Al-Harba (L’énigme)
Si Harq al-Harba, l’auteur, n’avait pas eu un tel talent de réalisation
dans L'art dramatique, si ce que nous
savons de la biographie de Harq al-Harba le vendeur
de minifilm n’avait
pas été si pauvre, et si ce que
nous savons ne semblait pas en
contradiction avec les qualités que
nous associons à ce génie, il
n’y aurait probablement jamais eu
d’énigme al-Harba. D'autres personnes
plus humbles ont contribué à son succès, et on en sait même moins sur certains de ces
grands Atreides que sur le dramaturge Yorban.
Mais l'interaction de ces trois facteurs était
certaine, tôt ou tard, de provoquer des
questions chez certains. Comment se demandèrent-ils le poète et le vendeur
pouvaient-ils être le même homme ?
Ce ne fut qu’en 10630,
plus de trois cents ans après la mort d'al-Harba, qu’on
contesta sa paternité pour ses pièces de théatre. La
controverse commença avec Avelarad
Svif-Josif, un
noble mineur de la Maison Rembo,
qui exprima des doutes qu'un vendeur
pu posséder la
capacité d'écrire des pièces.
Cette réserve fut exposée en détail par Kurt Zhuurazh,
qui affirma, dans son Al-Ada et al-Harba (10635) que Harq
al-Ada (Farad'n
Corrino) était le véritable auteur
des pièces de théâtre. Les admirateurs du scribe
royal lui attribuèrent diverses autres œuvres des
Atréides et les plus fervents défenseurs
de cette théorie attribuèrent (en dehors des pièces d’al-Harba) le livre de
Pander Oulson, Sainte Alia :
Chasseresse d’un milliard de monde, Le
ghola parle et La chronique de Hayt
tous deux de Duncan Idaho, et toutes les œuvres de la Princesse Irulan ; à
ce total considérable, Cybèle
Harik (Le prince / Le dramaturge) ajoute la traduction autorisée de la Bible Catholique Orange et même Les Chroniques de Stilgar en Fremen.
Trente ans
passèrent (10666) avant qu’un
autre concurrent soit proposé: JT
Duub désigna le Comte Hasimir Fenring dans Une demi-douzaine d’Harbas. Le problème principal de Duub
était la mort de Fenring en 10225 soit vingt et un
ans avant la naissance d’Harq al-Harba mais, comme nous
le verrons, cela ne fut pas un obstacle insurmontable pour les partisans de Fenring.
Un troisième groupe puissant entra sur le terrain en 10710, quand AJ Kiilwan déclara (en
L'homme qui était al-Harba) que les pièces avaient été écrites par l'empereur Leto II.
Arguments courants
Toutes ces écoles de
pensée partagent certains arguments dénigrant l'auteur réputé, Harq al-Harba. Ces arguments furent
pleinement développées dans Al-Ada est al-Harba (10638),
un volume plaisant dû à un officier retraité de l'armée de Kaitain, Bsh.
Joon Piitpinail. Il
commence par s’appuyer sur le peu de documentation trouvée soutenant
al-Harba, pour remettre en cause la probabilité que le dramaturge le plus en vu
du moment ait laissé si peu de traces. Il ajoute ensuite quatre objections qui
firent leur réapparition dans toutes les réclamations ultérieures.
1-
Le Naib
Fremen Guaddaf a écrit dans son Jugement sur Arrakeen, une série de sermons, disant qu’al-Harba mourut
d'une hémorragie intestinale
suite à une ivresse prolongée. Piitpinail
demanda si ce comportement était compatible avec l'auteur des lignes:
« Prenez en
toutes choses un peu moins de la
totalité,
Car la surabondance brouille l'œil et émousse le cerveau.
Mieux vaut un mendiant accroupi à côté du trottoir
Qu'un splendide sot dessous.
(Les paumes poussiéreuses, IV, IV, 107-10)
Car la surabondance brouille l'œil et émousse le cerveau.
Mieux vaut un mendiant accroupi à côté du trottoir
Qu'un splendide sot dessous.
(Les paumes poussiéreuses, IV, IV, 107-10)
« Demandez à quelqu’un de croire que
ces lignes sont venues de la plume d’un ivrogne difforme de yorba, c’est
demander de croire à une création ex nihilo »." (Piitpinail,
p. 33.)
2-
L'actrice Karene
Ambern décrit une
réunion avec al-Harba: «... dès son entrée,
je savais pourquoi Harq al-Harba n’avait
jamais assisté tenté une performance en solo, ou interdisait au public tout contact avec lui Il est encore
difficile pour moi d'accepter qu'un
tel esprit poétique puisse être piégé à l'intérieur d'un tel corps hideusement
déformé. Je n’avais
jamais imaginé qu’une telle caricature d'être humain
puisse exister. "(Piitpinail,
p 41; Du champagne dans mon chausson ;
L'Autobiographie de Karene Ambern, comme l’a
rapporté Ruuvarz Dillar, orig pub 10324; rééd Zimaona:... Kinat).
3-
Al-Harba était un passionné secret
des ordinateurs. Cette étrange accusation se développe ainsi: si, selon la tradition, al-Harba était un vendeur de minimic, sa
vie dépendait donc de ce qui, pour
son temps, était de la haute
technologie. Piitpinail demande
si un "mecanotheiste"
(son terme) aurait pu écrire :
« Machines dures et froides comme Rossak, stériles comme Salusa Secundus, elles nous ont broyé sous leurs roues de fer, ont gelé notre sang. Elles arrêtent les lettres fondatrices, font taire la voix Créative. Mort au Roi Machine! (Am I, i, 35-39)
« Machines dures et froides comme Rossak, stériles comme Salusa Secundus, elles nous ont broyé sous leurs roues de fer, ont gelé notre sang. Elles arrêtent les lettres fondatrices, font taire la voix Créative. Mort au Roi Machine! (Am I, i, 35-39)
4-
Le dernier argument est
que d'autres dramaturges
considéraient al-Harba comme un
imbécile sans cervelle. La première preuve vient d'une pièce, Les recoins
d’Arrakeen (II, III, 11-19), par Tonk
Shaio. Elder et Staple,
deux des personnages, discutent des nouveaux arrivants sur Arrakis:
Eld : Maintenant, notre chef est arrivé, celui qui est prétentieux.
STA : Vous parlez du péquenaud?
Le voyageur des trous pommés qui refourgue des pièces?
Eld : Celui-là. Il a commencé par le vol, en rapiéçant des pièces usées ; mais maintenant, il pense que son travail à l'aiguille s’est améliorée, que n’importe quel costume d’écrivain lui convient et quand il vous le dit en face, il rigole.
La deuxième preuve
vient à nouveau du Jugement de Guaddaf : Où est
la justice dans les millions versés aux acteurs écervelés
et à leurs parasites quand les pauvre meurent de faim dans leurs sietches? Quelle vertu
y-a-t-il à acclamer ceux qui vivent en ne racontant que des mensonges vides.
Quel profit y-a-t-il à déblatérer des histoires idiotes de passé informe qui,
jusqu’ici ne donne aux hommes, aux femmes et aux enfants quelque chose qui les
laisse bouche bée.
« "Passé informe Maudit
"est une référence très claire que nous pourrions souhaiter à la pièce Lichna dont le personnage central est
Scytale, le Danseur Visage Tleilaxu". (Piitpinail,
p. 49).
Ces quatre revendications ont un air de
rétrospection : ayant déterminé par acte de
foi que X, Y ou Z écrivit les pièces d’Harba, on recherche ensuite des brouillons permettant de discréditer l'auteur reconnu. Pour le premier – l’histoire de l’alcoolique - nous pouvons noter que Guaddaf compila Jugements sur Arrakeen en 10366. Admettons qu’il composa ses sermons à différents moments entre le début de sa carrière10335, et la publication du volume,
foi que X, Y ou Z écrivit les pièces d’Harba, on recherche ensuite des brouillons permettant de discréditer l'auteur reconnu. Pour le premier – l’histoire de l’alcoolique - nous pouvons noter que Guaddaf compila Jugements sur Arrakeen en 10366. Admettons qu’il composa ses sermons à différents moments entre le début de sa carrière10335, et la publication du volume,
Le premier
n’aurait pu être écrit, au plus tôt, que dix-huit ans après la mort d’al-Harba.
En outre, les sermons sont une critique de la scène en général, avec leur plus
dures invectives réservée aux acteurs, al-Harba n’était pas un acteur. Enfin,
tout autre événement décrit dans les sermons se déroule sur Arrakis, pourtant,
si le récit de la mort d'al-Harba est vrai, la beuverie aurait dû se situer sur
Fides. Supposons que la description soit basée sur des faits : quelle
différence cela fait-il ? L’Histoire préserve les noms de grands,
médiocres et misérables écrivains qui ont bu plus que ce qu'ils auraient dû. Si
la citation des paumes poussiéreuses ne montre rien, elle montre que l’auteur
voyait l’état d’abrutissement alcoolique comme un état indésirable, une
observation qui pouvait être faite par un alcoolique aussi bien qu’une personne
n’ayant jamais bu d’alcool.
Piitpinail semble
ignorer que ses deuxième et quatrième arguments se contredisent : Karene
Ambern dit al-Harba vivait en reclus;
Tonk Shaio dit
al-Harba était un
plagiaire. En outre, si al-Harba
était un vendeur ambulant, comme les arguments 3 et 4 le laissent supposer, il serait alors nécessairement
montré en public, et pas seulement sur
un monde, mais sur plusieurs.
Les assertions s’emboîtent
si mal parce que leurs auteurs se
raccrochent à tout ce qui pourrait être interprété comme anti-Harba. Néanmoins, considérons-les chacun
séparément.
Champagne dans mon chausson fut
publiée en 10324, sept ans après
la mort d'al-Harba. Le dramaturge était alors incapable, tout comme sa femme qui vivait sur Fides, de
réfuter une fausse affirmation. Il faut considérer
la crédibilité du livre en général.
Apparemment dans une tentative de récupérer son succès la vedette, Karene Ambern affirma
dans son livre avoir partagé le lit de chaque homme
important (ou femme) des soixante
dernières années, y compris le commandant
de police Bannerjee, le ghola
Duncan Idaho, Harq
al -Ada et
Leto II lui-même. Certains de ses récits pourraient
être vrais; la difficulté est de
savoir lesquels. Aucun historien n’accepte
ce qui est énoncé dans le livre de
Ambern sans corroboration indépendante, et les historiens littéraires ne se montrent pas moins prudents. Il n'y a certainement aucune preuve à l'appui de l’affirmation
selon laquelle al-Harba avait un «corps hideusement
déformé."
Al-Harba était un passionné secret
des ordinateurs ? Cette accusation est clairement encore plus
tirée par les cheveux que les autres et ne doit pas être retenue longtemps.
Mise à part une croyance traditionnelle
sur les occupations antérieures d’al-Harba, aucun élément
de preuve ne soutient le
troisième point. Jusqu'à ce qu’une
telle preuve se présente, il n'y a rien à répondre.
Enfin, quelle était la
position d’al-Harba parmi les dramaturges
de son temps? Assurément une pièce de Shaio retranscrit une certaine querelle littéraire
de l'époque; il pourrait même sagir d’al-Harba. De
telles joutes verbales étaient monnaie courante, et la
plupart se limitaient au simple
spectacle. Le poète al-Mashrab, un dramaturge
occasionnel lui-même, a dit dans ses mémoires qu'il aimait al-Harba
"pour sa compréhension et les
moyens tranquilles." L'artiste
et scénographe Anani Strosher dit d'al-Harba
et l'écrivain Au'Riil que «la mise en scène de leurs pièces a été la joie suprême de l'œuvre de ma vie, mais si je devais
choisir entre les connaître et
mettre en scène leurs pièces, je
préfère les connaître ». (Les
deux citations sont extraites de FS
Marik, Monuments du drame Atréidien, III, 454;
V, 628.)
Les
requerants :
Farad’n Corrino. Si al-Harba n’avait
pas écrit les pièces qui portent son nom, alors qui l’a fait ? Farad’n
Corrino fut le premier proposé. Comme les deux prétendants suivant, il était de
noble naissance, fournissant ainsi à ses partisans leur premier argument.
Écrire ouvertement pour le théâtre, disaient-ils,
était indignité d'un noble ou d’un homme
d'État, et la connaissance de son auteur aurait abaissé son prestige à la Cour.
Ce point fournit un bon exemple de la pensée sélective si souvent montré dans
la controverse. Le Duc Mintor, le père du Duc Leto Atréides, se produisit
plusieurs fois dans l’arène où, d’ailleurs, il mourut.
Feyd-Rautha Harkonnen tua plus de cent
esclaves en publics dans des combats de gladiateurs, beaucoup d'entre eux alors
qu'il était na-Baron et souvent en présence de membres de la maison royale. Si
des activités comme celles-ci n'ont pas rabaissé le prestige des Atréides ou
des Harkonnen prestige, il est difficile de voir pourquoi écrire une pièce de
théâtre réduirait celui de Farad'n.
La preuve la plus originale en faveur de Farad ' n Corrino fut présentée
dans Le grand cryptogramme de
Izhnaikas Bauf (10647). Bauf avait découvert ce qu'il appelait le « code
du labour » dans la pièce Carthage
et sa méthode était élégamment simple : Bauf localisait un passage dans lequel
la première lettre du premier mot était un
F (pour Farad'n) et la première lettre du dernier mot a été O (pour
Corrino). Entre ces points, la première lettre de n’importe quel mot pouvait
être déplacée alternativement le long des lignes de gauche à droite et de
droite à gauche (d'où le terme « Labour »), sautant les mots qui ne contenait
pas la lettre suivante souhaitée. Lorsque la fin du passage a été atteinte,
Bauf répétait l’opération en arrière et en avant si nécessaire. Voici le
passage Bauf prend de l'acte III, scène ii de Carthage, lignes 235-47:
« De
ces humeurs conditionnées
par le reflux de la chimie et circulant
dans une mer
amniotique
Pinocchio sent vaguement
Un barroum-boum-boum péristaltique
Pourtant, quand il lève la
tête
Vers des étoiles variables
et des galaxies tournantes
Vers des comètes et des
éclipses
Il ne parvient pas à
reconnaître
Qu'il est un bivalve à la
lisière de l'univers
Vous devez vous rappeler que
je suis un martien
Ce qui est très différente
dans l'espace et le temps
Des denubiens et des gens de Al Minhar
Nous ne venons pas pour autant de faire nos observations »
Des denubiens et des gens de Al Minhar
Nous ne venons pas pour autant de faire nos observations »
(Le tableau suivant ne peut être traduit, les mots modifiant leur première lettre. Il faut donc garder la forme première cf. se reporter au tableau original)
Comme le montre l’exemple, Bauf retrouve le nom « Farad’n
Corrino » dans le passage et ajoute : « on pourrait
difficilement manquer de noter – il doit, en effet, frapper l’observateur – que
le nom n’a pas seulement été énoncé, mais que les trois mots sont utilisés deux
fois, et que lorsque ces mots sont extraits du code (comme leur auteur avaient prévu qu'ils soient
des centaines d'années plus tard), ils forment le message « reconnaître —
pas — notre. » Nous ne pouvons pas faire autrement qu’être impressionné par la clarté et la
vigueur avec laquelle al-Ada parle à travers les siècles, en nous disant que
nous reconnaissons que ces pièces ne sont pas le fait du vendeur abruti » (p.
248). Le code du Labour n'est pas un code ; avec des lignes assez, on peut
extraire n'importe quel nom. Pour illustrer, reconsidérer le passage :
(Le tableau
suivant ne peut être traduit, les mots modifiant leur première lettre.
Il faut donc garder la forme première cf. se reporter au tableau
original)
En utilisant la même méthode, nous
découvrons le message "Fremen cielagos trop," montrant que Farad'n
reçut l'aide de petites chauves-souris originaires d'Arrakis.
Hasimir Fenring. Les partisans de
Hasimir Fenring, comme l'auteur caché, acceptent l'argument de la « perte du
statut » des al-Adiens, mais ajoutent un autre argument qui leur est propre.
Ils affirment que le climat durant le règne de Leto II rendait l'expression
d'opinions politiques peu orthodoxes très risqué. Étant donné que bon nombre de
pièces de théâtre étaient des histoires, leurs auteurs avaient besoin de la
protection du secret. D’après leur version, Fenring ne mourut pas en 10225,
mais entra dans la clandestinité. Sa mort fut annoncée de manière anticipée
pour couper court aux enquêtes, mais il a vécu pendant encore vingt-huit ans,
écrivant des pièces sous le nom « Harq al-Harba. » Lorsque Fenring mourut
réellement en 10313, son identité fictive fut fictivement déplacée sur Fides,
où il mourut d'une mort fictive quatre ans plus tard.
Il y a une certaine vérité dans l'observation sur le danger d'exprimer
une opinion impopulaire. L'exemple le plus connu de ce danger est, bien sûr, la
crémation des neuf historiens, mais cet événement eut lieu plus de deux mille
ans plus tard, en 12335. Jusqu'à ce que les rapports des poursuites criminelles
des premières années du règne de Leto soient découverts, nous ne pourrons pas
avoir la certitude quei le meurtre des historiens représentait une aberration
sanglante ou une partie d'un plan s’étendant tout au long de son règne.
Selon Une demi-douzaine d’Harbas
de JT Duub, Fenring avait dirigé un groupe qui écrivait collectivement des
pièces de théâtre, Duud s’appuie énormément
sur l’un des souvenirs de Shishakli, l’un des premier chambellans de
Leto, et sur une conversation avec l’Empereur, peu de temps après une
rébellion mené par Al-Ataud au début du
règne de Leto, pour affirmer que le Kwisatz Haderach raté était à la tête de ce
groupe. Comme le note Duub, la pièce Shaddam
IV, et sa fameuse scène de la déposition, fut jouée à Arrakeen le matin
même de la rébellion pour réveiller la ferveur révolutionnaire de la
population. Jusque-là, al-Ataudavait été le chef des coutumes sur Arrakis, un
poste qui lui fut offert par Leto. Duub décrit la conversation :
L’Empereur
commença avec une remarque pensive, « Cher Shishakli ! Je suis
Shaddam IV ; ne le sais-tu pas ? » A quoi le chambellans
répondit, « Une telle méchanceté n’a pu être décidée et appliquée que par
un homme des plus ingrat, la créature la plus décorée que votre majesté ait
jamais pu faire. » Il aurait pu désigner al-Ataud mais l’Empereur, dans sa
réponse, semble avoir voulu dire « al-Harba » (Fenring), en disant de
manière énigmatique, « Celui qui oubliera Dieu oubliera également ses
bienfaiteurs ; cette tragédie a été jouée quarante fois en public. »
Al-Ataud, bien sûr, n’avait rien à voir avec ces quarante représentations.
Fenring fut tout près de perdre la vie, seul le souvenir de Fenring épargnant
la vie du père de l’Empereur, Paul Muad’Dib, le sauva de l’emprisonnement ou
pire. (Pp. 80-81)
Duub n’a alors plus qu’une solution : soit le pseudonyme de fenring
est un secret pour le protéger de Leto (pp. 35-47), soit il n’y a pas de secret, et Leto
protège Fenring durant les périodes politiques difficiles (le passage précité).
Si le secret n’a pas vocation à protéger Fenring de Leto (comme Duub l’a déjà
affirmé), de qui le protégeait-il alors ? Cette contradiction est typique
du raisonnement de Duub.
Leto II
En 10710, le livre d’A. J. Kiilwan, L’homme
qui était al-Harba, avance que les pièces d’al-Harba avaient été écrites
par Leto II lui-même, une théorie qui a surpassée les autres en popularité et
en constance. Il en résulte qu’elle rabaisse al-Harba, et insiste lourdement
sur le fait que les pièces s’appuient sur des connaissances politiques
approfondies, en prétendant que seul quelqu’un qui avait des informations de
première main, pour ainsi dire, sur les événements, aurait pu en être l’auteur.
Kiilwan
reprend la pièce Carthage, pas pour
les crypyogrammes, mais plutôt pour les lignes qui, selon elle, n’ont de sens
que si l’écrivain était Leto. Elle soutient :
L’empereur-Dieu doit
souvent se considérer comme unique, entièrement distinct de l’humanité,
essentiellement un étranger, comme il se lamente dans « Je suis l’étranger
que vous attendiez »
(III, i, 1), et « Pourquoi suis-je alors seul / Pour ce rôle
d’étranger- » (130-31). Avec les souvenirs de ses ancêtres à l’intérieur
de lui, il dit, « Ce jour-là, un étranger se réveilla en moi » (HI,
ii, 5), en nous parlant de sa première expérience avec l’épice. Plus tard
l’expérience devint banale : « J’ai marché parmi les Grecs et le
Romains » HI. i, 47), ou encore, « Nous avons vu tout cela avant,
vous savez / Carthage, l’Assyrie… » (137-38). Deux fois dans la même
scène, il pleure sur le fardeau de ses longs souvenirs :
J’ai des moments
d’absence, cependant,
Lorsque votre histoire
s’effondre,
Et j’oublie-
Pas le jour-
Pas l’année-
Mais l’âge !
Quel éon est-ce ? (III, ii, 248-54)
Et encore,
Je dois me
rappeler qui je suis
Et quand.
Il est
terriblement facile de mélanger jusqu’à deux mille ans,
Juste un grand
flou kaléidoscopique
Suffit à
m’embrouiller au-delà du possible (III, ii, 341-45)
Un mortel
aurait-il pu écrire ces lignes ? (pp. 217 et 218)
Si cette question n’est pas purement rhétorique, la réponse doit
être : « Oui il aurait pu. » Que Leto II ait été ou non Harq
al-Harba, il n’était assurément pas l’écrivain de chaque histoire jamais
écrite, et quelle attitude vient naturellement à l’historien que le sentiment
de regarder le passé ? Les théories fantaisistes sont abondantes :
personne n’a encore affirmé que Harq al-Harba était une réincarnation de
quelqu’un qui aurait vécu dans l’antiquité, et pourtant la théorie de la
métempsycose, aussi vieille que l’humanité, peut expliquer chaque référence aux
« voix » intérieures, tout comme chaque exemple d’un travail
historique précis.
Mais nous pouvons aller plus loin et renforcer la thèse de Kiilwan. La
deuxième scène qu’elle cite, III, ii, contient ces lignes : Faites place à
un meilleur instructeur – Assur-Nasir Apli, le plus cruel des cruels dont le
règne commença avec le parricide. (11. 125-27)
Parmi les documents découverts dans le
magot de Rakis se trouvaient les originaux des Mémoires volés. Dans l’un d’eux (Rakis Réf. cat. 31-A125) nous
pouvons lire ceci : « Notre ancêtre, Assur-Nasir-Apli, qui était
connu comme le plus cruel des cruels, s’empara du trône en tuant son propre
père instaurant ainsi le règne de l’épée. Et nous pouvons aller encore plus
loin : un autre cristal conserve une conversation avec un certain Malky,
ambassadeur ixien. Leto avait demandé à Malky s’il connaissait les mots
Taquiyya ou Ketman. L’ambassadeur ne connaissait pas le premier, mais parlant
couramment fremen, il traduisit le second comme « l’art de dissimuler son
identité quand il pourrait être néfaste de la révéler. » Satisfait de la
réponse, Leto déclara ensuite qu’il avait écrit plusieurs histoires sous un
pseudonyme, incluant celui de Noah Arkwright et même sa biographie.
Quel capital les letoïstes auraient pu en tirer. Leur candidat déclara
qu’il avait écrit des Histoires (pas des pièces, faute de mieux) sous un
pseudonyme, et dans l’une des pièces d’al-Harba, on retrouve une citation très
proche d’un passage des Mémoires de
Leto.
Toutefois, le soutient fourni par la citation est illusoire. Les
étudiants en littérature Atréides savent depuis longtemps qu’Harq al-Harba
avait ses sources et que la plupart d’entre elles avaient survécu. Dans le cas
de la pièce Carthage, al-Harba se
basa sur Les chroniques des conquérants
de ; légendes pré-butlériennes collectées en 9222 et traduites sur Arrakis
en 10295. Le passage des chroniques se lit comme suit : « En cela, il
avait eu un meilleur instructeur, Assur-Nasir-Apli, le plus cruel des cruels,
qui tua son père pour prendre possession du trône. » Voici toutes les
informations, jusqu’aux épithètes, dont al-Harba avait besoin pour le passage
en question. Cela était même au-delà des pouvoirs de Leto II d’écrire un livre
mille ans avant sa naissance.
Enfin, pensez à la définition du terme ketman que Leto approuva :
« Dissimuler son identité lorsqu’il pouvait être néfaste de la
révéler. » Néfaste pour qui ? Quelle puissance pouvait éventuellement
nuire à Leto de telle sorte qu’il aurait souhaité que la paternité de ses
pièces soit dissimulée ? La Guilde Spatiale, les Grandes Maisons, les
ixiens, le Bene Gesserit, le Tleilax, tous essayèrent de le blesser, mais tous
échouèrent. Pourtant rien ne montre que leur colère avait été provoquée par la
découverte qu’il avait écrit secrètement des drames. Cette théorie est
simplement idiote.
Il existe, cependant, une autre solution, une qui ne possède ni plus ni
moins de preuves que celle de Kiilwan. Harq al-Harba représentait quelque chose
de nouveau, quelque chose d’inattendu dans le règne de Leto. Nous savons que
tout au long de son règne, il entretint de plus en plus jalousement le pouvoir
de surprendre. Il semble parfois que son règne fut consacré à réduire
l’humanité de chaque planète à une informe grisaille. N’aurait-il pas alors,
souhaité supporter et peut-être même instiguer, la notion qu’il était Harq
al-Harba ? Nous ne trouvons pas, dans le livre de Kiilwan, de preuves
convaincantes permettant de croire que Leto II était Harq al-Harba, mais cela
éveilla des soupçons sur l’identité d’A.J. Kiilwan.
En résumé, l’énigme al-Harba n’est une énigme que dans l’esprit de ceux
qui sont affectés de snobisme, d’illusions, de culte des héros et d’ignorance
de l’histoire littéraire Atréides. Aucun spécialiste d’al-Harba n’y a prété
foi, et ce pour une bonne raison : il y a plus de preuves attestant
qu’Harq al-Harba écrivit les pièces qui lui étaient attribuées, que de preuves
sur l’existence de Virgile,
Rabelais, Milton, McCartney, Shumwan, Astiki, Carnwold, et une foule d’autres.
Il existe bien plus de documents probants à propos d’al-Harba et de sa vie que
sur tout autre de ses contemporains, excepté ceux des Grandes Maisons et de
leurs historiens professionnels. Le magot de Rakis n’a en rien remis en
question la conclusion que les pièces d’Harba étaient le fruit du génie d’Harq
al-Harba.
Autres références :
-
Harq
al-Harba ;
-
Karene Ambern, Du
champagne dans mon chausson : L’autobiographie comme l’a dit Ruuvars Dillar
(Zimaona: Kinat);
-
Izhnaikas Bauf, Le
grand cryptogramme. Rakis Ref. Cat. 31-BL9O4;
-
S. T. Duub, Une
demi-douzaine d’Harbas, Rakis Ref. Cat. 42-BL65;
-
Cybele Harik. Le
prince / Le dramaturge (Zimaona: Kinat);
-
Tovat Gwinsted, Chroniques
des conquérants
(Caladan: INS);
-
A. J. Kiilwan, L’homme
qui était Harba,
Rakis Ref. at. 75-BL791;
-
E S. Marik, Drame
aux monuments des Atréides, 5 v. (Grumman; Hartley
Univ. Press);
-
Pander Oulson, Sainte
Alia chasseresse d’un milliard de mondes Worlds, Rakis Ref. Cat. 2-A439;
-
Naib Guaddaf, Jugement
sur Arrakeen, Rakis
Ref. Cat, 29-Z182;
-
Bsh. Joon Piitpinail, Al-Ada est
al-Harba, Rakis Ref. Cat. S-BL469;
-
Tonk Shaio, Les
recoins d’Arrakeen, Rakis Ref. Cat. 61-BL757;
-
Kurt Zhuurazh, Al-Ada
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