Venport,
Aurélius (140-79 ? av.G.)
Explorateur et scientifique, appelé « Père-fondateur de la Guilde
Spatiale ».
Nombre des réfugiés-scientifiques de Richèse furent installés sur la
planète abandonnée Komos (rebaptisée Ix) dès le début du jihad butlérien, et
parmi leur progéniture, le plus énergique et le plus intelligent fut Aurélius
Venport : un jeune garçon qui acquit une notoriété en défendant
manifestement la technologie, et pour les progrès qu’il réalisa dans le domaine
des vaisseaux interstellaires. Ses vues étaient partagées par Norma Cevna, avec
qui il avait aussi une liaison qui dura jusqu’à sa disparition. Cevna partagea
son ambition, mais d’une manière qui différait sur la méthode ; tout au
long de leur union, elle avait servi de frein diplomatique à son enthousiasme.
En
110 av. G., les recherches de Venport l’amenèrent au-delà des capacités de la
technologie naissante d’Ix. Les ixiens encouragèrent donc Venport à construire
trois vaisseaux pour prendre son peuple et quitter la planète. Ces
« exilés auréliens » commencèrent dix ans d’errance entravée par des
techniques de navigation incertaines, mais ils atteignirent finalement une
planète dont les historiens, plus pour des raisons pratiques que pour une
quelconque clarté, l’appelèrent Tupile.
Tupile respectait les exigences que Venport avait en tête depuis le
début : des ressources matérielles, une base industrielle récupérable, une
intelligente force de travail et un emplacement à la frontière des mondes
connus. Alors que Tupile avait encore moins de compétences technologiques
qu’Ix, c’était une planète technologique vierge, elle avait quelque chose à offrir
que Venport voulait désespérément : la possibilité d’un contrôle total et
une puissance sans borne. Les exilés auréliens se présentèrent aux tupiliens
comme des sauveurs destinés à restaurer la science de la planète, ramenant la
richesse et les loisirs qu’ils avaient connus avant le jihad. L’instrument de
Venport, dans le schéma, fut une organisation quasi religieuse des ixiens
qu’ils nommaient la Société des Navigateurs Mystiques. Les tupiliens,
conscients de leur ancienne prospérité et de leur misère présente,
accueillirent les exilés. Venport avait un incontestable charisme et une
finesse nécessaire pour endosser son rôle, et les tupiliens furent impatients
de l’aider dans n’importe quoi.
Venport combina les ressources de la planète et les gens formés selon
des connaissances scientifiques par des personnes qu’il avait amenées
d’Ix ; en un peu plus d’une décennie, la technologie des tupiliens fut
reconstruite. Mais le plus important, pour Venport lui-même, est qu’il avait
fait un pas de géant vers son objectif secret, le développement de vaisseaux
d’hyperespace, capables de fonctionner sans la navigation assistée par
ordinateur. Bien sûr, les ixiens n’avaient pas érigés une société technologique
à partir de rien : le jihad avait ébranlé Tupile mais ne l’avait pas
déchiqueté. Malgré cela, les exilés réalisèrent une merveille d’organisation.
Durant cette même période (100-85 av.G.), la Société des Navigateurs
Mystiques découvrit l’utilisation du mélange pour la navigation, probablement
par le biais de l’amitié mystérieuse entre Cevna et une prétendue Bene Gesserit
bannie, Dardanius Leona Shard. Les propriétés de l’épice aplanirent les essaies
du prototype, l’Avènement d’Or, en 84 av. G., avec Norma Cevna à la fois comme
capitaine et navigateur. Le voyage fut un succès partiel : l’Avènement
traversa plusieurs années lumières et retourna sur Tupile, comme prévu, dans
les cinq jours, mais Cevna s’effondra à cause du stress engendré par son double
rôle, et Venport lui-même dû naviguer lors de la dernière courte étape du
voyage dans l’espace normal.
La
déception de Venport ternit sa joie : l’obsession de sa vie avait été
atteinte par quelqu’un d’autre (même si c’était un être cher) et lui avait
donné le pouvoir et la reconnaissance qu’il désirait. Cevna fut incapable
d’apprécier l’honneur qu’elle avait gagné : hors d’état pendant des mois,
elle montra peu de signes d’amélioration. Comme l’écrivit Arkiid Sidak, l’un
des ixiens, sur ordre de Venport : « Jamais un homme n’a voyagé si
loin pour se rendre compte, en atteignant son port, que le vrai capitaine était
Pénélope ». (Fragments d’une
Odyssée, p. 13). Venport se plongea encore dans la construction de
vaisseaux et dans la transe d’épice avec une énergie fanatique, travaillant
aussi bien avec les exilés qu’avec leurs assistants tupiliens vingt-quatre
heures sur vingt-quatre. En 80 av. G., douze vaisseaux furent assemblés, chacun
avec l’aide des ixiens assisté de l’épice. Au cours des mois suivants, les
capitaines testèrent leurs limites, comme les navigateurs, pour éviter les deux
tâches combinées qui avaient affaiblies Cevna.
En
79 av. G., Venport débuta un essai prolongé du mouvement coordonné des
vaisseaux avec Le Néant, le premier à tenter une telle mission. L’auteur
anonyme des Mémoires d’Aurélien
décrit le résultat :
« Alors que
nous étions dans les autres vaisseaux à assumer une division du travail entre
capitaine et navigateur, Aurélius, dans le vaisseau amiral le Norma Cevna,
insista pour tout faire tout seul – comme elle l’avait fait – mais en mieux et
de manière plus sûre, il voulait réussir là où elle avait échoué. Comme nous
étions tous pris dans son ardeur, il n’y eu aucune dissension. Nous nous sommes
laissé tomber dans le vide et nous avons perdu le contact radio, mais quand
nous sommes arrivés à notre destination, seul onze vaisseaux ressortirent. Nous
avons formé une spirale pendant trois jours standards à la recherche de Norma
Cevna, mais nous n’avons rien trouvé, ni à Kovenek, ni à Tupile quand nous
sommes rentrés. Quelques techniciens superstitieux de Tupile murmurèrent des
choses à propos d’Ampoliros. Je ne peux pas imaginer Venport comme un
« Vagabond de l’espace », mais il pouvait aussi bien l’être :
nous, ixiens, avons bien fini ici. Maintenant les jours des tupiliens sont
venus. » (p.408)
Bien que Venport ait disparu, les ixiens finirent effectivement leur
travail. Comme la dynamo de l’ancienne Richèse, Venport avait alimenté ses
collègues et les adorateurs de Tupile de la même façon, avec la vision qui
l’avait séduit – la renaissance des voyages interstellaires rapides et sûrs.
S.T.
Autres références :
-
Guilde
Spatiale, Fondation de la ;
-
Guilde
Spatiale, Les opérations de la ;
-
Navigation
interstellaire pré-guildienne ;
-
Cevna,
Norma ;
-
Arkiid
Sidak, Fragments d’une odyssée,
tr. Shosta Graun (Topaz : Grimoire) ;
-
Anon.,
Mémoires d’Aurélien, lib.
Conf. Temp. Séries 684).
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