Harah
(10157-10221)
La
femme, selon la coutume, de Paul Atréides ; veuve de Jamis ; nourrice d’Alia,
Leto et Ghanima Atréides ; épouse de Stilgar ; la deuxième née des filles
jumelles de Yajna, épouse du Fremen Dako. La vie de Harah fut intimement liée à
la Maison Atréides.
Son
impulsion maternelle, qui devait être la force motrice de Harah, se manifesta
très tôt, en particulier après la naissance de sa sœur Elani. La protection et
la tendresse qu'elle prodigua à sa sœur durant son enfance préfigura la
sollicitude qu'elle prodigua non seulement à ses propres enfants, mais
également à ceux de la Maison Atréides. En effet, Harah n'était jamais aussi
heureuse que lorsqu'elle s’occupait de quelqu'un ou de quelque chose.
Les
lignes, empruntes de ferveur religieuse, dans ses mémoires nous raconte la croissance
de la planète qui était une source de joie. Harah y exprime sa joie en voyant
les premières pousses dans les salles de mise en pot et consacre des pages entières
à détailler le processus de plantation des dunes, la mise en place des
collecteurs de rosée et l'entretien les semis jusqu'à ce qu'ils soient plantés.
Chaque page nous parle de son plaisir et de la satisfaction qu’elle avait
d’être impliquée dans ces choses vivantes. « Sûrement, écrit-elle, qu’un
homme ne peut avoir plus de joie que de voir la vie s’épanouir après l’avoir
stimulée et soutenue ».
De
nombreux documents racontent l’épanouissement de la beauté d’Harah. Une femme grande
et mince, sensuelle dans sa pleine maturité, Harah était remarquable avec ses
cheveux couleur corbeau, sa peau olivâtre et ses traits anguleux marqués — une
femme superbe ardemment recherché par les hommes de son sietch jusqu'à ce
qu’elle soit gagnée par Geoff. La sérénité de sa vie avec Geoff, un homme
timide, ne fut troublée que lorsque le redoutable Jamis le défi — un défi qui ne
pouvait avoir qu'une seule conclusion.
Elle
devint la femme de Jamis, un combattant du désert par excellence, ainsi que la
mère de Kaleff (fils de Geoff) et Orlop (fils de Jamis), Harah vit alors son
rythme de vie accéléré. Elle passait la majeure partie de ses journées dans les
magasins de distilles ou dans les zones de plantation, elle consacrait beaucoup
de temps à élever ses fils et à organiser la maison qu'elle voulait pour Jamis
quand il revenait de ses incursions ou des patrouilles. L’amie de Harah, Mirjna
al-Chima, note dans son Journal que leur yali, avec son sol en pierre lisse,
propre, ses tentures oranges vaporeuses devant les portes, ses brilleurs et ses
tissus lumineux, ses tapis chauds sous les pieds et les coussins moelleux
empilés dans les chambres, faisait des envieux dans le sietch.
Les
années qu’Harah passa avec Jamis furent de bonnes années, pleines de succès et
de bonheur familial. Pourtant, cette
paix intérieure se brisa quand elle apprit au Sietch Tabr la mort de Jamis à la
Grotte des Crêtes. Etant une vraie fremen, elle accusa le coup en fremen :
sa douleur s’exprimerait en privé. « Je vais pleurer Jamis, écrit-elle dans ses
mémoires, au moment opportun ». Sa capacité de résistance innée lui permit
de rencontrer et d’accepter ce destin avait décidé pour elle.
Elle
n’avait que peu de choix : son avenir fut décidé par les coutumes et les
traditions fremen. De par la loi, le yali de Jamis et tous ses biens, à
l'exclusion des dons des funérailles, mais y compris sa femme et ses fils,
appartenaient à Paul Muad'Dib, le jeune homme qui avait vaincu Jamis. Ainsi,
Harah devint la propriété de Paul pendant un an, il pouvait la prendre comme
épouse ou comme servante, après quoi elle serait libre de choisir comme elle le
souhaitait. Malgré les objections d’Harah, Paul l’accepta comme servante.
Bien
que son orgueil ait été blessé par le rejet de ses charmes par Paul, Harah mit
de côté sa vanité, et avec un sens pratique qui surpris Paul, elle se consacra
à le servir comme quelqu’un qu’elle respectait et qu’en en vint à aimer. Puis,
sa tâche s’accrut quand Jessica lui demanda d’être la nourrice de son enfant,
Alia. Lorsque Paul a pris Chani comme concubine, Harah ne fut pas jalouse mais
se réjouit de leur bonheur.
Lorsque
les femmes et les enfants du Sietch Tabr furent contraints de fuir le pogrom du
gouverneur Harkonnen, Harah partit avec eux comme un membre d’honneur de la
maison de Paul. Bien qu’Alia fût solitaire en exil, Harah s'occupa d’elle comme
tutrice et gouvernante. Essayer de contrôler une enfant comme Alia était un
travail frustrant, et rendu encore plus difficile en sachant qu’Alia pouvait
parler de choses qui n’étaient pas de son âge et faire fi des modes
traditionnels de comportement. Mais la dévotion de Harah envers Alia était sans
faille, comme en témoigne ce passage de ses Mémoires : « … Alia est
comme ma propre chair, parce qu'elle est la sœur de celui qui est comme mon frère.
J'ai veillé sur elle et j’ai gardé le même regard que j’avais porté sur elle
quand elle n’était qu’un simple bébé — et je le ferai toujours ».
En
plus d'élever Alia et de devenir indispensable à son mari Stilgar dans les
années qui suivirent l’ascension de Paul au trône Impérial, Harah devint la
femme qui réconfortait Chani. Comme l’amie intime de Chani, elle se tint aux
côtés de son amie quand elle donna naissance aux jumeaux Atréides, Leto et
Ghanima, et regarda, avec un visage de pierre, mourir Chani. Ce fut son
terrible devoir de guider Paul Muad'Dib, maintenant complètement aveugle, tout
d'abord à la crèche où se tenaient ses enfants, puis auprès du corps de Chani.
Harah
fut capable d'effectuer son dernier devoir auprès de son amie : être l’observatrice
de la Sainte vérité et se tenir à côté de Chani pour la dernière fois au
distille de mort. À la demande de Paul, Harah, comme amie de la mère, se tint
aussi au côté de Paul au moment de la désignation du nom de son fils, Leto, comme
son grand-père paternel, et de sa fille — dont les objections d’Harah étaient
compréhensibles— Ghanima (en fremen ghanima signifie un butin de guerre).
Avec
la mort de Chani morts et Paul partit dans le désert, Harah senti, une fois de
plus, l’appel du destin pour jouer le rôle dans lequel elle excellait :
les jumeaux Atréides avait besoin d'une mère. Mais la joie fut tempérée par
l'inquiétude, car ces enfants étaient comme Alia : exaspérants, dérangeants
et parfois terrifiants. Cependant, avec son fond Fremen, sa sagacité et l’Art Etrange
qu'elle avait appris de Paul, il s'avéra qu’elle pouvait accepter ce défi pour
les jumeaux précoces.
Harah
en vint à aimer les jumeaux comme si c’étaient les siens, et elle fut dévastée en
apprenant la mort de Leto, tué par les tigres Laza. Elle se consola en essayant
de console Ghanima ; pour soulager sa douleur Harah s’appliqua à fournir à Stilgar
tout le confort qu’elle put. Elle porta une attention minutieuse à sa
garde-robe et à son yali, supervisait les moindres détails du ménage – la
préparation du café, par exemple, devait être exactement comme Stilgar
l’aimait : il devait être moulu, avec des grains fraîchement torréfiés, en
une poudre fine, dans un mortier en pierre, puis le faire bouillir, et
immédiatement lui adjoindre une pincée de mélange.
Mais
une fois de plus la régularité de ses jours fut brisée par une crise : un matin
Stilgar l'appela pour lui montrer les cadavres de Javid et, chose incroyable, de
Duncan Idaho, et lui dit qu’il avait renvoyé Buer Agarves à Alia avec son
« obéissance finale ». Mais les ravisseurs qu’avaient envoyés Alia
furent involontairement menés avec Agarves
à la djedida et capturèrent les fugitifs à la prison d’Arrakis, dans les
cellules d’Alia.
Bien
qu'absente des quartiers d’Alia dans le donjon ce désastreux jour où la Maison
des Atreides établi sa dynastie millénaire, Harah entendit les terribles nouvelles
très tôt : la mort de Paul (Le Prêcheur), le suicide d'Alia, la séduction de
Farad'n, et la métamorphose de Leto.
Bien
qu’encore jeune au moment du décès de Paul et d’Alia, les années qui suivirent
la firent vieillir rapidement. Leur mort, surtout celle d’Alia, précédée par sa
transformation en « Abomination », l’avait affecté. Son fort instinct
maternel qui définissait l’essence de Harah, prit un coup mortel. Quand elle mourut
dans son sommeil au Sietch Tabr, le seul endroit dans l'univers où qu’elle
aurait sans doute choisi pour sa fin, l’ensemble du sietch fut rejoint par la famille
royale à Arrakeen, chacun pleura et lui accorda un enterrement rituel complet comme
cela lui était du. D.K.
Autres références :
-
Harah,
Les mémoires d'une femme de Sietch,
TR. Steewan Duunalazan ("Topaz": Carolus UP) ;
-
Stilgar
ben Fifrawi, Les chroniques de Stilgar,
TR. Mityau Gwulador, AS 5 (Grumman : mondes unie) ;
-
Mirjna
al-Chima, Mémoires, Rakis Réf.
Cat. 7-Z101.
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