Chevaucher
un ver
Selon les chroniques qui avaient enregistré l’histoire du peuple fremen,
ils n’apprirent pas l’art de chevaucher un ver avant deux générations, après
leur transport sur Rakis, en 7193. Au cours de ces premières années dans leur
nouvelle maison, ils voyageaient à pieds ou en ornithoptère ; faute de
trouver une méthode plus acceptable : la marche était lente et
dangereuse ; et les « thoptères » étaient des machines de la
Guilde, sur lesquelles les fremen ne voulaient pas trop compter. Ils
attendirent, en étudiant leur
environnement, de trouver une méthode plus en harmonie avec la planète.
Cette opportunité se présenta en 7265, quand un grand ver des sables
apparu près d’un groupe de fremen qui s’enquerraient sur une nouvelle zone
d’épice. Tous, sauf un membre du groupe – un jeune homme que les chroniques
citent seulement comme Rothar – grimpa en sécurité, sur un affleurement rocheux
voisin, juste avant l’arrivée du ver. Rothar, évidemment trop abasourdi par
l’arrivée du ver pour se déplacer, se retrouva à seulement quelques centimètres
de la créature qui sortait du sable ; il saisit le bord d’un des segments
d’un anneau du ver et le tint fermement, peut-être dans une tentative d’éviter
les dents étincelantes du ver.
Tous les rapports sur les motivations de Rothar ne peuvent être que
spéculatifs, parce que le ver qu’il avait saisi se mit à avancer rapidement,
levant le segment que le jeune fremen avait ouvert, haut au-dessus de la
surface du sable (mettant ainsi Rothar au-dessus de son corps, lui-aussi). Il
allait ainsi à toute vitesse dans le désert, avec Rothar comme passager.
En
quelques jours, les premiers crochets à faiseur (conçus pour capturer et
maintenir ouvert l’un des segments sur la peau d’un ver) furent façonnés et des
volontaires de chaque sietch devinrent des chevaucheurs de vers. Des techniques
raffinées et coûteuses furent mises en place pour apprendre, et beaucoup des
premiers pratiquants furent tués dans leur tentative, mais la génération
suivante de fremen se donna les moyens de voyager de manière ferme et établie.
Il
devint habituel pour un jeune fremen d’appeler son premier faiseur à l’âge de
douze ans. (Plus tôt, les jeunes montaient des vers des sables seulement comme
passagers ou conducteurs, jamais comme mudir – dirigeant – de la course.) Le
naib du sietch du jeune, ainsi que divers autres hommes et une sayyadina,
l’accompagnaient sur le sable. Le naib prononçait les paroles du rituel
développées au cours des siècles pour les chevaucheurs potentiels ; les
autres hommes prêtaient les marteleurs et les hameçons, car on considérait
qu’un garçon qui n’était pas encore un cavalier et qui possédait de telles
choses attirait la malchance ; et la sayyadina se tenait à distance de la
procédure, afin que les évènements de la journée puissent être enregistrés
correctement.
Si
le jeune réussissait - et la majorité le
faisait une fois qu’ils maitrisèrent les vers – il avait le privilège, comme
mudir des sables, de commander les hommes de barre. Au cri de « Haiiiii –
Yoh ! » Ils montaient le ver derrière lui, suivit par le reste des
témoins. Puis, suite à l’appel « Ach » (virage à gauche) ou
« dersch » (virage à droite), ils orientaient le monstre comme il
voulait le guider. Pas même le naib du
sietch du jeune ne pouvait aller contre son commandement jusqu’à ce que la course
soit achevée.
Le
jeune mudir, en tant que premier monté, devait aussi être le dernier à
descendre, une position qui pouvait être dangereuse si le ver était encore
vivace et prêt à se retourner lorsque les crochets qui le gênait étaient
enlevés. Pendant cette première chevauchée, cependant, le ver était
habituellement monté jusqu’à l’épuisement ; il était alors beaucoup plus
désireux de s’échapper et se reposer que d’attaquer.
Que les fremen détenaient une telle puissance fut un de leurs secrets
les mieux gardés au cours des années où ils furent oppressés, et l’existence
d’un tel art ne fut rendu publique qu’après que Paul Muad’Dib Atréides devienne
Empereur. C.W.
Autres références :
-
Hameçons
à faiseur ;
-
Janet
Osleo, Fremen : vie et légendes
(Salusa Secundus : Morgan et Sharak).
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