Onn
La
ville festive dont la conception et la construction furent ordonnées par Leto
II en 10592 est, peut-être, le plus grand projet de construction à but
unique de toute l’histoire. Onn abritait l’école-mère des Truitesses, les
ambassades des hors-monde, les cadres de l’administration centrale, les sièges
sociaux commerciaux, les musées et bibliothèques, mais ces installations ne
couvraient que 10% de la ville. Le but premier d’Onn était de pouvoir
accueillir le festival décennal de Leto, et sa construction était centrée sur une
chose : que l’Empereur-Dieu puisse être vu de tout le public.
Au
centre de la ville se trouvait une gigantesque place mesurant 2 km, entourée de
balcons, et les gradins pouvaient accueillir des centaines de milliers de
sujets de Leto ; l’assistance était décuplée par des projecteurs ixiens
placés sur toute l’esplanade. Les projecteurs envoyaient des images de la place
dans les appartements tout autour, qui étaient occupés par ceux considérés
comme sans importance ou qui n’étaient pas dans les bonnes grâces et qui ne
méritaient donc pas de voir Leto en direct.
A
un endroit précis de la place et à une heure fixée, la visualisation commençait
(ou le Grand Partage, comme on l’appelait souvent), Leto montait de la chambre
sacrée située sous la place, au moyen d’une trappe spéciale. Un monte-charge
s’élevait, fournissant une vision claire à tous ceux qui observaient. Aucun
dispositif de protection n’était utilisé durant cette démonstration ; Leto
reposait sur la scène, sans même le blindage de son Chariot Royal, entre lui et
ceux qui étaient présent. Il restait à ce poste durant deux heures, période
pendant laquelle ses sujets pouvaient aller et venir librement. A aucun moment,
au cours de la cérémonie, on ne vérifiait si l’un d’eux avait des armes et on
n’empêchait pas les curieux de se pencher aux balcons pour avoir une meilleure
vue.
Une
légende entretenue par l’Empereur-Dieu comparait la visualisation avec un
rituel qu’avait un ancien dirigeant : une nuit par an, il sortait non
protégé et marchait parmi ses sujets. Le dirigeant était vêtu d’un costume
luminescent alors que ses sujets (que l’on ne fouillait pas) étaient vêtus de
noir et déambulaient dans les rues. Selon la légende, si le dirigeant survivait
à cette marche, il était considéré comme un bon souverain ; en parallèle,
si l’Empereur-Dieu survivait à cette exposition, c’était à cause de l’amour et
de la fidélité de ceux qu’il gouvernait.
La
seconde raison à cet emplacement immense était que la ville festive servait
d’emplacement pour le Siaynoq. Cette cérémonie réservée aux Truitesses, se
déroulait avant la visualisation, dans la chambre sacrée située sous la place.
Durant
les années entre les festivités, tous les secteurs de la ville, autres que ceux
occupés par les quelques locataires à demeure – secteurs qui représentaient
plus de 250 km² - étaient fermés. Du personnel maintenait en l’état les
secteurs fermés, et gardait la ville prête pour les festivités de la décennie
suivante, mais les travailleurs eux-mêmes résidaient dans les banlieues ;
l’Empereur-Dieu refusait que sa Cité Festive puisse être utilisée à d’autres
fins.
La
sécurité était assurée par la garnison d’Onn, un groupe de Truitesses
secondaire qui était attaché à la garde de la Citadelle dans les rangs des
forces armées de Leto. Ces femmes patrouillaient dans les rues, gardaient
toutes les entrées non autorisées et maintenaient l’ordre dans divers secteurs
qu’occupaient les quartiers des ambassades. Bien qu’il y ait eu relativement
peu d’attaques, principalement à cause d’une protection rigoureuse des
Truitesses, celles qui eurent lieu furent généralement d’une violence extrême.
L’exemple le plus connu est, peut-être, celui de la rébellion de Sargus en
12293, quand en groupe de mécontents commandé par une renégate Bene Gesserit et
un ghola Idaho, tentèrent de démolir l’école des Truitesses avec un stock
d’explosifs piraté. La tentative manqua de peu de réussir et fut déjouée
uniquement à cause de la défection d’un membre mineur de la conspiration.
Les
truitesses, outrées par cette attaque contre leur Dieu, firent appel à des
volontaires qui se rendirent sourdes pour se protéger contre la Voix et
agressèrent l’ambassade Bene Gesserit. Lorsque l’Empereur-Dieu ordonna à ses
troupes de se retirer, le ghola Idaho et toutes les Bene Gesserit, de la
Révérende Mère à l’acolyte la plus modeste, toutes avaient été tué. Leto gagna
une hostilité éternelle d’un grand nombre de Sœurs en rendant hommage à ses
soldats et en exigeant des excuses de Wallach IX avant d’autorises une nouvelle
délégation à venir sur Arrakis.
Après
la chute de l’Empereur-Dieu, Onn subit une série de changements drastiques.
L’école des Truitesses fut fermée ; la chambre sacrée fut scellée ;
la place fut radicalement repensée, avec une grande partie de la surface couverte
utilisée comme site de construction. La colonisation de la plupart des
bâtiments utilisés fut encouragée et, en quelques décennies, la ville fut
impossible à distinguer d’une autre ville sur la planète.
A
l’aide de cartes et de schémas trouvés dans le Trésor de Rakis, les
archéologues localisèrent les secteurs de la ville qui étaient autrefois
occupés par la chambre sacrée et les autres lieux importants de la ville durant
ses millénaires d’utilisation pour les festivités. Les fouilles qui doivent encore
faire la lumière sur l’histoire d’Onn devraient commencer au début de l’année
prochaine ; en raison de ses plans, les sites ont été nettoyés et sont
maintenant aussi vides qu’ils l’étaient au cours des années entre les
festivités de l’époque de l’Empereur-Dieu. C.W.
Autres références :
- Truitesses, Les ;
- Siaynoq ;
- Mustava S. Aletari, La psychologie des rituels politiques (Chusuk : Salrejina) ;
- Krosta Frenalaz, Fouilles à Onn, archéologie 91 :17-34.
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