme celui des voleurs. Il trouva son utilité dans les
communications secrètes mais aussi, avec son vocabulaire riche, dans de
nombreux dispositifs spécialisés et les techniques des assassins, en
particulier lorsque la langue parentale n’était plus utilisée comme langue
maternelle. Selon la spécialité, « jargon » ou « jargon des
assassins », les mots pouvaient avoir des sens différents ; le
langage subit une deuxième modification avec le passage du temps (le bhotani
devint désuet), le « jargon des assassins » devint « langage
secret des assassins ». Mais un autre changement devait encore venir.
Il faut se rappeler que, durant les jours de
l’Empire, chaque Grande Maison avait les obligations et les responsabilités d’un
gouvernement national, y compris celles d’une organisation militaire. L’armée
de l’Imperium et celle des Grandes Maisons nécessitaient non seulement des
canaux de communication sécurisés, mais également des codes sécurisés. Il
semble que l’exemple des assassins conduisit à l’adoption de leur modèle. Le
terme chakobsa subit alors un troisième changement de sens (pas avant 6000,
probablement) ; à travers ce
processus de banalisation, le terme fut attribué à « tous les langages
secrets », en particulier à des fins militaires.
Dans la plupart des cas, ces divers chakobsa
ressemblaient aux langages des assassins dans la nature : ils étaient des
variantes importantes de la langue maternelle, lourdement chargés de mots
utilisés dans des sens spécialisés. Bien sûr, avec les adhésions des armées aux
différents profils linguistiques (comme les sardaukars) on avait des chakobsa
qui équivalaient à un langage militaire distinct. Un tel chakobsa devint une
partie de l’unité de l’esprit de corps, fournissant un insigne d’adhésion.
Avec la métamorphose du mot en mémoire,
examinons un exemple particulièrement épineux de son utilisation, il est tiré
de Dans la Maison de mon Père
de la Princesse Irulan.
Irulan rapporte les réminiscences de Muad’Dib
et l’acceptation de sa mère par les
Fremen, ainsi que leur participation au rituel dans lequel l’eau de son
adversaire, Jamis, fut créditée à son compte. Chani bénit l’eau et ajouta ces
mots : « Ekkeri-Akairi, ceci est l’eau, fillisin-follasy de Paul
Muad’Dib ! Kivi un kivi, jamais plus nakalas nakelas ! Etre mesuré et
compté, ukair-un ! Par les battements de cœur jan-jan-jan de notre ami
Jamis ». Paul est alors cité disant que sa mère « avait reconnu les
fragments du rituel, avait identifié les bribes de chakobsa et de bhotani-jib
dans les mots ».
Jessica était certainement en mesure
d’identifier la langue. L’un des premier fremen qu’elle rencontra à son arrivée
sur Arrakis, fut la Shadout Mapes, Harq al-Ada rapporte la conversation des
deux femmes dans sa Maison Atréides :
Aperçu historique, des notes prises par Jessica elle-même. Elle
indiquait qu’elle reconnaissait que « shadout » était un titre, et
elle en connaissait le sens. En réponse à la question de Mapes, Jessica
répondit « Les langues font parties
de l’apprentissage Bene Gessserit. Je connais le bhotani-jib et le chakobsa,
tous les langages de chasse ».
Sa réponse à Mapes montrait qu’elle utilisait
le chakobsa dans son sens originel : le chakobsa des fremen était non
seulement un code de clan de chasseurs vivant en marge de la loi, un argot de
leur propre conception de la sécurité, mais aussi la langue des assassins. Ce
dernier code, dérivé du bhotani marchait admirablement bien pour servir leurs
buts, mais on se demande comment les fremen en sont venus à le connaître. Notez
aussi que les fremen l’utilisait non seulement pour le secret qu’il procurait
pendant les activités clandestines (comme lorsque la patrouille de Stigar
trouva Paul et Jessica), mais également à des fins rituelles, comme le montre
la Cérémonie de l’eau.
Où les fremen avaient-ils trouvé le
bhotani ? Les zensunni étaient originaires de la Terre et de diverses
tribus qui vécurent un temps sur Poritrin, Bela Tegeuse, Salusa Secundus,
Ishia, Rossak et Harmonthep avant d’arriver sur Arrakis. Gwilit Mignail émit
l’hypothèse que les sardaukar (dont le chakobsa était un langage complet et pas
seulement un jargon) utilisaient le bhotani-jib, et que les fremen vinrent à
apprécier son utilité et à en acquérir la maîtrise durant leur séjour sur la
planèté-prison. Cette théorie a un attrait, sous un autre aspect :
supposez que pendant l’administration Harkonnen sur Arrakis, les fremen
découvrirent le bhotani. Shaddam IV avait déjà sous estimé la compétence et la
loyauté de l’armée du Duc Leto ; quand Leto prit possession d’Arrakis, le
Duc eu non seulement un plus grand approvisionnement en combattants
entrainables auprès des fremen, mais il avait aussi, par coïncidence, le code
militaire des sardaukar ; si tel était le cas, ce fut une raison supplémentaire,
petite mais substantielle pour Shaddam, de prêter ses sardaukar pour écraser
Leto ; malheureusement pour cette bele hypothèse, il n’y a pas la moindre
preuve pour la soutenir : le chakobsa des sardaukar était complètement
perdu, et la supposition que les fremen avaient apprit le bhotani d’eux était
plus qu’une conjecture. Jusqu’à ce que la lumière soit faite sur la provenance
du rituel fremen et du langage de chasse, tout ce que nous avons sont des
suppositions.
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