Fremen, Le langage
La forme Atréides
Les Fremen, les tribus du désert d’Arrakis, vestiges
des Vagabonds Zensunni, parlaient une langue qui révèle une partie de leur
histoire mouvementée. La légende Fremen voulait que leur planète d'origine
était Poritrin, troisième planète d'Epsilon Alangue ; même si cela n'a pas été reconnu
pour être faux, des indices de leur langue et leur religion pointent plutôt
vers Sol III, Terra, comme étant un site occupé encore plus tôt par les Zensunni, en fait, leur patrie d'origine.
Certains de ces éléments de preuve se trouvent dans l'ancienne religion Terrienne,
l'islam, qui commence autour du onzième millénaire A.G. et passa par plusieurs
grands bouleversements ainsi que des revitalisations (voir Lors Karden, Une histoire du Troisième Mouvement
islamique [Salusa Secundus: Morgan et Sharak]) mineures, illustré par
le mélange des mystiques sunnites et Zen contenus dans les enseignements de
Maometh (le « Troisième Muhammed ») à partir duquel les Zensunni
rompirent en 1 381 AG environ, le début de leur longue route des migrations
planétaires.
La langue Fremen remonte à l'ancienne langue Terrienne,
« Arabiya », que le linguiste l-Taalibii pense qu’elle était, à l'origine,
la langue officielle de la foi islamique, une observation soutenue par le
savoir traditionnel des Sayyadinas (Retraçant
les langues de l'homme : Vol IV, Le Secteur Sinus [Yorba VI: Rose]). Le
langage Fremen diffère grandement du Galach officielle de l'Ancien Imperium
malgré que leurs deux racines montrent qu’elles sont toutes deux issues de
l’ancienne Terre. Toutes deux provenaient de différents types linguistiques et
culturels. Le type Galach représentaiy la culture technologique et économique
dominante de l'époque attestée par le statut de Galach comme la norme de
l'Ancien Imperium, tandis que la langue Fremen, jusqu'à l'époque de Paul
Muad'Dib, était la langue de personnes persécutées.
Phonologie
Le Fremen retenait (ou plus exactement, reprenait)
la plupart des sons de l’arabes du début. Ceux-ci comprennent les labiales b, f
et m ; dentales t, e (θ), d, dh (б), et n ; la sifflantes s, z, un sh (Š) ; l’affriquée j (j), les
vélaires k et g (ce qui peuvent très souvent être dérivées de q ou gh (γ) ; la
uvulaires q, kh (x), et gh (γ), les liquides et / r, les glissements w et y ;
et la glottiques h absent chez les Fremen est emphatique (pharyngalisées-vélarisées)
en arabe, les consonnes ḍ, ṣ, ṣ, ẓ, plus
le pur pharyngales h et ( ?). Le coup de glotte ( ?) a également
disparu comme le doublement des consonnes encore visibles, comme le sont les
cinq voyelles de l'ancien arabe dialectal – a, e, i, o, u ; cependant, les
distinctions de longueur vocalique comme le caractère phonologique ont disparu
dans le Fremen.
Morphologie
La plupart des mots dérivés de l’arabe reposent
sur une racine à consonance triple, par exemple, k-t-b, qui, lorsqu'elle est
combinée avec diverses voyelles, produit des mots différents mais
sémantiquement et grammaticalement liés. Ainsi, à partir de la racine k-t-b on
trouve les dérivés Kitab (livre), Katib (écrivain), katab (il a écrit), yiktub
(il écrit), etc. Alors que la plus ancienne forme d’arabe de la Terre montrait
de telles complexités morphologiques comme genre grammatical, il y avait un
grand nombre de doubles et pluriels en plus des singuliers, les pluriels
étaient constitués par mutation de la consonne ou de la voyelle aussi bien que
par des suffixes ; les cas de noms et modes verbaux, se simplifièrent
morphologiquement dans l’arabe, plus tard. Le Fremen continua cette tendance,
en réduisant rigoureusement le nombre de paradigmes des verbes, les
déclinaisons de noms, les formes plurielles, et les règles d’accord de genres.
Cette simplification est peut-être due à l'afflux important de mots étrangers
dans la langue pendant les migrations Zensunni, ce qui peut entrer dans le
moule de la racine consonance triple standard. Comme un nombre de plus en plus
grand de ces mots est entré dans le langage, de nouveaux modes de déclinaison,
conjugaison, pluralisation, etc., principalement sous la forme de suffixes
standardisés, qui remplacent les anciens profils de mutation arabes consonne /
voyelle. Par exemple, dans l’ancien Arabe les pluriels étaient habituellement
formés par l’intermédiaire d'un certain nombre de modèles de mutation
différents, par exemple, kitÂb (livre), kutub (livres); bÂb (porte), AbwÂb
(portes). Mais le Fremen, à l'exception de certains archaïsmes isolés, par
exemple, l'ibar (larmes) dans Kitab al-Ibar, à partir de abra (larme), emploie
un des trois suffixes réguliers selon le dialecte: « at » (de l'arabe
« Ât », un féminin marque du pluriel), « an » (probablement
emprunté au langage Tailara de Gamma Vertis VII, parlé par ceux qui furent
transportés sur Beta Tegeuse), ou « u » (probablement le marqueur
pluriel de « uw » des mineurs dilaubites du discours de la colline
bleue de Rima, le plus grand satellite d’Altair V; un grand nombre de ces
mineurs travaillèrent côte-à-côte avec les Fremen sur Rossak). Les autres
simplifications incluent la perte du double et de la distinction de genre dans
les adjectifs, les deux disparaissent à la fin du long séjour des zensunni sur
Salusa Secundus, comme indiqué dans la grammaire ancienne écrite, pendant leur
séjour là-bas, par Ibin Manzuur, Le
Coran al- Nahw.
Syntaxe
Le fremen, à cause des simplifications
morphologiques décrites ci-dessus, est devenu un point de vue de la langue
syntaxiquement isolé (ou l’isolement de la racine), qui dépend de l'ordre des
mots et des prépositions pour indiquer les relations mot-à-mot dans les
phrases. La langue avait des verbes internes, à savoir, le verbe principal
d'une phrase suivait le sujet syntagme nominal ou de l’alinéa et précédait
l'objet syntagme nominal ou l’alinéa. Le Fremen était relativement libre dans
son utilisation de transformations syntaxiques par rapport à l'arabe, ce qui
permet, par exemple, la suppression des pronoms relatifs et diverses
suppressions orthographique. Il avait élargi le cas de construction arabe (le
soi-disant idafa) pour permettre à l’alinéa verbal d'agir pleinement comme le complément du noyau du nom, et avait
élargi les motifs de la négation.
Lexique
Le mot initial du Fremen était, bien sûr,
principalement dérivé de l’arabe ; cependant, il était complété et, dans de nombreux cas, remplacés
par des prépositions de mots dans de
nombreuses langues[1] dont le Zensunni qui était entré en contact avec elles. Certains étymologies arabes sont des mots et des expressions comme :
nombreuses langues[1] dont le Zensunni qui était entré en contact avec elles. Certains étymologies arabes sont des mots et des expressions comme :
اداب
|
Adab
|
la mémoire qui exige
|
الام
|
Alam
|
chagrins, soins
|
باکا
|
Bakka
|
La Pleureuse (légende Fremen)
|
باکلاوا
|
Baklawa
|
Dessert, pâtisserie
|
بلاد
|
Bled
|
désert ouvert, plat
|
الصیال
|
El-sayal
|
la pluie de sable
|
فٻقه
|
Figh
|
la loi, de la jurisprudence (droit religieux)
|
عافل
|
Ghafla
|
distraction, de négligence
|
عانٻما
|
Ghanima
|
butin
|
حاج
|
Hajj
|
saint voyage, pèlerinage
|
حاجرا
|
Hajra
|
voyage de recherche
|
اٻلم
|
Ilim
|
théologie, tradition religieuse
|
جٻاد
|
Jihad
|
guerre sainte
|
کٻنهجال
|
Kindjal
|
épée courbe, courte à double tranchant
|
کٻصهوا
|
Kiswa
|
figure ou le design (selon les mythes fremen)
|
لالالا
|
La-la-la
|
cri de douleur
|
لٻبانه
|
Liban
|
boisson épicée
|
ماھدٻ
|
Mahdi
|
celui qui est le bien-guidé
|
ماولا
|
Maula
|
esclave
|
مٻسر
|
Misr
|
le peuple (Terme Zensunni)
|
عاناط
|
Qanat
|
canal ouvert
|
رامادان
|
Ramadhan
|
le neuvième mois lunaire
|
روا
|
Ruh
|
le monde de l'esprit
|
شارٻۍا
|
Shari-a
|
rituel religieux
|
شۍٻطان
|
Shaitan
|
Satan
|
صٻھاۍا
|
Sihaya
|
le printemps du désert
|
وما
|
umma
|
membre de la confrérie des prophètes
|
وذول
|
usul
|
la base du pilier, la racine
|
دار الۍٻکمان
|
Dar al-Hikman
|
école de traduction religieuse
|
کٻطاب الۍٻبار
|
Kitab al-Ibar
|
le livre des larmes (manuel de survie Fremen)
|
کول وھاد
|
Kull Wahad
|
Je suis profondément remué !
|
لٻظان العاۍٻب
|
Lisan al-gaib
|
La voix du prophète du monde extérieur (hors du monde), (Fremen
légendes messianiques)
|
موذانوالا
|
Mu zéine Wallah
|
Rien de bon, bon à rien (ouverture traditionnelle pour une
malédiction Fremen)
|
سو سو سوک
|
Soo-soo-sook !
|
cri des vendeurs d’eau
|
سوباح اکوار
|
Subakh ul kuhar
|
Etes-vous bien ? (vœux Fremen)
|
ساباح النار
|
Subakh nar un
|
Je suis bien. Et toi ? (réponse traditionnelle)
|
Ces expressions communes se trouvent dans les
Manuscrits de la Plaine Funèbre,
Rakis Réf. Un Chat. 1 R2345-2348.
La langue privée de la Maison Impériale de
Salusa Secundus (la Maison Corrino) a beaucoup contribué à la langue Fremen
ainsi qu’au Galach standard, la plupart des termes militaires, par exemple,
Bachar (gouverneur provincial), burseg (général commandant), caïd (gouverneur
militaire), Kanly (vendetta légalisée), Sardaukar (troupes d'élite de la Maison
Corrino), selamlik (salle d'audience impériale), et Siridar (gouverneur
planétaire). Beaucoup de concepts théologiques ou moraux Fremen sont spécifiés
par des mots qui peuvent être attribués à la langue d’Ishkal, quatrième planète
de Sigma Draconis, indiquant une certaine forme de contact entre les Zensunni et
les orateurs, y compris istislah (une loi de protection), khala (invocation d’esprit),
Karama (miracle), mushtamal (jardin), Sadus (juges saints), sarfa (tournant de
Dieu), et curieusement, Shaihulud, qui sur Ishkal se rapporte à un réseau
souterrain antique des voies d'eau et des tunnels excavés par des espèces
éteintes de grandes formes de vie amphibies (hulud). D'autres termes sont venus
de la parole des mineurs dilaubite de Rima (comme mentionné ci-dessus), par
exemple, Chaumas, Aumas (poison dans la nourriture solide), Ichwan (la fraternité,
l'union), chaumurky musqué, sombre (poison dans un verre), cherem (une
confrérie d'une haine commune), giudichar (une vérité sainte), Kwisatz Haderach
(le court chemin), Chouhada (combattants utiles).
Egalement attribué à cette langue, les appels Fremen lancés par un timonier monté
sur un ver, sur Rima on trouve les mêmes appels, utilisés par les plongeurs de
caravanes terrestres dilaubites, par exemple, ach, derch, geyrat.
De nombreux termes Fremen étaient d’une étymologie
douteuse, par exemple, Baraka (faiseur de miracle), et Shadout (creuseur de
puits) qui vient peut-être de shaduf, un dispositif utilisé pour l'irrigation
sur Ishia ; yali et Ya Ya Yawm sont de sens et de provenance inconnus. Ingslei (Les lieux Fremen – noms dans les
langues de Salusa Secundus, BNM 72: 28-54) attribue le terme sietch à tamasheq
de Salusa Secundus, et cielago et hiereg à l'ancienne langue d’Harmonthep.
L'étymologie de certains mots Fremen reste verrouillé dans la controverse, par
exemple, ikhut-eigh, Muad'Dib[2].
Dialectes
Il y avait deux principaux dialectes Fremen,
étiquetés oriental et occidental, identifiés
principalement par des différences phonologiques, certains items lexicaux et certaines variations morphologiques. Le groupe Oriental s’étendait (du temps des Atréides) vers l'Est en longitude d’Arrakeen (30 ° O) vers le Faux-Mur Ouest et lerg d’Habbanya (150 ° E). Il comprenait les communautés des sietch au-delà du Bassin de sel et de la Montagne de l'Observatoire, les affleurements de roche sur la Plaine Funèbre, le Sietch Tabr, Baie de la falaise, et les communautés du sietch du Faux Mur-Ouest. C’était le dialecte de l'Est qui fut utilisé lors de l’avènement de l’Umma Regent, Paul Muad'Dib Atréides. Il employait tous les sons mentionnés ci-dessus (voir phonologie) ; la marque du pluriel « at » et « an ».
principalement par des différences phonologiques, certains items lexicaux et certaines variations morphologiques. Le groupe Oriental s’étendait (du temps des Atréides) vers l'Est en longitude d’Arrakeen (30 ° O) vers le Faux-Mur Ouest et lerg d’Habbanya (150 ° E). Il comprenait les communautés des sietch au-delà du Bassin de sel et de la Montagne de l'Observatoire, les affleurements de roche sur la Plaine Funèbre, le Sietch Tabr, Baie de la falaise, et les communautés du sietch du Faux Mur-Ouest. C’était le dialecte de l'Est qui fut utilisé lors de l’avènement de l’Umma Regent, Paul Muad'Dib Atréides. Il employait tous les sons mentionnés ci-dessus (voir phonologie) ; la marque du pluriel « at » et « an ».
Le
groupe occidental s’étendait de la Crête de Sihaya (55 ° O) au Faux Mur-Sud
(150 ° O), et incluait les sietch de la Crête de Sihaya, le Trou-dans-la-Roche, Gara Kulon, Pasty Mesa, Chin Rock, et le Faux Mur-Sud. Ce dialecte employait de nombreux éléments lexicaux empruntés aux langues des contrebandiers près du bord de l'Erg Mineure. Sa marque du pluriel était « u » et les adjectifs de dérivation arabe retenaient les distinctions de genre. Le son « g » était absent, comme c’était le cas du kh initial (par exemple, Aumas à l’Ouest, Chaumas à l’Est[3]).
(150 ° O), et incluait les sietch de la Crête de Sihaya, le Trou-dans-la-Roche, Gara Kulon, Pasty Mesa, Chin Rock, et le Faux Mur-Sud. Ce dialecte employait de nombreux éléments lexicaux empruntés aux langues des contrebandiers près du bord de l'Erg Mineure. Sa marque du pluriel était « u » et les adjectifs de dérivation arabe retenaient les distinctions de genre. Le son « g » était absent, comme c’était le cas du kh initial (par exemple, Aumas à l’Ouest, Chaumas à l’Est[3]).
Graphème
La calligraphie de l’ancien arabe, est une
écriture cursive avec jusqu'à quatre formes différentes pour chaque lettre (en
fonction de sa position - initiale, médiale, finale, ou sans connexion – dans
le mot) qui a été au cours de millénaires d'utilisation, simplifié et parfois
arbitrairement restructuré de sorte qu'elle est devenu une écriture avec une
seule forme de lettre par unité sonore. Cette dernière innovation a été
attribuée au planétologue Liet Kynes pendant son séjour sur Arrakis dans les
tribus Fremen. D’autres innovations antérieures, incluaient l'introduction de
symboles pour représenter les voyelles (l’ancienne écriture arabe indiquait
uniquement les voyelles courtes par des signes diacritiques), attribuées à Ali
Ben Ohasi et plus tard modifiés par les Fremen dans les premiers exemplaires de
leur Manuel de survie dans le désert,
le Kitab al-Ibar. Le manuscrit
Fremen en usage à l'époque de Muad'Dib est illustré ci-dessous. Nombre de
valeurs des vieilles lettres arabes ont été réaffectés, tandis que certains
nouveaux symboles ont été attribués aux lettres existantes, et apparemment ces
attributions étaient totalement arbitraires. L’écriture se fait de droite à
gauche, bien que certains dialectes Fremen auraient écrit boustrophédon
(« comme les charrues à bœufs », c'est-à-dire de droite à gauche pour la
première ligne, de gauche à droite pour la deuxième, et ainsi de suite), comme
le Fremen de la Crête de Sihaya[4]. Le Shadda, ou "de
renforcement" est la marque w qui indique une double consonne. Remarque: _
_ _ _ _ _ marque la ligne de base de l'écriture, pour montrer des lettres avec
des descendantes.
Transcription :
innatna nishuf al-asir mayyit u hiy ayish. liana
zaratha zarati. U gawlha gawli. u tishuf halt al-hudud altnan albaid. aywa
libarr adam almalum tishuf Hani.
Traduction :
« Bien que nous jugeons
la mort captive, pourquoi ne vivrait-elle pas. Sa semence est ma semence et sa
voix est ma voix. Et elle voit jusqu'aux confins des possibilités. Oui, jusqu'à
la vallée de l'inconnaissable, elle voit à cause de moi ».
La venue du prophète
Paul Muad'Dib modifia la langue et la culture Fremen, leurs racines d’humbles
Zensunni à une éminence de courte durée mais brillante dans toute la galaxie.
Il a servi la langue sacrée de l’Imperium et de la théologie de Paul, comme la langue
de la philosophie, le droit et l'éducation. Il était une floraison qui a
surpris tout le monde même les Fremen. A.K. et J.Q.
Autres références :
Autres références :
-
'Abd' 1-Zubaidii, 'l-Wadiih : Une introduction au fremen, Arrakis études 3 (Grumman:
Worlds Unies) ;
-
Ibin Ahmad '1-Khalil, Kitab' l-amaalii : L’Atréides écrit en fremen (Salusa Secundus: Morgan et
Sharak).
Histoire
Il est juste de dire que l'histoire d'une
langue est l'histoire de son peuple. Dans la langue sont conservés leurs
victoires et leurs défaites, non pas tant sur le champ de bataille, mais dans
les luttes plus silencieuses, encore plus importantes de la vie au jour le
jour. La langue ne peut porter aucune trace des rois ou des ministres, mais
elle nous apprend des personnes – ce qu'elles mangeaient, ce qu'elles
portaient, ce qu'elles craignent le plus, et ce dont elles se réjouissaient. Et
cette histoire informelle peut souvent
être trouvée uniquement dans la langue.
Ces affirmations sont vraies des Fremen,
malgré une différence unique dans l'histoire de cette langue. Autrefois, la
langue de Dune représentait un casse-tête pour les philologues, car pendant de
nombreuses années, cette langue semblait n’avoir aucune une histoire. Une partie du problème était la
rareté des informations : les Zensunni avaient parcouru les planètes durant
leurs migrations forcées, de la Terre à Poritrin, à Salusa Secundus et Bela
Tegeuse, à Rossak et Harmonthep, ils trouvaient souvent des mondes sur lesquels toute leur énergie était nécessaire
pour leur survie. Les quelques documents qui avaient survécu à cette époque
sont rares, ils avaient été écrits dans des conditions difficiles, parfois
interdite par la loi, ou par des voisins ou des maîtres hostiles.
Les économies marginales de la petite communauté
Zensunni laissait peu de place à l’écriture et presque aucune pour l’édition. La
langue d'un groupe opprimé est toujours plus difficile à tracer : elle n’atteint pas
de public populaire, elle ne reçoit pas l'attention des chercheurs, elle ne
commande aucun respect critique. Ses utilisateurs sont décrits comme des
ignorants, leurs innovations sont appelées corruptions, leur prononciation est
raillée et qualifiée de vulgaire ou négligée. Si de telles attitudes persistent
dans la plus démocratique des sociétés, que peut-on attendre d’un Empire basé
sur un système de castes ? Plusieurs milliers d'années avant 7000 av.G, quelqu'un
qui possédait tout le matériel pour étudier les Fremen ne l’aurait pas fait s’il
n’en avait pas eu le désir. Pourtant, des siècles après avoir déménagé sur
Arrakis, les Fremen avaient une abondante littérature orale et écrite, incarnée
dans une langue qui déconcertait les historiens.
La raison de leur perplexité n’est pas
difficile à voir ; comparer les citations ci-dessous à partir de l’Arabe et du proto-Galach,
deux langues à peu près contemporaines, et leurs développements dans le Fremen
et le Galach-Atréides, contemporains nouveaux :
Proto-Galach
: Un oiseau dans la main vaut mieux que deux tu l'auras.
Galach-Atréides : baradit
nehiidit beed gwarp tau aubukt.
Ancient arabe : kuntu
sa'ìdan fì shabÂbì.
Fremen
Atréides : kuntu saghidan fì shababi.
Nul besoin d'être un linguiste pour voir que
le Galach a radicalement changé au cours de cette longue période, le Fremen semble
avoir à peine changé. Les Fremen eux-mêmes ne s’expliquent pas cette apparente
stabilité de leur langue pour trois raisons : d'abord, sur Arrakis, la simple
survie occupait beaucoup de temps et d'énergie, même si les Fremen travaillaient
maintenant pour eux-mêmes et non pour des maîtres. Deuxièmement, l'intérêt pédagogique
des Fremen tendait à la théologie et à la littérature ou à la jurisprudence, pas
vers la linguistique. Troisièmement, et le plus important, la forme de leur
langue était liée à leur foi ; donc les hors-monde se voyaient
systématiquement refuser l'accès à
l'information qui aurait clarifié la situation.
Ce ne fut qu'avec la découverte des cristaux
de Rakis qu'une réponse pu être apporté
à cette intrigante bizarrerie philologique. Il est maintenant clair que le Fremen-Atréides
n'a pas évolué de la langue des Zensunnis parlée sur Poritrin ou Bela Tegeuse,
mais elle était plutôt l'ancêtre de cette langue, reprise et apprise comme un symbole
de leur peuple.
Attitude des fremen
envers le langage
Pour bien comprendre ce qui est arrivé et pourquoi
c’est arrivé, il faut d'abord prendre conscience de l'émotion Fremen pour la
langue qu'ils parlaient. Comme un peuple méprisé et asservis, ils avaient peu d’occasion
d’être fiers ou de se distinguer des autres esclaves à l'exception de leur langue.
Par conséquent, la langue fut investie non seulement par l'aura de la religion avec
les rituels consacrés, mais aussi par l'identité des Zensunni en tant que
peuple. Nulle part ce sentiment fut mieux illustré que dans les mondes mortels,
'l-Akiim, l'un des leaders de la résistance sur Bela Tegeuse : « Notre
discours est le trésor le plus précieux que nos pères nous ont laissé ; il met
une chemise sur nous quand nos corps sont frappés ; il est l'âme des Zensunni,
un corps peut-il vivre sans âme, ou une âme vivre sans un corps ? C’est la
corde solide des Zensunni qui ne se détend pas ; c’est le drapeau que nous
suivons[5] ».
Pour les Zensunni, leur langue était la
langue du Paradis, la langue de Nilotique al-Ourouba. La repousser en utilisant
d'autres langues était un péché. Ses gardiens – poètes, grammairiens, mémorisateurs,
lecteurs – furent le fondement de la société, tenus en haute estime parmi les
gens et consultés sur des sujets de grande importance.
Les mots de la langue préservaient la sagesse
des pères ; peu importe comment les Zensunni furent largement dispersés, ils reconnaissaient
tous les proverbes qui exprimaient le stoïcisme et la résilience de leur
peuple. Et ils les trouvaient précieux. Lorsque la moitié de la population de
Poritrin fut déracinée pour être transportée sur Salusa Secundus, la population
était pauvre et effrayée entassée misérablement dans des vaisseaux-cargos bondés
et elle se consolait avec cette pensée : « in kan Madat al-hawatim baqat
al-Asabi » (si les anneaux sont partis, les doigts restent[6].) Ils savaient bien que
leur destination, Salusa Secundus, était la planète de l'élevage et de la
formation des Sardaukar qui avaient tué tant de leurs parents. Un proverbe
comme « al-lubb ay ma Yawi ma yadi » (les loups ne causent pas de
préjudice dans leurs tanières) peut sembler à certains comme siffler dans
l'obscurité ; mais à la réflexion il représentait une tentative bienvenue pour
conjurer le désespoir.
Ceux envoyés sur Bela Tegeuse étaient mieux
traités, mais après leurs expériences, toujours aux aguets. Ils regroupés dans
leurs propres communautés à la fois pour leur protection et pour préserver leurs coutumes.
Un de leurs chefs, '1-Riyas, régla définitivement une controverse sur la façon
dont beaucoup de Zensunni interagissaient avec leurs voisins sur Bela Tegeuse, par le
recours à la sagesse proverbiale : « alraqs quddam alumi majhudan la yura
amal-u » (danser devant l'esprit est un effort qui doit rester invisible).
Mais leur vigilance n’empêcha pas une autre migration forcée ; une fois de
plus, les Sardaukar envahirent et conquirent les Zensunni, ils les
transportèrent sur Rossak (que les Zensunni
appelèrent, « maqbara », « cimetière ») et sur Harmonthep.
Rossak, était un monde glacé, amer et stérile, ce qui provoqua leur nostalgie
de Bela Tegeuse. Mais les Zensunni était un peuple qui ne regardaient pas en
arrière ; le premier hiver sur Rossak, ils durent affronter des milliers de
morts de pneumonie et des milliers d'autres de la famine, la qualité des cultures
de Bela Tegeuse avaient toujours rencontré « ash-Hal tusbih sayint takul »
(peu importe la quantité que vous mangez, vous vous réveillez toujours affamé).
Comme il est maintenant bien connu, les Zensunni
de Salusa Secundus résistèrent mieux résisté. En 5295 Ezhar VII libéra les
Zensunni de cette planète et leur fournit un transport pour Ishia, la deuxième planète de
Beta Tygri. Comme toujours, leur langue exprima leur méfiance à l'égard des
tentatives de bienveillance gouvernementale. Un dicton populaire sur l’homme
qui voyage était « la yarifjadd-ak la yarif-akfi waqd-ak » (celui qui ne
connaît pas votre grand-père ne vous connait pas). Le nom Zensunni pour la
planète était Albudeite (pénurie d'eau) ; Ishia n’était pas Caladan, mais ce
n’était pas une autre Rossak. Les Zensunni s’adaptèrent à la planète et ils vécurent
dans une relative tranquillité.
La langue était plus qu'une identité, c’était
une consolation : elle exprimait également, l'humour des Zensunni – parfois
sombre, mais toujours efficace. Par exemple, le Siridar de Salusa Secundus en
4495 se nommait, Hanin Famun, selon la
coutume de sa classe, il ajouta le nom
tribal de sa femme, Dart, entre son propre nom personnel et son nom tribal.
Lorsque, sa nomination comme Siridar fut annoncée, les Fremen s’amurèrent
beaucoup en entendant que le nom proclamé de leur nouveau souverain était Hanin Dart Famun,
et cela à cause de la similitude avec l’expression Zensunni «aynayn darratfi hamman »,
qui signifie « les yeux de l'un, qui brisent le vent dans un bains public »,
le siridar ne sut jamais pourquoi les
zensunni s’adressaient à lui en l’appelant « les yeux », mais les
zensunni, eux le savaient. Ce même siridar employait un chambellan qui avait un
trouble notoire de la parole. En 4501, le fils du Siridar se préparait à
conduire un groupe de Sardaukar novices pour un raid sanglant, les divers
sujets et les peuples de la planète reçurent l’ordre d’assister au départ qui
devait coïncider avec l’hommage annuel. Chaque groupe devait s’approcher pour
le passage en revue, puis il présentait ses hommages, un compliment ou une
bénédiction au na-siridar. Le chambellan alors, sonnait la trompette des bons
souhaits, d'abord dans sa langue maternelle, puis il traduisait, la traduction
étant préparée par les zensunni. Après, avoir présenté leur hommage, ils dirent
au chambellan que leur souhait était « sallamaka al-lahu wa-nasaraka »
(Puisse Dieu vous protéger et vous accorder la victoire). L'interprète Sardaukar,
vérifia le sens et chambellan se tourna vers la foule et, proclama « thallamaka
al-lahu wanatharaka ! ». L'interprète qui tenait à sa vie ne rapporta pas
ce qui avait été dit, mais les zensunni savaient très bien que le chambellan,
Lisp, avait donné un sens différent : « Puisse Dieu vous sépare et
que vous soyez tous dispersés ».
La découverte
Bien que leur langue ait été la fierté et le
soutien principal des Zensunni, ils étaient impuissants à empêcher sa lente
évolution au fil du temps. Le discours Zensunni était très différent en 6000 qu'il
ne l’avait été en 2800. Par exemple, une phrase telle que « Le gouverneur est
un homme fort » avait cette forme lorsque les Zensunni étaient sur Terre :
« Amma l-Ĥakīmu farajulun qawiyun » ; mais au moment de leur arrivée
sur Rossak, les siècles avaient tourné cela en « kopao Legi vrochlũ
kefeisũ ». Les Zensunni ne savaient pas que le discours qu'ils avaient
gardé avec tant de zèle aurait été incompréhensible pour leurs ancêtres. Au
contraire, ils se réjouissaient de la « pureté » de leur langue.
Une Sayyadina sur Rossak, celle connue seulement
de la tradition comme « Yarbuz », affamée, fut contrainte de manger
une plante indigène. La dose massive de poison qu'elle ingéra déverrouilla en
elle les souvenirs de toutes les Sayyadinas de son ascendance. Ce ne fut pas
seulement un événement de première importance dans la religion des Zensunni,
mais aussi un événement historique pour la langue qu'ils parlaient. Les
Révérendes Mères successives, répétèrent l'expérience, et trouvèrent exactement où leur
langue avait dévié de sa forme ancestrale, et elles commencèrent à éduquer les
gens pour qu’ils retournent aux sons de
la langue du Paradis. Les pieux furent horrifiés par le nouvel apprentissage
des Sayyadinas ; même si certains d'entre eux avaient d'abord résisté à
apprendre, ce qui leur paraissait être une langue étrangère, ils n'osèrent pas
rejeter ce qui était un cadeau inattendu
de la connaissance sacrée : « yata-shi wa-Yaba-h yatlub wa-lis yuta »
(ce qui est donné et refusé, sera rechercher et ne sera plus donné) à l’homme.
Au cours des générations suivantes, les Zensunni
de Rossak, sous la direction de leur Sayyadina, annulèrent 16.000 années de
changement de langue. Comme une école de langue, la Sayyadina statuait sur les
significations et les sons des mots – « halalhu » (il est légitime),
ou « haram hit » (il est interdit). Bien sûr, la nouvelle langue indigène
qu’ils firent ne fut pas la forme exacte de celle de l’arabe de la Terre qui possédait un milieu
littéraire, mais le démotique, le discours du peuple. Mais ce retour de la
langue à sa source, ils le firent, et la tâche fut longue, « kull
mansuj manfud » (tout tissage a une extrémité). Quand ils furent réunis
avec leurs sœurs et frères d’Ishia, ils leur apprirent cette nouvelle-ancienne
langue sacrée. Le « nefij » (l'exil), était terminée et « umma
tamut wa-umma tanbut » (une nation meurt et une autre nait) sur Arrakis.
Les fremen sur
Arrakis
La langue des Zensunni, maintenant
correctement appelée « Fremen », avait des ressources égales à la
tâche de trouver une maison sur cette nouvelle planète, dont le nom dérive
probablement du Fremen « araq » (sueur). Pour prendre l'exemple le
plus notable, la vie des Fremen dépendait souvent de la conscience du désert et
des conditions météorologiques, et la reconnaissance des types de terrains
traversés. Le « sable » ne suffisait pas pour décrire la substance
que les vents pourraient utiliser pour enlever la chair de l'os dans une forme,
ou qu'un ver des sables pourraient utiliser pour localiser ses proies sous une
autre forme. Divers genres de sables devaient être distingués et devaient donc
être nommés. En quelques décennies, au lieu d’un seul nom, les fremen
fournirent un grand nombre de noms en relation avec leur milieu :
-
Alazor : vieux, sable oxydé, de couleur jaune à rouge brun ;
-
Atmirez : sable neuf, généralement de la couleur grise du
mortier ;
-
atambal : sable compact dont la surface amplifie et transmet tous
les sons, comme les sons distincts d’un tambour ; on le trouve sur la face
ventée des dunes ;
-
Bidriyah : sable grossier, abrasif de silice ;
-
el'Saydl : une pluie de sable ; poussières transportées à
moyenne altitude, apportant fréquemment de l’humidité dans sa chute ;
-
Galbana : sable pois, traître sous les pieds, nécessitant un
mouvement lent et délibéré ;
-
garrufa : galets de sable ; fiables sous les pieds ;
-
idras : « dents de
sable » le sable le plus dangereux, lorsque qu’il est poussé par le vent ;
-
kaymun : sable si finement broyé qu’il forme une poudre ; le
plus irritant à traverser, puisqu'il était presque impossible de garder
entièrement hors du distille ;
-
motor : une pluie de sable des hautes altitudes.
Les orateurs fremen montrèrent leur capacité
d'adaptation et celle de leur langue avec beaucoup de proverbes. Un dicton sur
Poritrin mettait en garde contre la hâte verbale « Ida rayt al-tin abshir
b-al-tin » (quand vous voyez la saison des figues, alors vous pouvez annoncer
la saison boueuse). Mais sur Arrakis il n'y avait ni figuiers, ni pluies. Mais
le proverbe ne fut pas oubliée ; il fut plutôt adapté, en remplaçant les mots
de sorte qu'il devint « Quand vous
voyez la tempête de Coriolis, alors vous pouvez annoncer el-sayal ». De
même, les enfants étaient réprimandés
pour la suralimentation avec les mots « ida
lam taktafil anta fil » (si vous ne pouvez pas être satisfait, vous êtes
un éléphant). Ils auraient pu remplacer le mot éléphant par la plus grosse
créature qu’ils connaissaient, le ver des sables, pour ne pas perdre le
proverbe. Au lieu de cela, pour qu’il n’y ait aucune confusion possible et parce
que les éléphants n’existaient pas sur Arrakis, les Fremen déplacèrent le sens
du mot, en l'appliquant au ver des sables dans ses activités de mangeur.
La pratique de la nomination chez les Fremen —noms
personnels, noms tribaux, surnoms — continua à montrer sa vigueur et ses couleur
traditionnelles. Un niveau élevé concret marqua les meilleurs exemples de leurs
coutumes de nomination. Le nom du célèbre guerrier Fremen du temps du Jihad Atréides,
Midri, signifie « la fourche de vannage ». Le lieutenant d’élite de
Paul Muad ' Dib dans les batailles de Topaz, Akrab, portait un nom qui
signifiait « scorpion » et ses troupes d'élite, alakrab iday, étaient
« les mains du scorpion ». Les corps médicaux des Fremen, Abma, montraient
un des rares exemples, de la formation d'un acronyme Fremen : ce nom marquait
les initiales de « Anamilan Bariyya Min Al-dam » (doigts
innocents du sang).
Les Fremen n'avaient pas non plus perdu leur sens
de l'humour et l'invective dans l’attribution
des noms. Le Comte Glossu Rabban fut particulièrement bien doté à cet égard : il
était bien sûr connu comme Rabban « La Bête », et il fut surnommé
mudir nahya (gouverneur cobra), un terme qui montre un contact avec des
locuteurs Indi sur Rossak, car le mot fut emprunté d’un dérivé de l'ancienne langue
hindoue « nag » (serpent). En plus de cela, il était connu sur des graffiti comme « tawalil » (verrue)
durant son mandat de gouverneur d'Arrakis, plus précisément une verrue sur son oncle Vladimir Harkonnen, « al-atanin »
(la gorge), « Sallat Allah b-'kaswatay-al h-jaam » (puisse Dieu lui
donner la gale sur ses organes génitaux).
Les Fremen Atréides prouvèrent également à
tous qu'une humanité hostile et une nature indifférente pouvait produire des
orateurs. Mais ce qui ne pouvait pas survivre, si elle n’était pas cultivée
avec soin dans une serre, c’est la règle millénaire de Leto II. Lorsque les
Fremen devinrent des « fremen de musée », les vieilles habitudes furent
conservées, mais conservées sans vie, comme une mouche dans l'ambre. Aucune Sayyadina
ne veillait sur la langue, n’apportait plus les souvenirs de leurs ancêtres
pour garder et de guider le discours du peuple, et les Fremen traversèrent une
période de changement rapide. La langue devint une langue apprise scolairement,
utilisée pour des spectacles rituels vides, destinés à des touristes. On pense
maintenant que certains Fremen avaient vu cet avenir ; comme al-Baz,
« le faucon », Naib du Sietch Hagga. Comme d'habitude, son
commentaire fut proverbial, et on ne peut que se demander s’il voulait faire
référence à Leto II quand il dit, « akir man yamut malak al-mut » (le
dernier à mourir est l'ange de la mort). W.E.M.
Autres références :
-
Migrations Zensunni ;
-
V. Koryain, Une
Histoire de la langue Fremen (Paseo: Institut de Galacto-Fremen
Culture), à partir de laquelle sont pris les exemples trouvés dans ce résumé ;
-
Ofor G. Chesi, Inscriptions
Fremen à partir de Rakis 1-R2346, Arrakis études 22 (Topaz: Carolus
University Press.).
Philosophie de la langue
La langue est tellement liée à notre propre
humanité et à nos identités individuelles qu'elle est le visage que nous
présentons au monde et en même temps les yeux sur ce visage – la fenêtre dans
nos esprits. C’est une grille appliquée sur le flux de la réalité qui nous
permet de percevoir, de mesurer et de contrôler les quanta d'expérience. Les
groupes qui comprenaient sa nature entraient dans la lutte pour le pouvoir avec
une arme puissante.
Le Bene Gesserit
Paul Atréides nota que sa mère disait souvent
que « les langues sont la première formation les Bene Gesserit[7] ». Puis : « l’étude
servait deux buts dans la formation Bene Gesserit : d'abord, la langue était la
clé de la compréhension des autres – à la fois ce qu'ils exprimaient et ce
qu'ils cachaient. Les novices Bene Gesserit apprenaient à écouter attentivement,
observer profondément et prendre soigneusement des notes des sons et des signes
par lesquels un esprit se révélait. Elles étudiaient les principales langues
galactiques et leurs dialectes, apprenaient à identifier les caractéristiques de
l’emprunte vocale, pour ainsi dire, de l’orateur qui parlait, quelle que soit
la langue dans laquelle il s’exprimait.
Un des sujets d'étude était « l’orientation
du langage-pensée », la façon dont la langue et les modes de pensée se mêlaient.
Par exemple, supposons qu’un locuteur natif de Galach parle en Bodrien, une
langue majeure de Placentia, le Bodrien avait plus de 300 termes pour décrire
la parenté selon l’âge, le sexe, la filiation, la descendance, et le degré de parenté
des principaux membres de la famille, ainsi que plusieurs termes utilisés
lorsque leur état était inconnu ou douteux. Ces termes venaient automatiquement
dans le discours de ceux qui avaient grandi Bodrien, mais pour ceux qui
utilisaient le système plus simple du Galach, ils montraient une hésitation
caractéristique lors de la traduction. Ainsi, le Bene Gesserit faisait dériver le
cinquième principe des réseaux sémantiques : la classification est plus simple
que la division, exprimant l'observation qu'il est plus facile de passer de la
notion du Bodrien spécialisé à son équivalent Galach que d'aller de, disons « fuuwaree »
le mot Galach pour parent mâle, à l’un des vingt mots Bodrien qui peuvent être
exigés par la situation et le contexte.
Supposons en outre que le locuteur se fasse passer pour un natif de Placentia et qu’il
maîtrise parfaitement la langue comme les termes de parenté par lesquels une
erreur pourrait révéler sa supercherie. Le Bene Gesserit associait également l’observation
des signes physiques – les micro-expressions des muscles du visage, les pulsations des veines du cou, la dilatation
des pupilles, etc. – ainsi que des soupirs subtiles indiquant une tension. Les
signes involontaires pouvaient être de légères augmentations d’adrénaline
provoquées par le sentiment de succès de l'orateur sur la barrière linguistique
qui présentait une traduction difficile. Mais seuls les signes volontaires pouvaient
trahir un imposteur malin.
L’observation Bene Gesserit peut alors se
dérouler de deux manières : la première est un refus de reconnaissance des
signaux, ces petits bruits et mouvements qui indiquent à l’orateur que
l'auditeur est attentif et comprend, que la communication est un succès. Pour
la seconde, l’interrogateur Bene Gesserit ne manifeste aucun signe
d'assentiment de la tête, aucun murmures du consentement, aucune hausse des sourcils, aucun froncements de sourcils,
aucun sourires, rien. L'orateur peut voir que son interrogateur l'observe
étroitement, pourtant le refus des signaux de reconnaissance produit l’effet
désiré : l'orateur sait que quelque chose est faux, pourtant il ne sait pas
quoi, sa tension augmente nettement. Une
fois que l'imposteur était affaibli, la conversation peut être dirigée vers un
grand choix de sujets appelés les « diagnostics », visant à présenter
les points d’hésitation d'un éventail de langues pour sonder plus loin la
tromperie.
Un diagnostic important, tel que cité dans le
Liber Ricarum, était le champ
de spécialisation de l'orateur : « l’accumulation des langues pouvait
refléter la spécialisation dans un mode de vie. Chaque spécialisation pouvait
être identifiée par des mots, des hypothèses et des structures de phrases. Recherchez
les interruptions. Les spécialisations
représentent des endroits où la vie est arrêtée, où le mouvement est endigué et
gelé[8]. »
·
Spécialisation
«Spécialisation» a une
signification particulière dans ce contexte, très importante pour la compréhension du Fremen qui mérite un
examen plus détaillé. Pour commencer, quelle que soit leur langue, tous les
peuples partagent les créatures vivantes en groupes hiérarchisés, par exemple :
1.
Noms fondamentaux : végétaux, animaux ;
2.
Noms Inclusifs : arbres, herbes, légumes ;
3.
Noms génériques : bois brouillard, chêne, elacca, orme ;
4.
Noms spécifiques : bois brouillard Bradford, bois brouillard
lake, bois brouillard Tzu-lei, bois brouillard Spotted ;
5.
Noms de variétés spécifiques : bois brouillard Bradford des
montagnes, bois brouillard Bradford nord
Les conditions à tous les niveaux sont
mutuellement exclusifs – rien n’est à la fois un arbre et une herbe – et ne
peuvent appartenir qu’à un groupe et au groupe du niveau juste au-dessus – les arbres,
les herbes et les légumes sont tous des végétaux. Le niveau 3 est le plus grand
(pour le non-spécialiste) et le plus fondamental, ayant environ 500 catégories
dans toutes les langues connues. Il est plus précis que le niveau 2 et plus
utile, dans plusieurs contextes, que les niveaux 4 ou 5. On notera également
que les termes du niveau 3 sont simples, mais ceux des 4 ou 5 sont complexes et
généralement dérivés des termes du niveau 3. Le niveau 3 divise l’expérience
d'une manière partagée par les locuteurs de toutes les langues, d'une manière plus
« naturelle » et plus facile à distinguer pour tous les observateurs.
Mais un forestier, un spécialiste des arbres,
commence par penser au niveau le plus bas, il traite le nom arbre comme un nom fondamental,
le bois brouillard, le chêne et l’elacca comme des noms inclusifs, et le bois
brouillard Bradford, le bois brouillard lake, et le bois brouillard spotted, comme des termes génériques. Mais génériques doivent
être des termes simples, de sorte que le forestier parle de Bradfords, des
lakes et des spotted. Il augmente également la taille du niveau spécifique en
ajoutant de nouveaux noms : Bradfords des montagnes de neige, lacs enfichable
aiguilletés, les taches de Shagbark. Les spécialistes faussent leurs mondes en
grossissant leurs propres domaines de spécialisation et les mots sont hors de toute proportion. En dehors de la
spécialité, la vie est trop souvent arrêtée en étant ignorée, le mouvement est
gelé[9].
Aucune de ces connaissances ne fut gardée
secrète par le Bene Gesserit : leur avantage résidait dans le talent,
l'engagement et la pratique. La méthode pour jouer de la balisette n’est pas un
secret, mais peu le font bien. En outre, les membres du Bene Gesserit étaient
libres de partager leurs connaissances et étaient disposés à le faire. Irulan mit
facilement son apprentissage au service de l'empire de son mari, en disant au Collège
de Guerre d’Arrakeen, par exemple, comment le changement de langue pouvait
signaler des troubles sociaux : « Dans toutes les grandes forces de
socialisation, vous trouverez un mouvement sous-jacent à gagner pour maintenir
le pouvoir par l'utilisation de mots – dans l'entretien d'une telle structure
de pouvoir, certains symboles sont gardés hors de portée de la compréhension
commune – le symbole-secret de cette forme conduit à l'élaboration de
sous-langues fragmentées, chacune étant un signal que ses utilisateurs accumulent
sous forme de pouvoir. Avec cette idée dans un processus de pouvoir, notre
force de sécurité impériale doit être toujours en éveil à la formation de
sous-langues[10] ».
·
Le chemin de la compréhension
Le Bene Gesserit avait un
deuxième objectif dans leur étude des langues : la libération de soi. Dans
cette étude, plus avancée, la première étape était de transformer la lumière d’Ike
pour réveiller l'esprit sur les hypothèses cachées de sa langue. Comme les auteurs
anonymes de la Panoplia propheticus l’ont exprimé, "Si vous croyez
certains mots, vous croyez leurs arguments cachés. Lorsque vous croyez que
quelque chose est bon ou mauvais, vrai ou faux, vous croyez les hypothèses dans
les mots qui expriment les arguments. Cette hypothèse est souvent pleine de
trous, mais reste la plus précieux et la plus convaincante[11] ».
L'analyse de ces hypothèses occupait une grande partie du temps des novices. Par exemple,
les aspirants pouvaient être invités à diviser un ensemble de phrases en deux
groupes :
1.
L'empereur se rend compte que le plan a échoué.
2.
L'empereur regrette que le plan ait échoué.
3.
L'empereur croit que le plan a échoué.
4.
L'empereur sait que le plan a échoué.
5.
L'empereur dit que le plan a échoué.
6.
L'empereur affirme que le plan a échoué.
L'étudiante intelligente regroupait
correctement des phrases 1, 2, et 4, et les phrases 3, 5, et 6, précisant que
les verbes utilisés indiquaient autant au sujet de l’orateur qu'elles le font
au sujet de l'empereur. L'utilisation du compte rendu, le regret, ou la reconnaissance
nous dit que l'orateur accepte la vérité de la clause d'objet – que le plan a
échoué – mais l'utilisation du verbe croire, par exemple, ou de la
revendication n’exprime aucun engagement de la part de l’orateur sur le succès ou
l'échec du plan.
Les hypothèses expliquées par référence à un seul
mot sont naturellement les plus simples ; les présuppositions qui se situent
dans la syntaxe ou la morphologie d'un mensonge de langue ont un effet plus
profond.
L'objectif du Bene Gesserit n’était pas de changer la langue ou son utilisation, mais de
la comprendre. Leurs philosophes n’avaient aucune patience avec les critiques qui considéraient
la langue comme une barrière entre l'esprit et la réalité : « la langue,
comme la vue ou l'odorat ou l'ouïe, ne nous coupe pas de la réalité, elle nous
met en contact avec elle. Si la langue se perdait, nous perdrions la plus
grande fenêtre dans la maison de l'âme. Si la fenêtre est sale, on ne refuse
pas de regarder à travers elle, on la lave[12] ».
Ainsi, lorsque Dame Jessica vint chez les
Fremen, elle apporta une attitude sophistiquée envers l’analyse de la langue d’un
peuple déjà disposé à recevoir une telle philosophie. Paul Atréides et Alia apprirent
l'approche Bene Gesserit de la langue
sur les genoux de leur mère, et son influence s’étendit à Leto et Ghanima,
comme on le verra, d’une manière différente et sinistre.
Les fremen
Pour les Fremen, leur langue était un dépôt
sacré, son étude un acte vertueux, et les étudiants avaient l'honneur des
fidèles. Lorsque les Fremen se retrouvèrent sur Arrakis en 7193, ils rencontrèrent
un climat qui eut un impact énorme sur leurs attitudes. Le climat de Dune était
si féroce que la prise de conscience flottait en arrière-plan de toutes les
conversations. Leur langue refléta naturellement cette prise de conscience et
changea leur vocabulaire en multipliant les termes nécessaires pour exprimer
les nouvelles distinctions qui leur permirent de survivre. Les termes Fremen
pour désigner les différents types de sable, par exemple, ou pour désigner les
différents vents montrent le centre de leurs préoccupations. Pardot Kynes nota
leur adaptation linguistique au début de son séjour chez les Fremen :
« Ils
étaient les premières personnes à désigner le climat en termes de langage
semi-mathématique dont les symboles écrits incarnaient (et intériorisaient) les
relations externes. La langue elle-même faisait partie du système qu'ils
décrivaient. Sa forme écrite portait la forme de ce qu'ils décrivaient [13] ».
Kynes avait raison en général, sauf pour les
détails : le vocabulaire de la langue avait été adapté à dune en réponse aux
mêmes forces auxquelles les orateurs avaient dû s’adapter. Pourtant la plupart des
Fremen utilisaient leur discours machinalement, se déplaçant dans leur milieu
transparent comme des poissons qui se déplacent dans l'eau. Tout ceci changea
quand Jessica et Paul arrivèrent.
Dune était une planète presque destinée à
favoriser un individualisme autosuffisant. L'agriculture est une activité qui
favorise grandement l’action de groupe : groupe de faveurs : plus il y a de
travailleurs, plus de de carrés de terre sont plantés et plus les récolte sont
abondantes. Mais la chasse et la cueillette (comme la société des Fremen du désert)
favorisaient les individus forts : le terrain lui-même fixait des limites sur
le nombre d'organismes qu'il pouvait soutenir. Un climat froid poussait les
gens à se rassembler, à accepter une étroite promiscuité pour la chaleur
qu’elle procurait qui signifiait la survie. Mais un climat aride et presque
sans eau signifiait que certains survivraient tandis que d'autres meuraient :
la nécessité de prendre et d'imposer des décisions de vie ou de mort ne
favorisait pas les liens sociaux forts. Chaque individu qui empiétait sur le
territoire des Fremen — Pardot Kynes, Duncan Idaho, Gurney Halleck, Jessica et
Paul, Leto II — devaient surmonter le danger imminent d’une mort pour son eau,
comme beaucoup d'autres l’avaient déjà fait.
Le Fremen en tant que langue, exprimait cet
individualisme extrême dans une myriade de dictons : « kull ahad yalumm
al-nar li-qursu » (tout le monde tire les charbons au plus près de son
propre pain) ; « man galab-ak b-alhafira glab-u b-al-tanqiyya » (celui
qui vous bat en creusant, vous bat à la cueillette) — c'est-à-dire, dans la
cueillette des fruits que le labeur d’un autre a fait pousser ; et le plus
révélateur est « al-diq la ashu » (dans les mauvais moments, il n'y a
aucun frères). Dans ce milieu vint Dame Jessica, instituant une nouvelle ère de
la conscience linguistique d'inspiration Bene Gesserit parmi les peuples du désert.
Leto II
Pour comprendre la nature de la rébellion de
Leto II en philosophie, il est nécessaire de comprendre une facette de plus de
l’enseignement du Bene Gesserit.
Lorsque le Bene Gesserit avait analysé la syntaxe,
elles utilisèrent un système appelé « grammaire générative », un
système déjà ancien lorsque l'empire fut fondé. Il fut adapté par exemple,
autant pour sa philosophie en ce qui concerne son utilité dans l'explication
des phénomènes de langage, que pour son principe fondamental que l'orateur le
plus ordinaire de n'importe quelle langue humaine pouvait utiliser comme un
entrepôt de la créativité, capable d'obtenir un nombre infini de phrases
uniques provenant d'un nombre limité de mots et structures grammaticales. Ces
mots et ces structures étaient combinés et changés selon un nombre fini de
règles, dont certaines étaient appelées à se transformer. L'analogie génétique
est évidente : un nombre limité d'éléments génétiques est combiné selon les
règles qui régissent l'ADN en un nombre presque illimité de structures, qui
différent les unes des autres. Des milliards et des milliards de personnes dans
les mondes habités, dont aucune n’est pareille à une autre. Le nom de la
grammaire Bene Gesserit, prit le nom de leur science de la génétique
générative.
Leto II, cependant, abhorrait le Bene
Gesserit et donc toutes leurs œuvres. Cette haine avait été causée par ses
souffrances lorsqu’il était aux mains de Gurney Halleck, dirigé par Jessica, ce
qui ne sera probablement jamais connu, mais cette haine ne peut pas être mise
en doute. Par conséquent, si Leto fut contraint d'utiliser une grande partie des
méthodes et de la terminologie Bene Gesserit dans son propre programme
d'élevage, sa dépendance à l’égard de ses sources était une cause de chagrin
pour lui, et il ne perdait aucune occasion de dénigrer même les outils que le Bene Gesserit lui avait fournis. Les Mémoires de Leto contiennent
l'essentiel d'une conversation qu'il avait eu avec Moneo, son dernier chambellan,
qui nous donne un aperçu de l'inconfort de Leto ; il montre comment, par les termes utilisés, par exemple,
il montre son mépris presque automatiquement. Lorsqu’on lit le passage, ces
points doivent être gardés à l'esprit : d'abord, la règle qi régissait la
créativité était l'expression utilisée par le Bene Gesserit pour désigner le
pouvoir de chaque individu à être infiniment créatif dans le langage. Leto s’était
arrogé le pouvoir de la créativité et ressentait son apparition imprévue.
Deuxièmement, les structures linguistiques orales ou écrites étaient appelées des
dérivées, ce qui signifiait qu'elles étaient développées par des règles de transformation
des structures les plus basiques. Dans le récit, certains mots ont été, sur le
plan rédactionnel, mis en italique pour mettre l’accent sur l'emphase :
Je
dis à Moneo, « Il est clair pour moi que tu n’as pas encore tout à fait
compris ce que je cherche à réaliser avec mon programme génétique ». Mais
il répondit avec une certaine absurdité à propos de la compréhension des
règles. Je lui dis « Les lois ont tendance à être temporaires sur le long
terme, Moneo. Il n'y a rien de telle dans
la créativité, elle n’est pas régit par des règles ».
« Mais
Seigneur », dit-il, « vous parlez vous-même des lois qui régissent votre
programme génétique ».
« Qu’est-ce que je viens de t’expliquer,
Moneo ? », lui ai-je demandé. « Essayé de trouver des règles à
la création, c’est comme essayer de séparer l’esprit du corps ». [L'existence de l'esprit, interpellés ou
méprisés par les linguistes antérieures, était un élément important de la
philosophie générative. Il s'agit d'un commentaire doublement étrange pour
celui qui contenait une multitude d'esprits dans son corps. — Ed.]
J'ai
continué à lui poser des questions: « Pourquoi es-tu toujours à la recherche de
transfert strictement dérivés, Moneo ? »
Il
répondit : « je vous ai entendu parler d’une évolution de transformation, Mon Seigneur. C’est le nom qui figure dans votre registre
généalogique. Mais qu’en est-il des surprises. »
J'ai
étais obligé de lui faire une remontrance : « Moneo ! La règle change avec
chaque surprise. »[14]
Leto ne pouvait pas se débarrasser de la
génétique Bene Gesserit éminemment pratique – d'où l'étiquette sur son
« registre généalogique » - et il profitait de leur notion de la
créativité inaliénable qu'il partageait avec le plus humble péon, d'où sa
réaction de dégoût quand sa dépendance à l'égard de leurs méthodes et la
terminologie, furent soulignés même involontairement.
En outre, une autre différence essentielle se
manifesta. Leto avait triplement mis à part tous les autres : par sa longévité,
par sa conscience raciale, et par sa forme déformée. L'individualisme extrême
provoqué par ces facteurs avait été renforcé par son éducation Fremen, avec l'accent
sur l'emphase qui favorisa cette langue. Mais le Bene Gesserit était un groupe,
et un groupe avec beaucoup de recours aux codes et aux langues secrètes et
communes.
De leur formation et de leur organisation, la
« compréhension » Bene Gesserit entend comprendre les autres. De son patrimoine
et de sa culture, pour Leto la « compréhension » signifiait la tâche
redoutable de se comprendre. Il n'est donc pas surprenant que le Bene Gesserit
devait adopter dont la signification devait fortement dépendre du contact
social, le système de significations pour les mots partagés rendait la communication possible. Mais la définition de
Leto était beaucoup plus comme une définition explicative.
Bon nombre de déclarations de Leto soulignaient
cette différence. Il avait fait remarquer à plusieurs reprises, « les mots
peuvent porter n'importe quel fardeau que nous souhaitons », ou encore, «
tous les mots sont en plastique. Les images des mots commencent à se tordre à
l'instance de leur énonciation[15] ». Leto était
peut-être la créature la plus divisée que l'univers ait connue : il était
toujours tiraillé dans deux directions opposées. Avec une durée de vie millénaire,
il était lui-même le témoin de changements linguistiques qui passèrent
inaperçus pour les femmes et les hommes ordinaires : le Galach de 13700 aurait
été incompréhensible pour ceux qui naquirent en 10208, l'année de naissance de
Leto. Pour parler aux autres (et il faut se rappeler que c'est seulement par
des discours qu'il put communiquer avec les autres) il devait constamment
réviser ses langues en rythme avec les changements de ceux qui l'entouraient. D'une
part, ce sentiment que sa langue natale faisait partie de sa propre
personnalité, provoquait le sentiment que lorsqu’elle s’éloignait de lui il
pourrait la récupérer uniquement en arrêtant les changements de la langue. Mais
cela était impossible, bien qu'il ait essayé, avec les immenses pouvoirs à sa
disposition, d'apporter un changement social à la halte. D'autre part, celui-ci
causait la séparation de ses semblables qui pouvait être supprimée si tout le
monde partager son problème — si le changement de langue était assez rapide
pour que tous sentent que le discours était une fondation décalée sous leurs
pieds. D'où l'accent mis sur la plasticité des sens et sa haine des systèmes :
« les dangers se cachent dans tous les systèmes. Les systèmes incorporent
les croyances non examinées de leurs créateurs. Adoptez un système, acceptez
ses croyances et vous aidez à renforcer la résistance au changement[16] ». Pourtant cette observation portait son
attention sur le fait qu'il était la création et le maintien du système le plus
rigoureux des mondes qu’on n’ait jamais vu.
Les Fremen et les Atréides illustrent bien la
conclusion selon laquelle le Duc Leto était venu à la jonction de leurs
histoires : « Vous pouvez nous sonder par notre langue[17] ». W.E.M.
[1] De nombreux termes Fremen restent controversés. Le plus
célèbre linguiste Fremen, Defa l-Fanini, était sceptique (en Vol ID de la Taaj.
Le Fremen [Salusa Secundus:
Morgan et Sharak) sur l’étymologie arabe d'al-Gaib, le postulat était, dans ce cas,
qu’il s’agissait de Farsi, un substrat et une sorte de dialecte Kuitur. Selon
un commentaire de ce passage dans la Taaj, « farsi, une langue majeure de
la zone Ispahan-e nou de Poritrin, qui disparut autour de 7500 AG ». Très
controversée comme l’ancien débat et tous les commentaires connus dans le Taaj
sur la formule de vœux Fremen. L'école de Bassorah a attiré la majorité des
fans pour son affirmation selon laquelle ul kuhar dérive de l'arabe khayr
(i.e., / xayr /), « bon » ou « bonté », par l'intermédiaire
de métathèse et d’ablaut (apophonie). L'école Kufa trouve encore une
crédibilité dans certains cercles savants, avec le point de vue minoritaire qui
ul kuhar c’est un calque direct des racines hiéroglyphiques de la racine khr
qui a le sens « de vue splendide » ou « point de vue de
sérénité ». L'une des réponses traditionnelles est que ce n’est pas une
racine à consonance double archaïque dont le chapitre 8 du vol. HI des
suppositions proposées par taaj. Ses complexités sont beaucoup trop détaillées pour
la discussion ici, mais il suffit de dire que cela peut être considéré comme un
dérivé de la racine nr, qui pourrait également donner nur, nir, ner, etc.
[2] Certains chercheurs sont d'avis (par exemple, l-Kisaa'ii,
salut son « fii-l-l-Kitab tughah l-baari ».
Salusa Secundus : Morgan et Sharak; trans IL Grivit, Kisaa'ii le Lexique (Topaz. Carolus
University Press), cet ikhut-eigh est liée à une signification arabe antique
« enfant de mêmes parents, de mêmes racines ». La transition du
« enfant de mêmes parents » au « cri des eau-vendeurs » est
inégalée dans la littérature linguistique, par conséquent le scepticisme est
garanti au sujet de son changement linguistique et historique. Sa sémantique
internes est synchroniquement justifiée, cependant. D'autre part, toutes les
autorités croient que muad’dib doit être d'origine arabe, mais aucune source
arabe ne vérifie son sens Atréides de « souris-kangourou adapté
microclimat d'Arrakis ». l -Fanini (Vol. IV de Taaj) dit que probablement il c’est une vulgaire corruption
du dib arabe « loup ». Des variations sémantiques dans la
terminologie animale sont connues de tous les sietch de dune, comme cielago qui
vient de « del », originaire d’Harmonthep qui signifie
« l’eau » et « lako », poule. Une autre explication concurrente
nous est offerte par Grivit dans le Lexique
de Kisaa'ii, muad'dib serait le résultat d'un glissement sémantique différent.
Grivit note une légende originaire de Gamma Vertis VII concernant l'apothéose
de l'ataman Sharkala ; dans l'histoire, le souverain se transforme, à sa mort,
en la constellation appelée Sharkala ou, sa renommée en tant que législateur,
grandit et il devint Le Maître. Les orateurs de Tailara travaillaient aux côtés
des Fremen sur Bela Tegeuse, et la traduction Fremen de « maître »
est Mu'addib. Lorsque les Fremen furent transportés sur Rossak, ils ont
conservé le nom de la constellation, et quand plus tard, ils ont déménagé sur
Arrakis, ils ont appelé la souris kangourou d’après la constellation. Grivit
note les collections d'énonciations antiques des Fremen que les enfants avaient
l’habitude d’utiliser lorsqu’ils observaient et imitaient les manières de la
sage souris du désert.
[3] Le r/s
dichotomique, bien connu dans la dialectologie historique fut l'objet d'une
longue étude par Hoont Kauriip (Rhotacisme
Fremen pré-Atréides, études Fremen 5: 109-150) qui démontre les paires
dans le langage Fremen comme, « musky » contre « murky » -
sombre. En fait, Kauriip utilise cette paire comme l'un des déterminants des
isoglosses dans ses cartes des dialectes
d’Arrakis.
[4] Les Fremen nomades (appelés Bedwine dans leur propre
dialecte) inversaient le m et le u Fremen ; dans l'annexe B de la Taaj, l-Fanini déclare que les
nomades avaient préservés la forme originale des lettres arabes (graphèmes)
qui, pour une raison inconnue, s’est renversée dans ce qui s'est développé
comme la langue standard. Cette erreur évidente a souvent été contestée. Le
passage suivant en Fremen est suivit de la transcription et de la traduction
montre l'utilisation de l’écriture, tout en profitant de l’exemple de la langue
réelle. Le passage est d'un discours de Muad'Dib, donnée dans L’éveil d’Arrakis par la
Princesse Irulan (Arrakis études 15, Grumman: Worlds Unies).
[5] Cité dans Daiwid
Kuuan, Monuments des Migrations Zensunni
(Salusa Secundus: Morgan et Sharak), p. 112.
[6] Pour éviter de
placer des difficultés inutiles sur le chemin du lecteur, tous les exemples,
sauf indication contraire, sont cités dans la forme qu'ils auraient eue en
Fremen classique, aux environs de 9500 av. G., indépendamment du développement
de la langue Zensunni dans laquelle ils furent composés à l'origine.
[7] Cité dans
Conversation avec Muad’Dib, de la Princesse Irulan Atréides-Corrino (Work-in-Progress,
études d’Arrakis, Lib. Conf. Temp. Ser. 346), p. 189.
[8] Zhana Feliin,
trans., Liber Ricarum B, G.
Fondation d'études 4 (Diana: Tevis), p. 206.
[9] Cet exemple est
tiré de Psychologie et langage de
Haravars H. Kluursh et Eewa W. Kluursh, (Topaz: Ludlow), ch. 14.
[10] Rakis Ref. Cat.
89-M844.
[11] Les nombreux
exemples sont tirés de Ruuvars Shaigal, ed, Fondements
de la Voie : Livre d'exercice mental Bene Gesserit (Grumman: Lodni), p.
498.
[12] Shaigal, p. 117.
[13] Cité par Harq
al-Ada dans, L'histoire de Kynes
(Work-in-Progress, études Arrakis, Lib. Conf. Temp. Ser. 109), p. 245. Pardot
Kynes était un romantique dans l'âme; il n’avait pas la qualité emblématique
spéciale des Fremen qui permettait à leur système d'écriture de décrire ce qui
les entouraient, mais une imagination fantaisiste pouvait stimuler les formes
gracieuses, par exemple, les Fremen pour « le verger »
(littéralement, « l'endroit où les arbres sont rassemblés », les
arbres étaient rares sur la dune, et il n'y avait pas de mot unique pour le
concept) était « mawda jami l-Altimar » ; dans le manuscrit Fremen –
on pouvait imaginer des troncs et des racines, mais la ressemblance reposait
dans leur œil, pas dans la langue.
[14] Rakis Ref. Cat, 70-A392.
[15] Rakis Ref. Cat. 10-A3H and 34-A218.
[16] Rakis Ref. Cat.
34-A218.
[17] Cité dans Muad'Dib, Commentaires de famille de
la Princesse Irulan Atréides-Corrino, (Work-in-Progress, études d'Arrakis, lib.
conf. Temp, sér. 437), p. 186.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire