Arrakeen,
La construction du palais d’
Le
palais d’Arrakeen, la structure la plus colossale connue dans l’histoire de
l’humanité, fut construite au cours des douze premières années du règne de Paul
Muad’Dib et du Jihad fremen. Sa construction fut financée par le commerce de
l’épice : le jihad et les exigences des Navigateurs de la Guilde, encouragés
par la politique impériale, gonfla la valeur, déjà élevée, de l’épice, si bien
qu’Arrakis devint la planète la plus riche de l’Impérium. La main-d’œuvre pour
la construction du palais fut, en grande partie, fournie par la population de
planètes conquises durant le jihad. En outre, de nombreuses structures de
planètes soumises furent entièrement transportées par vaisseaux pour devenir
des parties du palais. Les plus importants témoignages visuels du Donjon
impérial sont ceux de Farok, qui fut convié, avec d’autres guerriers fremen, à
un banquet pour célébrer la victoire de Molitor et plus largement, ceux de la
R.M. Helen Gaïus Mohiam. Farok ne fut pas très impressionné : « Il
faisait froid dans toutes ces pierres, malgré les meilleurs réchauffeurs ixiens…
Il y a des arbres là-dedans, vous savez – des arbres de nombreux mondes. J’ai
entendu dire que lui et Chani mènent une vie de nomandes dans les profondeurs
de la du Donjon. Excepté le Grand Hall où il apparaît pour les audiences
publiques et il dispose aussi de salons de réception et de lieux de réunion formelle,
une aile pour sa garde personnelle, des lieux pour les cérémonies et un secteur
réservé aux communications. Je me suis laissé dire également qu’il existe une
chambre, sous la forteresse, où il conserve un ver avorton entouré d’eau, pour
son poison. C’est là qu’il lit l’avenir ». L’empereur dispose d’un
ornithoptère sur une plate-forme dans l’enceinte intérieure d’où il entre et
sort du Donjon.
La Révérende Mère Gaïus Helen Mohiam, après avoir été emprisonnée et
affaiblie dans une cellule minuscule sculptée au tailleray dans la roche brune
et veinée sous le Donjon de Paul, fut entravée et contrainte de parcourir une
longue distance, jusqu’à la Présence Impériale. Elle dû parcourir
d’interminables passages voûtés, éclairés de fenêtres triangulaire de metaglass
et pavés de tuiles représentant des
créatures d’eau de planètes exotiques. Elle fut impressionnée par l’immensité
de cette Citadelle, puis oppressée par elle. L’endroit empestait un terrifiant
pouvoir physique. « Aucune planète, aucune civilisation dans toute
l’histoire humaine n’avait jamais vu auparavant une telle immensité construite
de main d’homme. Une douzaines de villes antiques auraient pu se cacher dans
ces murs ! » Elle passa devant des portes ovales équipées de lumières
clignotantes, quelle reconnues comme étant des ouvrages ixiens : des
orifices pneumatiques de transport.
Comme elle s’approchait du Grand Hall de réception, les passages
devenaient, par étapes subtiles, plus larges – jeux de courbures, amplification
progressive des piliers de support, le remplacement des fenêtres triangulaires
par des formes plus grandes, oblongues. Enfin, dans le mur du fond d’une grande
antichambre apparaissaient les portes à double battants du Hall. « L’embrasure
de la porte se situait à au moins quatre-vingt mètres de haut, et environ la
moitié en largeur. » Les portes coulissèrent vers l’intérieur, guidées par
une machinerie ixienne, immenses et silencieuses. L’intérieur du Hall lui-même
aurait pu contenir une Citadelle entière de n’importe quel dirigeant de
l’histoire humaine.
Mohiam fut impressionnée par les subtilités architecturales de la
construction du Hall, bien plus que par son immensité. « Le champ
d’ouverture de la chambre en disait long sur l’équilibre des forces
structurelles cachées avec finesse. Les fondations et les poutres de soutien
derrière ces murs et le lointain plafond en forme de dôme devaient
surpasser tout ce qui avait été essayé
auparavant. Tout ici parlait du génie d’ingénierie ».
En dépit de l’énorme échelle du Hall, son centre – le trône de
l’Empereur et l’Empereur lui-même – n’étaient pas éclipsés. Le trône vert de
Paul avait été taillé d’une seule pièce dans une émeraude de Hagar, la
possession la plus précieuse d’une planète soumise. Paul mena Mohiam dans une
chambre privée par un passage derrière le trône. C’était une pièce d’une
vingtaine de mètres cubes, éclairée par des globes à suspenseurs jaunes, avec
des tentures oranges sur les murs, issues de tentes-distilles du désert. Paul
aimait considérer sa forteresse, cette impressionnante montagne de plastacier,
comme son « sietch au-dessus du sable ».
A travers une grille de ventilation, la chambre de Paul s’ouvrait sur un
profond abîme sur lequel naissait une
passerelle faiblement arquée formée de cristaux stabilisés d’or et de platine,
décorée de joyaux de feu de la lointaine Cédon. Le pont conduisait, par des
galeries, à la ville intérieure, en passant par une piscine et une fontaine
remplies de nénuphars aux pétales rouge-sang. Dans l’autre direction, il
pouvait voir les bâtiments plus bas du quartier du gouvernement. De l’avis de
Paul, ces structures colossales montraient l’extravagance de l’architecture
qu’une histoire démente pouvait produire et qu’une main rapace pouvait
saisir : des terrasses comme des mesas, des places aussi grandes que des
villes, des parcs, des locaux, des morceau de désert cultivés, une poterne de
l’antique Bagdad, un dôme imaginé dans la mythique Damas, une arche d’Atar où
la gravité est faible, l’ensemble créant une magnificence incomparable mélangée
à la barbarie, dans laquelle l’art superbe était contigu à des prodiges
inexplicables de mauvais goût. Ici se trouvaient des vergers et des plantations
à ciel ouvert pouvant rivaliser avec ceux du légendaire Liban, grâce à la
prodigalité avec laquelle Paul dépensait l’eau. Sur un escarpement, à proximité
du Donjon de Paul, se dressait un compagnon approprié, le Temple d’Alia,
construit durant la même mirabiles (douze ans). Il avait deux mille mètres de
côté et les portes étaient assez grandes pour accueillir une cathédrale de
l’une des anciennes religions, conçut pour réduire l’âme d’un pèlerin à son
atomicité. Le Temple d’Alia était lui-même l’une des merveilles de l’Univers.
La construction de l’ensemble du palais, en douze ans, aurait été un
exploit si Paul n’avait pas eu autant de ressources disponibles. Cependant, une
tradition apocryphe persiste au sein de la qizarate (citée dans Yam el-Din) qui affirme que la Grande
Citadelle fut achevée en beaucoup moins que douze ans.
Et il est connu que, lorsque le temps de la reconstruction vint,
Muad’Dib examina la plaine de la bataille où les légions sardaukar avaient été
anéanties. Il mesura la plaine de la bataille. « Ici, je bâtirais mon
palais sur la place du chaos et de la mort », déclara-t-il. « Et le
nom du palais sera le Donjon de Paul et ce sera une grande Citadelle, un sietch
au-dessus du sable pour éclipser tous les autres monuments impériaux. A côté de
cela je construirais le Temple d’Alia, et les pèlerins viendront de tout
l’Univers pour lui vouer un culte. Et je bâtirais ma ville en sept semaines,
selon le plan des anciennes écritures. Ainsi je serais connu dans les siècles à
venir comme le Messie de Dune, le Mahdi, qui mena son peuple au paradis ».
et cela fut fait comme il l’avait dit.
La qizarate croyait que les « anciennes écritures » se
trouvaient dans La Bible Catholique
Orange, Les prophètes LXXXIX, 24-26, connu pour avoir été un favori, avec
Muad’Dib il est le texte de référence
prophétisant le Messie. Malheureusement, comme d’autres textes bibliques
prophétiques, il est loin d’être facile à interpréter. Il concerne la
reconstruction de Jerusalem et l’arrivée et le départ du Messie. Trois groupes
de semaines sont mentionnées, un de soixante-dix, un de sept et un de
soixante-deux. La qizarate interpréta soixante-dix semaines comme le temps
accordé aux fremen pour achever leur victoire sur les sardaukar, sept semaines
pour la construction du palais et soixante-deux semaines pour le départ du
Mahdi, mais elle ne considérait pas les trois périodes comme continues. Les Commentaires de La Bible Catholique Orange qui suggérait de substituer les semaines
par des années fut ignoré. La qizarate jugea plutôt que les sept semaines
étaient une reconstitution symbolique des sept jours de la genèse.
En supposant que nous conservions cette hypothèse sauvage, que le Donjon
de Paul fut construit en seulement sept semaines, qu’est-ce que cela peut
suggérer concernant les moyens utilisés par Paul ?
Il y a une autre tradition apocryphe qui devrait être mentionnée ici. On
avance que Muad’Dib aurait modelé ses constructions selon l’histoire de
Jérusalem mais également selon celle du Temple de Salomon. Un curieux mythe
selon lequel pour la construction de son Donjon, Paul aurait utilisé des vers
des sables pour forer à travers les rochers et poser les fondations, ce que nous
prenions comme un travail au tailleray – ne serait rien d’autre que ce que
produit le travail des dents du vers et de la fournaise qu’il dégage.
Les superstitieux fremen croyaient une sorte d’Empereur parmi les vers
des sables. Le Grand-Père du désert, le plus vieux et le plus grand ver des
sables – Shai-Hulud. Muad’Dib était censé avoir fait alliance avec ce Dieu
parmi les vers ou plutôt avoir acquis un ascendant sur lui, car les Evangiles apocryphes de Dune refondent
la rencontre de Jésus avec le diable dans le désert de la tentation en termes
de duel fantastique entre Muad’Dib et Shai-hulud dans le désert profond. La
superstition veut que Muad’Dib aurait employé Shai-Hulud et ses sujets dans la
construction de sa citadelle, tout comme Salomon aurait utilisé un ver nommé
Shamir pour découper les pierres de son Temple.
Les mythes de Salomon sont nombreux, mais Le Livre d’Azhar contredit
celui de shamir le ver, il raconte l’histoire de Shameer, un caillou
magique ! La principale signification du mythe de la construction du
Temple est que Salomon employa une multitude de djinns. Muad’Dib n’avait-il pas
un contrôle similaire sur les esprits ? Etait-il possible pour lui de
concrétiser ses ancêtres, de leur donner une forme tangible à partir de son moi
intérieur ? Ou plutôt faisait-il appel à des esprits issus des vastes
profondeurs de l’espace comme un fantôme galactique ? Avait-il la faculté
de figer le temps, de sorte que les années de travail auraient pu être
effectuées en quelques jours ? Nous ne pouvons, actuellement, pas répondre
à ces questions car les véritables pouvoirs de Paul Muad’Dib demeurent
inconnus.
Il est écrit, dans la Bible
Catholique Orange, qu’il fallut sept jours à Salomon le Magnifique pour
construire son Temple.Il serait conforme à l’esprit impérial de Muad’Dib de ne
prendre que sept semaines pour construire une structure plus colossale. Il
serait, également, caractéristique de l’humilité réelle de Paul qu’il n’ait,
ainsi que le disent les documents apocryphes, pris que sept jours.
Autres références :
- Irulan Atréides-Corrino, Muad’Dib : les quatre-vingt-dix-neuf Merveilles de l’Univers, tr. G.W. Maur, études Arrakis 9 (Grumman : Les Mondes Unis), et Conversations avec Muad’Dib, lib. Conf. Temp. Série 346 ;
- R.M. Gaius Helen Mohiam, Agendas, Lib. Conf. Temp. Série: 133;
- Anon., Yiam-el-Din: Le Livre des Jugements, Tr. D.D. Schuurd, Etudes d’Arrakis 43 (Grumman : les Mondes Unis) ;
- Pyer Briizvair, et al A. Variorum édition de La Bible Catholique Orange, 6v. (Bolchef : Collège Tarno ;
- Anon., Les Evangiles de Dune, Rakis ref. Cat. 1-T2 ;
- Anon., Le Livre d’Azhar, Ed. KR Barauz, Etudes d’Arrakis 49 (Grumman : Les Mondes Unis).
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