lundi 4 avril 2016

Gamont


Gamont
Troisième planète de Niushe, célèbre dans l'Imperium pour sa culture hédoniste et ses pratiques sexuelles exotiques. [Les Découvertes de Rakis à propos de la planète Gamont ont été si largement médiatisées dans la presse populaire que tous les détails que nous pourrions donner ici, seraient répétitifs. Au lieu de cela, nous ne vous présentons pas une image différente de Gamont, mais un point de vue différent. Ce qui suit sont les parties pertinentes d’un journal intime découvert dans les archives de la Maison Corrino, transférés sur Arrakis pendant la période l’Empire Atréides.- Ed]
 
Sabhaasdii, nAudrim 28 : froid et venteux à nouveau aujourd'hui, mais la buanderie est toujours chaude. Beaucoup de sœurs se plaignent du temps sur Wallach, mais pas moi. Mon travail est une bénédiction.
 
Shannisdil, nAudrim 29 : Divertissement ce soir. Un dîner très spécial en l'honneur de Sa Grâce, le Duc Philippos de Gallatin et sa femme - une grande dame, vous pouvez le dire. Après le souper, dans le Grand Hall, ses musiciens ont joué et notre chorale a chanté. Ce fut très agréable, mais je suis presque morte ! Son Excellence a présenté son mentat – un bel homme, mais sa tunique n’était pas bien repassée – il lui demanda très gentiment de nous faire la faveur d’une démonstration. Eh bien, le mentat m’a regardé et m’a demandé ce que je faisais, je lui ai dit que j’étais la blanchisseuse principale. Puis il a écrit quelque chose sur un morceau de papier, et m'a demandé de lui poser toutes les questions que je voulais. Eh bien, je ne sais pas pourquoi, mais la première chose qui a surgi dans ma tête, je l'ai dit, « Combien d'étoiles y a-t-il dans la nébuleuse de Lyre ? » Puis il a donné une note à la Révérende Mère et lui a demandé de la lire, ce qu’elle a fait – il était indiqué : « Le nombre d'étoiles dans la nébuleuse de Lyre » – puis un nombre important. Eh bien, ça n'a pas été un grand succès. Je veux dire, qu’il y eu quelques applaudissements polis, mais c’était un Mentats, après tout !
 
Jehansdii, nAudrim 30 : Je pense que j'ai compris, ce que le mentat a fait. Quand je suis allé au travail ce matin, j’ai pris la boîte de savon et directement au dos il y avait cette grande annonce pour un concours « Nommez les inscriptions ». Et cela disait, combien d'étoiles y a-t-il dans la nébuleuse de Lyre, si vous y répondez correctement, vous gagnerez un prix. Puis je me suis souvenu que le mentat m'avait demandé ce que je faisais d'abord, et surtout, j’avais gardé son papier en  souvenir. Je dois l'envoyer. Avec la bonne réponse.
 
Phyllisdii, neSheusttm 15 : J’ai gagné !!! Je ne peux pas le croire !!! Le mentat avait raison et je remporte un voyage sur Gamont, la Planète du Plaisir, deux semaines tous frais payés.
 
 
Molhersdii. neSheustim 16 : Eh bien je suis allé voir Mère Caius aujourd'hui et elle était très étrange - très étrange en effet. Elle a dit non. « Sœur Matilda, je dis que le voyage serait trop pénible pour une femme de votre âge ». Mes années ! Je lui ai dit que j’avais seulement cinquante-sept ans. J’ai fais la lessive pendant quarante ans, et la blanchisseuse en chef durant ces huit dernières années, difficiles, si on peut faire cela on ne peut pas être faible. Puis je lui ai dit combien de lessives cela coûterait environ. Je lui promis de prendre Sœur Bertha avec moi, donc Mère dit que nous pourrions garder un œil l’une sur l'autre. Puis elle a dit quelque chose à propos de l'innocence qui était la meilleure protection et m'a renvoyé.
 
Glensdii, neSheustim 25 : Je suis tellement occupée que j'ai vraiment négligé mon journal. Il y a beaucoup à rattraper. Tout d'abord, j’écris ceci depuis Gamont, qui est un endroit très étrange. Quand on est descendu du vaisseau, il y avait un grillage  entre nous et une ligne marquée « Départs », et de l'autre côté il y avait des sauveurs Sardaukars jouant de la musique et distribuant des tracts en se passant le tambour. Je voulais leur faire un don et obtenir une lecture religieuse pour ces temps de paix, mais apparemment, la loi ne leur permet de parler qu’aux seules personnes revenant chez elles, pas celles qui entrent.
  Puis nous sommes sorties à l'extérieur, et les gens chantaient et les indigènes mettaient des cordes de perles autour du cou de tout le monde. Ces perles servent à payer pour des choses sur Gamont, vous vous arrêtez et vous les utilisaient comme de l’argent. Un très joli petit garçon est venu vers Bertha et moi, en courant et nous demanda « êtes-vous les Sœurs Matilda et Bertha de Wallach ? » Nous avons dit oui, il cligna de l'œil et nous remis deux enveloppes brunes. Nous avons regardé à l'intérieur et, quelle  bonté, les colliers devaient avoir deux cents perles chacun. Plus tard, un homme a dit, « Hé, vous êtes Bene Gesserit ». Alors nous avons demandé selon notre droit, « comment savez-vous ? » Il a dit que les Bene Gesserit obtenaient toujours leurs billes dans de simples enveloppes. Je ne pense pas pouvoir jamais dépenser toutes mes perles – je veux dire, combien une personne peut manger et boire ? Peut-être en  souvenir des Sœurs dans la buanderie.
 
Twosday, neSheustim 26 : je suis épuisée. Je me suis réveillée alors qu’il faisait encore sombre parce que j’entendais quelqu'un respirer dans le lit à côté de moi, et je pensais : « Pauvre Bertha, elle doit avoir le mal du pays », et je lui ai dit "Maintenant, maintenant, Bertha," et j’ai allumé la lumière. Mais non, ce n’était pas Bertha mais très beau jeune homme avec une moustache. Je lui ai dit : « Jeune homme, sortez de mon lit immédiatement ! » ; je pensais, que l’hôtel avait fait une erreur ! Eh bien, je suppose que j’ai dû réveiller Bertha, parce qu’elle a crié qu'il y avait un homme dans son lit, et mon jeune homme a dit, « Mais je suis votre guide des plaisirs de Gamont », je lui ai dit qu’il faisait trop sombre pour voir quoi que ce soit sur Gamont. Puis j’ai appelé le directeur et les choses se sont arrangées. Il a dit qu’Ahmed et Pol (les garçons) seraient disponibles le matin pour nous emmener visiter la ville. Je pense que ces vacances vont être plus épuisantes que le lavage durant le nettoyage de printemps.
  J'ai certainement appris des choses sur Gamont, quand il a commencé à faire jour. J'ai pensé que c’était des vacances, comme lorsque j’étais allé au bord de la mer sur Kestrel où mes parents avaient l'habitude de m’emmener, les gens construisaient des châteaux de sable,  nageraient et mangeaient des glaces le soir.
  Gamont n’est pas comme ça.
  L'endroit est divisé en ce qu'ils appellent des  petits mondes. Vous allez à l'intérieur de l’un d’eux et vous pouvez prétendre être quelqu'un du passé ou du futur et ils font toutes sortes de choses inhabituelles. Nous sommes arrivés dans une voiture tirée par un thorse et Ahmed et Pol ont commencé à nous faire visiter les lieux.
  D'abord, nous sommes allés à Eden. Il y avait une femme habillée comme un serpent à l'entrée qui voulait vérifier nos vêtements et nous choisir un costume sur un support. Sur celui marqué « Adams » avait toutes sortes de feuilles de tailles différentes (en faux coton), toutes étaient marquées « Extra-Large ». Il y avait différentes marques aussi, Kg, Conan, Stud, je suppose qu’elles indiquées l’arbre de leur provenance, mais je n’en suis pas sure. Comme je n’allais certainement pas me déshabiller, nous ne sommes pas entrés à Eden.
  J’ai demandé à Ahmed s’il n'y avait pas un bord de mer où nous pourrions aller, il a dit ben sur, et nous sommes partit à nouveau. Nous sommes arrivés devant un monde appelé Nantucket, il a décidé de déjeuner avant d'aller au Hêtre. Il y avait un restaurant appelé La Grenouille à bascule. La nourriture était correcte. Il avait des animations, trop – un homme et une femme chantaient une chanson très drôle (mais parfois déroutante). Voici ce dont je me souviens du début :
 
  D'abord la fille a chanté,
 
« Qui est-ce qui frappe à ma porte ? »
« Qui est-ce qui frappe à ma porte ? »
« Qui est-ce qui frappe à ma porte ? »
 
  La jeune fille chantait juste.
  Le garçon répondit :
 
« D’ye ken je suis toujours, je suis Barnacle Bill,
O Marine Royale de Rakis.
Et ici je me tiens, je viens du sable de Neath,
Avec la « Marine Royale de Rakis ».
 
  La jeune fille dit Mm et s’essuya  ses pieds ; mais il doit y avoir une centaine de couplets, notre nourriture arriva, et je ne me souviens pas du reste.
  Ensuite nous sommes allés à la plage. Bertha et moi avons passé bon moment à patauger en profitant du soleil. Ahmed et Pol jouaient aux cartes.
  Oh, j’ai presque oublié : Gamont a une semaine de sept jours. Ils sont appelés Funday, Manday, Twosday, Womanday, Threesday, Iryitday, et Satyrday. Lorsque le couple chantait, Bertha s’est presque étouffée, elle riait si fort et son visage est devenu trés rouge. Je lui ai demandé ce qui était erroné, et elle a dit, « Quand on est sur Gamont, il faut faire comme les Gamontiens ». Ainsi je date mon journal intime différemment pendant que nous sommes ici. Ce sera un gentil souvenir.
 
Womanday, neSheustim 27 : J’ai eu une peur aujourd'hui. Nous sommes allés au monde Harem mondiale et Bertha s’est perdue. Nous avons mis des costumes – de jolies choses, mais pas de pure qualité, mon Dieu, on pouvait voir au travers. Un petit haut tout rose. Un pantalon qui lui était attaché. Une jolie ceinture dorée. Je suppose que tout cela devait être lavé à la main à l’eau froide. Peu importe, mais je crois que Bertha était fâchée  par toute cette excitation. J’avais gardé mes sous-vêtements, quand j’ai mis le costume, mais Bertha ne l’avait pas fait. J’ai commencé par la gronder, mais elle m’a donné du « Quand on est à Gamont », encore.
  Bien, nous sommes allés au palais, je dois dire qu’il était très beau, mais un peu voyant – musique douce et eau clapotant dans les fontaines, et des hommes et des femmes qui se prélassaient autour de petites alcôves sombres. Deux hommes énormes, en turbans, nous ont emmenées et installées sur des chaises-longues, je suppose que je me suis dormie. Quand je me suis réveillée, Bertha avait disparu. J’ai hurlé pour appeler Ahmed et Pol, ils sont arrivés en courant en tirant sur leurs vêtements. Je suppose qu’ils faisaient la sieste eux aussi. Nous nous sommes mis à la recherche de Bertha le long des couloirs sombres avec des hommes en turbans devant les portes. Ils ne voulaient pas me laisser entrer, alors je criais à chaque porte que nous trouvions. Puis nous sommes arrivés devant  une porte qui indiquait : « Chambre du Sultan », elle était ouverte, et à l'intérieur il y avait Bertha, toute nue, assis sur un gros coussin pelucheux en velours rouge. J’ai dis aux garçons de fermer les yeux et d’entrer. Bertha ne cessait de sourire, en disant : « Le Sultan m'a choisi, le sultan m'a choisi ». Je l’ai rhabillée et les garçons m'ont aidé à la ramener à l'hôtel. J’ai dit à Pol de rester dans la chambre avec elle toute la journée du demain pour s’assurer qu'elle se repose au calme.
 
Threesday, Jehannesdii, neSheustim 28 : Après la frayeur d'hier et le choc d'aujourd'hui, je sais que je vivrais toujours, parce que si cela ne m’a pas tué, rien ne le fera. Il y a une Maison Bene Gesserit sur Gamont ! Pourquoi la Mère Caius ne m’a rien dit ? Je crois que je sais. Ahmed m’a conduit en voiture à travers les rues, et je regardais les lieux – Ol' Plantation, Gay Paree – quand j’ai vu une petite boutique appelée « Ve Haf Vays », j’ai dit à Ahmed de s’arrêter. Je voulais acheter quelques souvenirs pour les sœurs restées à la maison, c’était un magasin de maroquinerie avec de belles ceintures et bottes en vitrine. Il n’y avait pas beaucoup de choix – tout était noir, en plus il y avait trop de boucles et de  lanières et de choses. Il y avait même des fouets, mais pourquoi quelqu'un voudrait-il fouetter une créature douce et gentille comme un thorse. Je ne sais pas. Quoi qu'il en soit, j’étais là en face de la boutique quand je l'ai vu, le BG, l’emblème de la Maison sur le coin. Je ne pouvais pas en croire mes yeux. Mais je suis si heureuse. Je suis allé jusqu'à la porte et j’ai frappé. Une vieille petite sœur a ouvert la porte, mais elle semblait surprise de me voir – elle a dit « Ils les envoient généralement plus jeunes ». Puis elle secoua la tête et dit : « Pas de discussion  sur les goûts » et me conduisit dans le salon. Sur tous les murs de la salle il y avait des photos de femmes. Je ne vais pas essayer de les décrire, mais laissez-moi vous dire que j’en reconnaissais certaines. Il y avait cette belle jeune femme (intelligente), Helen Mohiam, et je ne comprends pas pourquoi elle a permis qu’on la prenne en photo en maillot de bain. Le chef de la Maison (je ne vais pas appeler sa Mère) est entré, son visage était tout peint et ses cils tous longs et noirs, enduits d’un truc.
  Elle a dit : « Vous n'êtes pas une de mes filles. Qui êtes-vous ? »
  « Non », je lui ai dit, « Je suis Sœur Matilda, la chef des blanchisseuses de Wallach qui vient voir votre maison. Qui êtes-vous ? »
  Elle répondit, « Je suis la Procuratrix. Êtes-vous une sœur laïque ? »
  « Certainement pas. Je suis une sœur formée légalement et je le suis depuis plus de quarante ans. Et qu’est-ce qu’une sœur laïque ? »
  Elle a dit, « Oh, pensez-y comme une petite blague ». Puis elle a commencé à raconter, de manière confuse, l’histoire la plus incroyable que j’ai jamais entendu. Il semble qu'il y ait trois sortes de sœurs – les régulières qui vivent dans les Maisons du Chapitre, d'autres qui partent dans le monde, se marient et fondent une famille – cela, je le savais – mais il y en a d'autres, les sœurs laïques (une plaisanterie !), dont la tâche est d'infiltrer les Grandes Maisons et d’informer la Communauté sur ce qui s’y passe.
  « Ces femmes ne sont pas des Sœurs régulières habituées à être envoyées dans les Cours ? » J’ai demandé.
  « Eh bien, elles le sont », dit-elle, « en quelque sorte. Vous savez. »
  « Non, je ne sais pas », je lui ai dit.
  « Eh bien, dit de cette façon », dit-elle, « elles  servent de concubines et parfois même d’épouses. Elles viennent ici sur Gamont pour apprendre les meilleures façons pour satisfaire leurs amants royaux ».
  Maxine (qui était son nom) voulait me donner un peu de brandy, mais je n’aurais jamais pu rien boire dans cet endroit. Je suis retourné au chariot  et directement à l'hôtel. Bertha a disparu à nouveau, mais j’ai pensé, elle l’a fait de son propre chef, cette fois. J’ai emballé mes affaires. Bertha est revenue avec Pol, je lui ai dit : « Je pars ». Mais elle a dit, « Nous avons encore tellement de perles ». « Faites ce que vous voulez », lui dis-je, « mais demain je m’en vais ».
 
Tryitday Phyllisdii Le jour de Matilda, neSheustim 29 : Quand je suis arrivée ce matin, je me suis juste  assise dans le hall. Je ne savais pas où aller – je ne me soucie pas de l'Eden, de l’Ol’ Plantation ou du Harem Mondial, mais je ne veux pas revenir sur  Wallach. Je ne suis pas jeune, je sais, mais je ne suis pas stupide, et je ne suis pas sournoise. Il y a des choses que je peux faire, et les faire bien, ce qui devrait être suffisantes pour tout le monde. Je ne vais pas utiliser d'autres gens parce que je ne voudrais pas qu’on m’utilise, et je ne vais pas être une partie de tout ce qui se fait. Je sais où est mon devoir – j’ai besoin de dire à l'empereur tout ce qui se passe ici – c’est son problème et je me lave les mains de la question. Pol et Ahmed sont ici - ils retournent une pièce de monnaie (ils ont dit que c’est une coutume locale) et Ahmed est mon guide aujourd'hui. Ainsi, ce journal va dans une enveloppe pour le courrier Imperial. Je vais devoir le faire prendre par Ahmed, puis je vais prendre mes bagages et aller demander un emploi dans l'un des endroits que j’ai vu. Avec mon expérience, je sais qu'il y aura quelque chose à faire pour moi à « Sudsand Bubbles ». I.R.M.

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