Arrakis,
La transformation écologique, Pardot Kynes (10121-10175) fut nommé
planétologue d’Arrakis par Ekrood IX en 10149. L’écologiste de 28 ans fut
considéré comme trop jeune pour le poste par ses ennemis, et trop vieux pour
une telle nomination par ses partisans. Ceux du côté de Kynes avaient déjà la
preuve que Kynes était un des plus grands praticiens dans son domaine, depuis
sa gestion de l’épidémie Cartha dur Ecaz[1],
et qu’Elrood avait fait un choix judicieux.
Dès son arrivée sur Arrakis, ses relations avec les harkonnen,
détenteurs du fief, ne furent pas bonne. L’écologiste ne se souciait ni de
politique, ni des intrigues existantes, il voulait simplement être seul pour
étudier la planète désertique et faire un rapport, sur ses conclusions, à l’Empereur.
Mais les harkonnen le dérangeaient contamment, par leur insistance à vouloir
qu’il soit accompagné par un ou plusieurs gardes de la Maison. Kynes protestait
contre ces ordres à son encontre, quand c’était possible, ils les
contournaient, estimant que les dirigeants de « sa » planète
n’obtiendraient aucune information sur ses travaux.
Un autre sujet de dissension existait à propos des harkonnen, c’était
qu’ils considéraient Arrakis comme un enfer ne servant qu’à produire l’épice
inestimable et la main-d’œuvre indigène à récolter cette épice. Kynes eut très
vite une vision : il fut de plus en plus convaincu, à chaque nouvelle
découverte, qu’il pourrait transformer la planète en un monde plus clément,
dans lequel les humains pourraient vivre sans la menace permanente d’une soif
entrainant leur mort.
En 10151, il décida que seuls les fremen étaient capables de transformer
ce désert selon ses propres directives et de mettre ainsi son projet en œuvre.
En plus de leur propre point de vue écologique inné, les fremen étaient les
seules personnes sur Arrakis qui ne craignaient pas les harkonnen. Ils ne
payaient pas le fai, le tribut d’eau, aux tyrans et ne craignaient pas de tuer
des étrangers qui étaient assez bêtes pour envahir leur territoire. Kynes
décida qu’il tenterait de convaincre les fremen, dès qu’une occasion se
présenterait pour lui d’entrer dans un de leur sietchs.
Au printemps de la même année, l’une de ses rares excursions sans garde
harkonnen, Kynes tomba par hasard sur une opportunité. Derrière le Mur du
Bouclier, dans le secteur proche du village de Sac-à-Vent, il fut témoin d’une
scène où une demi-douzaine d’harkonnen, lourdement armés et munis de boucliers,
jouaient à intimider trois jeunes fremen, il était évident qu’ils avaient
décidé de les tuer, pour le simple sport. Kynes entra dans la mêlée et tua
rapidement deux harkonnen, avant que quiconque réalise qu’il s’était joint à la
bataille. Il vit l’un des fremen abattre deux harkonnen avec leurs propres
armes, avant de s’apercevoir que l’un des jeunes avait été blessé, une artère
sectionnée. Kynes se dépêcha de lui porter secour, laissant le seul survivant
aux mains des deux fremen.
Pour des jeunes gens aussi inexpérimentés, l’écologiste représentait une
charge d’eau sur leurs épaules et ils ne savaient pas comment le rembourser.
Confus, ils emmenèrent kynes avec eux dans leur sietch qui dominait la
Passe-du-Vent. Que les anciens décident ce qui devait être fait avec ce
serviteur de l’Empereur !
Une fois dans le sietch, Kynes se senti vraiment dans son élément. Il
fit un cours devant les fremen étonnés, leur parlant – des meilleurs moyens
d’ancrer les dunes avec de l’herbe, des arbres, qui pourraient mieux se
développer dans des ceintures vertes, des avantages et des inconvénients des
qanats (canaux d’eau) pour l’irrigation – mais revenant toujours au sujet
magique : l’eau. Les fremen l’écoutèrent, alors même qu’ils avaient décidé
quoi faire avec cet étranger fou qui avait sauvé la vie de trois jeunes idiots,
et s’émerveillèrent du mépris qu’il avait pour sa propre sécurité.
Kynes était clairement admiré par la plupart des membres de la troupe,
c’est pour cette raison qu’ils acceptèrent sa condamnation à mort avec regret.
Cependant, la sécurité du sietch l’emportait sur toutes les autres
considérations et Uliet, l’un des combattants les plus expérimenté de la
troupe, fut envoyé avec un couteau consacré, pour exécuter la sentence. Deux
porteur d’eau le suivirent prêts à prendre l’eau de l’intrus pour le sietch.
Son cours magistral l’avait tellement absorbé qu’il ne vit pas ce qui se
passait autour. Et, lorsqu’Uliet s’approcha, l’écologiste continuait son exposé
en marchant. « Otez-vous de là », dit-il à son bourreau, puis il se
tourna et continua.
Uliet hésita, et cette hésitation lui permis de prendre une décision qui
allait changer le destin de son peuple. Au lieu d’éliminer l’écologiste, il fit
trois pas et tomba sur son krys, s’ « ôtant » lui-même, comme
Kynes l’avait ordonné. Les porteurs d’eau, stupéfaits, l’emmenèrent au distille
de mort et Kynes continua son cours comme si rien ne s’était produit.
Pas un seul membre de la troupe ne pensa à poser de question, tant il
était évident que le message venait de Shai-hulud. Kynes devait les conduire et
ils devaient le suivre.
En commençant par une bande d’un kilomètre carré située dans le désert
profond (environ 40° de latitude sud), Kynes ordonna que les tribus commencent
le travail de décantation dans la région, jusque-là inhabitée. La première
tribu envoyée, mourut dans sa quasi-totalité, ne laissant qu’une paire de
messagers pour rendre compte. Kynes les écouta, pris soigneusement des notes,
et envoya un autre groupe, celui-ci mieux préparé. Des 150 personnes parties
pour le sud, la tribu se trouva réduite de moitié au cours des six premiers
mois. Mais la colonie s’établit.
Kynes, pendant ce temps, ne resta pas inactif. Sous le nez sans méfiance
de ses surveillants Harkonnen, il fit introduisit les fremen du désert dans les
stations d’expérimentation biologique. Les fremen étudiaient, menaient des
expériences, prenaient des outils et de l’équipement qu’ils emmenaient dans
leurs sietchs afin de construire des pièges à vents et des bassins de capture.
Avec une lenteur de mort, les bassins commencèrent à se remplir, l’eau tirée de
l’air était complétée par celle récupérée par les distilles de mort. A la seule
exception de l’eau des combats, qui appartenait au vainqueur d’un combat au
corps à corps, toute l’eau obtenue par les sietchs trouvait sa place dans un de
ces bassins. Aucun fremen n’aurait bu cette eau, même dans des cas extrême,
sous peine de perdre leur âme. C’était l’eau du Paradis, sacrée au-delà des
mots.
Les harkonnen ne savaient rien du plan de Kynes, ni de ses fremen.
Derrière le dos de l’écologiste, des blagues étaient faites à propos de son
plaisir à s’associer à la « racaille du désert » - blagues qui
devinrent encore plus vicieuses lorsqu’il fut de notoriété publique qu’il avat
pris Mitha, une femme du sietch Tabr, comme épouse – mais personne n’osait se
moquer de lui ouvertement. Les fonctionnaires impériaux, quelque soient leurs
particularités, avaient le pouvoir. Kynes avait plus que la plupart, grâce à sa
popularité avec l’Empereur et celle avec les indigènes d’Arrakis. Il reçut
beaucoup en retour.
Tandis qu’un groupe de fremen de Kynes, luttait pour résoudre le
problème pour fixer le sable, d’autres étudiaient les conditions
météorologiques, les climats de la région, et la myriade d’autres problèmes
écologiques qu’il fallait résoudre.
L’existence de quelques plantes, découvertes et cultivées par les
fremen, étaient particulièrement curieuses. Par exemple, une plante à racine
locale, rare, qui poussait au-dessus de 2.500 m dans la zone tempérée nord,
souvent surnommée « le don à l’assoiffé » en raison de sa forte
teneur en eau : un tubercule de deux mètres de long qui contenait près
d’un litre et demi d’eau, plus d’humidité que n’en pouvait contenir une
quelconque autre plante. D’où pouvait-elle tirer cette eau, si l’atmosphère
n’en contenait pas assez ?
Kynes travailla comme un fou à coordonner les données entre les groupes
et à effectuer ses propres tests, tout en faisant bonne figure devant les
harkonnen pour les garder à distance – comme l’Empereur – du but réel de ses
travaux. Si la fatigue le gagna, il ne le montra jamais à ses fremen qui en
étaient venus à le considérer comme un Umma, la confrérie des prophètes. Cela
ne fit aucune différence pour Kynes, tant que ses travaux progressaient.
Les deux dernières analyses permettant de démarrer les vrais travaux qui
aboutirent à un mois d’intervalles. La première confirmation fut que le plan
était viable : Kynes eut confirmation qu’il y avait bien eu du sel dans
certains coins du désert. Ce qui prouvait qu’il y avait eu de l’eau libre sur
Arrakis, à une certaine période ; or ce qui avait été pouvait être de
nouveau.
La seconde découverte concernait le ver des sables. Ces créatures
puissantes qui avaient commencé leur existence comme plancton des sables,
avaient ensuite muris et étaient devenus des truites des sables avant de
devenir des vers ; c’était sous la forme de truites de sables – que ces
« voleurs d’eau » nageaient dans le sable en enkystant toutes les
traces d’eau disponibles dans les strates inférieures poreuses – ce qui
inquiétait le plus Kynes. Ces animaux savaient si bien faire disparaître l’eau,
qu’est-ce qui aurait pu les empêcher de dessécher les zones où ses fremen
s’étaient installés ?
Ses craintes s’avérèrent infondées, lorsque les truites des sables
capturées furent relâchées dans un jardin d’une des stations expérimentales.
Malgré tous leurs efforts, elles ne purent exécuter leur tâche habituelle, dans
un environnement saturé d’eau et de racines. Elles montrèrent deux
réactions : le vol et la mort.
Plus de fremen furent envoyés pour s’établir dans les zones d’essai, le
long du 40° de latitude. Avec eux, ils emmenèrent une variété d’équipement (de
forage) sophistiqué et des graines à l’épreuve des truites des sables, le
matériel habituel pour fabriquer les pièges à vent et creuser les bassins de
capture temporaires. S’il y avait de l’eau dans le sous-sol, ils étaient prêts
à creuser pour la trouver, autrement les pièges à vents suffiraient.
Dans chacune des douze zones d’acclimatation, on ensemença d’abord sur
les dunes situées sur le parcours des vents d’ouest dominants, une fois que le
versant opposé au vent était ancré, celui qui s’offrait au vent était de plus
en plus haut et l’herbe était déplacée pour l’édification de sifs géants, de
longues dunes dont la hauteur pouvait dépassait parfois 1.500 mètres.
Le travail était éreintant, mais les plantations avançaient rapidement.
En tout, quatre zones-tests connurent un échec – l’herbe refusa de prendre
racine – les dunes-barrière furent prêtes en quelques mois.
Kynes, dans l’intervalle, avait entrepris de nouveaux travaux. Après des
semaines de recherches soigneuses et de corruption discrète, il s’était arrangé
une entrevue avec Altenes et Garik d’Ix, les deux hommes étaient responsables
de la direction de la Guilde spatiale. Sans expliquer ses propres raisons, et
en utilisant les sensibilités de la Guilde concernant son approvisionnement en
Mélange, Kynes obtint un accord, la Guilde n’autoriserait aucun satellite
d’observation au-dessus du désert profond d’Arrakis en échange de livraisons
d’épice. Le montant exorbitant d’épice que demandait la Guilde était justifié
pour que les zones plantées demeurent cachées, elles furent surnommées les
Palmeraies.
Avec la mise en place de barrières en tuiles, les plantations se
poursuivirent dans les huit zones restantes. Des espèces de tous les coins de
l’Imperium furent amenées et plantées, en commençant par des chénopodes,
ansérine et amarante. Robustes, filandreuses et difficiles, même pour Arrakis,
ce trio mis seulement deux ans pour fournir des bandes de croissance stable,
sous la protection des sifs, en s’étendant vers l’extérieur.
Ceci fut le signal pour introduire progressivement,- mais seulement
progressivement – les plantations les plus fragiles. Le genêt d’Ecosse, lupin
et eucalyptus (de la variété adaptée aux territoires nordiques de Caladan), tamaris
nain, pins méditerranéens furent plantés de chaque côté des sites. Le taux de
mortalité de ces nouveaux arrivants était plus élevé que celui de leurs
prédécesseurs, et ce en dépit des soins que leurs prodiguaient les fremen, mais
les plants qui réussissaient à survivre s’étaient endurcies et produisaient des
graines plus résistantes.
Mêmes les plus petits résultats étaient obtenus grâce à une énorme
dépense de temps et de travail. Chaque plant était soigneusement entretenu,
élagué et prudemment arrosé ; chacun était pourvu de son propre collecteur
de rosée pour réduire son apport d’eau supplémentaire au minimum. (Les
collecteurs de rosée étaient des ovales lisses de chromoplastic qui étaient
placés dans le trou contenant les racines de la plante. Pendant la journée, le
chromoplastic chauffé devenait blanc et brillant – la nuit, il refroidissait et
redevenait transparent. En refroidissement rapidement à la suite des
changements de température, il condensait l’humidité de l’air, et cette
humidité, transformée en eau, coulait jusqu’aux racines). En dehors des travaux
directement liés aux plantations, il fallait prendre en charge de nombreuses
productions : collecteurs de rosée, distilles, tissus et toutes les autres
nécessités dans le sietch.
Chaque membre de la troupe, à un âge très précoce, était censé
contribuer à la vie collective. Les enfants fremen, à peine plus hauts que les
plantes qu’ils entretenaient, apprenaient à vérifier les collecteurs de rosée,
supprimer les pousses mortes ou mourantes et commençaient à apprendre les
rouages de l’écologie d’Arrakis dès l’âge de 5 ans.
Le propre fils de Kynes, connu par la troupe sous le nom de Liet, ne fit
pas exception. Mitha, la mère du garçon, mourut peu après sa naissance en
10156, et Kynes accepta que l’enfant soit élevé au sietch Tabr, avec les autres
enfants. Liet, comme ses camarades, partageait son temps entre l’enseignement
et le travail au sietch et dans les différentes plantations.
Kynes, se sachant sous surveillance, plus ou moins constante, des
harkonnen, restait loin des palmeraies. Mais il restait le guide et, lorsque
les rapports de ses fremen (en 10160) indiquèrent que les plantations du
deuxième stade étaitent maintenant florissantes, il ordonna l’accélération du
processus.
Candelilla, saguaro et bisnaga ou cactus-tonneau furent les suivants sur
la liste, suivis en 10163 par la sauge-chameau, herbe d’oignon, herbe de Gobi,
luzerne sauvage, verveine des sables, l’onagre, l’encens, le fustet et le
créosote. Chaque variété pris différemment selon les sites, mais en 10167,
chaque palmeraie avait plus que triplée sa superficie originale, avec de plus
en plus d’eau emmagasinée dans les racines.
Les animaux furent alors introduits : le renard, la
souri-kangourou, le lièvre du désert et la tortue de sable, pour creuser et
garder le sol aéré ; le faucon du désert, la chouette naine, l’aigle, le
hibou du désert, pour éviter la prolifération des fouisseurs sur les
sites ; scorpions, mille-pattes, araignées piégeuses, guêpes piqueuses et
mouches de vers, pour remplir d’autres niches écologiques nécessaires ; et
la chauve-souris du désert pour garder les insectes sous contrôle.
Trouver les soldats appropriés parmi les nouveaux arrivants ne pris que
deux ans – les fremen avaient bien appris la leçon de l’écologiste – et les
palmeraies étaient prêtes pour le stade final, le plus crucial. Plus de 200
plantes alimentaires avaient été sélectionnées, y compris le café, palmiers-dattiers,
les melons, le coton et diverses plantes médicinales avaient été passées en
contrebande depuis d’autres planètes, et dispersées dans les palmeraies.
Connaissant l’importance qu’accordaient les fremen à la survie des
plantes et leur but, ils se mirent à travailler plus dur que jamais. Dans
certains cas, ils établirent des tours de garde pour surveiller les nouvelles
pousses afin d’éviter les attaques de rongeurs. Chaque fois qu’une plante
mourait, ses restes étaient soigneusement examinés, comme un Empereur autopsié.
Chaque information était rapportée à Kynes, principalement par
l’intermédiaire de son fils qui était devenu un cavalier des sables à l’âge de
12 ans, comme il se devait. Liet avait une excellente mémoire et un don pour
l’observation, et au cours des trois années qui suivirent, il transmit des
rapports de plus en plus encourageants à son père. Parmi les variétés plantées,
plus d’une centaine furent cultivées avec succès, sans changement majeur. Parmi
celles qui restaient, 75 avaient été modifié afin d’être adaptables à Arrakis,
par greffage, métissage ou altération des graines par divers stimuli. (Kynes
avait formé un groupe spécialisé dans ce type de traitement, mais Salim était
sans conteste le plus doué de tous les fremen). Seule une trentaine de plants
s’avérèrent absolument incapables de survivre.
Comme les surfaces cultivées s’étendaient de plus en plus loin, un
phénomène étrange se produisit. Une incompatibilité de protéines empoisonnait
le plancton des sables qui était en relation avec les nouvelles formes de vie.
Dans chaque palmeraie, à l’orée du désert, une zone aride, sature d’eau
toxique, s’était formée et aucune forme
de vie ne pouvait s’en approcher.
Pour ce développement jamais vu, Kynes ne pouvait le déléguer à
personne. Il inventa une obscure histoire de plante qu’il devait aller étudier
à la périphérie des sietchs, pour échapper à la surveillance harkonnen, et
organisa son transport dans le sud. (Il fit le voyage de 20 marteleurs dans un
palanquin, conduit par ses fremen, comme un homme blessé ou une Révérende Mère,
car il n’était jamais devenu un cavalier des sables.
Durant les 3 jours qui suivirent son arrivée dans la zone stérile, il
s’enferma dans son yali, ses quartiers personnels, où personne n’aurait oser le
déranger, et examina les échantillons de sol contaminé. Le matin du quatrième
jour, il sortit, aussi hagard qu’un homme qui aurait marché depuis la Grande
Plaine et annonça à ses fremen anxieux, une nouvelle surprenante.
Le poison était une bénédiction déguisée, un don de Shai-hulud !
L’ajout d’azote et de soufre aux substances chimiques produites par le plancton
des sables décomposé, convertirait la zone stérile en un sol riche dans lequel
leurs plantations pourraient prospérer. La rapidité avec laquelle les
palmeraies pourraient s’étendre serait maintenant déterminée uniquement par la
quantité de travail que les fremen pourraient fournir, et la quantité d’eau
disponible.
Suite à cette nouvelle donne, le découpage du calendrier prévisionnel de
Kynes pour la transformation, se modifia considérablement – de trois, il passa
à un siècle et demi. Mais les fremen était un peuple qui avait appris la
patience sous le joug d’hommes avec des fouets, ils se contentèrent d’attendre,
sachant que leurs travaux achèteraient la gloire pour eux-mêmes et une vie au
paradis pour leurs descendants.
Les palmeraies continuaient d’évoluer sur le chemin fixé par Kynes,
tendrement pris en charge par les fremen et un inconnu pour tousd les étrangers
depuis un demi-siècle. La mort de Kynes en 10175 dans l’excavation du Bassin de
Plâtre, ne causa aucune modification sur le plan. Pas plus que la guerre
Harkonnen-Atréides, la disparition de Liet Kynes (qui avait hérité la place de
son père auprès des tribus en 10191), ni même l’ascension de Paul Muad’Dib en
10196. Quand les soldats du Jihad quittèrent Arrakis pour se battre, ils
savaient que ceux qui restaient prendraient soin des palmeraies.
En 10221, lorsque Leto II commença à se transformer en l’être surhumain
qui règnerait plus de 3.000 ans, le plan de Pardot Kynes continuait. Aussi sage
et clairvoyant qu’ait été le planétologue, il n’avait pas imaginé que son
calendrier pourrait entrer en conflit avec un Dieu.
Lorsque Leto II commença son règne, il avait besoin de temps. Il savait qu'il allait continuer, et peut-être hâter la transformation
que Kynes avait lancée, mais il n'avait pas encore décidé à quel rythme ce
serait fait. En 10221, il fit reculer le plan de plusieurs décennies en
détruisant les qanats de quatre des huit palmaires : Gara Rulen, Sac-à-Vent, la
Vieille Faille et Harg[2].
Privées de leur eau, les plantations les
plus fragiles se flétrirent et moururent. Il ne resta que a moitié des espaces
verts – la Passe du Vent, le Roc du Menton, le Bassin de Hagga et Tsimpe –
crées par Kynes, son rêve fremen.
Les fremen, effrayés par cette
destruction, abandonnèrent leur travail et se concentrèrent sur les sites
restant, en espérant que la paix revienne.
Leto II, une fois son règne établit, leur
donna plus. Il leur offrit une palmeraie à ciel ouvert et fit de son
développement une priorité impériale. Les fremen purent continuer leur travaux
à une allure qui aurait stupéfait et satisfait Pardot Kynes.
En 10260, cinquante palmeraies, chacune
plus grande que les sites d’origine, étaient à divers stades
d’achèvement ; un siècle plus tard, elles s’étaient assez étendues sur
Arrakis, pour avoir atteint le stade « d’auto-entretien » qu’avait
initialement prédit Kynes. (Il avait établi que trois pour cent des plantes
vertes devaient contribuer à la production de composés de carbone pour démarrer
un cycle autonome, et il était très près de la vérité. Le chiffre réel est
3,92%).
Au fur et à mesure que les bandes de
verdure s’étendaient sur la planète, les formes de vie indigènes, y compris les
vers des sables, étaient chassées dans des réserves de plus en plus petites. La
mise en place du cycle de kynes marqua la fin pour eux : le dernier ver
des sables fut aperçu en 10402 et il était à l’agonie.
L’Empereur-Dieu intervint, une fois de
plus, ordonnant que les satellites ixiens de régulation du temps soient
déplacés sur une petite zone qui resterait désertique. Alors que les satellites
météorologiques avaient été en usage sur Arrakis à des degrés divers, la règle
de Leto II les confina dans une utilisation unique dans l’histoire de la
planète. Les satellites précédents avaient été utilisés pour adoucir un climat
féroce ; là, ils étaient destinés à ramener un peu de la férocité perdue,
pour préserver un petit morceau d’Arrakis, le Sareer, au plus près possible de
sa forme d’origine.
Le travail pour lequel les palmeraies
avaient été conçu fut achevé bien les espérances les plus chères de l’homme qui
les avait rêvé. Arrakis, Dune, la planète désertique, dans un sens, n’exista
plus. C.T.
Autres références :
-
Arrakis,
atmosphère d’avant les Atréides ;
-
Pardot
Kynes, Ecologie de Dune, tr. Ewan
Gwatan, Etudes d’Arrakis 24
(Grumman : Les Mondes Unis) ;
-
Harq
l-Ada, L’histoire de Liet Kynes
(Workin-Progress, Etudes d’Arrakis, Temps er 109, lib Conf.)
[1] En 10148, le
champignon Cartha menaça de détruire toutes les plantations de bois-brouillard
d’Ecaz ; Kynes recommanda l’implantation de spores de champignon kuenn,
une tumeur bénigne qui évinça le cartha et sauva les bois précieux.
[2] Les huit
palmeraies avaient été nommées d’après les huit Stations expérimentales
impériales ; ainsi, personne ne pouvait alerter les harkonnen en les
citant.
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