Harkonnen,
Vladimir (10110-10193)
Siridar-Baron
de Giedi Prime sous le règne de Shaddam IV. Toutes les traductions actuelles des
manuscrits de Rakis s'accordent sur le rôle que joua la Maison Harkonnen à la
fin du règne de la lignée Impériale des Padishah et l’accession du Duc Paul
Muad’Dib Atréides au Trône du Lion d'Or en 10193. Il ne peut y avoir aucune
contestation importante sur la nature du Siridar-Baron ou sur la Maison dont il est issu. La Maison Harkonnen – même
dans une ère de manœuvres politiques meurtrières et impitoyables exerçait son
pouvoir avec un cynisme et une cruauté démesurés, sa soif de pouvoir et de
profit, n’avaient aucune limite.
Vladimir
Harkonnen incarnait les caractéristiques de ses ancêtres à un degré élevé :
habile, rusé, glouton dans tous les sens du terme, il avait un poids d'environ 180 kg au moment de sa mort, la plus
grande partie de son poids était assumé par des suspenseurs placés sur sa
personne. Il était, en outre, un pédéraste vorace, dont la selection de ses
compagnons de lit se faisait au travers d’une source inépuisable d’esclaves. Mais
le pouvoir était son plus grand appétit. Dans les dernières années de règne du
Padishah de l’Imperium, son ambition principale fut de mettre un Harkonnen sur le Trône. S’il avait
réussi, cela aurait été un triomphe ironique : Maison Harkonnen atteignant
les profondeurs de l’ignominie au sommet de l’Empire intergalactique. Vladimir
Harkonnen était le descendant d'une famille qui se glorifiée d’avoir une
histoire cruelle. La complaisance éthique peut condamner ses pratiques, mais
seulement avec l'avertissement que l'ensemble de l’Imperium doit être condamné.
La structure féodale des Padishahs était stable dans la mesure où il existait
un équilibre du pouvoir entre des forces antagonistes ambitieuses. La méfiance
constante et la volonté de recourir à tous les moyens restaient le prix de la
sécurité. La Maison Harkonnen affichait, de manière excessive, une morale
politique qui en fait, provenait, dans une large mesure, de Salusa Secundus.
Vladimir
était le troisième fils du Siridar-Baron Gunseng Harkonnen (10079-10130) et de
la Baronne Muertana (plus tard connu comme la « veuve noire »), une
beauté sombre avec la mentalité d'un scorpion, que Gunseng avait épousé pour
former une alliance avec la puissante Maison Sarobella. Le premier fils mourut
en bas âge. Le second, Araskin, était un géant, simple d’esprit, avec un
pied-bot, mesurant deux mètres et pesant 110 kg. Araskin était connu pour son
tempérament féroce et sa dévotion pour sa mère. Ces deux qualités pouvant être
attribuées à son handicap physique. Il se considérait lui-même comme un
champion potentiel, frustré à la naissance. Sa mère aimante encourageait cette idée
délirante, expliquant que son état était dû à des défauts génétiques de
Gunseng, qu'elle détestait. Vladimir naquit cinq ans après Araskin, alors que
Muertana élevait le potentiel na-Baron en empoisonnant son esprit contre son
père. Gunseng possédait une bonne compréhension des réalités politiques, ainsi
que de la cruauté nécessaire pour les manipuler. Chacune de ces qualités fut
transmises à Vladimir.
Si
les qualités exposées dans l'enfance donnaient une indication, Vladimir semblait être la
réponse au rêve de son père d'améliorer sa Maison. En grandissant il reçut une
formation dans les arts martiaux, la musique et la politique avec les meilleurs tuteurs que son père pouvait se
permettre. Très tôt, il montra une grande intelligence, une soif d’apprendre et
une extraordinaire capacité à absorber ce qui lui était enseigné. Bien que
trapu de constitution, il était bien proportionné, d’une beauté ténébreuse, avec
un visage plein, rond et poupin. Sa voix de baryton était remarquable pour sa force,
sa portée et sa mélodie. Le poète itinérant Sil, Reeve Perrin, fournit une
description contemporaine :
Et quel prodige c’était.
Beau et pénétrant, avec des lèvres
charnues et un comportement chaleureux, à dix-huit ans, il avait déjà une
présence imposante, né pour régner. Et quand il chantait, il tirait des larmes
de crocodile même aux courtisans les plus cyniques de Gunseng, tant ils étaient
ravis. Peut-être que le recul me permet de penser que je sentais quelque chose
de malsain sous l'apparence forte, virile, surtout durant les moments où il
déployait le plus ses charmes. Peut-être étaient-ce ses yeux voraces, qui ne
rataient rien, qui vous dévoraient en vous regardant. Mais lorsque vous
assistiez à ses combats d’escrime, ses tournois de Chéops ou ses spectacles
musicaux, vous étiez simplement impressionné par l’homme lui-même. Et ce, même,
lorsqu'il était commandant des Prétoriens de Harko ou qu’il assistait aux
privés de Gunseng, qui excluaient sa mère et son frère aîné. Il était évident
qu'il était préparé pour la Baronnie, et comment pouvait-il en être autrement ?
Muertana, de son
côté, manipulait son énorme jouet, Araskin – que Gunseng ne reconnaissait pas
comme son fils naturel, mais qu’il ne renia jamais publiquement. La préférence de Gunseng allait
à Vladimir, une affection véritablement partagée,
qui lui coûta la vie. Lors d'un banquet officiel, Araskin assassina son père et
attaqua Vladimir, il était prêt à le tuer sans l’intervention du Mentat Chardin
Klees qui lui enfonça une aiguille empoisonnée dans le cou. C’est à ce moment
là que Vladimir changea. Cette nuit là, il étrangla sa mère. À l'âge de vingt
ans, il devint le légendaire Baron Harkonnen.
Sa
carrière de Baron
Vladimir consolida sa position par des méthodes les plus drastiques. Le
sort de son père lui avait enseigné que la faiblesse portait ses propres
fruits. Bien que formé dans les arts les plus fins, la sournoise brutalité
héritée de son grand-père et de sa mère resta une des caractéristiques
remarquables de sa baronnie jusqu'à sa mort. Tous les Prétoriens et des
responsables militaires planétaires étaient soumis à une analyse stress grâce à
un interrogatoire psycho-chimique profond. Ceux qui échouaient étaient
assassinés de sa main. Toute personne ayant des sympathies ou des liens pour la Maison Sarobella étaient publiquement
décapités. La petite noblesse fut secouée et s’aligna, sous la menace
d'extinction. La peur et la puissance, la puissance et la peur – c’étaient
devenus les outils les plus fiables du Baron.
Vladimir
aspira ensuite à une relation plus favorable avec le monarque impérial afin de poursuivre
ses ambitions financières. Un poste d'administrateur du CHOM fut son objectif
personnel immédiat ; à partir d’une telle position, il serait possible de
construire une alliance avec Landsraad et donc avec l'empereur. Vladimir
trouva, apparemment, cette ambition digne de sa Maison. Tout d'abord, il lui fallait
être au-dessus de tout soupçon aux les yeux de l'empereur, en démontrant sa
complète loyauté. Ensuite, un stratagème-dans-un-stratagème réussi — Eh bien, qui ne pouvait pas envisager un
Harkonnen sur le trône du Lion d'or ?
Le
jeune baron commença sous les meilleurs auspices en donnant volontairement
vingt pour cent de ses bénéfices annuels dans les mines de ziradnium au profit
des Sardaukar Imperiaux. Une telle pratique n’était pas rare à l'époque, en
particulier parmi les nouvelles Grandes Maisons. L'Imperium, jusque là, avait
augmenté de luxe de sa bureaucratie
coûteuse, souvent au détriment des Sardaukar. Les dons aux fiefs militaires reçurent
sont l'approbation royale.
Ce
fut une tactique, mais dans une campagne plus vaste qui visait à augmenter les
finances tout en courtisant l’Empereur. Vladimir joua également les extrémités
contre le centre, formant des partenariats lucratifs avec des Maisons Mineures alors
qu'il acheminait des dons sous diverses étiquettes dans les comptes impériaux.
Il achetait des investissements à des Maison Mineures avec la garantie d'un
pourcentage (moins l'amortissement et les frais généraux), tout en s’arrangeant
pour soudoyer, avec des honoraires consultatifs, les administrateurs du CHOM
eux-mêmes, afin de s’assurer leur acceptation. La Maison Corrino,
naturellement, recevait des redevances en sous la table, avec les conscriptions,
des matières premières et des produits finis, aux « conditions
négociées », un euphémisme pour pots-de-vin. En effet, une grande partie
de la réussite de Vladimir fut attribuée à son instinct infaillible pour la
synchronisation entre la mise en place et le paiement des pots de vin. Lorsque
ses pratiques financières furent remises en question lors d’une enquête
demandée par une délégation du Landsraad, il dit :
« Le
Lanssraad profite des bénéfices des Harkonnen. Le CHOM profite des bénéfices du
Landsraad. Et les bénéfices du Chom profitent à tous. Nous devons tous
travailler ensemble. La croissance économique nous nourrit et je souhaite
simplement être l’engrais qui fertilise le sol. Ceux qui m’accusent de pratiquer
la corruption sont ceux qui envient tout simplement mon succès. Ma seule
réponse est : « Pourquoi sont-ils si pauvres ? »[1]
On
peut détecter l'esprit de Chardin Klees dans cette réplique subtile, et le
mentat, même âgé restait redoutable, et peut-être l’instrument le plus précieux
que le Baron eut en sa possession durant les trente premières années de son
règne. Après la mort de Klees, son homme de confiance, en 10162, le baron employa une succession de
Mentats, des plus tordus aux plus lointains, qu’il tuait dès qu’ils perdaient
leur utilité. Personne ne fut jamais en mesure de remplacer Chardin Klees. Dans
la même année que la mort de Klees, la fortune de la Maison Harkonnen atteignit
des sommets. Il obtint les droits sur le Mélange d’Arrakis, ce à quoi Vladimir
avait travaillé longtemps et durement pour l’atteindre. Après plus de trois
décennies de manœuvre prudente, il fut récompensé avec la planète la plus riche
de l'empire : il était alors âgé de cinquante-deux ans.
L'épice
d'Arrakis était une manne économique pour la Maison Harkonnen. Elle supervisait
sa production pour un pourcentage, calculé proportionnellement en fonction du
rendement. Le CHOM recevait 20% de la production, répartis entre les administrateurs et le Landsraad. La
Guilde Spatiale recevait 15% (ils avaient prit soin de ne pas paraître
gourmand). Le Bene Gesserit recevait 5%,
ce qui était une quantité phénoménale du rendement annuel total. La Maison Harkonnen
recevait 20 à 30%, et le reste remplissait les coffres de l'empereur.
Le
contrat pour le mélange contenait implicitement l’incitation à une production
maximale, ce qui signifiait l'application « d’un harnais plus serré »
et « un fouet plus dur » pour
la population soumise. Le conducteur d’esclaves de Vladimir était l’aîné de ses
neveux, le Comte Glossu Rabban (10132-10193), le fils légal de son plus jeune
demi-frère, Abulurd, qui avait renoncé au nom et aux droits des Harkonnen pour
pour le poste de gouverneur de sous-district de Rabban-Lankiveil. Mais Glossu voulait
exercer ses fonctions avec la fermeté des Harkonnen, devenant populaire sur
Arrakis comme que Rabban « la bête ».
Le
succès de l’homme de main de Vladimir Harkonnen fit la fortune de la Maison,
mais au prix d’une haine éternelle des indigènes, et plus particulièrement des sauvages Fremen,
que le Baron rejetait en les appelant « la racaille du désert ». Il
aurait pu leur accorder plus d’attention s’il n’avait pas été aussi impliqué dans
la seule affaire hétérosexuelle de sa
vie.
Vladimir
gagna un répit avec l'installation sur Arrakis. Il hérita peut-être d’un peu du
romantisme de Gunseng. Ou peut-être désirait-il changer ses goûts — sa pédérastie réveillait peut-être des doutes au
sujet de sa masculinité ou était-il simplement curieux de découvrir d’autres
pratiques sexuelles. Qu’elles que furent ses raisons, quand la Révérende Mère
Bene Gesserit Croesia lui offrit de lui fournir une partenaire qualifiée dans
les arts érotiques, Vladimir ne remis pas en cause ses motivations. Il a jeté
un coup d'œil au corps svelte de Tanidia Nerus et il fut séduit. (On pense
maintenant, que « Tanidia Nerus » n’était autre que Gaius Helen
Mohiam soigneusement sélectionnée, qualifiée et rajeunie.)
Plusieurs
comptes rendu disent que Vladimir l’aimait. D’autres rejettent cette émotion
inhabituelle incontrôlable. D’autres encore avancent l’idée que Vladimir
prenait Tanidia pour sa mère réincarnée. La vérité est sans doute quelque part
parmi ses propositions. Tout ce que l’on sait, c’est que l’affaire fut brève et
orageuse. Tanidia s’enfuit subitement d’Harko, pendant son huitième mois de
grossesse, dans des circonstances menaçantes, et plus tard, disparu derrière le
Bene Gesserit dont elle était sortie secrètement. C’est seulement dans les
mémoires de Croesia que l’on trouve un bref échange du rapport de Tanidia à ses
supérieures sur ses effusions avec le Baron :
Croesia : Vous
savez combien cela nous a coûté. Il ne doit y avoir aucun doute quant à la
filiation de votre enfant.
Tanidia : Il n'y a rien à faire, si même les techniques d'éveil subliminaux n’ont rien pu faire pour surmonter son impuissance.
Croesia : Ces techniques n’étaient pas nécessaires avec ses garçons.
Tanidia : Comme indiqué dans notre profil psychologique, sa misogynie est profondément enracinée, mais ambivalente. L’idéalisation inversé de l'anima se reflète sur sa propre enfance. Ainsi, l'amour qu’il ressent pour les jeunes garçons – c’est lui-même dans son propre esprit. Assassiner Muertana fut une libération, mais il y a de fortes raisons de croire que, avant, qu’il ne la tue…
Croesia : maintenant il oscille entre la répression et de la haine, revenant à lui-même
inconsciemment. Bien. C’est un levier, si jamais nous devions en avoir besoin. Vous avez bien fait, ma chère. Vous porterez une fille, bien sûr.
Cette
fille naquit en 10154, c’était Dame Jessica, qui allait devenir la concubine du
Duc Leto Atréides et la mère de Paul Muad’Dib.
Plusieurs
siècles d'inimitié séparaient la Maison Harkonnen de la Maison Atréides.
Vladimir, sur les conseils de son dernier mantat, l'infâme Piter de Vries,
entreprit une campagne destinée à la fois à augmenter la fortune de sa maison
et à détruire le Duc Rouge, Leto. Le plan était audacieux, retors, et risqué,
mais les ultimes récompenses étaient incalculables.
Aucun
empereur sensé ne pouvait permettre à une Grande Maison de devenir trop
puissante. C'est pourquoi Shaddam IV, depuis longtemps, était préoccupé par la
Maison Atréides qui exerçait une grande influence dans le Landsraad. Shaddam,
et ceci était compréhensible, craignait que le
Landsraad puisse s'unir autour d'une Grande Maison puissante, et ainsi altérer
l'équilibre des forces au détriment de l'Imperium. Mais Shaddam avait ses
propres ambitions : non seulement il souhaitait maintenir son propre pouvoir,
mais il désirait également dominer le Landsraad grâce au contrôle des votes des
administrateurs de la CHOM. La Maison Atréides se trouvait sur son chemin. En
outre, le Duc Rouge avait formé une petite force militaire qui, au combat au
corps-à-corps, égalait ses sardaukar. Ainsi, Shaddam se mit en tête, au fil du
temps, que lui et les Harkonnen seraient
un tandem idéal contre avec son cousin royal. Les événements sur Dune, à
l'exception de l'incident de la « dent empoisonnée », ne relèvent rien
des décisions de Vladimir Harkonnen. Mais cet incident jette une lumière
grotesquement comique sur le Baron au moment de sa victoire.
Après
la mort de son père, Vladimir se détourna des exercices physiques pour les arts
de la pédérastie et manger pour se détente. En 10191, il était littéralement
trop gras pour se déplacer sans l’aide de ses suspenseurs. Au cours de son
interrogatoire du Duc Leto, ses suspenseurs lui sauvèrent la vie. Le duc Rouge
mordit une dent rempli de poison et souffla le gaz mortel. La réputation
d’efficacité mortelle de Vladimir n’était pas à l’image du corps énorme se
sauvant hâtivement en rebondissant — agitant
les bras alors qu’il se retrouvait sur le dos — comparé au rire sinistre. Sa
propre petite-fille, Alia, l’avait sans ménagement, quelques années plus tard :
« il ne ressemble pas à grand-chose, ce n’est qu’un vieil homme peureux,
bouffi de graisse, trop faible pour supporter sa propre chair sans l’aide de
suspenseurs ».
C'était
une évaluation de l’illusoire grandeur du Baron à apogée de sa carrière
illusoire. Avec l'avènement d’Alia, son importance historique prit un caractère
unique. Il est donc préférable de continuer sa biographie après la révolte d’Arrakis,
car en ce qui concerne sa relation avec Alia, elle y mit fin en le tuant de sa
main.
Le
Baron et Alia
Psycho-régénération
est un terme trompeur, si commode pour l'image évoquée. Dans le cas d’Alia,
seule une fine ligne séparait la
possession des souvenirs génétiques d’une régénération de Vladimir
Harkonnen essentielle dans psyché d'instable d’Alia. Pré-née, Alia devait subir
une lutte intérieure avec les figures ancestrales dont l'ADN était intrinsèque
à sa propre composition génétique, comme un héritage indésirable, mais
inévitable. Cette lutte qu'elle perdit finalement, à défaut de parvenir à une
alliance, comme Leto II, qui permit la survie de sa propre identité
indépendante. Vladimir Harkonnen victoire, étouffa les voix intérieures des
autres instances, subsumant progressivement l'intégrité psychique d’Alia, pouvait
presque être considéré comme vengeance. Pourtant, ce n’était pas le baron, mais
simplement son essence génétique qui se manifestait dans l'esprit d’Alia.
L'ironie poétique ici était suprême.
Quelle
était la nature de la manifestation qui émergea après la mort de Vladimir et
qui provoqua la prise de conscience d’Alia ? La plupart des documents
décrivent la réémergence du Baron qui apparut dans la tête d’Alia comme étant
quelque chose qui avait la même forme que le Baron à sa mort — grossièrement
obèses, parlant d'une voix de basse. Une telle notion limitée est en contradiction
avec le fondement de la possession elle-même, qui est basée sur l'essence
génétique, pas sur la définition ou le
développement temporel. Ne serait-ce pas ce gras Baron vêtu de robes rouges qui
provoquait la haine et dégoût d’Alia, peu importe la façon dont un tel
personnage réprima l’appel des ancêtres désirant une place sur le devant de la
scène dans son esprit ? La meilleure
réponse à la question vient de l'art, pas de la psychologie : la perspicacité
du grand Harq al-Harba fournit cela à son
public avec une superbe pièce et en même temps nous donne une clé pour
comprendre la psycho-régénération.
La
pièce de théâtre De l’eau pour les
morts (10302) raconte les vies entrelacées du Baron Harkonnen et
d’Alia. Dans l’acte I, nous voyons Vladimir Harkonnen comme un jeune homme
svelte, sportif et beau ; dans l’acte III, c’est une chauve-souris, il est
devenu la monstruosité flottante, tué par Alia enfant. Dans le dernier acte,
nous voyons progressivement les effets de la possession à travers les actions
d’Alia ; mais dans la scène culminante, elle commence à danser avec un
partenaire invisible. Comme elle tourne, sa robe d’apparat tourne en changeant
de couleur (grâce à l’utilisation d’un champ Holtzman à effet sélectif) du noir
au rouge. Quand elle termine son dernier tour, le visage qu’elle présente à son
auditoire n’est pas celui d’Alia mais celui de Vladimir dans l’acte I. Voici la
réponse.
Il
est stupide de penser qu’une personnalité telle que celle de Vladimir Harkonnen
aurait pu s’engager dans une entreprise sans avoir mis en place certains
leviers précis dont il aurait pu avoir besoin. Le Vladimir qui existait au sein
d’Alia en savait suffisamment à son sujet pour s’en servir en flattant sa
beauté, son charme et sa jeunesse, tout ce qu’il faisait était pour son bien à
lui – par exemple, lorsqu’elle était frustrée politiquement, il renforçait ses
sentiment d’impuissance, ou quand les jeux de pouvoir conduisaient à des désirs
sexuels, il faisait en sortes qu’ils soient malsains – Vladimir se présentait
alors dans toute sa puissance : masculin, énergique, avec une chaude voix
de baryton, exquise et câline, apaisante, convaincante par ses nuances, son
intonation, ses inflexions. Il était à la fois un jeune amant et un grand-père
autocratique, insinuant sa présence et possédant Alia, et pour cela, il avait
eu la combinaison précise requise.
On
ne peut pas imaginer la vivacité avec laquelle il avait été en mesure de
s’insinuer progressivement auprès d’Alia, sauf si on veut expérimenter soi-même
la possession. Mais l'impact était évidemment puissant, ce qui justifia les
craintes du Bene Gesserit quant à l'Abomination. Vladimir était une anomalie :
un personnage dont la carrière dura plus longtemps que sa vie ; son fantôme réalisa
son grand désir, mettre un Harkonnen qu’il dominait — Alia — sur le trône
impérial. Mais dans la mort comme dans la vie les Atréides continuèrent à le contrer.
Une dernière observation concerne la forme dans laquelle le Baron s'est
manifesté avant qu’Alia ne se jette par la fenêtre et meure : la forme était celle
du Baron obèse, les cris vains, sa voix de basse. Cette forme n’aida-t-elle pas
Alia à se propulser pour en finir ? Si
oui, alors la chute d’Alia était aussi la chute de la Maison des Harkonnen.
S.T.
Autres références :
-
Harkonnen,
Gunseng ;
-
Rabban,
Glossu ;
-
Atréides,
Alia ;
-
Nerus,
Tanidia ;
-
Sil,
Reeve Perrin, Notes des volontés d’un
feu-follet, TR. T.H. (Fides : Manx) ;
-
Révérende
Mère Decius Nancy Croesia, Mémoires,
trad. Ewan Gwaladar, B.G. Fondation Studies 3 (Diana :
Tevis) ;
-
Harq
al-Harba, De l’eau pour les morts,
dans œuvres complètes, éd. Blaigvor Ewanz (Grumman : Sterne) ;
-
Harq
al-Ada, La Catastrophe de Dune,
TR. Miigal Reed (Jérémy : Lothar).
[1]Le diable et la
mer bleue profonde : Mes années dans la Maison Harkonnen, Rezhinaud Sagi,
TR. Leewi Stii, (perfection de Giedi : Trémail).
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