Idaho,
Duncan-13724 (d. en 13791)
Ou le dernier Duncan, comme il est le plus populairement connu ; il
était le Duncan, avec Duncan-10208, le plus remarquable de tous les gholas
célèbres aux côtés des Atréides. En conservant de nombreuses caractéristiques
du premier Duncan, il incarnait aussi toutes les mises au point que fit le Bene
Tleilax sur les gholas, sur plus de 3700 ans de production. Il avait également
été prouvé que Duncan-10208 fut le modèle pour le Duncan-13724. Bien que cette
conclusion fut basée exclusivement sur des preuves indirectes, un fait soutient
cette thèse : le dernier Duncan était invisible à la prescience, comme le
Duncan-10208.Cependant, certains traits du dernier Duncan reflétaient également
d’autres prédécesseurs. Par exemple, il avait préféré la monogamie du Duncan-13663
et avait les instincts militaires particulièrement développés du Duncan-11181,
« le Général ». Plus important encore, des détails supplémentaires
montraient que le dernier Duncan avait été conditionné pour résister à la
persuasion et à certaines compulsions contre l’Empereur-Dieu, et qu’il
réfléchissait mieux que tous les Duncan, même les plus récalcitrants. De plus,
et cela n’est pas certain, on soupçonna qu’il fut conditionné de la même
manière que Hayt, avec plus de succès, et que sa rébellion contre
l’Empereur-Dieu fut stimulée par la présence de Hwi Noree, plus précisément par
sa déclaration, « Jai été conçue pour plaire à un Atréides, Leto dit que
son Duncan est plus Atréides que beaucoup d’hommes nés sous ce nom ». Son
attirance pour lui pouvait être attribuée par l’attrait historique qu’il
exerçait sur les femmes ainsi que son mode de fonctionnement auprès des
Atréides. En fait, les réactions ultérieures des Truitesses envers Duncan
indiquent qu’il avait, d’une certaine manière, commencé à fonctionner comme un
aphrodisiaque humain, une observation qui fut révélée dans les Mémoires de Leto, il y était fait
mention que Duncan-13724 incitait fréquemment les Truitesses à faire montre de
leurs capacités excessives et dangereuses. Mais son attirance pour Hwi était
plus énigmatique et aurait pu être (comme aurait pu être le sien) un modèle
« induit » par les tleilaxu et les ixiens. Duncan-13724 pouvait avoir
été un programme créé pour résister à Siona Atréides, aversion qui aurait
disparue avec la mort de l’Empereur-Dieu.
Pour mieux comprendre la nature du dernier Duncan et son rôle unique
auprès de l’Empereur-Dieu, il est important de se demander pourquoi Leto II
avait toujours voulu la compagnie d’un Duncan Idaho. Une des raisons était
pragmatique : pour Leto, les gènes des Duncan étaient nécessaires à son
programme d’élevage pour créer des individus invisibles de la prescience et qui
avaient des souvenirs raciaux. C’est seulement de cette façon, selon lui, que
les êtres sensibles pourraient finalement entrer en harmonie avec le caractère
aléatoire de l’univers. Même si le Bene Gesserit, et même les Atréides, ne le
soupçonnaient pas, Leto II avait reconnu depuis l’époque de Hayt, que certains
des gholas Duncan faisaient partie des personnes extraordinaires qui seraient,
de manière prémonitoire, à l’extérieur de l’ijaz et dans l’alam al-mithâl, à
l’intérieur des ombres les plus sombres du nuage-obscurité de l’arafel.
L’engagement de Leto II à conserver ce trait lié au chromosome Y et à son
développement dans le chromosome X des Atréides explique ses réactions brusques
contre le Duncan-12212 l’homosexuel, le Duncan-13164 danseur-visage et le
misogyne duncan-13237. Dans cette variété, chacun empêchait le transfert du
gène ou souffrait d’une manipulation génétique qui le détruisait ou le
déformait. L’Empereur-Dieu avait également utilisé les gènes Duncan pour
introduire une vigueur hybride et une force bâtarde dans la lignée Atréides,
dangereusement consanguine. Les capacités physiques des Duncan étaient antiques
par rapport à celles des Truitesses, et celles des Atréides plus tard, un point
qui fut mis en évidence de manière pathétique par le vieillissant Moneo
Atréides sur Duncan-13724. Mais les dispositions génétiques des Duncan étaient
précieuses à bien d’autres égards.
Comme Leto II le révèle dans ses Mémoires
de Dar-es-Balat, la suppression continue des incompatibilités n’était qu’une
action pour maintenir cachée et préparer la voie à son but ultime, et les gènes
des Duncan étaient une variété déviante qui pouvait atteindre la race désirée
et créer les moyens nécessaires à sa propre destruction. Les Duncan étaient non
seulement un moyen de préserver les êtres qui recherchaient le chaos, mais
également un cadeau à la partie masculine disparue de l’Empereur-Dieu et à la
postérité des androgynes Truitesses. Une demande aussi impressionnante de la
part de Leto II montre clairement pourquoi les Duncan sentaient si profondément
leur masculinité menacée lors du Siaynoq, et pourquoi les Truitesses étaient réfractaires
à tous les Duncan, excepté à Duncan-12212, l’homosexuel. Cette
« responsabilité » dans la reproduction n’avait pas toujours été
acceptée par les gholas. Comme beaucoup de ses prédécesseurs, Duncan-13724 fut
choqué par une armée féminine, mais alors qu’il ne se sentait pas déplacé comme
le Duncan-11099 l’avait été, il limitait ses rapports avec elles, ce qui
contribua à une réticence dans ses rapports avec Siona Atréides, surtout après
qu’elle se soit présenté en uniforme de commandante des Truitesses après son
aql dans le désert d’Arrakis. La morale désuète et l’orgueil du ghola, à
l’exception du Duncan-12143 le prolifique, signifiaient souvent que leur
patrimoine génétique était rare dans la famille des Atréides libres.
En plus des raisons génétiques, l’Empereur-Dieu conservait les Duncan
comme un rappel d’une époque simple, et en raison de l’influence et de
l’affection du Paul Muad’Dib de ses mémoires ancestrales. Dans son immuable
uniforme noir de l’ancien corps de garde Atréides, comme la rivière qui porte
son nom, le Duncan était une bouée de sauvetage pour la gloire et la stabilité
des origines des Atréides. La présence rituelle des Duncan qu’exigeait Leto II
au Siaynoq démontrait leur valeur en tant que symbole de la vie.
« Vous
[Duncan] représentaient la norme ancienne à l’aune de laquelle la nouvelle peut
être mesurée.
Vous êtes le
compagnon voyou dans les airs des hommes passifs et émasculés.
Vous êtes la
peur et la violence qui apporte le chaos, vous êtes le ghafla pour préserver le
Sentier d’Or ».
Outre la stabilité, la loyauté, la morale archaïque, la recherche
continuelle, les Duncan représentaient la justification et l’amour du chaos qui
étaient les pierres de touche que l’Empereur-Dieu utilisaient pour tester son
nouveau monde hasardeux, un nouveau monde qu’il en était ironiquement venu à
craindre. Les Duncan représentaient également l’espoir de résurrection et le
nettoyage d’un Imperium que Leto II avait dirigé dans l’immoralité de l’éthique
et l’opportunisme de la situation. Par exemple, Duncan-13724 fut l’une des
rares personnes à la Cour de Leto II qui pouvait encore rougir, et dans ses
exigences et ses décisions, il choisissait invariablement le côté humain,
quelque chose que le géant Leto ne cessait de rappeler. Le refus des Duncan
d’adorer l’Empereur-Dieu, en particulier Duncan-13724, était un autre rappel
important pour Leto II, rappel de son humanité et de sa vulnérabilité. Enfin,
dans un univers de marées de faux-amis, un univers où Leto II devait, face à
des rebelles, produire des êtres pouvant poursuivre son Sentier d’Or,
Duncan-13724, comme le plupart des autres, représentait la fidélité et le
devoir, comme l’archétype Idaho ; et ce lien devait sembler intemporel et
naturel, même à l’ancien Empereur-Dieu. Dans un sens personnel et
psychologique, Leto avait besoin d’une variété importante de Duncan pour éviter
le grave danger de l’ennui tout au long de son long règne.
Pourtant, malgré sa prévisibilité, le modèle Duncan avait quelque chose
de très différent. Il était devenu le Judas Iscariote de Leto II : un
destroyer créé par sa divine victime, un instrument de la felix culpa, la chute
de la chance. Le dernier Duncan fut l’agent du changement, que Leto II savait
devoir venir, mais qu’il craignait trop pour le désirer. Le dernier Duncan
était le fondement nécessaire pour maintenir le Sentier d’Or, il évitait le
rôle de bouc émissaire qui accompagnait habituellement les personnages de
Judée, et ne remettait pas en cause l’étrangeté de l’Empereur-Dieu
métamorphosé. Cependant, toutes les réalisations du dernier Duncan furent
conçues par Leto II ; le caractère du dernier ghola résultait en partie
d’une réponse à Hwi Noree et Siona Atréides ; ses actions résultaient de
ses expériences inhabituelles.
Parmi ses expériences, on peut mentionner sa liaison avec Hwi Noree qui
avait incité Leto II à dire à Moneo Atréides : « Le Duncan me
désobéit ! » C’était une déclaration surprenante qui n’avait jamais
été faite auparavant par un Duc Atréides. Moneo fut terrifié par cette
déclaration. Il avait mit tout le monde en péril, puisque la perte de Hwi
pouvait détruire les derniers vestiges de l’humanité de Leto et le transformer
de manière irrévocable en un aveugle shai-hulud, une tendance qu’il avait et
qui se manifestait de manière croissante.
Une deuxième expérience remarquable du dernier Duncan, était son dégoût
des fremen de musée du village de Tuono. La troisième était sa rencontre
troublante avec la femme et les enfants du Duncan-13663 à Goygoa, dont le nom
originel était Jacurutu, qui fut chargée d’émotion pour lui. Ces deux dernières
expériences l’avaient incité à réfléchir sur les échecs des derniers gholas, et
augmentèrent sa curiosité, ce qui l’aida à éviter l’aspect dangereux habituel
des Duncan, le « syndrome depuis ». Ces rencontres et d’autres,
contribuèrent à ses succès dans les secteurs où d’autres Duncan avaient échoué.
Tout comme il avait évité le « syndrome depuis », il évita également
l’anéantissement de sa sensualité et son émasculation physique et psychologique,
que ses limites physique inattendues auraient pu avoir causé.
Leto II fut étonné de trouver une nouvelle caractéristique chez ce
dernier Duncan : la capacité de regarder au-delà de ce qu’il croyait
connaître. Grâce à cela, il commença à comprendre que la connaissance se
construisait sur une multitude de détails et la compréhension du spannungsbogen
(le délai auto-imposé entre le désir et la possession) comme un substitut
valable d’une action soudaine.
Durant les 3500 ans de son changement, Leto II avait expérimenté et
nourri une civilisation moderne dont il était le « père », et
beaucoup était dû au dernier Duncan et à Siona Atréides. Comme deux puissants
coqs de combat, ils s’étaient encerclés l’un l’autre, désirant et craignant le
lien de leur inévitable union. Chacun résistait à l’autre dans leur amertume et
dans la rébellion contre l’Empereur-Dieu. Leur relation était gâchée par leur
antagonisme et la pugnacité qu’ils mettaient à refuser de procréer. Duncan
apprit à accepter la supériorité physique de Siona comme il apprit à lutter
contre la compulsion tleilaxu à la rejeter. Elle apprit à respecter le
professionnalisme et la mentalité en évolution de Duncan, ce qui lui permit
d’accepter son plan pour détruire Leto II, et au final fut une réussite. Ce fut
à cause de son leadership, sa perspicacité et son rôle dans la rébellion que
Duncan-13724, comme Duncan-10208, alla à la recherche d’un autre Atréides à
servir à la place de l’Empereur-Dieu. De manière significative, ce qu’il trouva
fut une idée ; en effet, ce fut la première fois qu’un Duncan trouva autre
chose qu’un Duc vivant à servir. Ensemble, le dernier Duncan et Siona Atréides
étaient tombés d’accord pour dire que s’il devait y avoir un Empereur-Dieu, ce
ne devait pas être Leto II. Ils étaient, bien sûr, liés par le mal, mais leurs
actions aboutirent à quelque chose de positif. Du désir frustré pour Hwi Noree,
le dernier Duncan se ligua avec Siona, il escalada le mur de 900m qui menait à
la route royale où il orchestra l’assassinat d’un empereur et de son épouse.
Cette ascension lui permit de comprendre, au fur et à mesure, à la
différence de Siona, que Leto II n’était plus un véritable Atréides ;
comme pour la longue agonie d’Alia, il était devenu un étranger au sein de sa
famille. C’est ce que Duncan réalisa en premier, lorsqu’il considéra le crime
odieux et égoïste de Leto II, qui l’avait ressuscité, lui et ses prédécesseurs,
sans leur permission. Duncan comprit enfin quelque chose que Paul Muad’Dib
avait dit : « Vos libertés disparaissent quand vous identifiez
un chef absolu ». Ainsi, Duncan-13724, montra une nouvelle cruauté, et il
comprit que la défense de son indépendance justifiait sa violence imminente.
Ironiquement, le plus fidèle serviteur de Leto II, Moneo Atréides, lui inspira
cette compréhension quand Duncan vit son ancien moi dans les devoirs et les
responsabilités de Moneo.
C’est cette révélation que l’Empereur-Dieu évalua mal. Tout comme Dame
Jessica avait laissé sa mémoire du premier Duncan embrumer sa perception du
Duncan-10208, l’excès de confiance de l’Empereur-Dieu l’avait empêché de voir
toutes les implications et la nature croissante du dernier Duncan. Moneo, Leto
II et la jeune Siona considéraient Duncan comme archaïque et ceci fit de lui le
sauveur qu’il devint. Plus aucun des Atréides n’avaient de racines aussi
anciennes que celles de l’Empereur-Dieu, son altérité dans l’univers conçut par
Leto II et son manque de compréhension de celui-ci l’avait protégé de ses
séductions. L’Imperium de l’Empereur-Dieu réprimait le changement, alors que le
ghafla traditionnel de Duncan et son désir irrépressible pour le chaos fut
l’instrument de la mutabilité que le Dieu, Leto II, craignait et désirait à la
fois. Le dernier Duncan éprouvait un dégoût pour Leto II qui avait créé
l’Empereur-Dieu, mais le dernier ghola avait tiré ses propres conclusions,
comme l’avait fait Siona, Moneo et les tleilaxu. Le résultat était le même pour
Garun, le fremen de musée : Duncan fut la seule personne qu’il ait jamais
rencontré et aux côtés de qui il aurait voulu mourir.
Dans ses derniers instants, l’Empereur-Dieu perçut qu’il respectait ce
dernier Duncan, plus qu’il ne l’avait fait pour tous les autres, et cette
perception lui permit de récupérer la vision de son Sentier d’Or, caché par la
promesse d’une vie avec Hwi Noree. Cela révéla à Siona et à Duncan
l’emplacement de son inestimable trésor d’épice, dans les ruines du sietch
Tabr. Plus important encore, il leva le voile de son propre plan pour eux
deux : ils pourraient voyager le long du Sentier d’Or, sans être vu.
Siona, le dernier Duncan, et nous, leurs descendants, pourrons et pouvons
maintenant marcher en silence parmi les mémoires ancestrales, sans crainte de
possession ou d’abomination. De plus, les journaux intimes de Dar-es-Balat
révélèrent que même au moment de sa mort humaine, Leto II avait conservé
quelque chose de sa jeunesse joyeuse, quand il avait demandé à Duncan ce qu’il
ferait maintenant avec sa nouvelle puissance, c’est là que siona se rendit
compte que Duncan avait besoin d’une douce séduction. Les réponse à ces deux
questions sont maintenant, bien sur, évidente et semblent plutôt naïves, même
si Duncan avait alors, peu de perspicacité, que Siona avait une profonde
sagesse et que chacun d’eux ne voulaient pas céder.
Ce qui est étonnant, c’est que la légende et l’histoire n’ont pas
élaboré un personnage du dernier Duncan, et de son union avec Siona comme on
aurait pu s’y attendre. Au lieu de cela, au lieu de cela, ils ont estompé l’incroyable majesté du
personnage qui, à la lumière des enregistrements de Dar-es-Balat, semble avoir
incarné un mythe. Le dernier Duncan fut, si une telle chose est possible, un
démiurge. Il lui avait été instillé des forces et des pouvoirs bien au-delà de
lui-même, et pourtant il avait réussit à les contenir dans une forme humaine.
Alors que de nouvelles informations sur Duncan-13724 attendent le dépouillement
du trésor de Dar-es-Balat avec les enregistrements du règne de Duncan et Siona
et la Dispersion, la brièveté de sa vie peut être appelé le Salut. Nayla, la commandante
des Truitesses, n’a jamais été un Judas, au sens de la Sainte Eglise. Il était
Duncan, le seul Duncan, à la fois traitre et sauveur. L’étranger dans le
domaine de la conscience, la vie et la personnalité incantatoire qui
introduisait une sensibilité et une harmonie dans les caprices de l’univers. Il
avait suivit Siona dans la caverne où se mourait le Dieu Divisé et il y amena
toute la puissance et le feu de la magie pour nous tous. R.S.
Autres références :
Idaho,
Duncan ;
Idaho,
Duncan-Hayt ;
Idaho,
Duncan-10208 ;
Idaho,
Duncan-10232 ;
Idaho,
Duncan-11099 ;
Idaho,
Duncan-11181 ;
Idaho,
Duncan-12117 ;
Idaho,
Duncan-12122 ;
Idaho,
Duncan-12143 ;
Idaho,
Duncan-12212 ;
Idaho,
Duncan-12280 ;
Idaho,
Duncan-12301 ;
Idaho,
Duncan-12613 ;
Idaho,
Duncan-12720 ;
Idaho,
Duncan-12921 ;
Idaho,
Duncan-13004 ;
Idaho,
Duncan-13015 ;
Idaho,
Duncan-13381 ;
Idaho,
Duncan-13663 ;
Atréides,
Siona ;
Leto
II, Mémoires SRC
70-A392 ;
Siona
Atréides, Les derniers jours,
Arrakis études 218 (Grumman : les mondes unis)