Fremen, Les coutumes de l’eau
Les rites mystiques complexes avec lesquels
les Fremen entouraient presque chaque contact avec l'eau, étaient beaucoup plus
compréhensibles si l'on tient compte de l'environnement qui les avait inspirées
: la surface rude, recouverte de sable, d’Arrakis, peut-être le monde le plus
inhospitalier jamais colonisé par l'homme. L'eau, ce qui rendait la vie
possible, était considérée comme étant
le transmetteur de cette vie. C'était quelque chose de s'être battu pour
conserver ce bien précieux — et aux yeux des Fremen, descendants des Vagabonds Zensunni
et façonnés par les épreuves que ces paria mystiques avaient enduré, cette eau était sacrée au-delà de toute chose.
Chaque cérémonie impliquant de l'eau était supervisée,
sinon dirigée, par une Sayyadina (prêtresse Fremen) initiée dans les rites et
formée dans leur pratique. Une femme du groupe, avec la plus grande
connaissance de cette question, pouvait être autorisée temporairement à
officier.
Naissance
La première exposition de tous les Fremen aux
coutumes de l'eau avait lieu quelques minutes après qu'il ou elle soit né. Le
liquide amniotique entourant le nouveau-né était récupéré et distillé à la
suite de l'expulsion de l'enfant de l'utérus. Cette eau servait ensuite à
alimenter l'enfant, par sa marraine (généralement l'une des meilleures amies de
la mère), en présence d'une Sayyadina ; cette alimentation était la
première du bébé, elle était donné avant même que la mère ait allaité l’enfant.
En même temps que le bébé buvait, il était du
devoir de la marraine à dire : « Voici l'eau de ta conception ».
De cette façon, l'enfant était considéré
comme ayant un lien à ses parents, le lien de l'eau, ainsi il était attaché, par extension, au reste de la tribu.
Cette unité était très importante pour les Fremen : elle était, en fait, le fondement de l'ensemble de
leur structure sociale.
L’origine précise du rituel de « l’eau
de la conception » n’est pas connue. On pense toutefois, que c’est l'un
des plus anciens rituels Fremen, remontant à leur emplacement d'origine sur
Arrakis, au huitième millénaire. Face à un environnement impitoyable et la
nécessité absolue pour chaque tribu de travailler comme un seul organisme pour
survivre, les Fremen sans aucun doute comprenaient ce rite comme un moyen de
souligner cette unité depuis le début de la vie d'un individu.
Rituels quotidiens
Dans un sietch Fremen, les premiers
travailleurs qui enfilaient leurs distilles et bravaient la journée étaient les
ramasseurs de rosée. Dès que la lumière de l'aube pouvait être vue, les
cueilleurs se précipitaient à l'extérieur avec leurs faux pour moissonner la rosée,
ils glanaient l'humidité disponible des quelques plantes qui poussaient près du
sietch. Lorsque la collecte était fini et l'eau précieuse stockée en toute
sécurité dans les manches scellées des faucheurs, ils confiaient la rosée
récoltée de la matinée à une Sayyadina afin qu'elle – ou elles – puissent la
bénir. L'eau était ensuite portée dans bassin commun de la tribu.
Peu de temps après que les ramasseurs de
rosée aient achevé leur travail, le chef de chaque ménage dans le sietch venait
chercher son allocation quotidienne, pour sa famille, dans les magasins
généraux. Les allocations étaient maigres (par exemple, moins d'un litre par
jour pour une famille de dix), mais suffisante, compte tenu de la capacité des
Fremen à recycler leur eau dans leurs distilles et leurs abris-distilles. Les
Sayyadina distribuaient l'eau et donnaient également leur bénédiction pour son utilisation,
à ceux qui la consommait, et des prières de remerciement étaient offertes à
Shai-Hulud pour leur fournir les moyens de survivre un autre jour.
Dernière action d'une famille avant de se
retirer pour la nuit était de partager entre ses membres l’eau produite par
leurs chambres de remise en état (de petites chambres attenantes à leurs
quartiers où les déchets corporels étaient recyclés et leur eau récupérée).
C’était considéré comme un signe de malchance de garder de l’eau libre, sauf si
elle était stockée dans l'un des bassins d'évaporation du sietch ; comme
chacun le savait, le meilleur endroit pour garder l'eau d'une famille était
dans les corps des membres de cette famille.
Quand l’eau était consommée, le chef de famille
scandait : « Maintenant nous consommons ce qui sera un jour être
rendu ... la chair d'un homme lui appartient, mais son eau appartient à la
tribu ».
Comme le rituel de « l'eau de la
conception », ce rappel tous les soirs servait à souligner l’image de
l'individu en tant que partie de l'ensemble de la tribu.
Anneaux d’eau
Ces mesures métalliques représentaient le
volume d'eau libéré par un corps traité dans un distille de mort. Ils étaient
fabriqués en coupures allant de cinquante litres jusqu'à 1/32éme de drachme (un
drachme équivalait à 1/200éme litre), et
servaient à donner une indication de la précision des dispositifs Fremen
de mesure de l'eau, et de l'importance accordée même aux plus infimes quantités
de cette précieuse substance.
Les mesures d'eau libérées par les organes des
Fremen qui étaient morts de mort naturelle ou par celles d’étrangers trouvés
dans le bled, étaient considérées comme une eau-cadeau de Shai-Hulud, elles
étaient reléguées aux soins du Naib du sietch et considérées comme appartenant
à la communauté. L’eau récoltée sur les ennemis tués au combat de groupe était
traitée de manière similaire.
Seuls les anneaux d’eau qui représentaient
l'eau d’un individu tué dans un combat personnel étaient donnés à un individu
particulier de la tribu : ils – et la possession de l'eau qu'ils
mesuraient – étaient la propriété du vainqueur du combat. C’était la
rémunération du gagnant, pour l'eau perdue pendant le combat, car il était
nécessaire que les combattants qui se faisaient face combattent sans distille. (L'eau
était stockée dans le bassin tribal du sietch, bien sûr, mais son propriétaire était
autorisé à y puiser au besoin, ou à la donner aux membres les plus nécessiteux
de la tribu).
Les anneaux possédaient une grande importance
sociale au-delà de leur représentation de l’eau. Dans les fiançailles Fremen,
le marié devait présenter ses anneaux d’eau à sa fiancée ; elle les
disposait alors sur des fils fins pour être portés soit comme boucle d'oreille
ou (plus souvent) comme ornements de cheveux. Une partie de la cérémonie de
mariage impliquait, pour le marié, de mettre les ornements nouvellement
façonnés sur la mariée.
Cette utilisation des mesures d'eau permettait
de régler beaucoup l'interaction entre
les sexes. Un wali, ou un jeune adulte – qui ne s’était jamais confronté à un
autre homme en combat moral – ne
pouvaient pas se marier. Ainsi, les seuls hommes dans le sietch qui pouvaient
enfanter étaient ceux qui avaient déjà démontré leur capacité de survie. Len
lâches, les faibles, et autres indésirables n’auraient jamais l'occasion de
faire partie du pool génique ; c’était
une assurance supplémentaire, que les enfants nés hors mariage serfaient
abondonnés dans le désert, un sacrifice à Shai-Hulud.
En outre, l'exigence que pouvait avoir un
homme qui possédait des anneaux d'eau avant son mariage, était qu’il pouvait
prétendre entretenir un ménage polygame, autorisé pour les mâles Fremen. Il
n'était pas autorisé, par exemple, pour les hommes de partager leurs mesures
d’eau entre deux ou plusieurs femmes, de sorte que les mariages multiples n’étaient
pas courants. Si un homme voulait prendre une autre femme, il devait attendre d’accumuler
suffisamment d'anneaux ; et tout Fremen soupçonné de provoquer des défis
uniquement dans ce but était considéré comme ridicule et était la risée de sa
tribu.
Il convient de noter, également, que les
femmes Fremen qui tuaient un ennemi (un ennemi extérieur, invariablement, étant
donné que les femmes pouvaient participer au rituel de contestation officielle
uniquement via un champion) ne recevaient pas l'eau du combat ou ses anneaux
d’eau. Au lieu de cela, l’eau du combat et les anneaux d’eau du défunt étaient
remis à la Révérende Mère de la tribu et étaient censés conférer « une bénédiction
spéciale de Shai-Hulud sur leur donneur ».
Après la mort de leur propriétaire, les anneaux
d'eau retournaient à la citerne tribale, ou, s’ils étaient portés par une
femme, restaient avec elle jusqu'à sa mort.
Rites funéraires
Il n’y avait aucun monument commémoratif ou
cérémonie commémorative organisés pour les hors Freyn tué par les Fremen ; leur
eau était tout simplement récupérée et les restes secs jetés.
Pour leur propre mort, cependant, les Fremen croyaient
qu'il était nécessaire de procéder à un service commémoratif formel afin que
l'ombre laissée par le défunt puisse reposer en paix et ne faire aucun mal à la
tribu. La cérémonie avait toujours lieu au début du coucher du soleil le soir
de la mort, après que le corps soit passé dans le distille de mort sous la
supervision d'une Sayyadina.
Tous les membres du sietch se réunissaient
autour d'un monticule constitué des biens de la femme ou de l'homme mort et du
sac de l'eau contenant le fluide libéré par le distille de mort. Le naib parlait
en premier, pour rappeler aux autres que la lune se lève pour leur camarade perdu
et invoquait l'esprit de la nuit. Il se
déclarait alors être un ami du défunt, décrivait
un moment où il avait été personnellement aidé ou enseigné par la personne
décédée (dans une si petite communauté, étroitement liée, de telles occasions
étaient communes), puis il prenait un élément du monticule.
Puis le naib poursuivait en prenant certains
éléments qu’il réclamait pour la famille du défunt, et il revendiquait le krys
pour le rendre au désert comme les restes du défunt. Les autres membres de la
tribu se manifestaient alors, chacun déclarait son amitié et la raison de cette
amitié, prenait un objet, et retournait à sa place. Quand rien ne restait du
monticule, sauf le sac d'eau, une Sayyadina s’avançait pour vérifier la mesure
et remettre les anneaux d'eau à la personne appropriée.
La tribu scandait alors une prière engageant l'esprit de leur camarade à rejoindre Shai-Hulud
afin de renouveler son propre destin ce
Dieu. Les Maîtres d’eau du sietch prenaient en charge le sac après la prière
et, avec toute la tribu pour témoins, ils libéraient l'eau dans le bassin commun, ainsi se terminait
le rituel.
La discipline de l’eau
Pour les Fremen, l'eau était également
considérée comme le lien ultime entre les individus et s’ils appartenaient à la
même tribu. Par exemple, une personne d'un sietch qui avait sauvé la vie d'un
membre d'un autre sietch avait une dette d’eau non seulement envers la personne,
mais aussi à sa tribu. Une telle dette à un autre a été considéré comme un
lourd fardeau, et a été payé et annulé-aussi rapidement que possible.
L'eau du mort, si elle était partagée avec un
autre, créait également un lien indissoluble avec le groupe de celui-ci. Une
fois le partage terminé, les deux groupes ne se considéraient plus comme
distincts ; ils fusionnaient en une seule grande organisation, car l'eau, une
fois mélangée, était impossible de diviser.
L'eau d'une personne vivante – fournissait,
si elle était en bonne condition physique, non seulement du sang, mais aussi de
l'eau, transportée dans un jolitre ou dans les poches de récupération du distille
– pouvait créér un lien indissoluble. Si un étranger, ou même un ennemi, pouvaient
forcer ou convaincre un membre d'une tribu Fremen à boire de son sang, il devenait
Wadquiyas avec la tribu : joint à eux comme un des leurs, et sûr d'avoir une
prise sur cette eau, à moins qu'il n’offense la tribu (C’est pour cette raison,
d'ailleurs, qu’aucun Fremen ne se serait laissé mordre par un ennemi dans un
combat, même si cela signifiait une victoire certaine).
Les promesses de loyauté à une seule
personne, comme celle de chaque membre d'une tribu à son naib, se faisaient
également au nom de l'eau – dans ce cas, à l'eau de l'individu. La promesse
d'une tribu à son chef ne prenait fin, comme l’acceptation des droits du
nouveau chef, que lorsque le service funèbre du naib morts s’achevait et son eau
libérée.
L’Eau de vie
Aucun rituel dans les histoires Fremen n’était
aussi étroitement tenu secret et il y a donc peu de document, que celui de l'Eau
de Vie. Tout ce que l'on tient pour certain est que, dans de rares occasions,
un groupe restreint de bateliers (des Fremen consacrés et qui étaient chargés
des fonctions rituelles concernant l'eau), allaient dans le désert, capturaient
un petit ver des sables, et revenaient avec lui par un souterrain dans une chambre
spéciale remplie avec de l'eau du bassin tribal. Les bateliers, après avoir été
béni par la Révérende Mère de la tribu, traînaient le ver dans l'eau et le noyait.
Leur chef était debout dans l’eau, près de la
bouche du ver, attendant que la créature commence à recacher ses exhalaisons
mortelles. Quand ce moment arrivait, il donnait le signale à ses homme de tenir
le front du ver hors de l’eau pour qu’il puisse récupérer cette exhalaison, le
liquide était récupéré dans un sac d’eau spécial ; ce liquide était l’Eau
de Vie.
Dans sa forme brute, ce poison « d’illumination »
était mortel. Lorsqu’il était modifié
dans le corps d'une Révérende Mère, cependant, il devenait sans danger pour la consommation par les
non-initiés, et était utilisé par les Fremen pour leurs orgies de sietch (elles
provoquaient une sensibilisation accrue des pensées et des émotions qui
servaient à unir encore plus étroitement les membres de la tribu entre eux). Une
seule goutte du poison altéré était suffisante et servait de catalyseur pour
modifier de grandes quantités de liquide.
Le processus de modification (altération)
était le même que celui subit par les Révérendes Mères du Bene Gesserit lors de
leur initiation, avec le mélange. La conscience de l'individu s’intériorisée,
son sens du temps était ralenti, et elle était ainsi en mesure de percevoir la
structure moléculaire du poison ; et grâce à cette perception, elle pouvait
changer le poison pour le rendre inoffensif.
Parfois, dans le cas d'une Sayyadina qui
tentait d'obtenir le statut de Révérende Mère, cette perception n’était pas
suffisamment rapide ou forte, et le poison restait inchangé. Dans un tel cas,
le corps de la candidate était incinéré – le seul cas où la crémation était utilisée – et l'Eau de Vie inchangée était soigneusement gardée jusqu'à ce qu'une nouvelle candidate puisse être trouvée. Mettre
le corps dans un distille de mort alors
qu'il contenait le poison inchangé pouvait être fatal à toute la tribu, et le
laisser dans le désert pouvait avoir des conséquences encore plus graves ;
on savait que l’Eau de Vie pouvait devenir l’Eau de Mort si on la mettait en
contact avec une masse d’épice.
Le résultat de cette transformation pouvait provoquer
la mort de l'ensemble de l'écosystème du désert.
Autres coutumes
Comme plus d'informations concernant les
Fremen, furent disponibles, il devient clair que de nombreuses coutumes autres
que celles décrites ci-dessus étaient en usage au cours de la période où les
tribus nomades étaient, en vérité, les dirigeants du désert Arrakeen. Certaines
sont détaillées dans le livre de Jarret Oslo, Fremen : Vies et légendes, et peuvent être plus
approfondies. Une en particulier, qui est un exemple frappant de la détermination
des priorités, et mérite d’être mentionnée ici. Il a longtemps les chercheurs avaient
accepté l’idée que les Fremen donnaient
à l'eau une d'importance suprême et que son acquisition et sa conservation étaient
des priorités suprêmes tant pour
l’individu que pour la tribu. L’eau non potable, n’était jamais jugée
perdue ; même l'eau de ceux qu’ils donnaient à Shai-Hulud était considérée comme utile,
puisqu’elle était utilisée par les fremen pour apaiser leur dieu.
Toutefois, un document trouvé au milieu du Magot
de Rakis (et cité par Oslo, p. 152)
décrit une exception à cette règle :
décrit une exception à cette règle :
« …
l’eau d’un être possédé par des démons ne doit pas être touché, ni par l'homme,
ni par la bête ... nul ne pourra dire qu'elle
appartenait à un ami, ou offrir des prières pour la libération de son
esprit ; à cause du démon qui habitait à l'intérieur et elle est à jamais corrompue
... »
Il
faut qu’elle soit emmenée dans le désert dans la chaleur de la journée et versée
dans un contenant pour qu’elle s’évapore. Laissez un garde à côté afin
qu'aucune créature ne puisse la boire. Et que son démon brûle dans la fureur
d'al-Lat pour toute l'éternité.
En plus de fourniture un contraste
intéressant entre le corps des fremen et la coutume de l’eau, ce rite pour les possédés
nous offres aussi des réponses possibles à d'autres questions. Il contribue à
expliquer, par exemple, l'immense culpabilité que les Fremen étaient réputés ressentir
après un procès pour possession, car en
ne libérant pas l'esprit de l'eau, ils condamnaient un ancien camarade à des
tourments éternels.
Il suggère également que le sort possible des
restes d’Alia Atréides, qui – contrairement aux autres membres de sa famille
– ne sont pas gardés dans un lieu de repos. On cherche actuellement un soutien
supplémentaire à cette hypothèse. C.W.
Autres références :
-
Jarret Oslo, Fremen :
vies et légendes (Salusa Secundus : Morgan et Sharak) ;
-
HARQ al-Ada, L'histoire
de Liet Kynes, Lib. Conf. Temp. Série 109.
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