Vagabonds
Zensunni, Les
Traditions
culturelles
La
culture fremen englobait des extrêmes. Les deux, groupe et individus, pouvaient
être importants, aussi bien dans le contrôle actif des évènements que dans
l’acceptation passive du destin, tous deux enracinés dans leurs héritages. Dans
une certaine mesure, ces « incohérences » s’expliquaient par un
curieux mélange de traditions sunnites et zen dans l’héritage des Vagabonds
zensunni.
Tous les fremen pouvaient retracer leurs migrations, au moins aussi loin
que Poritrin, la troisième planète d’Epsilon Alangue. Là, ils s’amollirent,
furent attaqués, et la moitié d’entre eux furent envoyés sur Salusa Secundus,
troisième planète de Gamma Waiping, la Maison-mère des Corrino et berceau des
sardaukar. Son environnement hostile
avait produit une population de survivants. L’autre moitié fut envoyée
dans la relative sécurité de Bela Tegeuse, cinquième planète de Kuentsing. Dans
les cinquante générations avant leur arrivée sur Arrakis, tous habitèrent
Ishia. Sur Rossak, leurs Révérendes Mères se familiarisèrent avec la
drogue-poison qui permettait de trouver la chaîne avec leur mémoire
« ancestrale » et ainsi compléter les légendes orales des Vagabonds.
Des preuves circonstancielles, tirées des Archives Impériales concernant
Rossak, impliquaient que la Missionaria Protectiva et la Panoplia Propheticus,
branches Bene Gesserit, avaient touché au patrimoine zensunni des fremen. Le
« peuple » avait habité pendant un certain temps sur Harmonthep, et
terminèrent sur Arrakis, le dernier arrêt du hajra, ou voyage de recherche, des
zensunni. Les ergs, l’épice et la sécheresse de leur dernière
« maison » ressemblaient beaucoup aux terres des
« chameaux » et des épices de Nilotic, où leurs ancêtres éloignés
s’étaient rebellés.
L’héritage des fremen zensunni s’était mêlé à d’autres convictions
profondes pendant leur longue quête. Leur intérêt pour la psychologie
messianique, par exemple, fut amplifié par une planification à long terme de la
Missionaria Protectiva. Les « superstitions de foyer » s’accumulèrent
dans un environnement non désertique. L’écologie de l’épice, qui provoquait une
dépendance, entra dans la société fremen sur Arrakis. Il n’est donc pas facile
de savoir quelles parties de leur théologie (Um), leurs superstitions rituelles
et comportementales étaient aussi anciennes que leurs origines terriennes. Une
seule divinité n’interfère pas dans les évènements au jour d’aujourd’hui, mais
détermine le modèle général des affaires temporelles qui dominent leur
théologie ; ce Dieu était miséricordieux et compatissant, plutôt que
vengeur. L’interdiction des tombes pour les fremen impliquait qu’ils croyaient
plus à une vie spirituelle que corporelle après la mort, pourtant, la
description idyllique de Leto II du Paradis à venir impliquait que les
sensations physiques pouvaient être ravivées après la mort. Comme on pouvait
s’y attendre, l’eau était au cœur des rêves de Paradis ; les plans de
Pardot Kynes pour le changement écologique qui apportait de l’eau,
s’harmonisaient parfaitement avec les espoirs ultimes des fremen. Sur le chemin
vers le Paradis, les fremen prévoyaient
une grande dévastation, un hagnanok ou krazilec, le vent typhon des
confins de l’univers.
Les croyances zensunni étaient parallèlement identiques aux modèles
culturels que nous retrouvons dans la Bible Catholique Orange. Le modèle
général faisait appel à la création de l’univers au profit de l’humanité, à la
corruption des humains par un antagonisme et une bataille tempétueuse dont la
fin était prédéterminée mais non spécifiée entre création et antagonisme. Les
fremen identifiaient shai-hulud, le ver-serpent-dragon, avec Satan, un
« pervers » légendaire ; ils craignaient la possession
démoniaque (taqwa) : Duncan/Hayt avait dit au naib Stilgar qu’il
« portait un collier » ; Alia l’Abomination avait été bannie en
tant que dirigeante des frmen. De telles luttes entre opposés faisaient partie
de la tradition fremen.
L’ancien modèle de commencement spécifique et de fin était particulier
même s’il était cohérent et incluait tout. Quand il évolua, cependant, le modèle
n’exista plus. Chaque système solaire, habituellement chaque satellite séparé,
et parfois différents groupes de communication sur un seul satellite, croyait
que sa population seule survivrait à la bataille finale. Les différentes
« sectes » de « chaque croyance » - se nommaient « le
Choisi » ou « le Peuple » (Misr) – renforçaient leur communauté
par des préjugés contre les étrangers (les « non lavés » ou les
« infidèles ») qui n’acceptaient pas leur métaphysique ou leurs
rituels. Cette tendance à briser plutôt qu’éteindre est remarquable perce que,
comme s’illustrent les Vagabonds, un héritage de persécution et d’esclavage et
de fuite, peut transformer une culture de croyants en fanatiques patients. La
défaite et l’exil furent transformés par les fidèles Vagabonds en une quête –
hajr – et finalement en un triomphe de vengeance – le jihad – où les vrais
croyants frappaient en retour et justifiaient la réciprocité de la foi qu’ils
avaient longtemps nourrit en leur créateur et la foi du créateur en leur peuple.
L’héritage de la tribu exilée dans le désert était la composante sunnite
de la tradition zensunni des fremen. La théologie apparente fut discutée. Les
pratiques et les coutumes (fiqh) étaient également repérables dans le contenu
sunnite. Le plus important, probablement, était la compréhension de la base que
le groupe était plus important que l’individu : « pour le bien de la
tribu », était la justification
d’actes autrement désagréables. Les chefs tribaux – jusqu’à ce que Paul
Muad’Dib remette le rituel en question – étaient sélectionnés par le défi au
combat, une caractéristique standard de survie dans les cultures menacées. La
justice était rendue par le chef, sur requête de la personne lésée,
conformément à la shari’a antique, ou le code de conduite. La loyauté était une
vertu essentielle. L’Eau de Vie sacramentelle était partagée par le sietch
entier après le rituel de la transformation miraculeuse par une Révérende Mère.
Les nouveau-nés buvaient leur liquide amniotique ; les enfants devaient
monter leur propre ver des sables avant d’être acceptés comme membre à part
entière de la tribu. Dans la tradition
Ourouba, leur méfiance à l’égard des gardiens du mystère, empêchait la caste
des prêtres de prendre le contrôle de la shari’a des mains du chef survivant.
Toutes ces coutumes et ces rituels étaient essentiels à la préservation, au
conservatisme, communs : dans un environnement hostile où la coopération
était essentielle, tout changement de ce qui avait toujours été, était
extrêmement risqué. Les anciennes méthodes étaient les meilleures, comme
l’avait rappelé le naib Stilgar, pour la sécurité de la communauté.
Peut-être que l’accord entre Stilgar et Leto II est un bon résumé de la
manière sunnite qui prévoyait une sincérité mesurée. Il y avait peu de place
pour la nouveauté dans les sietchs, dont le mode de vie n’était ni laïc ni
religieux, mais simplement la façon fremen, la manière traditionnelle. Dieu,
par le biais de l'ilm’et du fiqh, et de la shari’a, montrait la voie ; la
tribu suivait ; ceux qui déviaient de la voie ne servaient pas la tribu.
La tradition, l’épreuve et la vérité étaient le cœur de l’héritage sunnite.
Tout cela remontait au légendaire Maometh et au Muhammed de l’ancienne
Terre. La branche sunnite et ses disciples, avec ses Ulema, Usul et le Mahdi,
menèrent à bien le jihad fremen. Les vestiges restent dans les territoires les
plus durs de nos avant-postes, transportés par les guerriers les plus
entreprenants de Muad’Dib. La partie « zen », au fond des fremen, est
cependant plus difficile à retracer avec confiance.
Le
ghola Duncan/Hayt fut la meilleure source d’information, bien qu’il existe des
correspondances statistiques sures avec le « bouddhisme » de la Bible
Catholique Orange et avec les croyants du « Portail de l’âme »
d’aujourd’hui. Les noms Ohashi et Nisai, liés aux origines zensunni, impliquent
(à cause de la traduction linguistique de l’une des langues idéographique de la
Terre) une greffe sur le tronc sunnite. Les descendants étaient nettement plus
individualistes et moins directifs dans leurs comportements que la plupart des
modèles sunnites. Il fut possible de comprendre
les transformations d’attitudes (à l’aide d’un modèle ancien) de Duncan
Idaho-10208 et certains commentaires post-Arrakis, et d’en déduire beaucoup sur
la nature du « zen ». (Ceux qui spéculent que le zen fournissait
toutes les réponses aux questions inexplicables des fremen, ne font que
substituer un mystère à un autre).
L’essence du zen semblait être capturée dans les conseils de Duncan-Hayt
à Chani, juste avant la naissance de Leto et Ghanima : « Attendre
sans fin dans un état de tension des plus élevé… Ne pas se laisser piéger par
la nécessité de réaliser quelque chose. De cette façon, vous réaliserez
tout. » La dualité des extrêmes en équilibre, la conciliation des opposés,
les incohérences plus augmentées que résolues, imprègnent les conseils.
« N’ayez aucun but ; allez seulement, et ainsi vous
réaliserez ».
Stilgar, en pensant à la horde des mémoires de Ghani et Leto, et
Jessica, soulignait « ce qui fonctionne et ce qui ne fonctionne
pas », et associait de tels paradoxes au jeu des énigmes fremen, dont les
réponses se trouvaient dans les questions et le questionneur, et non pas dans
la logique ou la preuve. Leto avait réfléchi au paradoxe du
« savoir » : il empêchait l’apprentissage, rendait difficile le
processus qui semblait produire le « savoir » en premier lieu. De
même, la connaissance était inutile sans but, mais le but était de
« construire des murs d’enceinte », des murs qui empêchaient un
apprentissage. Cette prise de conscience du paradoxe semblait encercler le
noyau du zen. Les fremen considéraient la nuit comme un moment
rafraichissant et plein d’espoir, et le
jour comme intimidant ; leur vie sur Arrakis et leurs rituels étaient
enracinés dans un poison, l’épice, qui prolongeait la vie. Entourés
d’incohérences et de paradoxes, plus préoccupés des questions que des réponses,
se méfiant des buts, des réalisations et des succès (mesures contre les
prédictions), les fremen reflétaient la composante spécifique du zen dans leur
patrimoine.
Ces fragments de leur histoire semblaient soutenir la résignation
qu’avaient les fremen à maintenir les choses comme elles étaient.
L’autodiscipline, l’acceptation, l’évitement des luttes frustrantes, étaient
associés au zen, ce qui n’empêchait pas le choix et l’action, mais permettait,
peu ou pas, de faire des prédictions quant à la réussite. Ce principe était en
corrélation avec les paroles de Muad’Dib, selon lesquelles la prescience
(n’étant ni traditionnelle ni passive) ne « se conformait pas à l’odre des
zensunni ». Dans le zen, ce que vous faites est ce que vous faites, il n’y
a pas d’échelle pour mesurer le « succès » ou « l’échec ».
De
même, les fremen, individuellement, étaient libérés des responsabilités –
d’accepter le fardeau de la culpabilité « dans l’avenir » - en partie
parce que les résultats n’étaient pas de leur fait. Leurs rituels, disait
Ghanima, les libéraient de la culpabilité ; ce qui, rétrospectivement,
pouvait ressembler à une transgression, pouvait être attribué à de la
méchanceté « naturelle » (c’est-à-dire non choisie), ou à la
malchance, ou à un échec de la part de l’autorité. Les traditions zen
insistaient sur le présent et l’individu.
Le
démêlage final des brins du sunnisme et du zen, dans la culture fremen pourra
un jour être possible : les nouvelles découvertes d’archives aideront
certainement. Deux des anciennes traditions furent réformées et tendaient vers
une adaptation fremen à différents environnements, en particulier la sécheresse
d’Arrakis. Les manières sunnites enseignaient la communauté et le destin à long
terme ; dans l’optique du zen on enseignait la personnalisation et l’acceptation de la situation. Les sunnites
étaient prêts pour un « sauveur » ; le zen ne cherchait aucun
agent extérieur. Les sunnites se méfiaient du changement ; les zen étaient
disposés à faire preuve de souplesse.
Les dossiers montrent que les fremen étaient nombreux à attendre un mystérieux
inconnu prophétisé qui, ils l’espéraient, les conduiraient en une juste
vengeance, vers un paradis aquatique. Plus tard, ils furent sceptiques quant à
la religion érigée au nom de Muad’Dib. Ces incohérences ne sont guère
inhabituelles dans les cultures galactiques. Les analyses théoriques des courants
culturels sous jacents ne pourrant jamais tout à fait « expliquer »
le comportement réel. Un aperçu de l’héritage zensunni des fremen, cependant,
était conjectural à cette distance, remplissait en partie les activités de fond
des fremen sur Arrakis. Cw
Autres références :
-
Arrakis ;
-
Fremen,
Philosophie linguistique des ;
-
Vagabonds
zensunni, Histoire des ;
-
Drefa’l-Fanini,
Taaj’l fremen 12v. (Salusa
Secundus : Morgan et Sharak) ;
-
Leto II Journal, Rakis ref. cat. 55-A89 ;
-
Duncan
Idaho-10202, Le ghola parle,
Tr. Kershel, Shautin Reeve (Enfin : Mosaïc) ;
-
La
Princesse Irulan Atréides-Corrino, Conversation
avec Mud’Dib, lib. Conf. Temp. Série 346 ;
-
Stilgar
ben Fifrawi, La chronique de Stligar,
Tr. Mityau Gwulador, étude d’Arrakis 5 (Grumman : les monde unis).
L’histoire
Les zensunni, qui allaient devenir les fremen sur Arrakis, commencèrent
comme la secte d’une religion éclatée de l’ancienne Terre. Initialement adeptes
de Maometh, le soi-disant troisième Muhammed (1159-1241), les zensunni
abandonnèrent les enseignements de Maometh en 1381, sous l’impulsion de Ali Ben
Oahashi (du moins sous son nom ; certains éléments tendent à prouver que
les doctrines zensunni pouvaient avoir été presque entièrement rédigées par
Nisai, la seconde épouse de Ben Ohashi).
Alors que les doctrines mystiques zensunni semblaient désespérément
complexes pour les non-initiés, leur but sous-jacent s’expliquait simplement : ils voulaient répondre à la
Sunnah – les dix mille questions religieuses posées par la shari’a – avec une
compréhension mystique et non une approche rationnelle habituelle.
Certains chercheurs pensent que le terme « zensunni »
s’écrivait originellement « zen-sunnite » et visait à incorporer les
noms des deux philosophies différentes de la période. Il s’agissait du zen, une
philosophie antirationnelle qui précéda le jihad butlérien d’un nombre inconnu
siècles ; et les sunnites, une doctrine dont les premiers écrits sont
environ datés de 100 av.G, et dont les préceptes déclaraient que c’était le
devoir et la mission de l’intelligence humaine de répondre à chacune des
questions de la Sunnah. (Les sunnites croyaient encore que le destin de
l’humanité dans l’univers finirait quand la réponse finale serait trouvée. La
philosophie n’était pas très populaire.)
Conformément à l’attachement qu’ils avaient à leur religion, les
zensunni estimaient qu’ils ne devaient aucune allégeance à un gouvernement
laïc, à n’importe quel niveau. Pour des raisons évidentes, la secte trouva, par
la suite, la plupart de ses adeptes parmi les peuples qui refusaient l’autorité
gouvernementale. Les zensunni représentaient une petite fraction de la
population de l’ancienne Terre. En 1572, d’après le fragment d’un dossier,
récemment traduit, il y avait moins de 50.000 zensunni connus sur toute la planète.
Ajoutez à cela la préférence zensunni pour vivre en nomades dans des zones
généralement peu fréquentées par les voyageurs soucieux de confort, la zone de
la vieille Terre habituellement appelée le désert du Sahara, par exemple – et
la raison de la survie de leur tribu face à un appareil gouvernemental
habituellement répressif – devient évident. Les zensunni étaient tout
simplement trop peu important et trop difficiles à atteindre pour qu’on prenne
la peine d’essayer de les insérer dans le courant principal.
En
2800, la Guilde Spatiale avait redécouvert des centaines de planètes
habitables, la plupart inhabitées. Sous le Droit de Domain de la Grande
Convention, les Maisons payaient des guildiens pour pouvoir dominer une planète
redécouverte, ce qui devait être soumis à l’approbation du Conseil du Landsraad
et de l’Empereur. Mais aucune Maison ne pouvait s’attendre à réunir les revenus
impériaux exigés par les mondes nouveaux – et encore moins en tirer un profit
de l’acquisition – avant d’y avoir établi une main-d’œuvre.
Souvent, la Maison ne pouvait pas peupler la planète, la plupart des
Maisons se contentaient de renoncer à réclamer une découverte et, au contraire,
l’offrait comme colonie à l’Empereur. Si l’offre était acceptée, la Maison
recevait de confortables honoraires pour avoir joué les intermédiaires et le
problème du peuplement de la nouvelle colonie incombait au trône impérial.
Les Empereurs Corrino, éminemment pratiques en la matière, répercutaient
les coûts de la main-d’œuvre perdue sur tout le royaume tout en exigeant des
levées de volontaires pour peupler les colonies ; les méthodes utilisées
pour persuader leurs propres sujets de se porter volontaires étaient laissées à
la discrétion des dirigeants des fiefs concernés.
Alors, en 2800, ayant accepté gracieusement Poritrin (la troisième
planète d’Epsilon Alangue) de la Maison Maros, l’Empereur Elrood V tourna sa
convoitise sur la population de l’ancienne Terre, qui avait jusqu’alors, était
laissée tranquille à cause de sa position de berceau de l’humanité. Elrood,
dans un bouleversant geste sans précédent, exigea la levée de deux millions
d’hommes, femmes et enfants auprès du siridar-Baron Charles Mikarrol,
gouverneur planétaire de la vieille Terre.
Le
Baron Mikarrol se retrouva face à un dilemme. Ses sujets, habitués à être
exemptés des projets impériaux, se rebellèrent à l’annonce que deux millions
d’entre eux devaient être envoyés loin de la planète. Le Baron était désespéré
de devoir choisir qui envoyer, mais un de ses conseillers – les dossiers
n’indiquent pas lequel, mais certaines suggestions indiquent que ce pouvait
être Ari Manoud, le bras droit de Mikarrol et un adepte de Maometh Saari – lui
rappela l’existence des nomades zensunni.
Le
Baron s’empara de l’idée avec gratitude. Qui, après tout, pouvait s’opposer à
l’expulsion d’un groupe de fanatiques religieux qui s’étaient
auto-affranchis ? et certainement, après tant de siècles, il serait
possible que leur nombre se soit suffisamment accru.
A
la fin de leurs recherches sur la planète, les troupes de Mikarrol avaient
découvert plus de deux millions et demi de zensunni qui furent tous conduits à
bord de vaisseaux impériaux, malgré leurs protestations outragées, pour être
transportés rapidement sur Poritrin.
Ce
fut une solution très commode pour le Baron Mikarrol, qui lui valut nombres de
bénéfices. Tout d’abord, il avait débarrassé son fief d’un groupe qui vivait en
marge de son pouvoir ; deuxièmement, il fut récompensé par son Empereur
pour avoir levé plus qu’il ne lui avait été demandé, et cela en un temps
record ; et troisièmement, son action fut reconnue par les plus hautes
instances au sein du Maometh Saari.
Poritrin
Dès leur arrivée sur Poritrin, les zensunni n’agirent pas comme un
groupe d’exilés terrifiés, mais comme un peuple habitué aux défis et tout à
fait capable de faire face à ceux d’un nouveau monde. Les diverses tribus,
chacune obéissant au commandement de son naib, ou chef, travaillèrent de
concert afin de séparer les machines et diviser les autres ressources laissées
par les vaisseaux de transport, décidèrent des zones planétaires pour chaque
tribu et se dispersèrent.
Il
y a un chant zensunni (enregistré dans les Monuments
des migrations zensunni de Daiwid Kuuan) supposé provenir de cette
période qui contient les éléments suivants :
« … et bien
que nos ennemis nous dispersent loin, même dans l’ensemble de l’univers, ils ne
doivent jamais nous détruire. Car nous sommes Misr, le peuple, et nous avons
été révélés par le Fiqh et l’Ilm (les sources moitié légendaires de la foi
zensunni) qu’aucun autre n’avait vues. Cela reste. Nous restons. »
Malgré leur croyance en la survie de leur race, la perte de la planète-mère
pesa lourdement sur les zensunni. Sur Poritrin, il y avait abondance d’eau, une
longue saison de moisson et un climat doux qui rendait le travail plus facile
et pouvait remodeler et adapter les doctrines mystiques et les superstitions de
la secte ; une grande partie du remodelage concernait le point d’origine
que les zensunni avaient perdu.
En
3500, la plupart des Ulemas (docteurs en théologie zensunni, souvent n’importe
quel chef religieux zensunni) et des sayyadina ne prêchaient plus que les
zensunni avaient été rassemblé et transporté sur Poritrin par le gouvernement
planétaire interventionniste. Au lieu de cela, ils apprenaient que les zensunni
avaient fuit Nilotical-Ourouba (que l’on peut traduire comme le lieu de la
vérité et du mystère), la persécution et la mort – une modification subtile de la vérité qui s’intégrait
facilement avec le concept que les zensunni étaient les seuls porteurs des
vérités mystiques.
A
la fin de cinq siècles, la plupart des zensunni croyaient de tout leur cœur que
Poritrin était leur monde d’origine. Ils considéraient que Nilotic al-Ourouba
était l’endroit où les dix mille Sunnah trouveraient leur réponse, mais ils
croyaient aussi que cela ne se produirait pas avant que le temps des zensunni
sur Poritrin s’achève. Ensuite, ils feraient un grand hajra (un voyage
religieux) sur Nilotic al-Ourouba pour y chercher les réponses. Seul un petit
nombre choisi de sayyadina transmettaient
la vérité, d’une génération à l’autre, concernant la migration ;
même les Ulémas oublièrent, ou ne dirent jamais, les faits.
Les conditions de vie faciles sur Poritrin affectèrent drastiquement
l’organisation sociale de la secte. Puisqu’un grand nombre de personne pouvait
être confortablement nourrit et logés sur une superficie relativement petite,
la population commença à se stabiliser. Des colonies permanentes, dont
certaines étaient comparable en taille aux petites villes disséminées ailleurs
dans l’Impérium, augmentèrent partout sur la planète. Les manières des anciens
zensunni – le mode de vie nomade, l’insistance acharnée sur l’indépendance –
furent abandonnées.
Les nouveaux zensunni, doux, ne furent donc pas à la hauteur des raiders
envoyés en 4492 sur Poritrin par les chefs du Landsraad de la première
République. Ils voulaient que Poritrin soit utilisé comme nouveau monde-mère
pour la Maison Alexin (dont le monde natal, Pelouzen, avait été rendu
inhabitable par une série de tests atomiques semi-légaux) et la population qui
avait été divisée en colonies sur Bela Tegeuse et Salusa Secundus.
Il
avait fallu toutes les forces de la Maison Mikarrol pour localiser et
transférer les zensunni de la Vieille Terre sur Poritrin, la tâche ne demanda
que cinq légions : environ cent-cinquante mille hommes.
Ce
succès facile avec une force aussi légère contre une population entière – les
zensunni étaient sensés compter dix millions de personnes à cette époque –
était plus du aux croyances superstitieuses des zensunni de Poritrin qu’à leur
faiblesse. Presque jusqu’au moment du départ, quand une poignée de sayyadina
rusées réussirent à apprendre la destination réelle des long-courriers sur
lesquels les zensunni devaient voyager, la population avait simplement accepté
l’arrivée des forces du Landsraad comme l’accomplissement des prophéties
zensunni concernant le hajra qu’ils devaient faire sur Nilotic al-Ourouba, leur
temps sur Poritrin était terminé, les raiders étaient venus et leur avaient dit
qu’ils devaient les emmener dans un endroit désigné. Que pouvait être cet
endroit, sinon la planète de la légende ?
Tout à leur honneur, les sayyadina réussirent à faire passer le mot
parmi leur peuple, mais en vain. Les zensunni furent parqués comme du bétail
dans des transports terrestres et la récompense pour les femmes qui avaient
essayé de les sauver, quand elles furent retrouvées, fut la torture et la mort
des mains de leurs ravisseurs.
Il
est intéressant de noter que, malgré qu’ils aient été séparé de leurs amis,
leurs voisins et, dans de nombreux cas, de leurs proches, les zensunni furent
décrits comme n’ayant montré aucun chagrin personnel alors qu’ils montaient
dans les vaisseaux qui faisaient route vers deux planètes.
Ce
fut un chagrin plus profond : la chance de salut pour leur peuple leur
avait été volée. L’équipage de chaque vaisseau entendit le même cri qui
ponctuait les incessantes plaintes des captifs : « ils nous ont
refusé le hajra ! »
Salusa Secundus
Quelques cinq millions de zensunni furent transférés sur Salusa
Secundus, le monde natal de la Maison Corrino qui en avait fait la
planète-prison Impériale quand les Corrino avaient déplacé leur capitale sur
Kaitain (1487). La planète carcérale avait un système écologique si dur que six
personnes sur treize qui y naissaient y mouraient avant l’âge de 11 ans. Parmi
ceux qui n’étaient pas originaires de la planète, le taux de mortalité était
nettement plus élevé.
C’est dans un tel environnement que se retrouvèrent les zensunni
relativement choyés. Cela s’empira pour eux quand les troupes du Landsraad se
rendirent compte de leur inébranlable sentiment de loyauté et de communauté,
même dans des conditions extrêmement périlleuses ; compte tenu de cela,
ils furent tenus en esclavage, effectuant les tâches les plus difficiles et
dangereuses, dans l’espoir de briser leur esprit et de les rendre plus facile à
gérer.
Le
plan ne fonctionna pas tout à fait comme prévu. Des milliers, puis des
centaines de milliers de zensunni moururent dans les premières années de
captivité, la grande majorité d’entre eux semblaient revenir aux manières de
leurs ancêtres, dont ils se souvenaient à peine. A la fin de la première
génération comme esclaves, les zensunni nés hors de la planète affichaient un
taux de survie comparable à celui de ceux nés sur Salusa Secundus (lieu traditionnel
de recrutement des sardaukars impériaux, les soldats fanatiques de l’Empereur
Padishah.
Différentes approches furent tentées. Soumises à une oppression toujours
plus rigoureuse, la troisième génération s’avéra plus résistante que la
seconde. La cinquième génération fut sommée de renoncer à sa foi ou de
mourir ; bien que toutes les sayyadina connues, et plus de la moitié de
l’ensemble de la population qui fut massacrée, les doctrines zensunni
continuèrent à être transmises, soigneusement déguisées dans les chants de
travail des esclaves, et de nouvelles sayyadina furent rapidement initiées à
l’espionnage, comme les anciennes. Au cours des septième et huitième
générations, on tenta même de convertir tous les zensunni valides aux
disciplines mystiques des sardaukars impériaux. Le résultat final fut toujours
le même : soit les zensunni ignoraient complètement la tentative, soit ils
feignaient d’accepter la conversion jusqu’à ce que les instructeurs ne puissent
plus les tenir éloignés du maniement des armes. A ce moment-là, les
« convertis » pouvaient, comme beaucoup de leurs camarades de classe,
tuer autant d’instructeurs que possible.
En
5295, vers la fin de son règne, Ezhar VII passa en revue les dossiers détaillés
de neuf générations d’échec de ses ancêtres, avec les zensunni, et décida qu’il
ne serait pas responsable d’un dixième échec. Profitant pleinement de la chance
qu’il avait d’être connu pour sa bienveillance, le vieil Empereur décida que ce
n’était pas sa politique de punir des gens dont le seul crime était d’avoir des
ancêtres criminels, et s’arrangea pour que les survivants zensunni soient
transférés sur Ishia (seconde planète de Beta Tygri), une exploitation Corrino
qui avait été laissée en jachère depuis sa découverte.
Bela Tegeuse
Mis à part le fait d’avoir perdu
la moitié de leur peuple, les zensunni qui furent transportés de Poritrin sur
Bela Tegeuse, furent bien traités et beaucoup mieux que le groupe sur Salusa
Secundus. En débarquant, ils reçurent le stock et les machines dont ils avaient
besoin et furent laissés seuls sur une planète similaire à celle où ils avaient
été capturés.
Les années passant sans aucun signe des raiders, les zensunni
adoptèrent, une fois de plus, beaucoup de coutumes acquises sur Poritrin. Ils
établirent leurs foyers, puis leurs fermes, leurs pâturages, mais avec des
différences. Sur Poritrin ils étaient certains que nul ni rien n’allaient les
déranger, jusqu’à ce que le temps vienne pour leur peuple de voyager vers
Nilotic al-Ourouba, ils avaient disséminé leurs colonies sur toute la planète
et laissé le champ libre aux visiteurs. Sur Bela Tegeuse, les colonies furent
plus grandes, plus proches les unes des autres et plus souvent en
contact ; ils s’étaient également fortifiés et des sentinelles étaient postées
à chaque heure du jour et de la nuit.
Cependant, tout n’était pas aussi sombre et militaire. Ils eurent du
temps, comme sur Poritrin, pour étudier le Shah-Nama,
Le Premier Livre. Ils eurent du temps pour planter des arbres
fruitiers, pour construire des fontaines, pour se demander et pour prier pour
la moitié du Misr qu’ils s’attendaient à ne jamais revoir. Ils eurent assez de
temps – après huit siècles de paix – pour atténuer la douleur et adoucir le
souvenir d’avoir été déracinés du monde que la plupart des zensunni
considéraient comme leur planète d’origine.
Quand les sardaukars vinrent à nouveau, en 6049, rien de tout cela
n’importa. Les zensunni combattirent vraiment cette nouvelle invasion et
beaucoup combattirent vaillamment ; mais ils rencontrèrent des adversaires
forts et formés dans un environnement plus féroce que les zensunni ne pouvaient
l’imaginer. A la fin de la bataille deux groupes de zensunni partirent de Bela
Tegeuse : ceux qui s’étaient soumis et qui se préparaient à être transportés
sur Rossak et Harmonthep ; les autres, ceux qui avaient résisté, étaient
morts.
Il
est à noter que l’Impérium n’avait aucun besoin particulier sur Bela Tegeuse au
moment du raid des sardaukars. Mais Rossak et Harmonthep, comme jeunes
colonies, avaient besoin de personnes supplémentaires et les sardaukar devaient
être utilisés occasionnellement ou risquer de perdre leur avantage.
Les zensunni, étant de simples péons, ne perçurent pas ces deux visions.
Rossak
Le
groupe de zensunni de Bela Tegeuse qui fut envoyé sur Rossak trouva un
environnement moins favorable que ce à quoi ils s’attendaient, que ce qu’ils
avaient connu dans leurs deux derniers foyers. Rossak était un monde froid et
venteux, la cinquième planète d’une étoile (Alces Minor) qui semblait accaparer
pour elle-même la plus grande partie de sa chaleur. La saison de culture était
exceptionnellement courte, et beaucoup de plantes qui poussaient abondamment
étaient plus ou moins toxiques.
Les colons qui vivaient déjà sur Rossak avaient peu de temps pour les
nouveaux arrivants. Cette situation convenait aux zensunni qui avaient eu plus
de contacts avec les étrangers qu’ils n’auraient voulu en avoir. Les nouveaux
colons cherchèrent une zone où ils pensaient pouvoir s’établir et allèrent y travailler.
La
colonie des zensunni survécut à peine à son premier hiver. Ils n’étaient pas un
grand groupe – la majeure partie des personnes capturées sur Bela Tegeuse
fut envoyée sur Harmonthep, plus
agréable, et l’hiver inattendu et rude tua beaucoup d’entre eux de pneumonie et
d’autres maladies qu’ils ne connaissaient pas. Outre les maladies, ils furent
confrontés à la famine et à une grande variété d’empoisonnements.
C’est à cause d’un empoisonnement que les zensunni firent leur plus
grand saut religieux, depuis leur rupture avec la secte originale de Maometh
Saari. Une des sayyadina, désespérée par la faim, mangea une partie d’une
plante indigène qu’elle avait découverte et dont la comestibilité était
discutable. Comme la Sayyadina le dit plus tard, elle se retrouva soudai,
« dans l’esprit de toutes les sayyadina qui l’avaient précédée ».
Cette sayyadina inconnue – inconnue car tous les dossiers indiquent
seulement qu’elle mourut suite à une trop grande ingestion de ce poison – fut
la première Révérende Mère des zensunni. Ses observations, qu’elle confia à
l’une de ses camarades avant de tomber dans un délire profond, servirent de
base au développement du rite des Révérendes Mères. Le rite fut certainement
façonné, au moins en partie, par la Panoplia Propheticus du Bene Gesserit qui,
pour assurer la sécurité de ses membres, avait ensemencé les mondes avec ses
légendes, y compris celles des Révérendes Mères.
La
philosophie de l’ensemble des zensunni fut immédiatement changée. Plutôt que de
simplement tenter de survivre selon les manières de leurs ancêtres, il était
maintenant possible pour les tribus de savoir ce qu’étaient ces manières en
écoutant les observations d’une Révérende Mère, qu’elle pouvait voir à
« l’intérieur » d’elle. Quand on découvrit que les souvenirs d’une
Révérende Mère pouvaient se transmettre à son successeur grâce au poison, les
zensunni furent enfin certains que leur Histoire pourrait être transmise
fidèlement d’une génération à l’autre. Le bouche-à-oreille des sayyadina ne serait
plus le seul lien avec leur passé.
Dès que leur survie sur Rossak sembla raisonnablement sûre, les zensunni
commencèrent à planifier leur survie ailleurs. Si les soldats fanatiques de
l’Empereur pouvaient être envoyés d’une mission à l’aute pour les transporter,
ne serait-il pas préférable de se déplacer en premier ?
A
cette fin, et avec une grande inquiétude, les zensunni approchèrent tout
d’abord et de manière prudente, leur voisins. Les jeunes zensunni, hommes et
femmes, se louèrent pour travailler dans les exploitations qui réussissaient
moins que les agriculteurs de leur propre communauté. Les femmes plus âgées
utilisaient leurs compétences médicales, acquises suite à d’amères expériences
avec leur propre peuple, pour guérir les malades en dehors de leurs propres
établissements.
En
dépit de ces occupations extérieures, chaque zensunni continuait ses propres
travaux à l’intérieur de sa colonie, gardant l’autonomie de la communauté tout
en accumulant, petit à petit, l’argent du passage de leurs descendants, au cas
où ils auraient besoin de s’évader.
Ce
n’était pas un processus facile ni rapide, mais en 7193 les recherches en
étaient là ; les dirigeants de la colonie étaient les seuls à pouvoir
décider où iraient ceux qui partiraient. Il y eu une sorte de joie parmi les
zensunni, qu’ils n’avaient pas connu depuis des générations.
Et
de la tristesse aussi. Cette fois, les zensunni seraient les seuls à choisir
parmi leur peuple, car ils savaient qu’ils pourraient économiser seulement pour
acheter le passage pour les jeunes. Les tarifs de la Guilde étaient
prohibitifs.
En
fin de compte, ce fut un guildien qui fournit aux zensunni le choix de leur
destination. Un représentant avec lequel les dirigeants zensunni avaient
négocié leur révéla que l’emplacement des descendants de ceux qu’ils avaient
perdu – le terme qu’employaient les zensunni pour les membres de leur tribu qui
avaient été enlevé pour Salusa Secundus, des siècles plus tôt – était connu de
la Guilde, et qu’il pouvait arranger un passage pour leurs jeunes dans ce
monde.
Le
marché fut conclu. Avant que les jeunes hommes et femmes, ne quittent la
colonie pour monter à bord des vaisseaux de la Guilde, une sayyadina parmi
celles admises au rite des Révérendes Mères, fut chargée d’assurer
l’approvisionnement en plantes fournissant le poison nécessaire. Leurs
souvenirs seraient transmis ainsi en toute sécurité, les vieux zensunni
regardèrent leurs fils et leurs filles partir, sachant qu’ils ne les
reverraient plus.
Et
sachant aussi que leur chance de survie à un autre hiver sur Rossak, sans eux,
était faible.
Harmonthep
La
vie des zensunni transportés sur Harmonthep (la moitié des personnes prises sur
Bela Tegeuse), n’est pas connue. La planète était généralement décrite comme
étant un satellite de Delta Pavonis, qui fut détruite par des causes inconnues,
au début des années 6800.
Ishia
En
route vers Ishia, les réfugiés de Rossak reçurent une explication détaillée sur
ce qui était arrivé au groupe de leur peuple qui avait été enlevé il y a
longtemps. Les guildiens parlaient le moins possible des siècles sur Salusa
Secundus, et les zensunni qui sentaient qu’il y avait là beaucoup de choses qui
leur étaient propres, ne les pressaient pas pour avoir des détails. Ce que les
membres de la Guilde décrivirent tout au long, fut la planète sur laquelle les
survivants de ces siècles avaient été envoyés.
Ishia, expliquèrent-ils, était l’opposé de Rossak, aride, opprimant les
formes de vie, comme Rossak le faisait avec le froid. Les cultures qui
survivaient ne le faisaient qu’avec d’énormes quantités de temps et d’énergie
consacrées à une irrigation minutieuse. Le système devait être constamment
surveillé, car une seule journée de privation pouvait tuer un champ.
Les zensunni sur Ishia venaient d’un environnement plus difficile que le
leur. Malgré tout, l’adaptation fut difficile pour eux. Ils n’étaient pas
habitués à la vie dans une écologie désertique, et y habiter leur coûta très
cher au début.
Une fois la période d’ajustement terminée, les zensunni s’adaptèrent. En
revenant aux manières de leurs ancêtres de l’époque des tribus nomades, les
zensunni d’Ishia apprirent à vivre avec le désert au lieu de se battre contre
lui, et ils s’accrurent, là où autrefois une colonie serait à peine en mesure
de vivre.
Les zensunni de Rossak écoutèrent gravement mais ne furent pas effrayés.
Ce qu’une partie de leur peuple avait fait, une autre pourrait sûrement le
faire. L’un d’entre eux, après avoir appris que le groupe pouvait avoir plus de
difficultés que ce qu’ils attendaient en apprenant à vivre sur leur nouveau
monde, fut assez audacieux pour exprimer sa croyance.
« Ah, mais
vous ne me comprenez pas encore », l’un des guildiens est cité disant
(dans les Monuments de Kuuan),
« Vous n’allez pas sur Ishia, mais sur un monde pour lequel Ishia était un
terrain d’entrainement pour votre peuple ».
« Un peuple
appelé Arrakis ».
Arrakis
Ensuite, en 7193, tous les zensunni connus dans l’Impérium, furent
transportés sur Arrakis. Ces derniers déplacements, organisés dans un profond
secret par la Guilde, servirent les besoins des deux parties impliquées. Ils
donnaient aux zensunni une maison, peut-être le seul monde dans tout l’Impérium
(à l’exception de Tupile, un monde sanctuaire de la Guilde) où il était trop
difficile pour l’Empereur ou pour ses sardaukar de se donner la peine d’essayer
de creuser. Et ils donnaient à la Guilde une entrée permanente sur Arrakis.
Les guildiens voulaient un tel arrangement à cause du mélange, l’épice
que l’on ne trouvait que dans le désert d’Arrakis. Semblable mais infiniment
puissant et plus subtile que la drogue-poison que les zensunni de Rossak
avaient découvert, le mélange était essentiel au monopole des voyages
interstellaires de la Guilde. Il était d’un intérêt capital pour la Guilde de
contrôler un approvisionnement en mélange au travers d’une population indigène
reconnaissante. Les guildiens firent en sorte que les zensunni s’établissent au
plus profond du désert intérieur, pour assurer la sécurité des colons qui
étaient déjà sur Arrakis (concentrés principalement à Arrakeen, le siège du
gouvernement), puis se retirèrent.
Les zensunni reconnurent alors qu’ils n’étaient plus une secte mais un
peuple. A partir de ce jour, ils s’appelèrent Fremen. C.W.
Autres références :
-
Arrakis ;
-
Bela
Tegeuse ;
-
Fremen ;
-
Salusa
Secundus ;
-
Vagabonds
Zensunni, La culture des ;
-
Daiwid
Kuuan, Momuments des migrations
zensunni (Salusa Secundus : Morgan et Sharak).
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