Alia
en tant que Déesse : « La Matrice de Paradis ».
Le premier culte enregistré d’Alia fut créé à Arrakeen en 10970. Les
membres de ces cultes successifs ne sont pas à confondre avec ceux qui ont
adoré Alia au cours de sa vie. Le premier groupe croyait qu’Alia possédait sa
propre divinité ; le second ne la voyait que comme une image réfléchie de son
frère, poursuivant le travail que Muad’Dib avait commencé. Alors que « La
Matrice du Paradis », l’un de ses titres les plus populaires de sa vie,
fut adopté par des sectes et prit de plus en plus une connotation sacrée. Son
titre le moins connu fut « Sainte Alia du Couteau », il fut
abandonné.
La formation des cultes fut une réaction contre la domination du
Seigneur Leto. L'humanité, à cette époque, comprit qu’elle était gouvernée par
un être qui lui survivrait et qui survivrait à ses descendants les plus
éloignés, et beaucoup trouvant l'idée repoussante se tournèrent vers le culte
d'une déesse plus ancienne, dont la mort était certaine ; c’était une
manière de se rebeller contre la nouvelle divinité. Cela pouvait également être
dangereux, si les paroles d’un membre du culte arrivaient aux oreilles d’un des
prêtres ou des prêtresses de Leto. L'hérésie n'était pas encouragée.
On pense que le Livre d’Alia
fut écrit par Cyris Nels (10942-11013), un candidat qui avait échoué à son
entrée dans la société des prêtres de l'Empereur-Dieu. Si Nels était vraiment
l'auteur du livre, il avait eu accès à des données historiques considérables
concernant Alia et le reste de sa famille, y compris Leto II. Cette familiarité
pouvait faire penser que l’auteur était affilié à la religion de
l’Empereur-Dieu, puisque sous le règne de Leto, c’étaient les seules personnes
autorisées à accéder à l’histoire écrite, l'histoire orale ne contenant pas la
profusion de détails présents dans le livre.
De l’avis du culte, la relation d’Alia et de son frère était peu
orthodoxe. Notant que Paul Atréides avait souvent nié sa propre divinité, tout
en ne niant pas celle de sa sœur, le Livre
d’Alia propose sa propre interprétation :
Muad’Dib, nous le
voyons, était un messager, un prophète. Les grands pouvoirs de divination et de
prophétie étaient siens, mais pas pour une utilisation à son propre
compte : il était de son devoir glorieux de préparer la voie à la
« Matrice du Paradis ». Si le demandeur en doute et voit Muad’Dib
comme un Dieu dans son propre droit, laissons la propre vie du prophète fournir
des enseignements. Il n’avait pas la connaissance à la naissance, c’était un
enfant comme les autres. Bien qu'un certain degré de prescience fût en son
pouvoir dès sa jeunesse, c’est seulement lorsque sa Sainte Mère Jessica donna
naissance à sa sœur qu’il réalisa combien ses entrevues du futur étaient
faibles. Il se soumit à l’Eau de Vie pour les renforcer. Même avec la
connaissance de l'avenir ainsi gagné, il permit qu’il devienne aveuglé, veuf,
et abandonné dans le désert où il erra pendant onze ans avant son retour à
Arrakeen et son exécution par les prêtres de sa sœur. Le contraste de cette
existence pitoyable avec celle de Notre-Dame, divine et consciente dès ses
premiers mois dans le ventre de sa Mère Bénie, mourant pour revenir lorsque la
purification de son peuple est terminée, et tout le monde peut voir clairement
que Muad’Dib n’était pas un Dieu. Malheur à ceux qui persistent à croire qu'il
l’était!
Au sujet de la mort d’Alia, le livre s'écarte fortement des normes
théologiques. On sait maintenant que le corps d’Alia Atréides fut retiré de la
Cour de son Tempe après son saut suicidaire et traité dans le distille de mort
le plus proche. L'eau ainsi obtenue fut transporté dans le désert et on
autorisa qu’elle s'évaporer en plein soleil. Cette coutume Fremen de disposer
de l'eau de quelqu’un montrait qu’il avait été reconnu coupable de Possession,
cela indique la piètre opinion de la Régente au moment de sa mort. Dans le Livre d’Alia, une explication bien
différente est donnée :
Ses servantes,
toutes inconnues, effectuaient la toilette mortuaire de la Dame en veillant à
ce que ni son corps ni son eau ne soient préservés. Pour quand le moment du
procès serait terminé et que l'usurpateur serait démit de ses fonctions de
maître des esclaves pour son peuple, la Matrice du Paradis reviendrait siéger
devant tous sous une forme divine sans aucune relation avec celle qu’elle
occupait durant sa vie. Les souvenirs de cette enveloppe de chair ne
serviraient à rien.
La vraie nature d’Alia Atréides – Abomination, Déesse, victime de
l’Histoire – ne pourra jamais être connue entièrement. Il est également
possible qu’elle n’ait pas eu qu’une seule nature distincte et que Dame Alia
ait été capable d’englober chacune des personnalités contradictoires avec
lesquelles elle était en lien. Dans La
catastrophe de Dune, Harq al-Ada fait une réflexion précise en citant
Ghanima « Ma tante a choisi sa propre voie à plusieurs moments, mais la
possibilité de choisir ne lui a pas toujours été donnée. Leto et moi-même avons
eu pitié d’elle tout en la craignant, et je crois qu’elle avait souvent ce même
mélange d’émotions envers elle-même ».
Autres références :
-
Atréides,
Paul Muad'Dib;
-
Atréides,
Ghanima;
-
Atréides,
Leto II;
-
Mohiam,
révérende mère Gaius Helen;
-
Anon.,
Le livre d’Azhar, ed K.R. Baraux,
Arrakis études (49 Grumman: Worlds Unies);
-
Pyer
Briizvair, ed, Summa De la croyance et de
la pratique ancienne (Bolchef: Collegium Turno) ;
-
R.M.
Lucius Ellen Callen et R.M. Hallus Deborah Seales, eds., Rapport sur Alia
Atréides, Lib. Conf, Temp. Série 169;
-
Nels,
Cyris, Le Livre d’Alia, Lib (?).
Conf. Temp. Série 242.
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